05 juin 2021

Humour dans le carré par Donec - Tarente 1940 les les rosbeefs s'en donnent à coeur joie

Humour dans le carré par Donec


‌Bonjour la compagnie,

L’Angleterre est un étrange pays où ont été conçues les machines volantes les plus laides qu’il soit. Tout le monde se souvient du Fairey « Gannet », de L’incroyable Avro « Shackelton » et de leurs hélices contrarotatives. Je ne vous parle pas du « Swordfish » sorte de tortue volante, monture de demi-dieux qui allèrent en 1940 chatouiller les moustaches teutonnes mais pas que.
Le 11 novembre 1940 à partir du porte-avions « Illustrious » les Britanniques allaient imposer leurs vues aux Italiens dans le contrôle de la suprématie en Méditerranée.
La base de Tarente, située sous le pied de la botte italienne était particulièrement bien équipée pour la construction et l’entretien des bâtiments de guerre. Malheureusement la protection anti-aérienne ou anti-torpilles était particulièrement négligée pour des raisons essentiellement budgétaires. Nous noterons également l’absence de radar et de projecteurs à faible portée.

En août 1940 de nouvelles unités étaient venues se joindre à la flotte, les cuirassés « Vittorio Veneto » et « Littorio », magnifiques bâtiments de 41 000 tonnes qui filaient 30 nœuds. Ils étaient équipés de 9 canons de 381 mm et de 12 canons de 152 mm sans parler des pièces de défense aérienne nombreuse et bien servie. On trouverait là à qui parler<.

En octobre 1940 les Italiens envahissent l’Epire et semblent vouloir contrôler la mer Egée où transitent de nombreux convois anglais. La Grande-Bretagne allait donc montrer de quel bois elle se chauffait. Le commandant en chef de la « Mediterranean Fleet » l’amiral CUNNINGHAM décide d’un raid surprise vers le port de Tarente ce sera l’opération « Judgement ». Son armada appareille d’Alexandrie le 6 novembre composée de cuirassés, de croiseurs, de quinze destroyers mais surtout d’un porte -avions équipé de ses célèbres « Swordfish ».



De leur coté les Italiens inquiets du remue-ménage causé par la flotte anglaise qu’ils surveillaient du coin de l’œil avait fait rentrer tous les bâtiments en rade de Tarente. Comme a dit l’amiral Cunningham : « Tous les oiseaux étaient dans le nid ».

Le 11 novembre, à 20 :30 les avions décollent de « l’Illustrious » et sont sur zone à 23 :20. Ils ouvrent le bal.

« Evoluant tranquillement à 5 000 pieds dans le grondement des canons des six cuirassés, des bordées des croiseurs et destroyers qui avaient relégué au second plan les défenses du port qui n’étaient plus que la frange extérieure d’un déluge de feu projeté au-dessus des flots par un peuple de défenseurs furieux et enragés contre des cibles qu’ils n’apercevaient que pendant quelques secondes. Dans cet enfer cinq, puis six « Swordfish » ont exécuté leur danse de mort et de destruction avec leur torpilles, entrant dans le port à quelques pieds au- dessus de l’eau ; Si bas que l’un d’eux a même touché l’eau de ses roues. Neuf autres biplans ont plongé et largué 48 bombes de 250 livres (113.4 kg) obligeant les servants de la DCA à disperser leurs tir sous des angles différents […] il semble incroyable que seul deux des lents biplans aient été abattu. En fait les pilotes volaient si bas que les Italiens ne pouvaient pas tirer sur eux sans risquer de toucher leurs propres navires ou la ville proche du port. Les avions volants plus haut ne risquaient pas grand-chose non plus car les fusées éclairant sous leur parachutes éblouissaient les tireurs tout en attirant leur visée derrière les avions largueurs»

Bref cette attaque fit cinquante neuf victimes mais paralysa la « Régia Marina » pour le reste de la guerre. Elle était désormais incapable d’escorter les convois vers la Libye. La moitié de leur force navale italienne était hors service.

Désormais la preuve était faite de l’efficacité des porte-avions et cette leçon ne sera pas oubliée par les Japonais à Pearl Harbour.

A bientôt pour de nouvelles aventures

Donec Sur la peau de bouc : « Etre allé boire dans un débit étant de corvée pour faire de l’eau »


TAAF Terre Adélie Dumont d'Urville premier jour FDC 1-11-2020 L'Astrolabe Des marins en Antarctique 1955

TAAF Terre Adélie Dumont d'Urville 1955 des marins en Antarctique


« Au bas du monde, il existe un continent mort, enveloppé dans un épais linceul de glace. Les tempêtes et les froids de cent millions d'hivers, se prolongeant toute l'année, ont donné à ce linceul une texture compliquée aux couleurs diverses. Ils ont enseveli ce qui était jadis un pays de marais et de forêts verdoyantes. Les dinosaures hantaient probablement ces marécages et les mammifères primitifs se tapissaient dans ces bois. Aucun œil humain ne contempla ces sites sauvages le tissage du linceul commença plusieurs millénaires avant que notre premier ancêtre eût fait son apparition sur la terre. »

Th. R. Henry.

 

Le 6 août 2020 marque le 65e anniversaire de la loi portant statut des Terres australes et antarctiques françaises. Les archipels et îles subantarctiques Crozet, Kerguelen, Saint-Paul et Amsterdam, et la Terre Adélie en Antarctique, deviennent ainsi en 1955 les quatre districts d’un territoire à l’isolement et à l’éparpillement extrêmes (les îles Eparses deviendront en 2007 le 5e district des TAAF).




