24 juin 2023

L'Astrolabe aux Eparses Glorieuses Europa TAAF carte routier 1866

L'Astrolabe aux Eparses Glorieuses Europa  TAAF

La BNF conserve dans ses fonds un Routier des côtes Sud, Sud-Est et Est d'Afrique, du cap de Bonne-Espérance au cap Guardafui de 1866, compilé par le capitaine Algernon F. R. de Horsey,... ; traduit de l'anglais par M. A. Mac-Dermott,  impr. de P. Dupont (Paris)

On voici quelques extraits concernant Europa



L’ILE EUROPA, a environ 5 milles du N. E. au S. O. sur à peu près 3 milles de large ; sa hauteur est de 15 à 24 mètres, et on la voit à 12 ou 15 milles du pont d’une corvette. Son centre est par 22° 22' 30" S. et 38° L‘ Est.




 Elle est inhabitée, sablonneuse, avec ça et là de petites éminences, couverte en grande partie de maigres arbres, de broussailles et de joncs; il y a dessus de loin en loin quelques petits arbres de fer, circonstance qui permet de supposer que l’on y rencontrerait de l’eau en creusant. On n’y trouve pas de mouillage sûr ; on peut laisser tomber l’ancre sur l’accore du récif de corail et sous le vent de l’île; mais on n’y aurait pas de place pour éviter si la brise venait à sauter. Il y a sur cette île quelques grandes chèvres et beaucoup de bonnes tortues. Son côté Est présente des falaises basses, perpendiculaires, et paraît accore; nous n’avons pas vu de récif devant, et il nous a été impossible d’y trouver un mouillage. Toutefois, devant la pointe N. E. le récif s’étend à 1/2 encablure et l’on a de 22 à 33 mètres d’eau à 1 encablure au delà. Son côté Nord est entouré d’un plateau de corail qui découvre à la basse mer des syzygies et qui s’étend de 1/4 à 1/2 mille de la côte, excepté vers la pointe N. O. où se termine le récif; on trouve là un petit espace de plage accore, où l’on peut débarquer facilement avec un temps maniable. Le plateau de corail est à pic, car à moins de 1 encablure on ne trouve pas de fond par 55 mètres ; il paraît bien vers la basse mer, mais aux autres instants de la marée on doit l’approcher avec précaution. En dedans du plateau de corail la côte forme une échancrure profonde, et il y a un grand lagon à la partie Est du côté Nord de l’île ; ce lagon traverse presque toute l’île jusqu’à la côte Sud; on n’y trouve pas plus de 1m 22 à 1m 52 à marée basse : il abonde en poisson. 




La pointe N. O. est sablonneuse et couverte de petites broussailles ; elle se prolonge en un banc rocheux de 1 à 2 encablures. On peut mouiller par des fonds de 12m 8 à 20 mètres, un peu au S. de cette pointe N. O., mais très-près d’un plateau de 4m 6. Le côté Ouest est rocheux : il paraît accore ; il y a un ressac considérable sur la plage ; on peut débarquer parmi les rochers en divers endroits. Le côté Sud d’Europa est bas : un récif, près duquel on ne trouve pas de fond, s’écarte à environ 1 mille de sa face S. O. D’après quelques rapports il paraîtrait que ce récif s’étend plus loin ; mais comme c’est le côté du vent de l’île et que par suite il n’est pas sain d’en approcher, nous n’avons pas de renseignements exacts le concernant.





Merci Willy

23 juin 2023

Armada ROUEN 2023 Goélette Etoile

Armada ROUEN 2023 Goélette Etoile 

La Marine est présente à l'Armada de Rouen. L'Étoile, le Flamant, le Mutin, la Belle Poule et la Normandie sont ouverts au public chaque jour pour des visites. Retrouvez la boutique officielle de la marque Marine nationale ainsi qu'un village Marine nationale mis en place sur les quais. Nombreuses démonstrations cynophiles, parcours commando kids. La grande parade des navires quittant Rouen le 18 juin symbolisera la fin de ces 10 jours d'événement.


Le pont Gustave-Flaubert est un pont levant
qui franchit la Seine dans l'ouest de Rouen

Pendant 10 jours, du 8 au 18 juin, plus de 30 nationalités, 7 000 marins et 6 millions de visiteurs se retrouvent sur les quais de Seine pour l’Armada de Rouen. Au total, 45 grands voiliers sont attendus ainsi que des navires militaires !

