06 février 2021

Croiseur Primauguet Forces navales d'Extrême-Orient les années 1930


Croiseur Primauguet Forces navales d'Extrême-Orient 

Les Forces Navales en Extrême-Orient (FNEO) sont actives de juin 1925 au  12 août 1940



. Sortie victorieuse, mais exsangue de la  Première guerre mondiale, la France n'a plus les moyens de mener une politique ambitieuse en Asie orientale. Face à la montée du nationalisme chinois et de l'impérialisme japonais, la Division navale d'Extrême Orient s'efforce de protéger les intérêts de la France partout où ils sont menacés.


le  "Primauguet est entré en service en 1927. Il fait partie d’une série de trois croiseurs identiques de 8000 tonnes (”Duguay-Trouin”, “Lamotte-Picquet”, “Primauguet”) qui sont les premiers à sortir des arsenaux suite à la Première Guerre mondiale. Ils peuvent atteindre à toute puissance (117 000 chevaux-vapeurs) une vitesse de 32 à 33 nœuds.
Trois avisos coloniaux : le “Rigault de Genouilly”, le “Dumont d’Urville” et le “Savorgnan de Brazza”.
Un aviso ancien : le “Tahure”.





En Chine, l'action des forces navales se combine avec celle qui incombe aux forces terrestres stationnées dans les villes où sont implantées des concessions françaises, ainsi qu’à Qinhuangdao et Shanhaiguan. Cependant, tandis que les troupes ne peuvent stationner qu’en ces points, les navires de guerre peuvent au contraire séjourner dans tous les ports ouverts en vertu du traité de Tianjin et des traités subséquents entre la Chine et les Puissances.



La mission des forces navales se décompose en trois pans essentiels:

D'une part, la protection des intérêts matériels et moraux de la France. Le terme "moral" fait référence à la protection des missionnaires que la France prétend assurer seule.
D'autre part, la défense des concessions en cas de troubles. En étroite collaboration avec les forces terrestres, la Marine doit apporter l’appoint de ses corps de débarquement et de l’artillerie des bâtiments.

Enfin, la protection de la navigation commerciale française.


L'Ancre de Chine, N°10, 20-07-1935.

Afin d’assurer leur mission de protection des intérêts français en Chine, les mouvements des bâtiments de mer sont organisés de manière à ce qu’il y en ait toujours un à Shanghai et un à Hankou. Les ports des côtes de Chine du Sud et de Chine du Nord sont en outre visités périodiquement par ces bâtiments



 Ce fut le 6 mars 1934 que j’embarquai à bord du Primauguet. Ses caractéristiques techniques étaient les suivantes : son équipage était de 700 hommes, il pouvait évoluer en pointe à 31 nœuds nautiques, soit environ 57 km/h, et son armement se composait de quatre tourelles doubles de 190, de quatre canons de 75, de 12 tubes lance-torpilles, et d’un arme- ment léger dont des mitraillettes anti-aériennes. A son bord était affecté un hydravion de type F.B.A pouvant être lancé par une catapulte située sur la plage arrière. Le Primauguet, puis- qu’il était bateau amiral des forces françaises en Extrême-Orient, voyait donc l’Amiral-Chef de la flotte, monsieur Descottes-Genon, habiter à son bord. C’était un homme âgé et usé par toute sa carrière effectuée en Indochine et aux alentours. Il voulait par dessus tout mourir et être enterré en terre chinoise, c’est pourquoi il était affecté à bord de ce navire. Il finit par mourir le 19 avril, lors de notre séjour en baie de Cam Ranh, dans le Annam, et fut enterré à Shanghai. Nous y célébrâmes ses obsèques sous une température de 5°, tandis que nous quit- tions Saigon où la chaleur frôlait quotidiennement les 40°. Notre équipage supporta mal cet écart de température, et nombreuses furent les bronchites à ce moment. Nous regagnâmes dès lors Saigon le 7 mai, où le Contre-Amiral Richard, qui commandait la Marine indochinoise, remplaça l’Amiral Descottes-Génon.


Nous restâmes ainsi à Saigon jusqu’au 18 mai. Cette ville était magnifique, quadrillée de grands boulevards commerçants, dont la fameuse rue Catina qui proposait de nombreuses et belles salles de spectacles. L’une des caractéristiques de l’endroit me choqua au début de mon séjour : des crachats rouge sang s’éparpillaient çà et là, dégoûtants, sur le trottoir. On m’expliqua que les gens ici chiquaient le bétel7, qu’ils recrachaient un peu n’importe où.