Le timbre à date représente une silhouette du patrouilleur L'Astrolabe 
Dumont d'Urville 1er novembre 2020





« L'Antarctique étale autour de nous des beautés nouvelles.
La lumière imbibe cet univers blanc; il la filtre en teintes translucides ; elle sourd partout de sa substance ; elle illumine de bleu saphir les grottes profondes creusées par la mer dans les hautes falaises des icebergs ; elle colore de bleus célestes et de verts acides le rebord des «floes» (fragments de banquise); elle éclaire la masse glauque des éperons sous-marins. 
Sur le désert infini du plateau blanc, les grands icebergs paraissent crayeux, ou vert pâle ou bleutés, suivant l'éclairage qui les baigne et aussi, peut-être, selon qu'ils sont plus ou moins enneigés; la plupart sont de forme cubique, allongée; mais certains, usés par la mer, ont culbuté ; ils dressent dans le ciel les ruines imposantes de leur base que le vent et l'érosion continuent de buriner; en fondant lentement et en chavirant, ces énormes tronçons de fleuves de glace ont pris des aspects de chapelles de cristal givré ou de forteresse en partie démantelée.»

P. Dubard et L.-M. Bayle,
« LE CHARCOT» EN TERRE ADÉLIE.


Le timbre représente un manchot empereur ,
le ravitaillement de la base, les infrastructures 


« Les tempêtes de neige des âges géologiques reviennent, sous forme de glace, vers les chauds océans d'où le soleil les emporta à l'époque des reptiles volants. Ces rivières sont les glaciers de l'Antarctide, monstrueux et sinueux, d'une puissance irrésistible et inexorable. Ils se déversent en cataractes gelées à travers à peu près toutes les brèches existant dans le cercle de montagnes sur les pentes méridionales desquelles vient faire pression la grande calotte glaciaire du continent.»
Th.-R. Henry.


Le blizzard :

« On imagine mal, si on ne l'a pas vécu, les effets du blizzard sur les activités humaines. On entre dans une matière en mouvement, épaisse, chargée de particules de glace ou de neige. On avance le corps en oblique, comme appuyé contre le vent. Les pas sont gauches, les gestes saccadés, brisés; on croirait une prise de vues au ralenti. On respire mal, on suffoque parfois et les facultés mentales s'engourdissent. La pensée semble paralysée, comme le corps; et l'opération de calcul la plus élémentaire devient tout un problème. Le visage se recouvre très vite de glace dont les couches se superposent et croissent pour former un «champignon» qui, bientôt, bouche la vue et bâillonne.»
Mario Marret.


Partie de ping-pong...


« La femelle pond son œuf à même la glace et le place ensuitè sur ses pattes, où elle le garde, protégé par la chaleur du ventre qui le recouvre. L'apparition de l'œuf plonge le couple dans un état d'agitation peu commun. La femelle, contractant son ventre, fait apparaître l'œuf et le fait disparaître alternativement, sous les yeux émerveillés du mâle, qui manifeste son émotion par un chant, auquel répond celui de la femelle. Les deux oiseaux piétinent, se déplacent sur un petit parcours. Sa curiosité poussée à son comble, le mâle courbe la tête et va tâter l'œuf de son bec. La femelle, le ventre tendu, les ailerons horizontaux, la tête et le cou animés de mouvements de haut en bas, marche sur place jusqu'au moment où, entrouvrant les pattes, elle laisse rouler l'œuf sur la neige. Le mâle s'empare de l'objet, le fait rouler entre ses propres pattes et, avec des gestes gauches, parvient, non sans le plus grand mal, à le hisser de façon qu'il se trouve enfoui entre la masse pesante et bombée du bas-ventre et la partie supérieure de ses pattes. Ceci fait, le mâle regarde son œuf avec fierté et chante : le majestueux Empereur s'est mué, pour la durée de l'incubation, en mère couveuse.»

Mario Marret


Paul-Emile Victor


Malgré ce qu'on a toujours entendu, Paul-Emile Victor n'a pas été un pionnier de la Terre Adélie. Il fut l'homme de l'Arctique, et plus particulièrement du Groenland, mais pas celui du Pôle Sud.

Nous avons rencontré le CV (R) Michel Barré, ancien compagnon de Victor, sur le Commandant Charcot, et auteur du récit «Blizzard. Terre Adélie 1951 ».

C'est en 1934 que Paul-Emile Victor, alors qu'il n'a pas 30 ans, traverse le Groenland, avec une poignée d'amis, sur des traîneaux à chiens, et hiverne dans une famille d'esquimaux. Son expédition dont il tire un livre, est un succès et lui donne envie de découvrir plus avant l'Arctique.

Pendant la guerre, il opère sur les côtes de l'Alaska pour le compte de l'armée américaine.
Après-guerre, il organise des expéditions d'été au Groenland.

A cette époque, Michel Barré est aide de camp par intérim du chef d'état-major général de la Marine, rue Royale. Un jour, Victor entre dans son bureau et demande si la Marine accepterait d'armer un bateau et de conduire une expédition en Terre Adélie, organisée par les «Expéditions françaises polaires», qu'il vient de créer. La Marine accepte et arme, en 1948, le Commandant Charcot, commandé par le capitaine de frégate Douguet.

