TAAF et Marine nationale Michel Barré et les autres
Les expéditions polaires doivent beaucoup à la Marine nationale.
Charcot aurait souhaité faire l'Ecole navale mais son père lui impose d'être médecin... C'est grâce à la fortune familiale qu'il va pouvoir naviguer en s'achetant des voiliers.
À l’origine, Charcot projette de poursuivre sa découverte de l’océan Glacial Arctique. Mais depuis un congrès de géographie tenu en 1899 à Berlin, plusieurs pays coordonnent leurs moyens pour explorer l’Antarctique. Comme les autorités françaises ne se manifestent pas, Charcot propose de faire flotter le pavillon tricolore dans l’hémisphère austral.
En 1902, il est réserviste de la Marine nationale, il a fait son service militaire dans les chasseurs alpins.
Mais un problème apparaît : la construction du Pourquoi-Pas ? a épuisé la fortune personnelle de son propriétaire qui ne dispose plus des moyens financiers suffisants pour monter une expédition scientifique. Le journal Le Matin lance alors une souscription qui déclenche une multitude de petits dons. Ajoutées à un apport du journal, une subvention de la Chambre, l’assistance de la Marine... ces modestes contributions équilibrent le budget. En remerciement, Charcot rebaptise son navire le Français.
De 1914 à 1918, durant la guerre, Charcot est d'abord mobilisé dans la Marine, avec le grade de médecin de la Marine de première classe, et affecté à l'hôpital maritime de Cherbourg. En juillet 1915, il obtient de l'Amirauté britannique le commandement d'un navire spécialement étudié et construit par les Britanniques pour la chasse aux sous-marins. En 1916, il réussit à convaincre la marine militaire française de construire à Nantes trois bateaux pièges pour la lutte anti-sous-marine, armés par des équipages vêtus comme des marins civils de la marine marchande. Commandant du premier des trois bâtiments sortis du chantier baptisé Meg, il bourlingue pendant deux ans au large des côtes bretonnes et normandes sans hélas rencontrer de sous-marin allemand. Charcot termine la guerre avec les croix de guerre britannique puis française et une citation à l'ordre de l'Armée pour ses services de guerre.À partir de 1925, atteint par la limite d'âge, il ne peut plus commander le Pourquoi Pas ? — qui est commandé par l'officier de première classe des équipages Le Conniat.Le Commandant Charcot
Michel Barré est né le 8 mai 1919 à PARIS XVIe - Il décédera le 21 octobre 2005 à Neuilly sur Seine
Il entre à l'école navale Entré en 1938
Il est enseigne de vaisseau de 2ème classe, le 15 janvier 1940 et enseigne de vaisseau de 1ère classe, le 15 juin 1941
Lieutenant de vaisseau, le 4 octobre 1946
Il y a près de 50 ans déjà!
Novembre 1948, le navire polaire Commandant Charcot,
armé par la Marine Nationale sous les ordres du capitaine
de frégate Douguet appareillait pour le premier retour de
la France en Terre Adélie.
Il avait à son bord une expédition dirigée par AndréFrank Liotard qui allait passer un an pour la première fois
sur cette terre glacée dont on ignorait alors totalement les
conditions hivernales.
Ces deux noms, à peine connus aujourd'hui sont pourtant ceux des deux véritables pionniers français de l'Antarctique après l'explorateur Charcot.
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J'ai eu la chance d'être un des officiers de marine de
l'état-major du commandant Douguet pendant deux ans,
puis d'être le successeur de Liotard en 1951 et je voudrais,
à l'occasion de la réédition de ce livre, rappeler brièvement
la genèse de cette aventure.
L'idée d'origine appartenait à trois jeunes camarades:
Vallette, Pommier et Martin qui, rentrant en 1946 d'une
exploration dans les montagnes du Spitzberg, eurent l'idée
de monter une expédition en Terre Adélie, découverte
par Dumont d'Urville cent ans plus tôt et abandonnée
depuis.
