22 octobre 2022

Avisos A69 : des bateaux résistants

 les Avisos A69 

des bateaux résistants

J'ai découvert les avisos de type A69 alors que je résidais au Togo. Les escales y étaient fréquentes.


Depuis 1976, ces bâtiments d’apparence modeste sont employés partout où l’engagement extérieur de la France le nécessite. Leur nom de baptême, qui reprend sans distinction de grades, le nom de marins et résistants morts pour la France pendant la Seconde Guerre mondiale, ajoute encore à la sympathie qu’inspirent ces petites unités. 


Aviso LV Le Hénaff photo JM Bergougniou

Armés par un équipage de 90 marins, bien que très marins, ces bâtiments ont la réputation d'être parmi les plus pénibles par mauvais temps. Leur fardage  important les rend particulièrement sensibles au tangage et au roulis dès que la mer est formée.

Leur armement, conséquent pour un bâtiment de ce tonnage, leur permet de gérer un spectre important de missions. Pendant la guerre froide, ils étaient essentiellement utilisés pour patrouiller sur le plateau continental de l'océan Atlantique à la recherche des sous-marins soviétique. 

En raison des faibles performances du sonar de coque, dès qu'un écho apparaissait, le renfort d'une frégate ASM était nécessaire pour le prendre en chasse à l'aide de son sonar remorqué à immersion variable.


Aviso LV Le Hénaff photo JM Bergougniou
 Bien armés pour leur tonnage de 1 100 tonnes, ils n’emportent cependant pas d’hélicoptère, et leur vitesse limitée ne leur permet pas non plus de suivre les évolutions du groupe aéronaval.

 Comme les escorteurs côtiers, bien plus modestes, qu’ils remplacent, les avisos d’Estienne d’Orves sont très vite déployés dans des stations lointaines où leur d’endurance et leur faible coût d’emploi sont appréciés.

 Dans les années 1970 et 1980, on trouve ainsi ces petits bâtiments dans l’océan Indien, le golfe de Guinée, où l’océan Pacifique… bien au-delà du rayon de deux cent nautiques depuis la métropole dans lesquels ils devaient être initialement cantonnés. 

Aviso LV Le Hénaff photo JM Bergougniou
Et bien éloignées également du rôle premier de gardiens anti-sous-marins des points sensibles du littoral qui leur étaient dévolus. 

Les avisos A69 contribuent ainsi à la surveillance de la Zone économique exclusive française (ZEE), à la coopération ou à la défense des intérêts français en zone Corymbe (Golfe de Guinée), comme aux actuelles opérations de lutte contre la piraterie dans l’océan Indien. 

Cette dichotomie entre emplois théoriques et réels pose d’ailleurs la question de l’adaptation d’une classe de bâtiment à sa mission, et, de façon plus générale, celle de l’équilibre global de la flotte. De fait, à la fin des années 1980, alors que l’hypothèse d’une conflagration directe entre l’Est et l’Ouest s’amenuisait, la nécessité s’est faite davantage sentir de faire respecter la souveraineté de la France dans les 12 000 000 de km² de ZEE que lui avait accordé, en 1982, le traité de Montego Bay. 

Tubes lance-torpilles  Aviso LV Le Hénaff
photo JM Bergougniou
Cette réflexion aboutit au lancement d’une classe spécifique de bâtiments, les frégates de surveillance Floréal, qui renforcent les patrouilleurs déjà existants. Signe de l’évolution des priorités, les Floréal emportent un hélicoptère dédié à la surveillance et aux liaisons, mais renoncent à toute capacité anti-sous-marine. Spécifiquement adaptées aux patrouilles hauturières et aux opérations de basse intensité, les Floréal auraient remplacée très favorablement dans ce rôle les avisos A69, unité pour unité. 

Mais la longue série des d’Estienne d’Orves achevait à peine de sortir des chantiers (le dernier, le Commandant Bouan fut lancé en 1984), et leur espérance de vie était encore importante. Les avisos poursuivirent donc leur riche carrière jusqu’à nos jours. 

Reclassés patrouilleurs de haute mer et débarrassés de leur armement de torpilles et de missiles, neuf d’entre eux sont encore en service. Le Lieutenant de vaisseau Le Hénaff, le Lieutenant de vaisseau Lavallée et le Commandant Birot ont ainsi participé à l’opération Harmattan menée en 2011 au large de la Libye. 










