10 mai 2025

La Marine et les ballons guerre de 1870 guerre Prusse ballons montés

 La Marine et les ballons guerre de 1870

La Marine, depuis la déclaration de guerre jusqu’au 16 février 1871, mit à la disposition de la défense nationale : 563 officiers, 20 ingénieurs hydrographes, 20.157 marins, 5.087 hommes d’artillerie de marine, 23.000 hommes d’infanterie de marine, plus de 1.000 canons de marine, ainsi qu’une grande quantité d’armements, de munitions et d’équipements divers.


Paris seul, reçut 10.000 matelots et 170 pièces de gros calibres servis par les canonniers marins.


Tout au long du siège de Paris, la Marine a joué un rôle considérable, elle a armé plusieurs forts, notamment celui de Montrouge.

Les canonniers marins qui armaient les forts furent rapidement les favoris des Parisiens.


Lorsque, sur la proposition de M. Rampont, directeur général des Postes, le gouverneur décida 
l'envoi de ballons montés, le nombre des aéronautes se trouvant insuffisant, M. Godard organisa à la gare d'Orléans une école composée de marins de bonne volonté qui fournirent pendant tout le siège aux besoins du service des ballons expédiés par cet aéronaute. 

Un de ces ballons, monté par le matelot Prince, parti le 30 novembre de la gare d'Orléans, n'a pas reparu.

Un certain nombre de marins furent également mis à la disposition de MM. Yon et Dartois, chargés semblablement d'expédier des ballons en province. Le lieutenant-colonel de génie Usquin fut chargé de centraliser le service des ballons.

C’est à un officier du Génie, président de la commission scientifique de défense du territoire, que revient l’idée de réclamer plusieurs marins pour manœuvrer le treuil du ballon captif) chargé de l’observation des mouvements allemands et d’en demander seize autres pour mettre en œuvre un autre ballon.


Il fallait en outre former des pilotes, les aéronautes étant à cette époque trop peu nombreux.

On fit appel à des marins, hommes d’équipage de la marine à voile, ils n’ignoraient rien des nœuds et savaient ravauder solidement une voilure. Gabiers habitués à grimper dans les huniers, pour carguer ou larguer les voiles, ils ne seraient pas effrayés par l’altitude, sauraient sentir le vent, apprécier leur position.




" Gabiers : Matelots de pont affectés à la manœuvre de la voilure, et à l’entretien du gréement. Les gabiers de jadis étaient agiles comme de véritables acrobates. Ils grimpaient, non seulement en se gambillant dans les enfléchures, mais à la force des poignets. Dans la mâture, leur loi était « une main pour soi, une main pour le bord »".

Ces apprentis aéronautes (navigateurs de l’air) vont participer à toutes les phases de la fabrication des ballons : de la coupe de l’étoffe pour la confection des fuseaux, à la couture de leur assemblage ; du maillage du filet qui enserre l’enveloppe, au tressage des brins d’osier de la nacelle.


Une fois l’enveloppe vernie pour assurer son étanchéité, le ballon est prêt à être gonflé et prendre l’air.

L'apprenti aéronaute (navigateur de l’air, futur pilote, reçoit alors une formation théorique et pratique sur l’aérostation. Dans la nacelle suspendue du « ballon-école », il apprend à utiliser la corde de soupape, à lâcher le lest, à laisser filer le guiderope, l’ancre et le câble. Quand tout cela est assimilé, il est déclaré apte.

Batterie d’artillerie de Marine sur la butte Montmartre
(Jules Héreau 1829-1879)


Vêtu d’une peau de mouton et coiffé de son bachi, voilà le marin, seul dans sa nacelle, devenu le « pacha » de son ballon.

Le temps pressant, il n’est pas question d’effectuer quelques essais d’ascensions captives et encore moins d’un vol libre avant la « mission ».

Pendant la durée du siège, soixante-huit ballons (dont trois non dénommés : N°5, 8 et 27) quittèrent la capitale et franchirent les lignes prussiennes.

peinture sur plaque de verre pour être projetée
Les 30 marins des forts détachés à cet aventureux service aérien s’en acquittèrent avec un dévouement et une intrépidité que le siège de Paris a rendu légendaire. Déjà habitués aux périls de la navigation sur mer ils ne faisaient que changer d’élément. Il y avait là, pourtant, un danger réel à affronter les éléments encore indomptés, sous le feu du fameux mousquet à ballons Krupp, des troupes prussiennes. Certains ballons, qui décollais par nuit noire pour éviter les tirs ennemis, furent entraînés vers la mer ou se posèrent en pays occupé par l’ennemi.

Pendant la durée du siège, soixante-huit ballons quittèrent la capitale et franchirent les lignes prussiennes.

En se portant au-delà des lignes prussiennes pour acheminer en province les nouvelles de Paris, les sinistres aériens furent nombreux. Un grand nombre de messagers risquèrent leur vie, et quelques-uns la perdirent :

Ville d'Orléans 


Tous ces ballons-poste n’atterrirent pas en France, loin s’en faut : cinq se posèrent en Belgique, trois en Hollande, un en Norvège après un vol de 1.250 km, un tomba en Prusse et un autre en Bavière, où les équipages furent faits prisonniers et internés.

Cinq autres ballons tombèrent dans les lignes ennemies et les équipages emmenés en captivité. Deux s’égarèrent en mer : le Jacquard, (N°35) monté par le matelot Alexandre Prince en mer du Nord et celui du soldat Émile Lacaze avec le Richard Wallace (N°67), qui se perdit dans l’immensité des flots de l’Atlantique.