Cette expédition vers le Pôle Sud, sous l'égide de la Marine nationale, permet au CF Douguet de hisser de nouveau le pavillon français, début 1950, sur la Terre Adélie. 

Victor ne participe pas à l'expédition, bien qu'il ait collaboré à sa préparation. Celle-ci est dirigée par André-Franck Liotard, qui est le premier à vivre, avec son équipe, un hivernage en Terre Adélie. Cet homme reste pourtant méconnu...

La deuxième expédition est dirigée par Michel Barré, âgé alors de 31 ans.
La troisième expédition est dirigée par M. Marret, qui clôture le cycle de ce qu'on appelle les expéditions «à caractère archaïque».


En 1955, on propose la direction de l'Année géophysique au Pôle Sud à Michel Barré. Celui-ci décline l'offre et la propose à son ancien second, le lieutenant de vaisseau Bertrand Imbert, qui l'accepte. L'organisation des Expéditions polaires est mise à contribution et Victor vient pour la première fois en Terre Adélie, en 1955.

Paul-Emile Victor a consacré sa vie aux questions polaires, délaissées en France depuis la mort de Charcot, en 1931. C'est lui qui a réveillé l'intérêt pour les régions polaires chez les scientifiques français.
Victor était un homme de communication. Le grand succès de son entreprise polaire auprès du public en témoigne.
Il a réalisé des expéditions au Pôle Nord et il s'est souvent rendu en Terre Adélie, pour y conduire des missions, sans hiverner.

La France lui doit près de 50 ans de sa présence pôlaire.

Fabien Roux


Cols bleus : hebdomadaire de la Marine française 1995-04-15

04 juin 2021

Ecoute téléphonique NSA Danemark renseignement écoutes téléphoniques canonnière Surprise Funchal Surprise 1916

Ecoute, Ecoute 1916

Canonnière Surprise - Câblier Dacia - transport Kanguroo

Photo Horace J Greeley III
article dedicated to my friend Horace J Greeley III currently aboard the "Boulder". He tries to recover submarine cable in the North Sea


Ces derniers jours, on parle beaucoup d'écoutes téléphoniques, de câbles sous-marins, de NSA et de Danemark. Ce genre d'opérations n'est pas récent, il est même plus que centenaire.

Le Monde écrit à ce sujet :

René Descartes câblier France Télécom

En matière de renseignement, on a coutume de dire que les amitiés n’existent pas. La France et certains de ses plus proches alliés en ont fait l’expérience : plusieurs parlementaires et hauts fonctionnaires allemands, français, norvégiens et suédois ont été espionnés par la National Security Agency (NSA), l’agence de renseignement américaine chargée des écoutes électroniques, en détournant les systèmes de surveillance électronique danois.

 


DR se fait l’écho d’un rapport interne aux services de renseignement danois démontrant que la NSA a espionné des personnalités politiques européennes de premier plan en 2012 et en 2014, en utilisant les systèmes danois d’écoute de câbles sous-marins de télécommunications. Un accès dont l’agence américaine disposait en vertu d’accords avec le Danemark.

Déjà, lors de la Première Guerre mondiale, la préservation des câbles sous-marins entre les États-Unis et l’Europe représentait un enjeu important. Aujourd’hui, au fond des océans, se dessine un réseau de plus en plus dense de câbles sous-marins par lesquels transite 99 % du flux d’information mondial. Internet, le téléphone et la télévision numérique, vecteurs de développement, sont donc totalement dépendants de ce réseau au cœur d’enjeux stratégiques.


En 1914 

Le réseau des câbles sous-marins de l'État français est le plus important de tous les réseaux d'Etat.
Sa longueur totale était au début de la guerre de 12 .250 milles ou 22.700 kilomètres environ.


Ces câbles assurent les communications avec les îles du littoral, la Corse, l'Algérie, la Tunisie, le Maroc et l'Afrique occidentale. Ils relient certaines colonies, soit entre elles, soit à la métropole par l'intermédiaire de réseaux étrangers. Enfin la Grande-Bretagne est en communication avec- la France par de nombreux câbles télégraphiques et téléphoniques.

Pour mémoire, les câbles français sur l'Amérique du Nord appartiennent à une société privée, la Compagnie française des câbles télégraphiques, subventionnée et contrôlée par l'Etat.

Câblier la Charente
L'entretien du réseau de l'Etat demanderait un personnel nombreux, une flotte respectable de navires spécialement aménagés, un stock important de câbles, de filin et de matériel.

Le Service des câbles sous-marins de l'Administration, dirigé par un ingénieur en chef, est loin de disposer de telles ressources, et pourtant, outre l'entretien courant, ce service est chargé de toutes les questions intéressant les câbles, des études techniques, du contrôle des opérations confiées à l'industrie. Il fabrique, dans son usine de la Seyne (Var), le câble pour les communications nouvelles et pour l'entretien. Enfin il assure le contrôle de la Compagnie française des câbles télégraphiques.

Câblier Emile-Baudot
La pénurie de personnel est telle qu'il est impossible d'armer simultanément les deux navires Émile-Baudot et Charente, que le service possède aujourd'hui.