Sources :

Patrick Maurand et Jean Moulin, Les avisos A69 

Marines éditions, 2011, 220 pages

21 octobre 2022

Saint-Chamond -Compagnie des forges et aciéries de la Marine et d'Homécourt une usine en guerre canon guerre

Saint-Chamond  

Vive le son du canon




Le canon de 305 modèle 1893 désigne un canon construit à la fin du XIXe siècle pour la Marine. Il constitue l'armement principal de deux cuirassés d'escadre, les Masséna et Bouvet, qui sont les derniers de la Marine française à porter des tourelles simples de canons de 305 .
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Dès sa création le 14 novembre 1854, la compagnie produit des éléments pour le chemin de fer, tels des roues et des axes, et des éléments pour l'industrie lourde et la marine entre autres.

Les établissements métallurgiques de Saint-Chamond sont l'un des premiers établissements sidérurgique de France qui purent, au point de vue des fournitures de matériel d'artillerie, de blindages, de cuirassement, etc., lutter avec avantage contre les usines analogues allemandes et anglaises. 

Les usines de la Cie de Saint-Chamond (Saint-Chamond, Assailly, le Boucau) occupaient ensemble, avant la guerre,7 150 ouvriers; il y en avait, à la signature de l'armistice, 24 ooo, dont environ 5 000 femmes. 43 ingénieurs dirigeaient la production qui allait, partie à l'armée et à la marine, partie à l'industrie privée ; actuellement, 70 ingénieurs dirigent une production exclusivement réservée à la guerre. 

Lecture pour tous 01-10-1918


Le service intérieur des usines était desservi en 1914 par 12 locomotives, 127 wagons et 50 kilomètres de voie ferrée, directement reliée au réseau P. L. M. Actuellement ce service comprend 18 locomotives, 208 wagons, 61 kilomètres de voie ferrée et, ce qui n'existait pas avant la guerre, une centaine de camions automobiles.


Avant la guerre, les terrains occupés par les usines représentaient une superficie de 660 000 mètres carrés, avec 230 000 mètres carrés de superficie bâtie. Actuellement ces terrains représentent une superficie de 2 060 000 mètres carrés, avec 317 000 mètres carrés de superficie bâtie. On voit, par là, dans quel cadre immense, sans cesse sillonné de trains et de camions portant du matériel brut ou usiné, évolue et travaille saris arrêt un peuple d'ouvriers.



Mais l'augmentation progressive de la superficie des usines, la création constante d'ateliers nouveaux, la perpétuelle progression du personnel ouvrier supposent, pour une production constamment accrue, une augmentation correspondante des machines productrices. En effet, et pourtant SaintChamond pouvait se flatter d'être l'une des rares usines françaises qui possédaient, avant la guerre, le formidable outillage nécessaire à la fabrication des canons lourds : là notamment on pouvait voir un marteau-pilon de cent tonnes, des presses à forger de 6 000 tonnes, des grues géantes, des fosses de trempe pour canons de la plus grande longueur connue, des tours Martin de 30 tonnes.




LA VIE D'UNE USINE DE GUERRE.

Ce qu'il y a de remarquable dans la vie d'une usine de guerre comme Saint-Chamond, c'est l'étonnante souplesse avec laquelle un formidable organisme comme celui-là, en transformation et en perfectionnement perpétuels, s'est adapté à tous les besoins de la défense nationale, suivant ou faisant naître, selon les cas, les incessantes modifications de la plus prodigieuse des guerres.


Avant août 1914 l'usine, nous l'avons dit, travaillait à la fois pour l'industrie privée et pour l'armée et la marine. Ses aciers à outils de précision avaient une réputation mondiale. Des gouvernements étrangers, conquis par cinquante ans de renommée universelle, lui commandaient les canons dont avaient besoin leurs armées, les plaques de blindage et les tourelles de leurs croiseurs et de leurs cuirassés.
Pour l'armée et la marine nationales, cependant, Saint-Chamond réservait le meilleur de sa fabrication. Les canons de 305 et de 340 sortaient de ses ateliers et les tourelles à 4 canons qui armaient nos super dreadnoughts étaient du modèle Saint-Chamond. Obéissant à des méthodes sûres et éprouvées, Saint-Chamond fabriquait un matériel irréprochable qui donnait toujours aux essais un rendement égal ou supérieur aux prévisions. Ses gros obus de rupture pour canons de marine brisaient les blindages les plus fameux, employés dans les marines étrangères ; ses blindages, en aciers spéciaux, résistaient aux obus tirés par les canons des navires de nos ennemis éventuels.