Ballons-poste lancés pendant lê siège de Paris sous la conduite de marins



Le 16 octobre, le Jean-Bart, LABADIE, quartier maître de Bicêtre descendu à Évrechelles (Belgique).

Le 19 octobre, le Lafayette, JOSSEc, matelot de Bicêtre; descendu à Laugentre (Ardennes).

Le 25 octobre, le Montgolfier, HERVÉ, matelot de Bicêtre; descendu à Heclegenbert (Bas-Rhin).

Le 27 octobre, le Vauban, GUILLAUME, matelot de Bicêtre; descendu à Vignolle, près de Metz. s'est sauvé par la Belgique, emportant les dépêches.

Le 2 novembre, le Fulton, LE CLOARNEC, matelot de Bicêtre; descendu à Nort(Loire-înfërieure), mort de la petite vérole à son arrivée à Tours.

Le 4 novembre, le Galilée, HUSSON, matelot de Noisy; descendu près de Chartres, occupé par les Prussiens. Le voyageur seul s'est sauvé.

Le 8 novembre, la Gironde, GALLEY, timonier de Romainville; descendu à Granville (Eure).

Le 12 novembre, le Niepce, PAGANO, matelot de Romainville, porteur de l'appareil photo-microscopique. Tombe à Coolus (Marne), s'échappe; est accompagné du matelot Herbault, de Bicêtre, envoyé en mission spéciale~

Le 12 novembre, le Daguerre, JUDERT, matelot de Montrouge; descendu à Ferrières.

Le 20 novembre, L'archimède, BUFFET, matelot de Bicêtre; descendu à Castelzée, eh Hollande.

Le 28 novembre, le Jacquart, PRINCE, matelot de Montrouge; n'a jamais reparu..

Le 2 décembre, le Volta, CHAPELAtN, matelot de Montrouge; à 5 heures du matin, descendu à Beuvron (Loire-Inférieure).

Le 5 décembre, le Franklin MARCIA, matelot de Montrouge; parti à 1 heure.du matin. Tombé à Saint Aignan, près de Nantes.

Le 7 décembre, le Denis-Papin, DAUMALIN, matelot d'Ivry; descendu à la Ferté-Bernard (Sarthe).

Le 17 décembre, le Gutenberg, PERDUCHON, matetot de Rosny, emportant trois voyageurs; descendu à Montepreux (Marne), occupé par les Prussiens, se sauve emportant toutes les dépêches et les pigeons.

Le 17 décembre, le Parmentier, PAUL, matelot de Rosny; descendu près de Vitry-le-François, occupé par les Prussiens, se sauve, emportant toutes les dépêches officielles.

Le 18 décembre, le Davy, CHAUMONT, matelot de Rosny; descendu à Beaune (Yonne).

Le 22 décembre, le Lavoisier, LEDRET, matelot d'Ivry; tombé à Beaufort-en-Vallée (Maine-et-Loire).

Le 24 décembre, le Rouget de l'Isle, IHAN, matelot de Montrouge ballon particulier, parti à 2 heures 15 minutes du matin, emportant M. Garnier, son propriétaire; descendu à la Ferté-Macé (Orne).

Le 27 décembre, le Tourville, MOUTTET, matelot de Noisy; parti à 3 heures 45 du matin, descendu à Eymoutiers (Haute-Vienne); plié son ballon sur une rivière gelée.

Le 29 décembre, le Bayard, REGINENSI, matelot de Montrouge; parti à 4 heures du matin, arrivé à 10 heures 45 minutes du matin, descendu Lamotte-Achard (Vendée).

Les deux matelots Mouttet et Réginensi sont revenus à Paris en traversant les lignes prussiennes, porteurs de dépêches du gouvernement de Bordeaux.

Le 4 janvier 1871, le Newton, OURS, quartier maître de Noisy; parti à 4 heures du matin, descendu à Digny (Eure-etLoir), a sauvé les dépêches.

Le. 9 janvier, le Duquesne, ballon à hélice, système du vice-amiral Labrousse; parti, à 2 heures 58 minutes du

matin, conduit par RICHARD, matelot de Romainville, aidé par les trois matelots Aymond, Chemin et. Lallemagne, du fort d'Ivry; descendu à Lude (Marne).

Le 11 janvier, le Kepler, Roux, matelot de Rosny; parti à 3 heures 30 du matin; descendu à Laval (Mayenne).

Le 13 janvier, le Monge, RAOUL, matelot de Bicêtre; descendu à Arpheuil (Indre).

Le 15 janvier, le Vaucanson, CLARIOT, matelot de Montrouge; descendu à Erquinghen (Nord).

Le 22 janvier, le Général Daumesnil, ROBIN~ matelot de Bicêtre; 3 heures 50 du matin; descendu à Marchienne (Belgique).

Le 24 janvier, le Toricelli,  BELY, matelot d'Ivry; 3 heures du matin; descendu à Fumechon (Oise), dépêches sauvées.

Le 28 janvier, le Général Cambronne  TRISTAN, matelot d'Ivry; 5 heures 45 du matin; descendu dans la Sarthe,p rès de Mayenne..

67 ballons furent lancés pendant le siège, soit par M. Godard, soit par MM. Yon et Dartois.

Le nombre retenu est 67 mais, le non-dénommé no 1 est en fait un ballon libre. Il est retenu par les philatélistes car son courrier récupéré (donc oblitéré et daté) est renvoyé par un des ballons-montés suivants. Il s'agit donc indirectement du premier courrier accidenté de l'Aéropostale et parvenu ensuite aux destinataires.


On peut être étonné par la réussite des missions, compte tenu des conditions (ville assiégée, pilotes inexpérimentés, vols de nuit, transport de dynamite, etc.).

