sous-marin Mariotte Dardanelles 1915
La péninsule de Gallipoli forme la partie nord du détroit des Dardanelles reliant la mer Égée à la mer de Marmara. Durant la Première Guerre mondiale, cette région est contrôlée par l'Empire ottoman alors en guerre contre les puissances alliées dont le Royaume-Uni, la France et la Russie. Pour pouvoir ravitailler cette dernière, le contrôle des Détroits est indispensable mais une tentative alliée pour traverser les Dardanelles échoue le 18 mars en raison des mines qui y ont été posées.
Dans le même temps, la guerre sous-marine se poursuit. Le HMS E14 traverse pour la troisième fois les Dardanelles le 21 juillet malgré le filet anti-sous-marin posé par les Ottomans. Le 27, le submersible français Mariotte ne parvient pas à éviter cet obstacle et il est contraint de faire surface. Pris pour cible par les batteries côtières, il est abandonné et sabordé par son équipage
Le sort du sous-marin Mariotte
Paris 29 juillet
Le ministre de la Marine communique que l'escadre française des Dardanelles est sans nouvelles directes du sous-marin Mariotte qui était rentré dans le détroit lundi 26 juillet, à 4 heures du matin pour se rendre dans la mer de Marmara. D'après un télégramme de source turque, ce sous-marin aurait été coulé et 31 officiers et marins de l'équipage serait prisonniers.
la perte du sous-marin «Mariotte».
Journal de la Manche et de la Normandie 9-4-1919
Jeudi l’après-midi, est venue devant le premier conseil de guerre maritime présidé par le contre-amiral Vinette l'affaire de la perte du sous-marin Mariotte que commandait le lieutenant de vaisseau Fabre, aujourd'hui capitaine de corvette. Le commandant Fabre était assisté par son défenseur choisi, M. le docteur Charcot, l’explorateur polaire bien connu, devenu depuis la guerre, le lieutenant de vaisseau Charcot. Le 28 juillet 1915, le sous marin Mariotte de l’armée navale d'Orient, tentait le forcement du détroit des Dardanelles, lorsque ie sous- marin se prit dans un filet. L’artillerie turque ouvrit le feu sur le petit navire et un obus l'atteignit dans ses œuvres vives.
Après une rapide inspection, le commandant Fabre se rendit compte qu’il lui était impossible de reprendre la plongée et que le bâtiment, placé sous le tir direct des canons turcs, était irrémédiablement perdu. Il commanda à son équipage d'ouvrir les vannes et coula son sous- marin. L'équipage fut fait prisonnier et demeura en captivité jusqu'au jour de l'armistice. La défense du commandant Fabre a été présentée avec une rare éloquence par le lieutenant de vaisseau Charcot qui a fait preuve de hautes connaissances acquises pendant son commandement sur les choses de la navigation sous-marine. Le commandant Fabre a été acquitté.
MINISTÈRE DE LA MARINECitations à l'ordre de l'armés.
Sont cités à l'ordre de l'armée : Le sous-marin Foucault : coulé par avion devant Cattaro le 17 septembre 1916. Tous à bord ont donné le plus bel exemple de sang-froid, de courage et de discipline.
Le sous-marin Mariotte : coulé dans les Dardanelles au cours d'une mission de guerre des plus périlleuses.Le croiseur auxiliaire Gailia : torpillé la 4 octobre 1916 par un sous-marin ennemi, au large de San-Pietro (Sardaigne), alors qu'il transportait des troupes. Tous à bord ont donné le plus bel exemple de courage, de sang-froid et de discipline.
Le sous-marin Circé : après avoir accompli avec succès un grand nombre de missions périlleuses, a été coulé par un sous-marin ennemi près des côtes autrichiennes. Déjà cité deux fois à l'ordre du jour de l'armée.
Le gouvernement turc renflouerait le sous-marin « Mariotte » coulé aux Dardanelles en 1915
Nous avons annoncé hier dans notre rubrique maritime le renflouement prochain, par les soins du gouvernement turc, du sous-marin Mariotte, coulé aux Dardanelles pendant la guerre, en 1915.
Le ministère de la Marine n'a reçu aucune nouvelle officielle à ce sujet! Au reste, une intervention de la France en vue de récupérer l'épave ne pourrait avoir lieu que par le ministère des Affaires étrangères. Notre excellent collaborateur maritime, M. A. Thomazi, capitaine de vaisseau de réserve, a retracé la fin du Mariotte dans son beau livre « La guerre navale aux Dardanelles . Voici ce qu'écrit le commandant Thomazi
« Afin que la marine française pût participer aux opérations, le sous-marin Mariotte, qui venait d'achever ses essais, avait été envoyé dans les Dardanelles au début de juillet. C'était un bâtiment d'expérience, mis en chantier en 1907 à la suite d'un concours ouvert entre les ingénieurs du génie maritime, et dont la mise au point avait été pénible. Mais avec ses 530 tonnes de déplacement, un rayon d'action d'une vingtaine d'heures en plongée et des aménagements relativement spacieux, il paraissait plus apte que nos autres sous-marins au genre de guerre qu'on pratiquait dans la mer de Marmara.
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| Mariotte - Service à la Mer |
Mar25 juillet, et, la nuit suivante, entra dans les Dardanelles. Son commandant, le lieutenant de vaisseau Fabre, avait fait un vol de reconnaissance en hydravion au-dessus des détroits et étudié les routes suivies antérieurement par les sous-marins anglais. Longeant la côte d'Europe, à 200 mètres de distance, il plongea profondément, à 4 h. 45 du matin, pour traverser le champ de mines de Kephez, qu'il franchit sans incident. A 5 h. 35, s'estimant en dehors des obstacles, il donna l'ordre de remonter à l'immersion normale mais au même moment le sous-marin fut arrêté net il avait engagé une de ses hélices dans un filet que les Turcs venaient de tendre en travers du détroit. « Le commandant essaie alors toutes les manœuvres possibles pour dégager son bâtiment, mais c'est en vain. Il remonte en surface, voit la pointe Chanak à 200 mètres et une mine tout près de son avant une batterie turque ouvre le feu. Avant que le eous-marin ait pu plonger de nouveau, des obus ont percé son kiosque et arraché une de tes manches d'aération il est perdu, et il ne reste qu'à l'évacuer après l'avoir rendu inutilisable. Le commandant détruit les documents secrets, fait mettre hors d'usage les moteurs et accumulateurs et ouvrit toutes les prises d'eau. Ces opérations s'effectuent dans le plus grand ordre, et l'équipage s'embarque dans une chaloupe turque, tandis que le bâtiment coule. C'est un détail matériel, l'insuffisance de la protection des hélices, qui a causé sa perte. »
Sources
BnF Gallica
Journal de la Manche et de la Normandie 9-4-1919
Le Petit Haut-Marnais 30-07-1915
L'Ouest-Eclair 2 mars 1927