Sans arrêt, les fours Martin fondent l'acier nécessaire aux canons, aux pièces de rechange, aux organismes délicats des fusils, des mitrailleuses, des moteurs de camions automobiles.



Sans arrêt, des machines débitent en lingots qui deviendront des obus de tous calibres, les blocs incandescents qui s'allongent dans les mâchoires d'acier des innombrables laminoirs. La course à la mer, la ruée allemande sur l'Yser, les combats du printemps de 1915 exigent une dépense d'obus qui bouscule toutes les prévisions du temps de paix. Il faut produire, et produire vite. La progression de la production suit bientôt une extraordinaire marche ascendante. C'est par millions qu'il faut compter les obus de 75 fournis à nos armées par Saint-Chamond. Dans sa Pyrotechnie, la fabrication des fusées d'obus prend une impulsion formidable. De 3 000 par jour au début, la production passe en quelques mois à 50 000. Elle atteindra même 150000 quotidiennement, à certaines semaines de 1917 et de 1918.


Mais on prépare notre première grande offensive de septembre 1915, en Champagne, puis celle de la Somme en 1916. La production, rien que pour les obus de 75 et pour les douilles d'obus, passe, dans l'année, du simple au triple. Celle des fusées au sextuple.



Outre les établissements métallurgiques de Saint-Chamond et le champ de tir de Langonand, cette société possédait en outre les « forges et aciéries de l'Adour », les « laminoirs et aciéries d'Assailly », les mines et usines de la « société Vézin et Aulnoye », les « forges de Rive-de-Gier », les « hauts fourneaux de Givors », des houillères dans le bassin de la Loire et des mines de fer à Anderny-Chevillon (Meurthe-et-Moselle) et à Saint-Léon (Sardaigne).



A Saint-Chamond, qui possédait l'outillage perfectionné nécessaire à la fabrication des plaques de blindage pour croiseurs et cuirassés, et des tôles d'acier pour torpilleurs et sous-marins, échut l'honneur de fabriquer les géants de la famille. Le tank Saint-Chamond est un puissant char d'assaut armé du canon de 75 réglementaire et de trois mitrailleuses.

20 octobre 2022

Trois-mâts kléber première guerre mondiale septembre 1917 sous-marin

Le combat du voilier Kléber


     La victime n’est pas toujours facile à éliminer : l’installation de canons à bord des navires de commerce ou de pêche permet quelquefois de répondre à l’agresseur.





Une émouvante cérémonie A LORIENT

Le Président de la République décore les héros du trois-mâts « Kléber »


LORIENT, 3 octobre. (De l'envoyé spécial de L'Ouest-Eclair). C'est sous un ciel. gris, tout voilé de tristesse, que MM. Poincaré et Chaumet sont venus aujourd'hui, au nom du pays, saluer la marine française, au milieu de cet arsenal de guerre à l'aspect si sévère, en cette Bretagne qui fournit à notre flotte national un si beau contingent d'hommes admirables.

Les survivants du Kléber (L'Illustration)



Nul cadre ne pouvait mieux convenir à une cérémonie de cette nature. Nos marins, en effet le Président l'a fort bien dit sont de braves gens qui tous les jours dans le silence, sans que l'on s'en doute, sans avoir à espérer la consolation de la gloire, bravent tous les dangers, exposent leur vie à tout ins'tant, pour ravitailler les vaillantes troupes qui dans la tranchée tiennent tête à l'ennemi avec tant de ténacité, pour permettre à ceux de l'arrière de tenir jusqu'à la dernière minute.

Leur modestie ne se serait nullement accommodée d'une brillante parade au milieu des fleurs et de la verdure, sous un soleil rayonnant. Demandez plutôt à l'équipage du trois-mâts cancalais Kléber dont l'on se plait aujourd'hui, et à si juste titre, à célébrer les magnifiques exploits.