En effet, aucun des ballons lancés n'a connu de défaillance ni provoqué directement la mort des aéronautes.

Les deux disparitions en mer ont été provoquées par l'absence de moyen efficace de navigation, le pilote n'ayant pas estimé correctement la distance parcourue pour entamer sa descente.

Les accidents d'atterrissage ont été provoqués surtout par l'inexpérience des pilotes et par la présence des uhlans proches du point de chute.

Des records ont été battus (de vitesse et de distance). Certains vols ont atteint une grande altitude (peut-être 5 à 7 000 m).

Des tentatives d'améliorations techniques (direction par hélice et gouvernail) ont été faites, sans résultat.


Sources


vice-amiral Baron DE LA RONCIÈRE-LE NOURY

La Marine au siège de Paris par le vice amiral Baron DE LA RONCIÈRE-LE NOURY


Aux Marins

Ecole navale

http://ecole.nav.traditions.free.fr/pdf/1870_rieunier.pdf

https://www.military-photos.com/

https://www.image-est.fr/fiche-documentaire-siege-de-paris-1870-1442-26191-2-0.html

08 mai 2025

BRF premier équipage Jacques Stosskopf bâtiment ravitailleur de forces résistant Saint-Nazaire mai 2025

BRF Jacques Stosskopf

St-Nazaire premier équipage



Le bâtiment ravitailleur de forces (BRF) Jacques Stosskopf a débuté sa première campagne d’essais à la mer, le 9 avril 2025, depuis le port de Saint-Nazaire, en vue d’une livraison à la Marine nationale à l’été 2025. 


Ce bâtiment est le second d’une série de quatre qui ont été commandés en 2019 auprès du groupement momentané d’entreprises (GME) composé des Chantiers de l’Atlantique et de Naval Group. 

Les quatre BRF sont destinés à remplacer les bâtiments de la classe Durance de la Marine nationale, à l’horizon 2032, en vue d’assurer des missions de soutien et de ravitaillement au profit de l’ensemble des bâtiments de la Marine nationale : carburant, munitions, pièces de rechange, vivres...

Indispensables à l’autonomie stratégique de la Marine nationale, ces ravitailleurs donnent à la France la capacité de conduire des opérations en haute mer et de se déployer loin et longtemps.

Leurs capacités d’emport de fret et de carburant sont nettement supérieures à celles des bâtiments de la génération précédente. Il en va de même pour leurs capacités tactiques, avec des dispositifs d’autodéfense et un système de combat leur permettant de se déployer en autonomie vers leur zone d’opérations et de faire face aux menaces asymétriques, de surface et aériennes




Qui était Jacques Stosskopf ?

Ouest-Eclair 7-2-1923

Issu d’une famille alsacienne, Jacques Stosskopf est né à Paris le 27 novembre 1898. Elève brillant, il est mobilisé en 1917 dans l’artillerie avant d’intégrer en 1920 l’École polytechnique, dont il sort 23e en 1922. Il mène par la suite une carrière d’ingénieur du Génie maritime, corps spécialisé dans la construction des navires de guerre, devenant un des spécialistes de la conception des contre-torpilleurs dans les années 1930.

Ouest-Eclair 1er mars  1929


 Présent à Lorient en juin 1940, il participe à la mise en défense de la ville et négocie, avec ses supérieurs, le maintien des ingénieurs militaires français pour encadrer les ouvriers de l’Arsenal. Il y joue un rôle clef, gagnant peu à peu la confiance des autorités allemandes grâce sa connaissance de leur langue et l’étendue de ses connaissances techniques. 




Ouest-Eclair 27-7-1939
Devenu sous-directeur de l’Arsenal de Lorient en septembre 1942, Jacques Stosskopf emploie ainsi, à plusieurs reprises, son influence auprès des occupants pour maquiller les actes de sabotage industriels en accidents, réussissant également à faire baisser de plusieurs centaines l’envoi d’ouvriers pour le STO. 


Mais surtout, il met à profit sa liberté de circulation pour collecter de nombreux renseignements militaires, principalement sur les U-Boot et la base sous-marine, qu’il fait d’abord transiter aux Alliés par le 2e Bureau de la Marine à Vichy, puis directement via le Réseau Alliance dont il devient membre en 1942. 


Dénoncé, il est arrêté le 24 février pour être finalement exécuté au camp du Struthof en Alsace le 1er septembre 1944, avec d’autres membres de son réseau. 


07 mai 2025

Premier départ de ballons-postes Le Neptune 23 septembre 1870 Paris siège guerre

PREMIER DÉPART DES BALLONS-POSTES 23 septembre 1870


Timbre à date ; Cachet d'ambulant ; Timbre à date noir de départ du bureau de Paris, 
ambulant de la ligne Paris à Caen, brigade C. 
La ligne Paris à Caen a été mise en service le 25 janvier 1864. ; PARIS A CAEN / 23 / SEPT. / 70 / C
Taxe double trait ; Taxe en noir, à 30 centimes car la lettre n'est pas affranchie au départ. 

Le Neptune, 1er ballon du Siège de Paris, est affrété par la 1re Compagnie des aérostiers. Il part le vendredi 23 septembre 1870 à 8h de la place Saint Pierre et il atterrit dans le parc de Cracouville, à 5 km d'Evreux le 23 septembre 1870 à 11h. Son aéronaute est Jules Duruof.
Cette lettre porte la mention manuscrite "par ballon monté", ajoutée après coup. Comme ce pli n'a pas été affranchi, il a été taxé à 30 centimes.