Le matin du 5 août 1914, quelques heures seulement après la fin de l’ultimatum anglais, le navire câblier Telconia coupa les cinq câbles qui liaient l’Allemagne au monde extra-européen. Pendant les mois qui suivirent, les forces anglaises, françaises, et japonaises coupèrent les câbles allemands dans l’Atlantique sud et dans le Pacifique et capturèrent les émetteurs de TSF dans les colonies allemandes. À partir de 1915, l’Allemagne ne pouvait communiquer avec le monde extra-européen qu’avec la TSF depuis son territoire ou avec l’aide de pays neutres

Telconia


La politique anglaise de contrôle des câbles était devenue beaucoup plus subtile depuis 1899. Les Anglais censurèrent les télégrammes privés, commerciaux et de presse, mais n’essayèrent pas d’interrompre les communications des pays neutres comme la Suède, les Pays-Bas, ou les États-Unis. Au lieu d’imposer la censure sur les télégrammes diplomatiques ou d’exiger qu’ils soient rédigés en clair ou dans un code commercial connu, ils laissèrent passer les messages des gouvernements neutres en code, mais les observèrent soigneusement tout en apprenant à les déchiffrer. Afin de mettre à exécution ce plan de captation et de déchiffrement des télégrammes étrangers, ils recrutèrent les employés à la retraite des compagnies de câbles et les envoyèrent dans les stations de câbles autour du monde

Pendant ce temps, les services de renseignements de la marine anglaise purent intercepter et déchiffrer les messages allemands transmis par des voies détournées sur les câbles anglais. Le plus célèbre de ces télégrammes fut celui envoyé par le ministre allemand des Affaires étrangères Arthur Zimmermann à son ambassadeur de Mexico Heinrich von Eckhardt, lui ordonnant d’inciter le Mexique à attaquer les États-Unis. Ce télégramme fut envoyé dans le code diplomatique suédois superposé au code diplomatique allemand et passa de Stockholm à Buenos Aires par un câble anglais, et de Buenos Aires à Washington par un câble américain. L’idée saugrenue de Zimmermann fut connue des Américains quand les Anglais déchiffrèrent le message et l’envoyèrent au président Wilson, le persuadant de déclarer la guerre à l’Allemagne

En 1916, un navire câblier était en chantier pour le Post Office, et l'Administration, pour aboutir vite, commanda à Swanhunter et Richardson à Newcastle un câblier identique.

Mais le navire du Post Office devait travailler par petits fonds, et le câblier français par 3.000 mètres de fond. Le Service des câbles sous-marins dut modifier complètement le plan des emménagements, prévoir des cales à bouées, des puits à filin, des logements pour dix hommes de plus, et assurer le contrôle de la construction dans les chantiers de Newcastle.



Mais revenons en décembre 1916

Une communication Brest-Casablanca fut réalisée en 1915 par l'utilisation du câble allemand Emden-Teneriffe. Ce dernier câble, coupé au large d'Ouessant, fut relié à Brest à l'aide des sections relevées en Manche ; vers le sud, le câble, coupé au nord de Teneriffe, fut relevé sur 350 mille environ et reposé immédiatement vers Casablanca.

Ce n'était pas la première fois qu'on relevait du câble pour l'utiliser, mais l'opération n'avait jamais été faite que par petits fonds et pour des sections relativement faibles. Pour Brest Casablanca, les fonds dans le sud atteignaient 4.000 à 5.000 mètres.

L'opération fut effectuée par le navire anglais Dacia loué par l'Administration, et fut suivie par le service des câbles.

Le Maroc put être ainsi relié directement à la France par un excellent câble, dont la constante de temps n'est que très peu supérieure à celle du câble Marseille-Oran, et qui sera prochainement exploité au baudot.

En 1916, des travaux analogues furent poursuivis sur le câble allemand Teneriffe-Monrovia qui devint Casablanca-Dakar. Plus de sept cents milles de câble furent relevés par 4.000 mètres de fond et reposés. Cette opération fut suivie par un ingénieur du service dans les mêmes conditions que la précédente.

Des opérations du même ordre avaient permis de constituer les communications Saint-Nazaire-Birling Gap, Brest-Cherbourg, Cherbourg-Dunkerque.

Pendant la guerre , les travaux de détournement de câbles de CS Dacia étaient bien entendu tenus secrets. Mais lors de la cinquante-sixième assemblée générale ordinaire de la India Rubber, Gutta Percha et Telegraph Works Company, 

le 18 décembre 1919, le président de la société, le major Leonard Darwin, a présenté ce rapport sur les opérations :


Dacia
Il y a une autre question liée à l'histoire passée de l'entreprise à laquelle je souhaite faire allusion. Depuis le début de la guerre, j'ai dit plus d'une fois que nous travaillions pour le gouvernement français, mais je n'ai donné aucun détail. Au début de la guerre, nous avons été employés à détourner le câble allemand Emden-Teneriffe vers Saint-Nazaire et à effectuer plusieurs réparations sur les câbles du gouvernement français - travail dangereux, qui s'est terminé plus de deux ans plus tard avec le naufrage de notre navire et du Français qui l'accompagnait  dans le port de Funchal, Madère, par un sous-marin allemand.

Le Dacia

De loin le travail le plus important accompli par notre navire, le Dacia, sous la supervision des ingénieurs du câble sous-marin M. Crawford et M. Robinson successivement, a été le détournement du reste du câble allemand Emden-Teneriffe afin de relier Brest à Casablanca, au Maroc, et le détournement du câble allemand Ténériffe-Monrovia afin de relier le Maroc au Sénégal.