Manquant des moyens et relations nécessaires, ils firent
appel à l'aide de Paul-Emile Victor, dont la notoriété était
déjà grande en raison de son passé polaire au Groenland.
C'est grâce à son intervention, qui conduisit à la création
des « Expéditions Polaires Françaises-Missions Paul-Émile
Victor », que put être montée la série de trois expéditions
qui s'étendit de 1948 à 1952, et auxquelles il ne participa
pas.
C'est seulement en été 1955-1956 qu'il vint en Terre
Adélie pour la première fois, avec Bertrand Imbert (Ingénieur hydrographe il suit les cours de l'Ecole navale sur l'Amiens) , responsable des expéditions de l'Année géophysique.
Victor ne devait d'ailleurs jamais hiverner dans l'Antarctique, mais y venir chaque été, et son action devait
permettre d'assurer année après année la présence française en Terre Adélie jusqu'à nos jours.
Dans son livre Ceux de Port Martin, Yves Vallette, qui fut
le second de Liotard, disparu aujourd'hui, a
raconté plus
en détail l'origine de cette histoire et a
fait le récit de
l'hivernage 1950, qui fut le premier. 
Le présent livre raconte l'hivernage suivant, celui de
mon équipe en 1951.
Ces deux expéditions et la dernière de la série, celle de
1952, dirigée par Mario Marret, connurent des conditions
d'existence qui n'ont plus grand-chose à voir avec celles
d'aujourd'hui. Comme me le disait un de nos lointains
successeurs: « Vos expéditions étaient beaucoup plus
proches de celles de Scott, Amundsen ou Byrd que des
nôtres ».
-
Pas de communications avec l'extérieur autrement que
par radio, sur ondes courtes avec les fréquentes coupures
provoquées par les orages magnétiques et pratiquement
toujours en morse au manipulateur.
- Aucune possibilité d'assistance extérieure pendant neuf
mois; pas de brise-glaces, de porte-hélicoptères à portée;
pas de terrain d'atterrissage.
-
Aucune localisation possible des raids d'exploration,
avec chiens ou véhicules à chenilles, pendant des absences
de plusieurs semaines. Pas d'appui aérien, pas de parachutages, pas de secours possibles.
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—
Baraquements en bois sommairement chauffés par un
unique poêle à charbon; lavabos, W.-C... n'en parlons pas! Évidemment la vie était plutôt rude et nous avons connu
des aventures dont certaines ont peu de chances de se reproduire :
Raids des weasels perdus sur glace de mer
pourrie, fouillant l'obscurité de l'hiver du pinceau de leurs
phares; raids des chiens et des traîneaux sur les sastrugis
du plateau et les ponts de neige des crevasses; opérations
chirurgicales graves sur la table de baraque... sans parler
des camarades égarés dans le blizzard, ou tombés de la
falaise, des gelures, des intoxications à l'oxyde de carbone, etc.
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Ces aventures sont restées pour mes seize camarades et
moi un souvenirtoujours présent dans nos mémoires. Elles
ont soudé une équipe qui s'est ponctuellement retrouvée
chaque année depuis notre retour avec la même joie.
Cinq nous ont déjà quittés, tous les autres seront là, en
septembre prochain, pour la quarante-deuxième fois.
Depuislors, les expéditions, montées par les Expéditions
Polaires, puis par l'Institut Polaire se sont succédé ponc- tuellement, sous l'égide des T.A.A.F. (Territoires Australs
et Antarctiques Français). Développant les moyens scientifiques et les installations matérielles, nos successeurs connaissent un confort et une efficacité dans leurs études
dont nous ne pouvions bénéficier.
Cela ne doit pas finalement faire disparaître le sentiment
proche de la fascination que l'Antarctique exerce sur tous
ceux qui ont le bonheur de l'approcher.
Blizzard : Terre Adélie 1951 /
Michel Barré
BnF Gallica
Ecole navale
TAAF