La journée s'annonçait bonne. Pendant que notre artillerie tonnait sur les Prussiens à Villejuif et Arcueil, l'aérostat des observations militaires de la rive droite que Nadar a installé à Montmartre, avec le concours de ses deux aides, MM. Dartois et Duruof, avait été requis pour le transport de dépêches importantes et se disposait à prendre son essor.


Timbre à date d'arrivée du bureau de La Délivrande, appliqué en noir.
Ce bureau est créé le 1er janvier 1822.
Il devient bureau de distribution le 1er Germinal an II et relève de Caen. ;
LA DELIVRANDE / 1E|24 / SEPT. / 70 / (13)




A sept heures précises, une voiture de l'administration des postes déposait plusieurs sacs énormes cachetés. M. Rampon, directeur des postes, la direction des télégraphes, plusieurs membres de la commission de défense et des officiers supérieurs étaient présents.

Le ballon le Neptune, cubant 1,200 mètres, était gonflé en permanence de j

our et de nuit depuis dix-sept jours, pour les ascensions d'observation qui se suivaient sans arrêt. Malgré ce long et dur service, les cordes du filet tendues faisaient crier le cercle de la nacelle, et le Neptune avait hâte de partir.


La manœuvre était faite par les ex-équipiers du Géant, qui se sont attachés depuis longtemps à la fortune de Nadar. Ces équipiers, d'excellente tenue et n'ayant aucun rapport avec les servants ordinaires des aéronautes forains, étaient assistés de huit hommes de la flotte et de vingt-cinq soldats de ligne.


A sept heures un quart, le chargement était fait. Nadar avait choisi pour exécuter ce premier départ M. Duruof, déjà célèbre par ses ascenscions maritimes au cap Gris-Nez et à Monaco. M. Duruof fit entendre le sacramentel «lâchez tout!» et le ballon avait à peine quitté le sol qu'au cri de l'aéronaute : Vive la République ! la population matinale, rassemblée sur la place Saint-Pierre, répondait par une acclamation unanime.




Le Neptune a bientôt gagné la hauteur de 1,500 mètres, région qui lui avait été indiquée pour sa route, et il a pris en ligne droite la direction du Calvados. Le vent lui donnait une vitesse de 15 lieues à l'heure.

Il portait avec l'aérostat un chargement de 200 kilos de dépêches sur papier fin et un lest considérable.

Un premier essai pour l'application de l'aérostation au transport des dépêches avait échoué la veille. Le premier résultat heureux est donc dû à M. Nadar et à ses vaillants aides, MM. Duruof et Dartois.


Sources
Le Journal du siège de Paris, publié par "Le Gaulois"
Éditeur : bureaux du "Gaulois" (Paris)

Musée de la Poste 
© Photo : Musée de La Poste, Paris / La Poste / 
© Notice : Musée de La Poste, Paris / La Poste

06 mai 2025

Préfecture de la Manche 1808 Louis Costaz levée de conscription 1809 modèles de certificats pour exemption

Préfecture de la Manche conscription 1808 Louis Costaz

Vu le Senatus-consulte du 21 janvier dernier, qui met à la disposition du Gouvernement 80,000 hommes de la Conscription de 1809;
Le Décret impérial du 7 de ce mois, portant que sur ces 80,000 hommes, 60,000 sont appelés pour être mis en activité, et les autres 20,000 formeront la réserve;


Avec l'année 1808 commence la période des grandes levées de conscrits : d'importantes consommations d'hommes dans les campagnes, et l'ouverture du second front en Espagne creusent des trous qu'il faut sans cesse combler. Les meilleures divisions de la Grande Armée sont jetées en Espagne. En moins d'un an, Napoléon demande trois conscriptions, et, à mesure qu'il les appelle, les résistances qui s'atténuaient se ravivent. 



Le personnel du recrutement, très au fait de l'oeuvre à accomplir en 1806, se fatigue en 1807, et la conscription de 1808 qu'il lève ne peut être saisie par lui qu'à la hâte, avec des négligences innombrables et des oublis injustifiés, mêlés à des complaisances voulues.
On appelle les jeunes gens de dix-huit ans que Napoléon déclare » très propres à défendre l'intérieur « , mais il ne les laisse pas s'attarder dans les dépôts. Le 10 septembre 1808, on lève 80 000 hommes ; 20 000 sur chacune des classes 1806 à 1809. On revient également sur les classes antérieures ; pour en atténuer la portée aux yeux du pays, le sénatus-consulte déclare que les conscrits des ans VIII à XIV, qui ont satisfait à la conscription et n'ont pas été appelés à faire partie de l'armée, sont libérés. 


C'est la première fois depuis 1791 que pareille déclaration est faite. Le même sénatus-consulte du 10 septembre 1808 met également à la disposition du ministre de la Guerre, par anticipation, 80 000 conscrits de la classe 1810. Ces 80 000 hommes sont mis en activité par décret du 1er janvier 1809. Le 25 avril 1809, 30 000 hommes sont encore levées sur la classe 1810, soit un total de 110 000 hommessur cette seule classe, en l'espace de huit mois, et l'on demande encore aux classes 1806 à 1809 réunies un contingent de 10 000 hommes pour la Garde impériale.


Napoléon fait acheminer sur Strasbourg tous les conscrits déjà instruits dans les dépôts, en les réunissant en bataillons de marche qui devaient porter les numéros des divisions militaires où étaient situés les dépôts. Le 3 octobre 1809, opération analogue. On lève 36 000 hommes pour l'armée d'Espagne sur les classes 1806 à 1810 comprises. Aux termes des sénatus-consultes des 13 décembre 1810 et 20 décembre 1811, chacune des classes 1811 et 1812 fournira 120 000 hommes. 