Premier rassemblement mondial de grands voiliers, l’Armada est aussi le plus important événement français en nombre de visiteurs sur un site unique. Les clés de son succès ? Sa gratuité sur toute la manifestation et la variété de ses animations.





22 juin 2023

Pierre Loti Hendaye Pays Basque Juana Josefa Cruz Gainza Ramuntcho

Pierre Loti Hendaye Pays Basque Juana Josefa Cruz Gainza Ramuntcho

 

5 villes ont célébré l'anniversaire du décès de Pierre Loti : Paris, Toulon, Rochefort, Paimpol, Rosporden. Je pense qu'une sixième aurait été la bienvenue : Hendaye pour évoquer la mémoire de Crucita devenue sous la plume de l'écrivain Conchita.


A la lecture de Ramuntcho, roman écrit entre 1891 et 1896, on se demande ce qu'il y a de commun entre l'esprit du roman et la vie de cette famille basque qui n'a connu que la vie de Rochefort et le pays charentais. 


En 1891, Loti prend le commandement de la canonnière Javelot qui assure sur la Bidassoa le contrôle de la frontière entre la France et l'Espagne. C'est par le canal du midi que le Javelot passera de Toulon en Méditerranée à Bordeaux sur l'Atlantique en janvier 1886.

Dans le vieux quartier, rue des Pêcheurs, se trouve la maison "Bakhar Etchea": la "maison du solitaire"... Loti y habite de 1891 à 1893, puis de 1896 à 1898, et y meurt le 10 juin 1923 à l'âge de 73 ans. 

"Aujourd'hui... tandis que je suis seul,

à ce point extrême où finit la France,

assis, sur ma terrasse qui regarde l'Espagne,

l'âme du Pays Basque, pour la première fois m'apparaît."



Dans son cercueil seront déposés conformément à sa volonté trois objets :
 la pelle avec laquelle il avait joué à Rochefort et Oléron, souvenir d’une tante aimée, symbole de son enfance et de son enracinement ; 
une serviette ayant appartenu à Hatidjé (Aziyadé), souvenir de son plus grand amour, symbole de sa jeunesse et de l’Orient ; 
sa pala, souvenir de sa vie hendayaise, symbole de son âge mûr et de son goût pour le jeu. 


C'est là qu'il rencontre Crucita à la fin de 1893, lorsqu'au milieu de faciles et éphémères amours, Loti découvre une beauté basque, beauté vigoureuse et fraîche, type sans mélange et idéal de la saine race basque aux yeux noirs, et résolut d'avoir une descendance basque. 

Le 27 novembre, tout se décide : c'est Crucita qui sera l'épouse basque de l'écrivain, et le 3 juillet 1894 il écrit dans son journal intime : 

"C'est un soir, de l'autre côté de la Bidassoa, que j'ai retrouvé Conchita, grande et élégante dans sa mantille noire, sur la route solitaire d'Irun ; elle était pâle et malade de l'angoisse de quitter son cher pays, mais son parti était pris, elle avait décidé de me suivre à Rochefort, nous échangions nos premiers baisers de fiancés". 

 

Crucita quitte son pays basque en 1894, à 26 ans, et n'y retourne qu'à la fin de sa vie, vers les années 1930, pour y mourir en 1949.

 A Rochefort, Crucita est exilée, seule dans un faubourg au milieu d'étrangers. Le seul lien qu'elle avait avec son pays, c'était ce curieux homme, qui se montrait un maître bienveillant, mais disparaissait après avoir passé une heure ou deux auprès d'elle. 


certainement l'un de mes premiers livres
de la bibliothèque verte

Enfouie dans les mémoires rochefortaises, la famille basque de Pierre Loti garde une partie de son mystère, en particulier Raymond Gainza, le "Ramuntcho" rochefortais, sa vie écourtée, les circonstances mêmes de sa mort à 31 ans, quelques mois après sa jeune femme, dont il semblait séparé. 



Le samedi 1er septembre 1894, Crucita le visage caché sous une voilette arrive à minuit à Rochefort.  Elle découvre le 31 rue Neuve, actuelle rue Pasteur actuelle.

 "Sa petite maison du faubourg", très modeste, sans confort, qu'elle partage avec d'autres locataires. Cette maison possède une seconde porte qui donne sur les allées Chevalier (chemin de ronde de l'hôpital maritime). Presque chaque soir, Loti va passer un moment avec elle, faisant parfois une promenade par les allées Chevalier où donne une porte du jardin. Et rapidement elle devient sa "femme de chair".