 

Le câble Emden-Teneriffe a d'abord été coupé à Brest, une longueur ramassée et rechargée à Brest. La même opération à plus grande échelle a ensuite été réalisée au large de Casablanca, de sorte qu'après avoir effectué les connexions nécessaires, cette deuxième portion du câble allemand Emden-Teneriffe a été transformée en un câble français Brest-Casablanca. Des travaux similaires ont été réalisés sur le câble allemand Ténériffe-Monrovia, prolongeant ainsi le câble français depuis Casablanca, à Dakar au Sénégal. Nos ingénieurs du câble, M. Crawford et M. Robinson, après avoir pleinement examiné les difficultés, ont estimé qu'il s'agissait d'opérations possibles; il n'y avait aucun signe. que tout autre expert anglais, qu'il soit gouvernemental ou privé, partageait ce point de vue ; tandis que les conseillers en électricité du gouvernement français ont déclaré que le projet était impraticable en raison de la profondeur de la pose du câble.

Imaginez pêcher un câble dans l'obscurité totale - non pas que toute lumière au fond aurait pu faciliter les choses - le câble se trouvant aussi loin sous le navire que la tour de Londres depuis Buckingham Palace; imaginez essayer de couper le câble dans ces circonstances dans l'espoir de pouvoir remonter l'une des deux extrémités ainsi libérées à la surface ; imaginez le tirer verticalement à travers ces près de trois miles d'eau, puis s'éloigner à la vapeur. tout en continuant à tirer le câble par le bas, en l'enroulant à bord sans aucun pli ni blessures inaperçues ; et enfin le relayer exactement là où c'est nécessaire ; imaginez tout cela, et je pense que le scepticisme quant à la possibilité de succès devient plus qu'excusable. Si nos informations sont correctes, cette performance remarquable est absolument unique dans l'histoire de l'entreprise de câbles sous-marins,

Le Dacia au moment de l'explosion - Funchal

Notre personnel sans exception a travaillé à merveille, mais le mérite principal du succès doit être attribué à notre directeur général, MCH Gray. Il a conçu le projet et a conseillé au Conseil de prendre les risques encourus ; il persuada le gouvernement français de négliger les doutes exprimés par ses propres conseillers experts ; et il inspira à toutes les mains l'énergie indispensable à la réussite d'un tel exploit.

 Je suis très heureux de dire que la position a été pleinement réalisée par le gouvernement français, car notre ministère des Affaires étrangères a récemment transmis à M. Gray la croix de chevalier de la Légion d'honneur, qui lui avait été décernée par le président de la République française République pour ses services pendant la guerre. Je sais que vous vous joindrez tous à moi pour lui présenter nos chaleureuses félicitations. (Acclamations.) C'est seulement sa modestie native qui l'empêche de porter le bouton rouge aujourd'hui. 

The Times Londres 19 décembre 1919


L'escale de Funchal marque la fin des travaux pour embarquer des vivres et du charbon et célébrer la fin d'une opération délicate et dangereuse. Ce jour là, la première torpille du sous-marin allemand U-38 a touché la soute à munitions de la canonnière Surprise qui explose et coule. Cette explosion entraine la perte des chalands et de leur personnel portugais.

Le journal L'Ouest-Eclair (5-12-1916) nous apprend qu'une canonnière française a été coulée dans le port de Funchal aux Açores.



Lisbonne, 4 décembre. Une note officieuse du ministère de la marine dit que les navires coulés dans le port de Funchal sont un convoyeur de sous-marin, le Kanguroo, le vapeur anglais Dacia, et la canonnière française Surprise.

L'Ouest-Eclair 5-12-1916

L'Ouest-Eclair 5-12-1916
Après le torpillage, les sous-marins ont bombardé la ville pendant deux heures, stationnant à trois milles de la terre. Les batteries terrestres ont riposté et ont forcé les sous-marins se retirer. Les dégâts matériels sont peu importants. Jusqu'à présent, aucune mort n'est signalée dans la ville

Il semble que trente-quatre hommes de l'équipage de la canonnière ont péri, y compris le commandant, et  quelques Portugais qui se trouvaient près des navires torpillés ont péri également.

Le gouvernement a pris des mesures.


L'Ouest-Eclair 6-12-1916

L'Ouest-Eclair du 9 décembre apporte un peu plus d'informations sur ce raid allemand sur Funchal, en effet on parle de la station anglaise du câble sous-marin.

Les Allemands s’indignèrent aussi de l’hégémonie britannique en matière de câbles intercontinentaux. L’Allemagne avait l’avantage d’une puissante industrie câblière et en équipements électriques, mais sa position géographique était très désavantageuse en regard de l’océan Atlantique. Les Anglais, conscients de la menace allemande, empêchèrent l’Allemagne de poser des câbles dans l’océan Indien. L’Allemagne, qui possédait une base navale en Chine et quelques îles dans l’océan Pacifique, put, avec l’aide des Pays-Bas, se relier au câble transpacifique américain. Malgré cela, les communications intercontinentales de l’Allemagne restaient à la merci des Anglais. C’est pour cette raison que les Allemands construisirent de gigantesques émetteurs de radio pour communiquer avec leurs colonies et les États-Unis. Comme les câbles français, ceux de l’Allemagne, en dehors de l’Atlantique nord, se révélèrent sans intérêt commercial ou stratégique

Le Kanguroo dont l'implication dans le soutien du C/S Dacia n'est pas clairement établi. Il aurait peut-être en cours de livraison d'un sous-marin.