Le contingent annuel est doublé. Napoléon prépare la campagne de Russie.
La Grande Armée de 1805-1808 disparaît progressivement en Espagne. Les appels sur les classes 1808 à 1810 forment l'armée de Wagram. Les cadres et l'instruction font défaut ; les vieux régiments sont dans la Péninsule, loin de l'Empereur ; les nouveaux sont près de lui, mais jeunes et sans cohésion. L'armée de Wagram disparaît à son tour dans les neiges de Russie.



Afin d'échapper à la conscription les jeunes gens imaginent et utilisent tout un ensemble de moyens illégaux ; parmi les plus classiques : les faux certificats médicaux, les mutilations – qui vont des dents cassées pour ne pas pouvoir déchirer les cartouches, aux doigts coupés -, les falsifications de l'état civil avec de faux actes de décès ou des disparitions de registres, la corruption de fonctionnaires, la délivrance de faux passeports, les tromperies sur la personne.






Les exemptions légales

On trouve  les causes médicales accordées par le Conseil de recrutement. Le motif principal de réforme est le défaut de taille ; jusqu'en l'an XI le minimum requis était de 1,598 mètre ; le décret du 29 décembre 1804 l'abaissa à 1,544 mètre. L'instruction générale sur la conscription du 1er novembre 1811 prévoit, dans son article 176, que les conscrits de moins de 1,488 mètre seront seuls réformés. 

Le même décret donne une longue liste des principaux motifs médicaux de réforme : privation totale de la vue ; la perte totale du nez ; la mutité ; les goitres volumineux ; les écrouelles ulcérées ; la perte totale d'un bras, d'une jambe, d'un pied, d'une main, les anévrismes ; le rachitis (sic) ; la claudication bien marquée ; l'atrophie d'un membre. On trouve également dans un deuxième tableau : les grandes lésions du crâne ; la perte de l'oeil droit ; la fistule lacrymale ; l'haleine infecte ; la perte des dents incisives ; les ulcères et tumeurs ; les bosses ; la gravelle ; les varices volumineuses ; les maladies de peau ; l'épilepsie, etc… 


Certaines causes familiales exemptent les conscrits du service. En premier lieu le mariage, mais à condition qu'il ait lieu avant la date de promulgation de la levée de la classe ; cette mesure donna lieu sous l'Empire à de nombreux mariages de jeunes gens avec des femmes d'un âge avancé…, le conscrit dont le père aura 71 ans ; le conscrit aîné des fils d'une veuve ; les conscrits qui ont obtenu des Grand prix de sculpture, peinture ; ceux autorisés à continuer leurs études ecclésiastiques ; les graveurs du Dépôt de la Guerre ; les élèves des Écoles spéciales militaires ; les fils de colons réfugiés ; les élèves des Écoles vétérinaires.








Louis, baron Costaz, né le 17 mars 1767 à Champagne dans le Bugey et mort le 15 février 1842 à Paris, est un géomètre et administrateur français.





Après des études de mathématiques à Valence puis Paris, Louis Costaz enseigne cette matière à l'école militaire de Thiron jusqu'en 1793 puis, à partir de 1795, à l'École Polytechnique. Il est par ailleurs l'un des organisateurs du conservatoire national des arts et métiers.

Membre de la Commission des sciences et des arts, il participe à l'Expédition d'Égypte en tant que géomètre
Préfet de la Manche de 1804 à 1809, il entreprend notamment la construction de plusieurs grandes routes dans son département et l’amélioration des fortifications maritimes. Ses capacités de mathématicien et d'administrateur le prédisposent à occuper, à partir de la fin de l'année 1809, le poste d'intendant des Bâtiments de la Couronne, où il exerce, selon l'architecte Fontaine, une administration tatillonne.

Sources 

BnF Gallica 

La conscription sous le Premier Empire - PIGEARD Alain

05 mai 2025

Préfecture Manche conscription 1806 lettre aux maires - des infirmités ou maladies

L'empire et les conscrits préfecture de la Manche Conscription 1806


Le 18 mai 1804, Bonaparte est proclamé empereur des Français. Un simple sénatus-consulte suffira pour organiser la conscription. et un décret impérial pour appeler les contingents à l'activité. 

Depuis le Consulat le Tribunat, le Corps législatif et le Sénat ne sont qu'une machine à décrets. La répartition des conscrits entre les corps est fixée par le décret impérial, rendu en application de la loi ou du sénatus-consulte, et modifiable par le ministre de la Guerre ou le directeur de la conscription. 

 



La première loi fut celle du 27 nivôse an XIII (17 janvier 1805) appelant 60 000 hommes sur la classe de l'an XIV. Séduits par les avantages, des conscrits de l'an XIV se présentent pour entrer dans les vélites où sont inscrits d'office par les préfets en nombre supérieur aux exigences


 Le 11 août, les préfets reçoivent une circulaire qui leur indique les délais assez brefs dont ils disposent pour organiser les opérations de la conscription. Les listes générales doivent être affichées du 20 au 30 août et les conseils de recrutement sont tenus de s’assembler le 5 septembre, les départs suivant de près la convocation des conseils. 



Le dernier détachement de conscrits est censé quitter le département au plus tard le 20 octobre 1806. Il convient que tout conscrit réfractaire soit remplacé à l’expiration des cinquante jours qui suivent sa dénonciation en tant que réfractaire, à moins qu’il n’ait été arrêté dans l’intervalle. Le décret du 8 fructidor an XIII reste le modèle à suivre en matière de pratique conscriptionnelle.

Des enrôlements volontaires. Code de la conscription 
LOI relative au mode de formation de l'armée de terre.
du 19 Fructidor an VI. 