Les exploits du Kléber

Ils étaient douze à bord de ce voilier. Ils venaient d'Angleterre avec un chargement de charbon destiné à un port français. Le 7 septembre, ils rencontrent au large de Groix un sous-marin allemand qui tire sur eux immédiatement. Par bonheur ils ne sont pas atteints. Ils ont le temps de préparer la. résistance. Ils l'organisent sans précipitation mais avec sang-froid et avec énergie, sous l'habile direction du capitaine Lefauve, de Granville. Le canonnier Jain, servi par le matelot Basile, pointe l'unique pièce de 47 et fait feu sur le pirate qui s'empresse de disparaitre. Mais le capitaine Lefauve est tué à son poste le second, Plessis, de Dinard, prenant aussitôt le commandement, a une idée ingénieuse il va jouer de ruse avec l'ennemi Les canonniers vont se coucher près de leur pièce le reste de l'équipage va mettre les embarcations à la mer et y descendre pour faire croire à l'abandon du navire. Il n'a que le temps de donner cet ordre un obus vient le frapper mortellement. C'est au tour du maitre d'équipage Pionnier un gars de Noirmoutier, de le remplacer,


Avec une énergie toute simple, toute naturelle, Monnier fait exécuter l'ordre donné. Dans les canots, sept hommes s'éloignent du Kléber. Le sous-marin, qui ne cesse de le canonner les aperçoit et s'approche. Il les oblige à monter son bord, les interroge et apprend de leur bouche qu'il n'y a plus que des morts sur le trois-mats français. En réalité, il reste là trois rudes gars bien décidés à lutter jusqu'à la mort s'il le faut Monnier, Vain et Basile.

Brusquement les voici qui bondissent à la pièce et font leu. Le pirate est atteint. Il doit plonger avec une telle précipitation qu'un de ses hommes est obligé de se jeter à l'eau et de gagner avec les sept Français les embarcations du voilier. Basile est gravement blessé, lai est aveuglé par le sang qui lui coule des oreilles. Monnier tout seul, alimente et fait fonctionner la pièce, surveille le boche, le canonne chaque fois qu'il se montre et cherche mitrailler le Kléber. Mais voici la nuit. C'est la fin du combat qui dure depuis quatre heures. Il était temps. Le voilier avait perdu la hausse de son canon, emportée par un éclat d'obus.

Mais le sous-marin (il mesure 110 mètres de long), est lui aussi dans un état lamentable. Ayant repris celui de ses hommes qui lui manquait, il s'éloigne, mais sans pouvoir s'immerger et après avoir laissé derrière lui une forte odeur de pétrole. Il est blessé cruellement et doit procéder à des réparations qui sans doute exigeront de longues heures. Pendant ce temps, le Kléber, rallié par les sept matelots qui avaient simulé l'abandon, gagne la terre au plus vite, habilement dirigé par le maître d'équipage. A minuit et demi, il entrait dans les Courreaux de Groix. Sept heures plus lard, on le conduisait à Port-Louis.

Une si belle résistance méritait bien n'est-ce pas, d'être glorifiée devant le pays,



La revue

II est 8 h. 1/2 du matin quand le train spécial entre en gare. Le président de la République et le ministre de la marine sont accompagnés du général Duparge, secrétaire militaire de la présidence.

Sur le quai. MM. l'amiral Favereau, préfet maritime Guilloteau. sénateur Nail, Lamy, Le Rouzic députés Grimaud, préfet du Morbihan Esvelin, maire de Lorient Mony, sous-préfet. Une compagnie de fusiliers-marins rend les honneurs.


Aussitôt on monte en automobile et entre une double haie de soldats on se dirige vers l'arsenal. Sur tout le parcours, bien que la presse ait reçu défense d'annoncer le voyage officiel, se presse une foule respectueuse. Sur la place d'armes des marins, puis des artilleurs appartenant au 29e, au 1110 régiments et au 1er colonial, forment le carré.Au milieu, l'équipage du Kléber et tous ceux qui vont tout à l'heure recevoir des mains du président la récompense qu'ils ont si bien méritée. Tout autour, ainsi que sur les Quinconces, des spectateurs sont massés, avides d'apporter le témoignage de leur sympathie émue à ces hommes de la mer qui sont des leurs, qui les touchent de si près.

Une sonnerie de clairon. Le cortège officiel pénètre dans l'enceinte de l'arsenal. Les chefs de service leur ayant été présentés, MM. Poincaré et Chaumet passent sur le front des troupes.

Le Kléber (L'Illustration)

Puis le président prononce le discours suivant qui est vivement applaudi.