Pour transporter pour le compte des gouvernements étrangers, MM. Schneider et Cie n'ont pu envisager ni leur remorquage, présentant trop d'aléas, ni leur envoi par leurs propres moyens, le rayon d'action de ces navires étant forcément limité. Ils ont adopté une solution ingénieuse, consistant dans la construction d'un bâtiment spécial, aménagé pour transporter un sous-marin dans une cale contenue dans sa coque, et auquel on a donné le nom caractéristique de Kanguroo. Ce navire a été construit par la Société des Chantiers et Ateliers de la Gironde, à Bordeaux, d'après les plans de MM. Schneider et Cie, sous la surveillance du Bureau Veritas, qui l'a classé dans la première catégorie.

 Le Kanguroo est, en somme, un dock flottant autopropulseur, ayant des formes navigables et abritant complètement le navire à transporter. Il a une longueur de 93 mètres et une largeur de 12 mètres; son tirant d'eau moyen est de 5m 95, correspondant à un déplacement de 5540 tonneaux. Il est entièrement en acier.


Son appareil moteur se compose d'une machine alternative à triple expansion d'une puissance de 85o chevaux, construite par les Ateliers Dyle et Bacalan, de Bordeaux, lui permettant de réaliser une vitesse de 10 nœuds environ. Il peut porter un poids utile de 3830 tonnes.

La coque du navire présente trois parties principales (fig. G, du texte, et fig. 1 à 3, pl. XIX) : 1° la partie arrière A qui contient la machinerie, les pompes, les logements, etc., et qui est disposée comme l'arrière d'un navire ordinaire; 20 la partie centrale B, qui est un véritable dock flottant, destinée à contenir le sous-marin ; 3° la partie avant C, présentant des dispositifs spéciaux pour l'introduction du sous-marin, d'une part, et pour l'équilibrage du navire,-d'autre part. ;

La cale a une longueur de 58 mètres et un volume de 3 3oo mètres cubes. Elle est constituée par une double coque en forme de U, raidie à sa partie supérieure par des poutres transversales et fermée par des panneaux mobiles. Ces panneaux sont mis en place au moyen d'un pont roulant courant d'un bout à l'autre de la partie centrale du navire, au-dessus de la cale; chaque tronçon repose d'un côté sur la paroi de la cale, de l'autre sur une poutre métallique placée au-dessus de la cale, parallèlement à l'axe de cette dernière.


L'espace compris entre les deux coques forme water-ballast dans la partie inférieure et caissons d'air dans les parties latérales.

La cale peut communiquer avec la mer de deux façons, soit par des vannes de fond placées à sa partie inférieure et manœuvrables du pont, soit par l'avant du navire.

Cette partie avant du navire comprend un tunnel, limité dans sa partie inférieure et sur ses côtés par des parois étanches. L'espace compris entre ces parois et la coque constitue trois water-ballast : un inférieur et deux latéraux symétriques. Ce tunnel est séparé de la cale proprement dite par une porte d'acier étanche à deux battants et de la mer par une partie démontable, constituant la proue du navire, dont l'enlèvement permettra l'introduction du sous-marin.

L'équipage du Kanguroo se compose de quatre officiers, trois mécaniciens, treize marins et chauffeurs, et deux mousses. Le navire comporte encore des emménagements pour le logement de vingt-deux hommes, dont six officiers, constituant l'équipage du sous-marin qu'il transporte. Il contient encore une soute spéciale pour le transport des torpilles.

Le Kanguroo, lancé à Bordeaux le 12 avril, a subi à Rochcfort de brillants essais, et a gagné le port de Toulon, où il vient d'être chargé du sous-marin Ferré, destiné au Gouvernement péruvien, et qu'il transporte actuellement à Callao.


sources :

https://atlantic-cable.com/Cableships/Dacia/index.htm

https://www.colsbleus.fr/articles/11160

https://envelopmer.blogspot.com/2016/12/la-surprise-majunga-madagascar-3.html

https://www.lemonde.fr/pixels/article/2021/05/30/comment-des-dirigeants-europeens-ont-ete-espionnes-par-la-nsa-depuis-le-danemark_6082102_4408996.html

https://books.openedition.org/igpde/3199?lang=fr


ASSOCIATION DES AMIS DES CABLES SOUS-MARINS 

03 juin 2021

Brest le père cent 11 août 1931 L'Ouest-Eclair la quille service militaire et confinement

La Quille bordel!


Ces derniers temps on a beaucoup entendu parler de confinement, de privation de liberté, d'atteinte à la liberté

Je tiens simplement à rappeler que question privations de liberté
mon grand-père a passé cinq années dans les tranchées en 14-18, 
que mon père a découvert les paysages du Hanovre durant presque 5 ans (en contre-parie, il a appris l'allemand, le russe et le polonais...) 
et nous les plus jeunes, nous sommes partis découvrir les joies du maintien de l'ordre, de la pacification, des casernements, des embarquements et des cales pour des durées plus ou moins longues en fonction de nos dates de naissance. 
Nous y avons aussi découvert des rites de passage... et une certaine résilience.


La suppression du service militaire en 1995 (Jacques Chirac) a fait disparaître bien des traditions liées à la vie militaire des jeunes appelés. Avec la fin de la conscription, l'instauration des trois jours, les regroupements dans des centres de sélections sont disparus les bals des conscrits, les défilés des jeunes aptes au service. 