Les Français qui, depuis l'âge de dix-huit ans accomplis, jusqu'à ce qu'ils aient trente ans révolus, désirent s'enrôler volontairement pour servir dans l'armée de terre, se font inscrire sur un registre particulier tenu à cet effet par les administrations municipales, qui dressent procès-verbal de cette inscription : ce procès-verbal indique les nom, prénoms, l'âge, la taille, le domicile des enrôlés, et contient leur signalement.



Ces administrations n'inscrivent que des citoyens porteurs d'un certificat de bonne conduite, signé de l'agent municipal de leur commune et du juge de paix de leur canton, ou de l'administration municipale et du juge de paix de leur commune.

VII. I es citoyens qui, d'après les lois, sont destinés au service de la marine, ne peuvent pas être inscrits pour servir dans l'armée de terre.

VIII. Les enrôlés volontaires ne reçoivent aucune somme à titre d'engagement, et sont tenus de servir; en temps de paix, quatre ans dans les troupes de terre, et de plus, en temps de guerre, jusqu'au moment où les circonstances permettent de délivrer des congés absolus. Ils peuvent désigner le corps et l'arme dans lesquels ils désirent servir, pourvu que d'ailleurs ils aient la taille et les autres qualités requises.


 Ies citoyens qui, d'après les lois, sont destinés au service de la marine, ne peuvent pas être inscrits pour servir dans l'armée de terre.

 Les enrôlés volontaires ne reçoivent aucune somme à titre d'engagement, et sont tenus de servir; en temps de paix, quatre ans dans les troupes de terre, et de plus, en temps de guerre, jusqu'au moment où les circonstances permettent de délivrer des congés absolus. Ils peuvent désigner le corps et l'arme dans lesquels ils désirent servir, pourvu que d'ailleurs ils aient la taille et les autres qualités requises.

Ceux qui, indépendamment du certificat prescrit par l'article VI, sont porteurs d'un congé absolu , constatant qu'ils ont servi au moins quatre ans dans les troupes de la République, peuvent se faire inscrire sur le registre des enrôlemens volontaires jusqu'à l'âge de quarante ans révolus.


Les administrations municipales feront parvenir des expéditions des enrôlemens volontaires au ministre de la guerre, ainsi qu'aux commissaires des guerres de leurs arrondissemens ou de leurs départemens respectifs ; elles donnent aux enrôlés des feuilles de route jusqu'au lieu de la résidence desdits commissaires des guerres, et ceux-ci les continuent jusqu'au lieu où est le corps pour lequel chaque volontaire a été enrôlé.


XV. La conscription militaire comprend tous les Français depuis l'âge de vingt ans accomplis jusqu'à celui de vingt-cinq ans révolus.
XVI. Ne sont pas compris dans la conscription militaire,
i.° Les Français de l'âge déterminé par l'article précédent qui appartiennent actuellement à l'armée de terre ;
2.0 Ceux du même âge qui étaient marias avant le 23 Nivôse dernier ;
3.° Ceux du même âge qui > ayant été mariés avant' la même époque, seraient devenus veufs ou auraient divorcé, pourvu qu'ils aient des enfans ;
4 ° Ceux du même âge qui étaient officiers ou sous» officiers, et qui ont été renvoyés comme surnuméraires ; mais ils restent dans l'obligation de rejoindre f jusqu'à ce qu'ils aient quatre années de service effectif, ou qu'ils aient dépassé l'âge de la conscription : là temps qu'ils passent dans leurs foyers compte comme service effectif ; et lorsqu'ils sont rappelés , ils nar peuvent être contraints a servir que dans le grade qu'ils avaient déjà.
5.° Ceux du même âge qui sont porteurs de congés absolus : ceux qui n'auraient obtenu des congés absolus que comme ayant été indûment forcés de prendra les armes avant l'âge de la réquisition, ne sont pas dispensés de la conscription militaire ; ils doivent alt contraire y être compris d'après leur âge, mais le temps du service qu'ils auraient déjà fait leur sera précompté *
6.° Ceux du même âge qui sont, d'après les lois, destinés ou employés au service de la marine, inscrits, immatriculés ou brevetés comme tels ; mais ceux qui cesseraient d'appartenir au service de la marine avant l'âge de vingt-cinq ans révolus, rentreront et seront compris dans la conscription militaire pour l'armée de terre.



XVII. Les défenseurs conscrits sont divisés en cinq classes : chaque classe ne comprend que les conscrits
d'une même année. La première classe se compose des Français qui, au i.er vendémiaire de chaque année, ont terminé leur vingtième année ,
La seconde classe se compose de ceux qui , à la même époque, ont terminé leur vingt-unième année ;
La troisième classe comprend ceux qui, à la même époque , ont terminé leur vingt-deuxième année *, ainsi de suite, classe par classe, année par année.

Des infirmités ou maladies qui donnent lieu à l'invalidité absolue ou relative pour le service militaire, et dont la connaissance ainsi que le jugement sont réservés aux administrations centrales de département.

i.° Les grandes lésions du crâne , provenant de plaies considérables, de dépression ou enfoncement des os y de leur exfoliation ou extraction.



Il en résulte quelquefois tous les acculons suivans, mais communément plusieurs d'entre eux : altération des facultés intellectuelles, vertiges, étourdissemens, assoupissements , accidens nerveux ou spasmodiques , fréquentes douleurs de tête. Le rapport devra faire mention des symptômes que le malade éprouve réellement.
2.° La perte de l'oeil droit ou de son usage.
Ce défaut rend impropre au service de soldat dans la ligne , mais il n'empêche pas de remplir des fonctions utiles à l'armée dans un autre service, ou dans la marine.
3. La fistule lacrymale incurable, les ophtalmies chroniques, les fluxions fréquentes sur les yeux, ainsi que les maladies habituelles soit des paupières , soit des voies lacrymales, portées au point de gêner sensiblement la vision.