En octobre elle est enceinte d'un enfant qui naît dans la nuit du 29 au 30 juin 1895. Loti décrit les souffrances de Crucita au moment où, debout près de son lit, il assiste aux manipulations sanglantes de la sage-femme et du docteur, jusqu'à ce qu'apparaisse enfin le petit Basque qu'il souhaitait. Le médecin accoucheur, Auguste Armand Lacroix, officier de la Légion d'Honneur, déclare l'enfant "né des œuvres de parents qu'il n'a pas mission de nommer"...

Le 10 juin 1896, Crucita reconnaît cet enfant prénommé Raymond, et entend le faire jouir de tous les avantages accordés par la loi. 

Par la suite, le 13 décembre 1897, le docteur Lacroix déclare la naissance d'Alphonse Lucien, né des oeuvres de parents qu'il n'a pas mission de nommer.

Cet enfant sera connu sous le prénom d'Edmond. Le 8 juin 1906, soit neuf ans après, il sera reconnu par Mademoiselle Juana Josepha Cruz Gainza, sujette espagnole. 
Le 20 janvier 1900, le docteur Lacroix déclare la naissance de Charles Fernand, toujours des oeuvres de parents qu'il n'a pas mission de nommer...


"Au fond du grand jardin d'une maison de faubourg, j'étais assis, au beau crépuscule, en compagnie de trois tout petits garçons, d'un an, trois ans et cinq ans. Leur mère, qui était aussi là, tenait sur ses genoux le plus petit qui ne voulait pas dormir et gardait obstinément ouverts ses yeux de jolie poupée. Aucun bruit ne nous venait de la ville toute proche et, depuis un instant, nous parlions à peine. Ce soir-là, c'était l'odeur grisante des clématites qui dominait dans l'air; elles couvraient, comme d'une épaisse neige blanche, déjà un peu noyée d'ombre, le toit d'une vieille petite cabane rustique, presque maisonnette à lapins, dont la fenêtre ouverte, non loin de nous, laissait paraître l'intérieur tout noir. Pauvre petit, aux larges yeux de poupée, qui ne fit qu'une si courte visite aux choses de ce monde ! 

Je l'ai à peine connu la durée d'une saison, car il était né pendant un de mes voyages aux Indes et il fut emporté par une épidémie infantile pendant que j'étais en Chine. Pauvre tout petit, qui regardait, comme hypnotisé, le dedans obscur de la cabane aux clématites !"


Sources

 LA FAMILLE BASQUE DE PIERRE LOTI À ROCHEFORT DE 1894 À 1926 - Roger Tessier


SUR LES PAS DE PIERRE LOTI À HENDAYE
par Jean-Louis Marçot


Ramuntcho

J'ai découvert qu'un film réalisé par Pierre Schoendoerffer en 1958 et sorti en 1959 portait ce nom.  Inspiré du roman de Loti, il est adapté pour le cinéma par Jean Lartéguy et Pierre Schoendoerffer.

Le roman, publié en 1892, où Pierre Loti décrit un Pays Basque folklorique qui a marqué l’image de cette région au grand dépit des défenseurs de l’identité basque.

Ramuntcho dort. Tout à l'heure, il partira pour une de ces expéditions clandestines dé l'autre côté de la frontière espagnole qui sont le métier secret de tant d'hommes au pays basque. Dans la salle basse, sa mère Franchita songe. II s'est déjà fait une solide réputation de joueur de pelote et le voilà maintenant qui tâte de la contrebande. Il suit les traditions de sa race, alors pourquoi s'inquiéter de l'avenir ? De plus il s'entend bien avec Gracieuse, fille de Dolorès Detcharry qui fut l'amie d'enfance de Franchita jusqu'à la fugue de celle-ci avec l'étranger, le père de Ramuntcho. 

Le mariage des enfants serait une belle revanche sur cette Dolorès orgueilleuse et bigote.

Oui, Gracieuse aime Ramuntcho et lui promet de l'épouser quand il reviendra du service militaire. Seulement la séparation dure trois ans, pendant lesquels Dolorés se déchaîne : plutôt que de la donner au fils de Franchita, elle préfère l'enfermer au couvent.


D'un couvent ne peut-on sortir ? C'est Arrochlcoa, le propre frère de Gracieuse, qui en suggère l'idée. Projet sacrilège mais bien tentant pour un amoureux. C'est sur un enlèvement manqué que s'achève ce roman célèbre où Pierre Loti dépeint avec talent l'âme et le pays basques.