Le discours du Président Messieurs,

L'un des devoirs les plus doux et les plus sacrés qui puissent incomber au président de la République, est d'exprimer à tous les défenseurs du pays la reconnaissance nationale, Depuis que l'Allemagne impériale a entrepris contre des peuples innocents et paci/iques, cette horrible guerre de conquêtes et de domination, le me suis rendu le plus souvent possible, trop rarement encore à mon gré, au milieu de nos vaillantes armées de terre Pai visité leurs cantonnements et leurs tranchées. i ai vécu familièrement auprès des troupes et leur ai ainsi donné un témoignage presque permanent de la sollicitude et- de l'admiration des pouvoirs publics.

Combien de fois n'ai-je pas regretté de ne pas trouver aussi facilement l'occasion d'offrir à notre armée navale et à notre marine de commerce, le tribut d'hommages qu'elles n'ont cessé de mériter. Si j'ai envoyé de loin à nos escadres, les /élicitations de la France et de ses alliés, si j'ai vu à l'œuvre, dans les dunes de Belgique, l'héroique phalange des fusiliers-marins, fai eu la tristesse de n'avoir pas, et depuis le début des hostilités, partagé la vie de nos équipages.

Le dernier souvenir que m'ait laissé la fréquentntion de nos marins, remonte à la veille de la guerre. J'étais sur la Baltique, à bord d'un cuirassé, lorsque l'Autriche remettait,son ultimatum à la Serbie et que les empires du centre nouaient les suprêmes intriques pour faire avorter dans les chancelleries européennes, tous les efforts de conciliation. 

impacts sur la coque du Kléber (L'Illustration)
Aux vagues échos que la télégraphe sans fil nous apportait de la terre, j'ai senti en ces heures mortelles vibrer le cœur des officiers et des matelots. Depuis lors, l'espace nous a separés mais ma pensée est restée constamment Comment, en effet, ne pas songer sans cessé à la tache ingrate et sublime que sur les petites, comme sur les grandes unités, sur les navires marchands comme sur les navires de guerre,' us accomplissent tous au service de la France noble impatience des grands bâtiments à quf pèse l'immobilité des stations prolongées et qui réclament vainement jusqu'ici l'honneur des combats attention perpétuellement tendue des torpilleurs, des chalutiers, des patrouilleurs de toutes sortes qui protègent contre les écumeurs de la mer les transports de nos troupes et le ravitaillement des nations alliées audace de nos sous-marins qui vont chercher au fond de ses rades l'ennemi qui s'y dérobe magnifique courage de tant de braves gens qui exposent leur vfe à tout instant sans avoir à espérer la consolation de la gloire, ni même le repos de la tombe. Quel mépris du danger, quelle /orcé de dévouement, quel esprit de sacrifice n'exige pas chez nos marins cette lutte de tous les jours et de toutes les nuits, contre les puretes de la Méditerrannée et de l'Océan Un splendide exemple de ces hautes vertus a été donné le septembre dernier

impacts sur la coque du Kléber (L'Illustration)
Les braves qui montaient cette goélette bretonne se sont montrés dignes du grand général alsacien dont elle porte le nom glorieux le capitaine Lefauve et le second Plessix, tués par les projectiles ennemis, les servant de la pièce de 47 qui armait le navire, le maître timonier qui ayant ordonné une évacuation simulée, est resté à bord avec un seul homme valide, deux blessés et deux morts, pour attendre le sous-marin et ouvrir le feu sur lui, tous se sont conduits en valeureux enfants de la France. J'envoie un pieux souvenir à ceux qui ont payé de leur vie ce bel exploit maritime. 

le maître d'équipage Monnier  (L'Illustration)
J'adresse aux survivants mes félicitations chaleureuses. La Bretagne peut être fière de ses fils Une fois de plus, ils ont bien mérité de la patrie leur apportant aujourd'hui l'assurance de la gratitude du pays, je ne les sépare pas de leurs camarades. C'est toute la marine de guerre c'est toute la marine de commerce que j'ai tenu, messieurs, à venir saluer en vous ..Honneur à vous et à tous les marins français


le Yacht 27-02-1932
Les décorations

M. Poincaré décerne ensuite des récompenses aux braves du trois-mâts Kléber, dont nous avons conté les exploits.

Mme Le Fauve, veuve du capitaine de ce voilier, qui est accompagnée de son fils, Marcel, 10 ans, reçoit la croix de guerre avec palme.

Puis les distinctions suivantes sont remises aux survivants du voilier.

Médaille militaire et croix de guerre. Les matelots Jain, de Castres Paul Basile, de Saint-Vast-la-Hougue Augustin Guillo, de Saint-Quay-Portrieux Eugène Secardin, des environs de Saint-Malo Paul Chapelain, de Tréguier.