4.° L'affaiblissement de la faculté visuelle , les défauts permanens de la vue, qui empêchent de distinguer les objets à la portée nécessaire pour le service de uerre ; la myopie, l'amblyopie, la nyctalopie.
Les défauts de la vue présentent beaucoup de difficultés à l'examen et laissent souvent l'officier de santé dans l'incertitude : dans ce cas, on ne doit prononcer qu'avec les précautions indiquées à la note A.

(A) Lorsqu'un vice extérieur et sensible empêche la vision ou affecte l'organe de l'oeil , comme dans quelques cas cités dans l'article I.er du premier tableau., et dans 1 article 111 du deuxième tableau, l'officier de santé peut prononcer avec certitude; ; mais la faiblesse de la vue ne peut pas être évalué d'une manière assez précise, lorsqu'aucun signe extérieur ne l 'annonce. Il en est clé FYPMP de la myopie ou vue courte ; et cependant la distance à laquelle celui qui s'en plaint peut lire l'écriture , l'effet que produit sur sa vision l'intermède du verre qui n'est pas destiné à Augmenter chez le myope la faculté visuelle, peuvent fournir aux officiers tle santé des indices pour la découverte de la vérité, ou pour reconnaître la supercherie.


5 ° La difformité du nez susceptible de gêner considérablement la respiration ; l'ozène et tout ulcère rebelle des fosses nasales ou de la voûte palatine ; la carie des os de ces parties, et les polypes reconnus incurables.

6.° L'haleine infecte par cause irrémédiable, ainsi que les écoulemens fétides des oreilles, et la transpiration habituelle du même caractère, et portant celui d'incurabilité.

Les soldats qui répandent ces exhalaisons infectes sont renvoyés des corps, repoussés par leurs camarades.

7.0 La perte des dents incisives et canines de la mâchoire supérieure ou inférieure ; les fistules des sinus maxillaires ; la difformité incurable de l'une ou l'autre mâchoire , par perte de substance , par nécrose ou autre accident capable d'empêcher de déchirer la cartouche, susceptible de gêner la mastication et de :nuire au libre exercice de la parole.

La nyctalopie ou cécité nocturne, est rare dans la jeunesse , elle n'est souvent que passagère.

Quant à l'amblyopte, qui consiste à ne voir que confusément les objets à toutes les distances, le jour comme la nuit, elle présente à l'examen quelque certitude, lorsqu'on aperçoit que les pupilles ont changé de diamètre, ou qu'elles ont perdu de leur régularité : quelques amblyopes ont aussi dans les yeux une vibration convulsive, ce qu'on appelle vue vague.


Il entre dans les devoirs des officiers de santé, chargés de la visite des hommes destinés au service militaire, de ne prononcer sur ces différentes maladies des yeux qu'après avoir rassemblé toutes les preuves rationnelles de leur existence. Pour asseoir un jugement plus rapproché de la certitude, ils doivent exiger qu'on rapporte au commissaire du directoire exécutif la preuve testimonial de dix citoyens, non pnvens du réblamant, et qui connaissent ses habitudes dans la vie sociale.
Au surplus, si les différens défauts de la vue, lorsqu'ils sont portés à un degré considérable, peuvent exposer le soldat qui en est atteint à compromettre la sûreté d'un poste, ils ne l'empêchent pas toujours d'être utile dans d'autres différens services, auxquels il peut être employé à l'armée.

Celui qui est privé des dents incisives et canines ne saurait convenir comme soldat dans la ligne ; il peut être employé dans d'autres services à l'armée.



7.0 Les fistules salivaires et l'écoulement involontaire de la salive reconnus incurables.

9.0 La difficulté de la déglutition résultant de la paralysie ou de quelque autre vice constant, ou lésion incurable des parties servant à cette fonction.

10.° Les vices permanens et bien constatés, des organes de l'oiiïe , de la voix et de la parole, portés à un degré considérable, et capables d'en gêner beau- coup l'exercice.

Les infirmités qui en résultent sont très-souvent douteuses ; elles peuvent être simulées , et l'on ne doit prononcer à leur égard qu'avec les précautions indiquées à la note B.

11 . Les ulcères et tumeurs d'un caractère scro""! fuleux bien prononcé.

12.° Les bosses du pourtour de la poitrine, ainsi que les déviations de la colonne vertébrale assez considérables pour gêner la respiration, ou pour ne pas permettre le port des armes et de l'équipement militaire.

Lorsque ces vices de conformation ne sont pas portés à un certain degré, ils n'empêchent pas de servir dans les manœuvres basses de la marine et à d'autres fonctions aux armées.

13.0 La phthisie au premier degré, l'asthme décidé, ainsi que l' hémoptysie ou crachement de sang habituel, fréquent et périodique.

Souvent l'état des malades attaqués de ces diverses affections de poitrine est évidemment grave, et accompagné de circonstances qui ne laissent aucun doute ; dès-lors ils sont susceptibles de dispense absolue : quelquefois il est moins prononcé, et l'on ne doit porter qu'un jugement provisoire, en exigeant la preuve testimoniale et celle d'un traitement méthodique.

14.0 Les hernies irréductibles et celles qui ne peuvent être contenues sans danger.

i5.° Le calcul, la gravelle , l'incontinence habituelle ou la rétention fréquente des urines, ainsi que toutes les maladies graves ou lésions des voies urinaires, les fistules de ces parties, soit qu'on juge incurables ces diverses affections, soit qu'elles exigent les soins habituels de l'art de guérir.