21 juin 2023

Pierre Loti à Toulon Le phalanstère et le Capharnaüm Le Roman d'un Spahi

 Pierre Loti à Toulon Le phalanstère et le Capharnaüm Le Roman d'un Spahi


J'attendais avec impatience les cartes et les courriers du premier jour Pierre Loti. Une enveloppe était glissée dans une plus grande... J'ai tout de suite pensé à un courrier détérioré.  Mais que non! 


C'était une enveloppe protectrice pour pli philatélique. Et comme imprimé au verso. Ce pli exclusivement réservé aux services de la Poste  est destiné à éviter que les envois philatéliques dûment affranchis, adressés et oblitérés ne reçoivent une seconde oblitération.


Pourquoi ne généralise-t-on pas ce système?
Mais revenons à Loti et à Toulon.

Quand on évoque Pierre Loti Officier de Marine, on pense immédiatement à Rochefort, sa ville natale, à Brest et à l'école navale et puis on parle de voyages, de Chine, de Japon, de Turquie, de Sénégal.




Toulon n'est qu'un port d'embarquement qui ouvre les portes de la Méditerranée, de Suez, de l'Océan Indien, de l'Orient, du rêve et de l'écriture.



A 25 ans, Julien Viaud revient du Sénégal dévasté par une liaison douloureuse et décide de faire une pause de 6 mois au gymnase de Joinville pour y développer son corps. 
Par la suite, il entre dans une « bande lyrique » à Toulon, adoptant le rôle d’un « acrobate fashionable » et c’est là qu’il connait le Capharnaüm (ou le Phalanstère), hôtel garni certes modeste, mais dont les fenêtres s’ouvraient sur les platanes de la place Saint-Pierre au centre-ville



Mars 1876 (après le Sénégal) : « J’ai retrouvé ici, avec l’air vif de la méditerranée et le ciel radieux du Midi, une quantité d’amis qui ont pris à tâche de me distraire. Je recommence vraiment à vivre ».

En 1880, le Friedland le voit débarquer à Toulon. Combien de temps va-t-il y rester?


« Toulon. La joie du soleil, du ciel plus pur, de la Méditerranée bleue. Et partout, sous les vieux platanes, dans l’arsenal, au coin des rues, -des souvenirs de radieuse jeunesse. »


Illustration de Jules Arsène Garnier
(1847-1889)

Loti tient un journal où il évoque les instants de sa vie. Sportif, travaillant son corps et ses muscles peut-être aurait-il pu devenir acrobate?


Il va charger Plumkett - Louis Jousselin de lui trouver un pied à terre. Ce sera rue de la République le "Phalanstère qui deviendra vite le "Capharnaüm"...



 Généralement, vers 2h du matin, une promenade dans les rues….J’aime les rues de Toulon à ces heures indues ; les grillons chantent dans le trou des murs… et des rats d’une grosseur invraisemblable se promènent par troupes, narguant les matous en maraude….On assiste à des scènes que les bourgeois rangés ne soupçonneront jamais ». Plus tard, les soirées se termineront par des « enfantillages très innocents » dans le quartier chaud des marins, le « Chapeau Rouge »

Ce sera son lieu d’ancrage durant de très longues années, la brasserie Delaunay au rez-de-chaussée à deux pas de l'église Saint-Pierre. Quand on voulu apposer une plaque sur l'hôtel indiquant que Loti y séjourna, le propriétaire refusa et la plaque fut apposée sur... l'église. De l'hôtel à l'autel.

Loti fenêtres grandes ouvertes observe la place Saint-Pierre qui lui rappelle l'Italie. La place est animée, musiciens, saltimbanques. Les matelots mènent grand train, des bals champêtres s'organisent..

 On est bien là.  J'emploie le temps de notre relâche à terminer le "Roman d’un Spahi’’,qui aura été presque entièrement écrit dans cette maison. Je travaille surtout la nuit mes fenêtres ouvertes sur les platanes...
Le Friedland va quitter Toulon le 9 septembre 1880. Le "Roman d'un spahi" est fini et j'ai besoin de ma reposer au calme de la mer.