Croix de guerre avec palme. Les matelots Noury, de Plouer et Prosper Le Touzé, de Regnéville.

sources

BnF Gallica
L'Ouest-Eclair

19 octobre 2022

SNLE-NG Le Triomphant FNFL Le Triomphant Contre-torpilleur croiseur léger

 SNLE-NG Le Triomphant


Les quatre sous-marins nucléaires lanceurs d’ engins (SNLE) du type Le Triomphant constituent la principale composante de la dissuasion nucléaire, depuis le retrait du service du dernier SNLE type Le Redoutable M4 (le sigle M4 faisant référence au nom des missiles stratégiques embarqués sur ces sous-marins dans la dernière partie de leur vie opérationnelle). 

SNLE de deuxième génération, les sous-marins du type Le Triomphant ont également été appelés SNLE NG (de nouvelle génération) 

 Le Triomphant, premier SNLE NG, a été admis au service actif en 1997, suivi n 1999 par Le Téméraire, en 2004 par Le Vigilant, et en 2008 par Le Terrible. Tandis que les trois premiers étaient, à leur entrée en service, équipés du missile M45, version améliorée du missile M4, Le Terrible, quatrième de la série, sera le premier SNLE NG équipé dès l’ origine d’ un nouveau missile, le M51, à la portée très significativement accrue par rapport à celle de son prédécesseur, le M4/M45. Les trois autres sous-marins du type ont subi successivement, entre 2011 et 2018, une refonte à mi-vie leur permettant, notamment, de mettre en œuvre à leur tour le missile M51 .

Un nouvel acier de coque : Afin de pouvoir plonger plus profondément que ses prédécesseurs, tout en conservant à peu de choses près un rapport inchangé entre la masse de la coque résistante et le déplacement en plongée du sous-marin (condition nécessaire à l’équilibre du projet), il est nécessaire de développer un nouvel acier à très haute limite élastique. L’étude de cet acier, par la Direction des constructions navales, s’appuyant sur l’aciériste Creusot-Loire Industrie, a été entreprise dès la fin des années soixante. Le pari sera pris en 1981 de retenir ce nouvel acier, baptisé 100 HLES, pour la construction des SNLE NG. Cependant il soulève des difficultés importantes de formage et de soudage et nécessite, pour son industrialisation, la mise au point d’outillages complexes, faisant notamment appel, dès cette époque, à des robots, et de leurs procédures, très rigoureuses, de mise en œuvre. Le fait que son équivalent américain, le HY 130, qui visait un niveau de performance comparable, n’ait, finalement jamais été utilisé industriellement, est là pour montrer que ce n’était pas une entreprise aisée. 


Un nouveau propulseur : Au début des années 1980, les britanniques expérimentent sur de propulseur qu’ils appellent « pump-jet ». En France, un dispositif comparable, nommé alors en développement (entrées en service depuis sous l’appellation de MU 90). En 1985 Triomphant et un premier prototype sera testé sur un sous-marin à propulsion classique,

 les marins nucléaires français, britanniques et américains sont équipés de pompes-hélices. 
La discrétion acoustique : L’objectif assigné aux concepteurs du Triomphant était de réduire d’un facteur 1000 la puissance acoustique rayonnée par le bâtiment, par rapport à ce qui avait été obtenu sur les SNLE de la première génération : pour illustrer concrètement la chose, il faut savoir que cela représente à peu près le même rapport que celui existant entre la puissance acoustique d’un hélicoptère et celle d’une voiture automobile à essence.


.https://www.armement-innovations.fr/grands-programmes/le-triomphant




Le 10 juin 1940, Le Triomphant, qui était en réparations à Lorient, sous le commandement du capitaine de frégate Edouard Archambeaud depuis le 3 mai 1940, quitte la France en remorque pour rallier l'Angleterre compte-tenu de l'avancée des forces allemandes vers les ports de Bretagne.