C'est aussi la disparition des manifestations fêtant une proche libération en invoquant le percent ou père-cent, fête annonçant les cents jours avant la libération, avant la quille et ce cri emblématique



"La Quille Bordel!"

Cent jours avant la libération, les appelés enterrent le Père Cent. (...) Le Père Cent est joué par un soldat ou représenté par un mannequin. (...) À la fin du défilé, le Père Cent est pendu, puis brûlé.

Le journal L'Ouest-Eclair rapporte volontiers les incidents survenus aux jeunes Marins en goguette. 


L'Ouest-Eclair 11-8-1931



Apparue vers les années 1930, l’expression « La quille » viendrait, selon certaines sources encyclopédiques, du verbe quiller, qui signifierait abandonner ou quitter. L’expression du XIXe siècle « jouer des quilles » signifiant s’enfuir, les quilles désignant les jambes.

les grivoiseries d'alors passeraient mal aujourd'hui
Pour d’autres,
la quille était le surnom donné au bateau ramenant en France métropolitaine les forçats libérés du bagne de Cayenne. « Avoir la quille » signifiait alors être libéré. C’est cette même signification qui renvoie vers l’expression militaire. « Prendre la quille », en langage militaire de l’époque, marquait le dernier jour du service national pour les appelés.

calendrier reste-au-jus

Le 7 août 1913 la loi Barthou, dite loi des trois ans, allonge le service militaire à 3 ans. Le recensement des appelés s'effectue à 19 ans au lieu de 20 précédemment, abaissant l'âge d'incorporation de 21 à 20 ans. (La classe 1913 est incorporée en 1913 et non 1914).

En 1923, le service militaire est réduit de 3 ans à 18 mois. Les premières préparations militaires voient le jour, dont la préparation militaire spécialisée (PMS) destinée à sélectionner des officiers issus du contingent.

Le 31 mars 1928, la loi Paul Painlevé, sous le gouvernement Poincarré, réduit la durée du service militaire à un an obligatoire. Le 15 mars 1935 cependant, la durée repassera à deux années à la suite de l'arrivée des classes creuses due à la baisse démographique engendrée par la Première Guerre mondiale. Le contingent en 1935 de 230 000 homme risquant de passer à 118 000 en 1936.

Le 17 août 1945, les militaires récupèrent le droit de vote perdu en 1872.


En 1946, le service militaire est rétabli pour une durée d'un an. Cette loi restaure un service militaire universel et égalitaire. Quatre ans plus tard, en 1950, la durée est portée à 18 mois, et maintenu jusqu'à 30 mois durant la guerre d'Algérie.
Le 21 décembre 1963, la durée du service est ramenée à 16 mois, par décret.

Le 9 juillet 1965, la loi Messmer, indique que le service n'est plus seulement « militaire » mais « national ». La loi prévoit quatre formes de service national : un service militaire, un service de défense, la coopération dans un pays étranger et l'aide technique dans les départements et territoire d'outre-mer. Les conseils de révision sont remplacés par les centres de sélection et les « trois jours ».




Le 9 juillet 1970, le service national est ramené à un an
et les sursis sont limités à 23 ans. Le premier contingent d'appelés à faire 12 mois a été libéré fin octobre 1970 (incorporation début novembre 1969).

02 juin 2021

LIBERTY SHIP Rosie the riveter riveteuse Henry J. Kaiser WW II

LIBERTY SHIP

« Sans les incessants convois de Liberty ships fendant jour après jour les flots entre l’Amérique et la Grande-Bretagne, la guerre aurait bien pu être perdue »  Winston Churchill

2710 (2751 ?) exemplaires du Liberty ship ont été construits durant la seconde guerre mondiale. Les Etats-Unis sont un immense arsenal, mais aussi au Canada à Vancouver (BC), en Nouvelle-Ecosse ou au Nouveau-Brunswick.

1942. Suite à l’attaque de Pearl Harbor l’année précédente, les États-Unis sont entrés en guerre. Pour pallier le manque de main-d’oeuvre dans l’industrie, notamment militaire, une grande campagne de propagande est lancée par le gouvernement. Elle encourage les femmes à adopter « des métiers d’hommes » pour mener le pays à la victoire. « Rosie la riveteuse » est avant tout un mythe, un personnage fictif né de cette campagne médiatique dont l’illustration de J. Howard Miller n’est que la représentation la plus connue. On appelait plus généralement « Rosies » ces travailleuses qui vont progressivement constituer une part de plus en plus grande de la force de travail américaine – soit jusqu’à 20 millions de femmes en 1944.

Naomi Parker Fraley, une Américaine ayant travaillé dans une usine américaine au début des années 1940 et à l’origine d’une célèbre affiche des ouvrières de la seconde guerre mondiale, est morte en 2018.




L’image de ce foulard à pois et de cette manche retroussée c’était elle, « Rosie the riveter » (littéralement Rosie la riveteuse). Naomi Parker Fraley, l’Américaine qui avait inspiré l’affiche emblématique de l’ouvrière de la seconde guerre mondiale, est morte lundi 22 janvier à 96 ans,  a annoncé le New York Times.

Rosie en musique 


« Quand les autres femmes sont à leur
bar à cocktail favori
Sirotant leur Martini, mâchouillant leur caviar
Il y a une femme qui les humilie
Son nom est Rosie

Toute la journée qu’il pleuve ou qu’il fasse beau
Elle participe à la ligne de montage
Travaillant pour l’histoire
Travaillant pour la victoire
Rosie la Riveteuse… »

https://youtu.be/9CQ0M0wx00s



Ce morceau, diffusé sur toutes les ondes du pays, est probablement la source d’inspiration de Norman Rockwell, le célèbre illustrateur, qui signe en début 1943 en couverture du Saturday Evening Post la première représentation d’une riveteuse identifiée comme « Rosie ».