A Toulon il sera décoré (1910), sur le Pont du cuirassé ‘’La Patrie’’, de la Croix de Commandeur de la Légion d’Honneur. A la retraite, il reviendra en 1911, invité pour une semaine à bord de ‘’La Justice’’


Loti, qui n’avait pas que des amis au Ministère, avait bien failli voir sa carrière écourtée à moins de cinquante ans, à l’occasion d’une réduction d’effectifs, et il avait dû se battre devant les tribunaux pour être réintégré dans ses fonctions. A soixante ans, échéance inévitable celle-là, ses adieux seront particulièrement laborieux, entre les cérémonies officielles et les réunions informelles, l’ensemble se déroulant à Toulon, où il connaissait bien l’amiral de Jonquières, camarade de promotion, et l’amiral Gaschard. Auparavant, il exerça un dernier commandement officiel, sur le « Vautour » à Stamboul, qui ne fut d’ailleurs pas une sinécure, deux missions particulières ayant exigé en plein hiver des manœuvres périlleuses en mer de Marmara et en mer Egée sur un bateau peu adapté. En 1906, il aura ainsi rempli les conditions nécessaires pour accéder au grade honorable de Capitaine de Vaisseau, et, moyennant quelques appuis, il obtiendra aussi la cravate rouge de commandeur de la Légion d’honneur.

Sur ce, il gagne Toulon et le croiseur « Suffren », où il revêt un moment son uniforme, quelques jours avant son anniversaire du 10 janvier 1910, un anniversaire qu’il maudira plus encore que de coutume.
En avril 1910, il est accueilli cette fois sur la « Patrie » par les deux amiraux et retrouve des vieux camarades. La remise de la croix de commandeur a lieu en novembre, avec parade militaire, mais il n’en tire aucune satisfaction. Enfin, invité sur « La Justice » de l’amiral Gaschard, il va pouvoir remettre une dernière fois son uniforme en Juillet 1911.


Merci à Paul Roy et à l'amiral Arata

20 juin 2023

Rouen Armada 2023 Grand voilier école Le Français Kaskelot

Rouen Armada 2023 Grand voilier école Le Français Kaskelot

Le Français © Bernard Hily

Rouen Armada 2013 photo © JM Bergougniou

L’association du Grand Voilier-École a pour ambition d’accompagner des jeunes de tous horizons, filles ou garçons, en leur transmettant les valeurs humaines associées à la voile, et en leur mettant le pied à l’étrier par le travail et les efforts en commun.

Le GVE est né d’une conviction forte de ses membres fondateurs : la mer est une formidable école de la vie, elle donne ses meilleures leçons à bord d’un voilier.

Présidente d’honneur, Jacqueline Tabarly reconnait dans ce projet celui de son mari : « Un grand voilier pour l’éducation des jeunes ».

Le Français est un grand voilier de tradition, un 3 mâts barque, construit en 1948 au Danemark en hommage à la première expédition scientifique Charcot en Antarctique.



Anciennement appelé Le Kaskelot (littéralement « cachalot » en danois), Le Français est un trois-mâts barque à coque bois, construit au Danemark en 1948, pour la Royal Greenland Trading Company, rénové en 1983 pour les besoins du cinéma.

Rouen Armada 2013 photo © JM Bergougniou
En 1948, le Danemark lance ce navire en bois gréé en ketch et doté d'une double coque, comme ravitailleur pour le Groenland. Il sert ensuite comme navire de soutien de pêche aux îles Féroé.




Racheté en 1983 par le Britannique Robin Davies, il est transformé en trois-mâts barque, Il commence sa carrière cinématographique.
En 1984, il rejoint le Groenland, et y utilisé comme équivalent du Terra Nova du capitaine Scott, puis pour servir à remplacer le Fram de Nansen, le voilier de L'Île au Trésor. 


Le Français © Bernard Hily
En 1995, on le voit dans le film français Beaumarchais, l'insolent, puis au générique de la série La Rivière Espérance, tourné au large de Cherbourg.

Aujourd'hui, le Kaskelot est rebaptisé le Français.


Rouen Armada 2013
 photo © JM Bergougniou
 x

Au début des années 1980, Jean Lecanuet, maire de Rouen, cherchait une idée pour animer et faire revivre les quais. A l'époque, ces derniers étaient à l'abandon. Son adjoint, Patrick Herr lui proposa une course entre Rouen et New York afin de célébrer le centenaire de la statue de la Liberté en 1986.

 Rappelons que le 17 juin 1885, la Statue arrivait à New York à bord de la Frégate l'Isère, la fin d'un voyage parti de Rouen un jour de mai 1885. La statue avait été imaginée par le sculpteur Bartholdi construite et offerte par la France. Elle fut dévoilée au grand jour le 28 octobre 1886.


 Jean Lecanuet n'était pas sûr que l'idée séduirait les Rouennais.

Rouen Armada 2013 photo © JM Bergougniou
Patrick Herr insista et huit multicoques furent au départ de la course appelée Course de la Liberté. 