Le 3 juillet 1940, à la suite de la signature de l'armistice le 22 juin entre la France et l'Allemagne, dans le cadre de l'opération "Catapult", le contre-torpilleur Le Triomphant, qui se trouve dans le port de Plymouth, est capturé par le Royaume-Uni. Le 28 août, il est remis aux Forces Navales Françaises Libres (FNFL). Il est réarmé par un équipage français et placé temporairement sous le commandement du capitaine de corvette Pierre Gilly, officier torpilleur.
Le 2 octobre 1940, le capitaine de frégate Philippe Auboyneau prend le commandement du contre-torpilleur Le Triomphant. Sa première mission en décembre 1940 est d'escorter deux convois en Atlantique.
La guerre dans le Pacifique
A l'été 1941, le contre-torpilleur Le Triomphant est transféré au théâtre du Pacifique pour devenir le bâtiment amiral des Forces Navales Françaises Libres dans le Pacifique. Il traverse le canal de Panama le 16 Août, et atteint Papeete le 23 Septembre 1941.
Le capitaine de frégate Auboyneau est promu capitaine de vaisseau, et prend le commandement des Forces Navales Françaises Libres dans le Pacifique depuis Le Triomphant. Le 7 octobre 1941, cette escadre est complétée par l'arrivée à Papeete de l'aviso Chevreuil, puis du croiseur auxiliaire Cap des Palmes.
En décembre 1941, Le Triomphant escorte le SS Troopship Ormiston de Sydney à Nouméa.
À la fin de février 1942, comme une invasion japonaise de deux îles du Pacifique central riches en phosphate s’annonce imminente, le contre-torpilleur Le Triomphant quitte les Nouvelles-Hébrides pour évacuer les Occidentaux et les travailleurs sous contrat de la British Phosphate Commission (BPC) vivant à Ocean Island et Nauru. Il arrive le 23 février à Nauru, en prenant à bord 61 Européens, 391 Chinois et 49 militaires. Puis il se dirige vers l'île de l'océan, à 300 km et prend à bord 823 Chinois et 232 Européens. Il a ensuite transporté ces réfugiés à Sydney (Australie).
Le 1er juillet 1942, le capitaine de frégate Paul Ortoli prend le commandement du Triomphant.
Le 8 février 1943, le cargo transporteur de minerai de fer SS Fer Chevalier est frappé par une torpille tirée par le sous-marin I-21. 

Le cargo a coulé en quelques minutes seulement, en faisant 36 victimes. Le contre-torpilleur Le Triomphant a secouru les 14 survivants qui dérivaient sur un radeau. Il a tenté de localiser le sous-marin durant une journée, sans résultat, avant de retourner à Sydney le lendemain.
Le 26 novembre 1943, Le Triomphant a quitté Fremantle (Australie), sous le commandement du capitaine de frégate Pierre Gilly, pour escorter un convoi comprenant le pétrolier américain SS Cedar Mills et le cargo néerlandais Java, à destination de Diégo-Garcia en Océan Indien. Mais les ravitaillements en combustible sont difficiles à cause de l'incompatibilité des raccords et des manches de transfert, si bien que les soutes à combustible ne sont pas pleines quand il rencontre une zone de mauvais temps.
Le 2 décembre 1943, le convoi est pris dans un cyclone. La mer se creuse et les coups de roulis deviennent violents. Le bâtiment prend une gite de 15 degrés et l'eau de mer pénètre par les panneaux des machines. Dans la soirée, le roulis s'intensifie encore et le bâtiment a beaucoup de difficultés à gouverner. A 22 h 40, on signale la disparition du capitaine de corvette Marcel Bourgine, commandant en second, et celle du médecin de 1re classe Jean Minette (Alias Pontivy).
Par des vents de force 10, et une mer où les vagues sont énormes, le bâtiment est dans une situation critique ; il n'est plus manœuvrant. Un transfert de personnel est décidé, 90 marins sont transbordés sur le pétrolier Cedar Mills, les autres restent à bord pour préparer un éventuel remorquage. Heureusement le cyclone s'éloigne et le contre-torpilleur Le Triomphant est pris en remorque par le cargo néerlandais. Le 10 décembre, il est repris en remorque par le HMS Frobisher. Le 15 décembre, le remorqueur HMRT Prudent a repris la remorque pour arriver en rade de Diégo-Suarez le 19 décembre 1943, où le bâtiment a pu être réparé.