Une femme au corps étonnamment musclé, comme on en voit peu dans les années 40 – rares sont les publicitaires et médias qui se risquent à représenter des morphologies féminines réalistes. 

La Rosie de Rockwell est étonnamment peu stéréotypée. Elle tire la gueule, mange son sandwich avant de se remettre au travail, son pistolet de rivetage sur les genoux. Le message est clair : c’est la guerre, Rosie sait ce qu’elle a à faire, et surtout, elle en est tout aussi capable qu’un homme.


En ce qui concerne l'image de J. Howard Miller

De nombreuses femmes avaient été identifiées comme les inspiratrices de l’affiche, mais selon le quotidien américain c’est bien Naomie Parker Fraley qui était la plus « légitime ». Le journal relate l’histoire de cette femme, et surtout du travail réalisé par un universitaire, James J. Kimble, pour retrouver la trace de l’inspiratrice originale.



Présente sur une affiche de l’artiste J. Howard Miller de 1943, Rosie la riveteuse porte une chemise de travail, un bandana à pois et arbore un bras replié surmonté de ce slogan : « We can do it ! » (« nous pouvons le faire ! »). Le NYT raconte que cette affiche n’avait pas vocation à être largement publiée, mais seulement à combattre l’absentéisme et les grèves au sein des employés de la Westinghouse Electric Corporation, une entreprise de production énergétique américaine.



Dans une interview au magazine américain People, Naomie Parker Fraley expliquait en 2016 : « Je ne cherchais pas la gloire ou la fortune, mais je voulais ma propre identité. » Depuis, « Rosie the riveter » est devenue une icône du militantisme pour les droits des femmes, s’affichant aussi bien sur les tasses à café, les t-shirts, qu’au milieu des manifestations féministes.


La marine marchande des États-Unis a assuré le plus grand transport maritime de l'histoire.  des zones de production aux forces combattantes dispersées dans le monde entier. De 55000 marins avant-guerre le nombre a été à plus de 215 000 grâce aux programmes de formation du US Maritime Service .
«Mais où Diable sont-ils, vos bateaux ? ». 

En ce jour de novembre 1940, les membres de la délégation anglaise n’en croient pas leurs yeux. Venus aux Etats-Unis pour y négocier l’achat de bateaux de transport nécessaires à l’effort de guerre britannique, ils ont, sur les indications du gouvernement américain, fait le chemin jusqu’à Richmond, en Californie, afin d’y visiter un chantier naval qui, leur a-t-on assuré à Washington, répondrait pleinement à leurs besoins. Sur place, la déconvenue est brutale ! Accueillis par un homme replet au sourire engageant qui s’est présenté sous le nom d’Henry  J. Kaiser, ils ont la surprise de découvrir, en lieu et place du chantier naval promis, un immense terrain vague ! « Les voilà vos bateaux. C’est vrai que vous ne voyez rien pour l’instant. Mais d’ici quelques mois, il y aura ici un gigantesque chantier naval avec des milliers d’hommes et de femmes travaillant pour vous » leur explique leur interlocuteur. « Nous avons signé un contrat avec ce monsieur Kaiser qui, manifestement, n’y entend rien en bateau
 »









Le préfabriqué, l’assemblage rapide, la spécialisation : ces recettes qui ont fait le succès des Six Compagnies, Henry Kaiser va les mettre au service de son activité la plus célèbre : la construction des Liberty et des Victory ships. A l’automne 1940, l’industriel propose aux autorités fédérales de construire pour le compte des Anglais, désormais seuls en guerre contre l’Allemagne, les bateaux de transport qu’ils réclament à cors et à cris. Malgré le manque total d’expérience de Kaiser dans le domaine de la construction navale, Roosevelt accepte, en grande partie semble-t-il afin de préserver les capacités de production des autres chantiers navals en prévision de l’entrée en guerre – inévitable à ses yeux – des Etats-Unis.


Dès la fin de l’année 1940, les deux chantiers navals que Kaiser a créés à Richmond et Portland sont opérationnels. Ils produiront 2 700 navires entre 1941 et 1945, à raison d’un tous les cinq jours. Un véritable exploit ! Pour tenir ce pari, Kaiser a totalement révolutionné l’industrie de la construction navale. Un peu comme Airbus de nos jours, les différents éléments entrant dans la composition d’un navire – 30 000 environ – sont fabriqués dans plus de 2000 usines et ateliers répartis dans une trentaine d’Etats et acheminés jusqu’à Portland et Richmond pour y être assemblés. Avec vingt ans d’avance dans la construction navale et aéronautique – et pas loin de quarante ans dans l’automobile – Kaiser invente un principe promis à un bel avenir : la construction modulaire.



























































Librairie du Congrès

New York Times


Le Monde - 
https://historyandbusiness.fr/henry-j-kaiser-le-liberty-ship-et-la-revolution-de-la-construction-navale/

Passage de Toulon à Alger 1839 sur un navire de la Marine Royale Cerbere

 Passage maritime de Toulon à Alger 1839 Cerbere  La conquête de l'Algérie débute par le débarquement de l'armée d'Afrique à Sid...