Le Français © Bernard Hily
Afin de donner un air de fête à cette manifestation, il proposa la première Grande Pagaille : course d'OFNI (Objets flottants non identifiés), un grand défilé dans les rues de Rouen à l'américaine, avec majorettes, voitures décapotables et confettis.


Le public fut au rendez-vous tant sur les quais, à l’époque non encore rénovés, que dans les rues ou sur les berges.
Le catamaran de 23 mètres Roger et Gallet skippé par Eric Loizeau et Patrick Tabarly gagna la course en ralliant New York en 14 jours.



Rouen Armada 2013 photo © JM Bergougniou

Jean Lecanuet, présent à l'arrivée de la course, fut enthousiasmé par le succès populaire. Il demanda à Patrick Herr d'y répondre favorablement. La grande aventure des Voiles de la Liberté était lancée!



Merci à Bernard Hily

L'Astrolabe Juan de Nova 14-5-2023 TAAF RSMAR Réunion Iles Eparses

 L'Astrolabe Juan de Nova 14-5-2023


Dans le cadre d’un partenariat entre la préfecture des TAAF (Terres australes et antarctiques françaises) et le RSMAR, 4 volontaires et leur chef réaliseront un chantier pédagogique sur l’île Juan de Nova du 9 mai au 23 juin 2023.

Ce chantier constitue une opportunité pour les volontaires de la filière voiries et réseaux divers de mettre en œuvre les savoir-faire qu’ils ont acquis au régiment. Isolés sur la petite île de Juan de Nova, ils devront dans un temps limité remettre en état les bâtiments de vie et de stockage de l’île.

Après avoir embarqué les matériaux nécessaires à la réalisation du chantier, ils effectueront la traversée à bord du mythique patrouilleur polaire l’Astrolabe de la Marine nationale.


https://freedom.fr/4-volontaires-du-rsma-et-leur-chef-realiseront-un-chantier-pedagogique-sur-lile-juan-de-nova/

19 juin 2023

Pierre Loti Rochefort Dîner Louis XI » du 12 avril 1888 - de la Marine à l'Académie

Dîner Louis XI du 12 avril 1888


Loti fut à la fois père de famille et mari infidèle, amant fougueux et soupçonné d'homosexualité, ami des plus hauts personnages de l'Etat et se déguisant en matelot pour hanter les bas-fonds crapuleux, voyageur séduit par l'Orient et Rochefortais, dessinateur de talent et grand écrivain. 

Dès sept heures, la rue Chanzy fourmille de curieux. Les invités arrivent en voiture, salués par les vivats, et quand ils sont tous présents, l’olifant sonne, les seigneurs offrent le poing aux dames et pénètrent dans la salle à manger gothique. 
Sept heures. Une véritable marée humaine déferle sur les deux trottoirs de la rue Chanzy. À chaque landau qui s’arrête devant la porte, amenant son lot d’invités, des Noël ! frénétiques retentissent.


 Dans le grand salon de famille, M. et Mme Pierre Loti, resplendissants d’étoffes précieuses et de joyaux rares, souhaitent à chacun la bienvenue. [...] Et « cependant qu’on devise de chouses galantes et moult autres’ », voilà que l’olifant sonne. C’est le signal. Les nobles seigneurs offrent le poing aux honnestes dames, et le cortège, précédé par deux cornemuses qui jouent une marche bizarre, se dirige vers la salle à manger. On y pénètre entre deux rangs de valets portant des torches de résine, et chacun gagne sa place marquée d’avance, que lui désigne un chevalier armé de toutes pièces.

Au fond de la salle, une tribune était réservée soit aux musiciens, soit à la représentation des mystères. Des lustres d’une simplicité primitive, des torches ou des chandeliers à longues bougies de cire éclairaient la pièce.
Soudainement, dans un inappréciable lointain, des fanfares d’olifants et de cors éclatent, appels prolongés mêlés de sonneries vibrantes. Pierre Loti, son faucon encapuchonné au poing droit, s’avance donnant la main gauche à dame Diane de Gif, belle et royale. Derrière eux le cortège se forme et marche lentement vers la salle à manger gothique. 


On buvait dans des coupes ou hanaps, et l’on mangeait les mets liquides en des plats de terre ou de métal, avec des cuillers, et les autres sur d’épaisses tranches de pain ou « tranchoirs », avec les doigts, – ce qui obligeait à se laver les mains entre les services. – À cet effet, des serviteurs étaient munis de bassins à laver et de riches aiguières pleines d’eau aromatisée, et pendant que l’un versait, l’autre présentait au convive une « tonaille » ou serviette pour s’essuyer. Les plats étaient posés sur la table par un « asséeur », assisté de varlets qui enlevaient les restes et les remettaient aux écuyers de cuisine.

