Charles Tillon Croiseur Guichen procès Brest
Charles Tillon naît à Rennes où son père est syndiqué des tramways à vapeur d'Ille-et-Vilaine puis courtier à domicile après son licenciement pour activités syndicales.Ajusteur à l'arsenal de Brest avant la Première Guerre mondiale, il s'engage dans la marine en 1916 et embarque comme matelot mécanicien sur le croiseur Guichen.
Le 26 juin 1919, à Itéa, après avoir débarqué un contingent de Sénégalais, l'équipage du "Guichen", à très forte majorité, signe une pétition exigeant le retour à Brest. Bien entendu, le commandant refuse de tenir compte des "réclamations collectives". Grève de l'équipage. Intervention surprise de "péniches chargées de tirailleurs noirs" qui matent la mutinerie. Vingt-cinq arrestations, dont celle de Tillon, l'un des "meneurs".

On prévoit que le procès durera trois jours. Tous les inculpés ont été mis en jugement sous prévention jugée suffisamment établie par l'information de révolte sans armes pour :
Le 26 juin 1919, dans l'après-midi, à bord du croiseur Guichen, et en rade d'Itéa, s'être concertés pour refuser, collectivement et avec violence, de se rendre à leur poste après en avoir été sommés individuellement avoir voulu s'opposer à l'arrivée à bord de la garde armée et menacé les hommes du remorqueur, tout cela, en ce qui concerne 20 d'entre eux, et pour ce qui à trait à Fragne, n'avoir cessé de pactiser avec eux dans les mêmes circonstances de temps et de lieu.
A l'exception de Fragne, tous les prévenus ont reconnu ne pas s'être rendus à leur poste de travail après en avoir reçu l'ordre individuellement.
Les interrogatoires terminés, M. le capitaine de vaisseau Cussec fait introduire M. le Capitaine de frégate Semichon, commandant du Guichen,
Commencée à 15 heures, sa déposition se prolonge jusque vers 18 heures.
C'est un exposé très complet des incident du 26 juin et des événements des jours précédents et de ceux survenus les jours suivants que le commandant va entreprendra. Le Capitaine de frégate croit que la révolte était prévue.
On ne saurait passer sous silence la très sincère émotion qui s'empara du Commandant Semichon au moment où il rappela que, dans un geste de repentir profond, tout son équipage, en rade d'Itea avait, de si grand coeur poussé le cri de vive la France le 13 juillet dernier.
Demain mardi, à 8 heures 30, les débats reprendront. On entendra les témoins. Ce soir, la séance a pris fin à 19 heures.
LA MUTINERIE DU "GUICHEN"
Le 1er conseil de guerre du 2e arrondissement maritime a rendu un verdict dans l'affaire des mutineries du Guichen. Il a prononcé les condamnations suivantes
Boniface et Raimbaux ont bénéficié de sursis-, Baud, Briand, Carré, Cometa, Sollier et Thibon ont été acquittés.

Sources
BNF-Gallica
L'Ouest-Eclair novembre 1919