16.0 La rétraction permanente d'un testicule, son engagement dans l'anneau, le sarcocèlc, l'hydrocèle, le varicocèle, toutes les affections graves du scrotum, des testicules et des cordons spermatiques, reconnues incurables.

17.0 Les hémorrhoïdes ulcérées; les fistules à l'anus reconnues incurables; les flux hémorrhoïdal périodique et abondant; le flux de sang intestinal, habituel et chronique, l'incontinence habituelle des matières fécales, la chiite habituelle du rectum.

Ces diverses infirmités doivent être authentiquement constatées par des officiers de santé instruits, qui auront traité et suivi longtemps le malade. Jusqu'a ce qu'on ait acquis la certitude de l'existence et de l'in- curabilité de ces affections, il ne peut y avoir lieu qu'à une dispense provisoire.

18.0 La perte totale d'un pouce, d'un gros orteil, du doigt indicateur de la main droite, ou de deux autres doigts d'une main ou d'un pied ; la mutilation,, des dernières phalanges d un ou de plusieurs doigts d'une main, d'un pied ; la perte irrémédiable du mouvement de ces mêmes parties.


Si ces infirmités, ces mutilations s'opposent, quoiqu'à des degrés différens , à l'exercice de plusieurs manœuvres de l'infanterie, elles n'empêchent pas toujours celui qui les éprouve d'être utile dans un autre service à l'armée ; tel que celui des mineurs, sapeurs , pionniers et pontonniers , ou même celui de la cavalerie , si la mutilation aux doigts du pied ou de la main gauche est peu considérable ; enfin dans la marine.

Si donc le réclamant, pour quelqu'une des mutilations autres que la perte du pouce , est d'ailleurs fort et bien constitué, il doit être envoyé aux armées. Cette décision serait encore plus fondée, si l'on soupçonnait la mutilation d'être récente et volontaire.

19.0 Les difformités incurables des pieds, des mains, des membres ou d'autres parties, capables de rendre la marche et le maniement des armes difficiles, d'empêcher le port de l'équipement, ou de s'opposer au libre exercice des mouvemens, dans quelque arme que ce soit.
Ces difformités peuvent ne donner lieu qu'à une invalidité relative ; il conviendra, dans ces cas , de détailler les effets physiques qui en résultent, pour conclure ensuite à quel genre de service le réclamant peut encore être propre.

20.° Les varices volumineuses et multipliées.

21.0 Les cancers, les ulcères invétérés, d'un mauvais caractère, incurables, ou dont il serait imprudent de tenter la cure.
Ces ulcères sont toujours accompagnés d'autres signes qui annoncent la mauvaise disposition du malade ; il en sera fait mention dans le rapport.

22.0 De grandes et anciennes cicatrices peu solide: surtout si elles sont adhérentes et accompagnées de déperdition de substance ; si elles sont crouteuses ou parsemées de varices.


23.° Les maladies graves des os , telles que le dia- seasis ou écartement, l'ankilose, les caries ou necroses, le spinà vemiosa , les tumeurs osseuses et celles du périoste, lorsqu'elles sont considérables ou situées de manière à gêner le mouvement, et qu'elles ont été traitées sans succès.
Tous ces cas graves donnent lieu à l'invalidité absolue -, mais si les tumeurs des os et du périoste sont peu considérables, elles peuvent encore permettre de faire, quelque service.

24.0 Les maladies de peau susceptibles de communication, lorsqu'elles sont anciennes, héréditaires ou rebelles, comme la teigne, les dartres vives, humides et étendues, la gale opiniâtre et compliquée, l'éléphantisase, la lèpre.

Dans tous ces cas, on ne peut accorder de dispense définitive que lorsque des traitemens méthodiques, longtemps continués et administrés par des officiers de santé véritablement instruits, ont été infructueux, et que la constitution du malade est sensiblement altérée ; autrement il n'y aurait lieu qu'à la dispense provisoire , pour donner au réclamant le temps de faire les remèdes convenables.

25.° L'état de cachexie décidée ( scorbutique, glanduleuse ou autres ) reconnue incurable, et caractérisée par des symptômes évidens et anciens, dont il sera fait mention dans le certificat.
Les hydropisies reconnues incurables.
Ces diverses cachexies , portées à un haut degré de dégénérescence } rendent le malade absolument hors
d'état de faire aucun service militaire ; mais lorsqu'elles ne sont pas invétérées, ou qu'elles sont produites ott entretenues par une cause qu'on peut combattre efficacement , elles ne doivent donner lieu qu'à une dispense provisoire.

26.0 La faiblesse et l'extrême maigreur, jointes à une petite stature, ou à une stature très élevée et hors des proportions ordinaires.
Ces cas ne sont pas rares à l'âge de la conscription ils exigent beaucoup de prudence dans lé jugement qu'on doit en porter ; ils peuvent souvent donner lieu à une ( Voyez la note D. 

27.0 La goutte , la sciatique, les douleurs arthritiques et rhumatismales invétérées, qui empêchent les mou.. vemens des membres et du tronc.

Ces infirmités présentent souvent du doute.

28.0 L'épilepsie, les convulsions, les mouvemens convulsifs généraux ou partiels, le tremblement habituel de tout le corps ou d'un membre, la paralysie générale ou partielle, la démence, la manie, l'imbécillité.

L'existence réelle et l'incurabilité de l'une de ces affections suffisent pour autoriser la dispense absolue de tout service militaire. Mais souvent ces cas sont équivoques ; l'affection peut être simulée : on ne doit
donc prononcer qu'avec les précautions indiquées à la note B.

Fait au conseil de santé, à Paris, le 28 Pluviôse an Vll de la République française, une et indivisible,


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