Pierre Loti s’assied sous un dais, ayant à sa droite la belle Béatrix de Gif ; Mme Loti, sous un dais mêmement, lui fait face, entre Tiel, fou du duc de Bourgogne, et maistre Coictier, physicien du Roy. À ce moment, le coup d’œil est féerique. La vérité des costumes accentue la vérité du décor. C’est bien un coin de la vieille France qui ressuscite dans la mystérieuse vapeur des torches. 


Successivement, avec la lenteur voulue du service, les pages, escuyers et varlets, après avoir tendu pour le lave-mains aiguières et bassins, offrent mets et boissons du temps. 

Le service, reconstitué d’après les documents les plus authentiques, complète l’illusion : sur la longue table jonchée de plantes aux parfums subtils, ce ne sont que hanaps, drageoirs, aiguières, coupes ciselées, etc., parmi lesquels d’épaisses tranches de pain bis remplacent la vaisselle plate. Il n’en allait pas autrement à Plessis-les-Tours. L’olifant sonne, la cornemuse gémit. 

Mais voici venir la « haulte venaison » : un paon tout emplumé, flanqué de quatre hérons et porté sur un brancard, fait triomphalement son entrée au son des cornemuses et de l’olifant. L’assistance éclate en vivats frénétiques devant ce chef-d’œuvre culinaire, – qui n’a point, hélas ! empêché le maître-queux d’être pendu (le voyez-vous là qui flotte en effigie ?) pour manquement à ses devoirs professionnels.


À son heure, au bruit des applaudissements et des Noël ! Noël ! le Paon Revestu entre porté sur un brancard doré par deux écuyers, précédé et suivi de joueurs de cornemuses et de porteurs de torches, et n’est livré à l’écuyer tranchant qu’après avoir accompli sa promenade triomphale par la salle et ses haltes devant chaque plus haulte dame.
À célébrer encore, la promenade triomphale du Paon rosty, porté sur un brancard par quatre valets, précédé d’un chevalier, la visière haute, et suivi de quatre pages et des sonneurs d’olifant et de cornemuse. [...] Mais le bouquet, ç’a été l’émersion, hors d’un pâté gigantesque, d’un clown tout pailleté d’or, qui semblait avoir retrouvé les secrets acrobatiques de ses ancêtres, les jongleurs du bon vieux temps. C’était à donner envie de crier au prodige !

Cependant, apparaît un pâté gigantesque, duquel sort un acrobate au maillot pailleté d’or, et telles sont sa souplesse et son agilité qu’on dirait un soleil en rotation sur lui-même. Et chacun de crier au miracle. D’un autre pâté s’échappe une volée de moineaux. Loti frappe du pied, et d’une trappe surgissent des fous qui dansent une sarabande en agitant leurs marottes.
À leur heure aussi apparaissent des pâtés gigantesques d’où s’élancent un jongleur vert et or, s’ébattant en mille grimaces et bonds, des volées d’oiseaux en un instant enfuies à tire-d’ailes aux poutrelles et aux vitraux


Un superbe prisonnier sarrasin, dont la mâle figure apparaît splendide entre son casque de fer et ses blancs burnous flottants, est conduit enchaîné aux pieds de Loti. C’est quelque Barbaresque, écumeur des côtes, que des guetteurs de Fouras ont surpris et captivé. Le châtelain traite avec lui de sa rançon, lui délie les mains et sur un escabeau lui offre place à la table. Léger en ses lestes vêtements clairs, le manteau sombre traînant, la plume au bonnet et le luth doré à l’épaule, voici venir un ménestrel. Il dit qu’il s’en va à la cour de Bretagne et que passant d’aventure en ce pays d’Aulnis il est venu frapper à l’huis hospitalier de la belle châtelaine. On lui fait accueil, et d’une villanelle il paye son escot.

[...] des pèlerins avec bâtons, coquilles et bourdons, qui viennent de Jérusalem ; des truands culs-de-jalte ou manchots auxquels large charité est faite. D’une trappe quatre fous verts et jaunes bondissent et dansent une sarabande. De sa place Tiel, le noble fou, leur fait de grands gestes amis et agite joyeusement sa marotte. 

Et tout cela est fait et dit si naturellement en viel langaige, si naturellement se croisent les appellations « dame, messire, monseigneur, damoyselle », si naturellement encore on devise entre voisins « du sire d’Armaignac et de monseigneur de Bourgongne, ce fol qui s’en va courir les Alemaignes ». 