La refonte aux Etats-Unis
En 1943, après la fusion entre les Forces Navales Françaises Libres (FNFL) et les Forces maritimes d'Afrique les quatre contre-torpilleurs encore en service, Le Fantasque, Le Terrible, Le Malin et Le Triomphant vont bénéficier d'une refonte aux Etats-Unis pour les transformer en croiseurs légers. La modernisation s'effectue principalement sur les points suivants :
Installation de deux radars (veille surface et veille aérienne)
Installation d'un sonar de coque
Ajout de nouvelles soutes à combustible
Remplacement de l'artillerie anti-aérienne d'origine par 8 pièces de 40mm Bofors et de 10 canons de 20 mm Oerlikon
Installation de 2 grenadeurs anti-sous-marins
Débarquement d'une tourelle triple de tubes lance-torpilles.
Cette refonte doit se faire à Boston (USA). Le contre-torpilleur Le Triomphant quitte Diégo-Suarez le 1er mars 1944 pour rejoindre Boston, via Djibouti, Port Saïd, Bizerte et Alger.
Cette refonte entraine un alourdissement des contre-torpilleurs, dénommés ensuite croiseurs légers. Leur déplacement à pleine charge atteint alors 3800 tonnes. Le croiseur léger Le Triomphant est resté aux Etats-Unis jusqu'en mars 1945.
En mai 1945, sous le commandement du capitaine de frégate André Jubelin, il rejoint la flotte britannique dans l'Océan Indien.
La guerre d'Indochine
En septembre 1945, le cuirassé Richelieu et le croiseur Le Triomphant escortent les paquebots britanniques Princess-Beatrix et Queen-Emma, transportant le corps léger d'Intervention, formant l'avant-garde du corps expéditionnaire français en Indochine commandé par le général Leclerc. Le 3 octobre 1945, alors que le cuirassé stationne au mouillage au cap Saint-Jacques, le croiseur Le Triomphant est le premier bâtiment de la marine nationale à revenir à Saïgon depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Il fera partie de la force navale d'Extrême-Orient qui rejoint progressivement l'Indochine.
Cette force navale, qui est commandée par l'amiral Auboyneau, comprend en fin d'année 1945 : Le croiseur Emile-Bertin, bâtiment amiral, la 1re Division de croiseurs avec le Tourville et le Duquesne, la 10e Division des croiseurs légers avec Le Triomphant et Le Fantasque, les avisos Savorgnan-de-Brazza, Gazelle et Chevreuil, les destroyers d'escorte Algérien et Sénégalais, le porte-avions Béarn, etc… En décembre 1945, Le croiseur Le Triomphant prend part à la défense de Nha-Trang (Cochinchine).
Le 6 mars 1946, lors de l'opération "Bentré" de débarquement à Haïphong, qui constitue le début de la reconquête du Tonkin, Le Triomphant assure le rôle de poste commandement avancé et de poste de premiers secours. Positionné dans le convoi, juste dernière les six Landing Craft Infantry (LCI) et devant les Landing Craft Tank (LCT) devant transporter les premiers commandos français et les troupes de l'Infanterie coloniale dans la rivière Cua-Nam-Trieu qui relie le golfe du Tonkin au Port d'Haïphong, il assure leur sécurité. A peine franchi la coupure formant l'embouchure du Song Cua Nam formant le port d'Haïphong, le convoi subit de la rive droite des tirs de mitrailleuses, de canons et de mortiers par des soldats de l'armée régulière chinoise. Durant plus d'une heure les LCI et le croiseur poursuivent leur lente progression vers le port ; ils sont criblés d'impacts de balles. L'enseigne de vaisseaux Guyomar, commandant du LCI n° 103 et le lieutenant de vaisseau Cruchet, officier de tir du croiseur sont tués à leur poste de combat. Après plus d'une heure de passivité, l'autorisation de riposte arrive enfin. A 10 h 08, les cinq canons de 138 mm du croiseur tirent en direction des assaillants. A 10 h 14, des officiers chinois brandissent des pavillons blancs. Le croiseur léger Le Triomphant devait compter cinq morts et de nombreux blessés parmi l'équipage et dénombrer 439 trous dans sa coque et ses superstructures.
Les croiseurs légers, Le Fantasque, Le Malin, Le Terrible et Le Triomphant prendront part à la guerre d'Indochine à tour de rôle de 1945 à 1954. Le croiseur léger Le Triomphant rentre à Toulon en mai 1946.

Le croiseur léger Le Triomphant est envoyé à Bizerte pour être désarmé et déclassé le 6 décembre 1954. Il est démoli en 1960.

Passage de Toulon à Alger 1839 sur un navire de la Marine Royale Cerbere

 Passage maritime de Toulon à Alger 1839 Cerbere  La conquête de l'Algérie débute par le débarquement de l'armée d'Afrique à Sid...