Puis Diane de Gif se lève et lit un adorable compliment, à la fois l’éloge de « nostre bon roy Loys le Onziesme et de messire Pierre Loti, le mirificque conteur et l’enchanteur prodigieux ». 
Les « galants propos et joyeulx devis » vont sans chômer. Rien de plus spirituel et de plus joliment tourné que le compliment en vieux « langaige » de Mme Adam à Pierre Loti.

Les tables disparaissent comme par miracle. Après le festin, le ballet. Les nobles seigneurs Pierre Loti, Karageorgevitch, Sémézies et d’Ocagne offrent le poing aux honnestes dames Isaure de Costabel, Mahaut de Montfort, Odette et Gilette de Montguyon. Le violoncelle prélude et la danse des Torches déroule ses anneaux harmonieux. Cela s’appelle ainsi parce que chaque dame et chaque cavalier tient dans sa main droite une torche de résine. Un poème de grâce et d’élégance, avec un point de fantastique qui lui donne un ragoût très particulier, vient à point pour remplacer, dans les salons, la pavane et le menuet, qui s’usent à la longue. 




Une heure de la nuit. Les varlets enlèvent les tables pour faire plus large la salle, les violoncelles plaintivement préludent, les pages distribuent des torches de résine à huit danseurs et danseuses choisis dans la noble assistance et sur une vieille musique, douce et lente, la Danse à la torche commence. Moitié marche, moitié ballet, avec un rien de la pavane et du menuet, majestueuse, harmonieuse et grave, elle déroule sans arrêt ses anneaux lumineux, ses pas compliqués où les cavaliers tournent autour des dames en mille inclinations galantes, ses faisceaux de quatre ou de huit torches, flammes mêlées, et se termine par une figure à la fois élégante et étrange, les hommes genou en terre présentant aux dames leurs torches qu’elles éteignent d’un minuscule hennin. Au-dessus des groupes la fumée épaisse et rougeâtre plane et tourbillonne, l’obscurité mystérieuse de la salle s’en accroît et les danseurs paraissent se mouvoir dans un nuage que traverse une pluie d’étincelles. L’on dirait d’une théorie religieuse, d’une cérémonie latine ou grecque, païenne assurément, pieusement déroulée dans le temple sombre d’une déesse.



Alors, du haut de la tribune où n’atteignent plus les clartés mourantes des cierges, une voix jeune et souple, chaude et émue, laisse tomber un mélancolique noël breton, une vieille, vieille villanelle d’amour. Les notes chantantes traînent dans la salle, meurent le long des lourdes tentures. C’est le chanteur Florentin René d’Yalange semblant jeter ainsi un adieu à la fête qui s’en va, qui s’éteint peu à peu, comme peu à peu s’enfuit un rêve, comme peu à peu au désert s’amollissent et s’évanouissent les couleurs et les formes d’abord si nettes d’un trompeur mirage.
[...] les airs hongrois chantés par le prince Karageorgevitch auraient arraché de bien tendres soupirs à nos grand’mères. 

Après quoi, comme faisaient en leur manoir les châtelaines et leurs pages, on s’est mis à jouer aux jeux innocents... de l’époque. Je recommande aux dames maîtresses de maison le Saint-Coisme et le Capendu, c’est divertissant au possible... 



À la danse succèdent les divertissements du temps, jeux innocents de l’époque, Saint-Coisme ou Capendu, tours de jongleurs. Ici l’on se livre aux jeux de table dans un propice silence, dés, dames, échecs, et là, tout en buvant de l’eaue d’or et goûtant aux espices de chambre, l’on s’attarde à deviser aimablement de choses et autres, anciennes ou non, car un à un hennins et chaperons s’enfuient devant le jour qui approche, et le XIXe siècle revient avec sa mesquinerie cruelle écraser le poétique et beau, le noble siècle quinzième une nuit réveillé de son éternel sommeil.


Une fête médiévale chez Pierre Loti, à Rochefort, le 12 avril 1888

Alain Quella-Villéger

Poitiers

Tablettes des Deux Charentes, Rochefort, 7 avril 1888 12 avril 1888 et 14 avril 1888 

« Le festival Louis XI », L’Univers illustré, n° 292,

 fin avril 1888, 

L’Illustration, 21 avril 1888,. .


« Pierre Loti », La Famille, n° 467, 16 septembre 1888

Passage de Toulon à Alger 1839 sur un navire de la Marine Royale Cerbere

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