Les colons de Saigon ne nous voyaient guère d’un bon œil. La plupart des civils te- naient des cafés, des boîtes de nuit, des dancings, et trafiquaient l’opium et d’autres drogues. Il entretenaient aussi de nombreuses prostituées.


Les rues du quartier Saint-Denis de Paris étaient proprettes à côtés de celles-ci. Quant aux femmes blanches, elles ne daignaient s’occu- per de nous, car elles préféraient les riches consulaires ou coloniaux. Il existait une seule maison close dont les femmes étaient françaises, mais les tarifs pratiqués n’étaient pas à notre portée. Nous nous rabattions alors sur les femmes annamites, cambodgiennes ou tonkinoises qui étaient très gentilles avec nous contre rétribution. Elles étaient d’un abord facile, et consi- déraient que faire l’amour était un acte aussi habituel que manger, un acte dénué de toute connotation morale. Cela était dans leur mœurs, ce qui nous arrangeait bien. Le climat et le décorum étaient d’ailleurs propices à ce genre de distraction pour nous qui avions vingt ans, et qui n’avions pas d’autre mauvaise idée en tête que de profiter de la vie.v


Il fallait toutefois se méfier de la syphilis et de la blennorragie, qui mutilèrent grave- ment et irrévocablement certains d’entre nous. A l’époque, les médicaments contre ces mala- dies vénériennes étaient peu efficaces, et il fallait donc faire attention, même si la prophylaxie n’était pas notre fort. Nous considérions seulement ces dangers comme les risques du métier de marin...

Nous mangions dans les restaurants annamites ou chinois, de ces plats exotiques et étranges dont nous n’avions jamais entendu parler, qui mêlaient le sucré et le salé. Une fois que nous y fûmes habitués, nous nous en régalions. Les prix pratiqués étaient bas, ce qui ar- rangeait notre petit budget. Je recevais en effet 20 piastres par mois, soit 200 francs français. Nous comptions donc notre argent parcimonieusement lorsqu’il fallait nous nourrir : chaque repas nous coûtait une piastre. Nous ne buvions pas de vin, qui était bien trop onéreux, et nous le remplacions par de la bière. Les produits français étaient proscrits car réservés aux élites, et nous nous contentions donc des denrées locales comme le riz, le poisson ou le canard, ce der- nier coûtant un franc lorsqu’il était vendu entier et cuit. Nous pouvions nous offrir le restau- rant deux fois par mois, ce qui nous changeait de l’ordinaire servi à bord qui était de qualité fort médiocre. Si d’aventure nous manquions de subsides, nous pouvions nous ravitailler pour 0.50 F d’un grand bol de soupe chinoise chaude vendue par des colporteurs postés aux carre- fours ou sur les trottoirs. Au début, il fallut s’habituer aux épices et aux piments couramment employés dans ce type de cuisine, mais ventre affamé n’a pas d’oreilles...

Je fus quant à moi affecté au poste de tourneur à l’atelier machines du bord, à un tra- vail journalier. En mer, j’assurais un poste en machine. J’étais exempté de quart, par la nature même de ma tâche, lorsque nous étions au mouillage, ce qui était une chance non négligeable: les machines restaient toujours sous pression, quoi qu’il arrive, même le bateau ancré au large dans la rade. Il fallait assurer la fourniture de l’électricité nécessaire à tous les appareils du bord, et c’était un groupe de turbo-dynamos alimenté en vapeur par la chaufferie qui s’en chargeait. Or tous les auxiliaires nécessaires à ce fonctionnement étaient conduits par des mé- caniciens et des chauffeurs. Le quart de permanence, assuré par bordées (bâbord les jours pairs, tribord les jours impairs), travaillait selon des horaires lourds, toutes les quatre heures – d’où ce nom de quart –nuits et jours. Le sommeil était considérablement court dans ce cas, trop court. Si on sortait avec sa bordée le soir et qu’on rentrait à minuit voire au petit matin suivant les pays où nous nous trouvions, il fallait le lendemain prendre le quart de nuit : il ne fallait pas s’engager dans la marine pour dormir !
sources :

pour lire l'intégralité de ce récit : 

05 février 2021

Le départ de la « Jeanne-d'Arc » pour sa cinquième campagne d'instruction 1935 1936

Le départ de la « Jeanne-d'Arc » pour sa cinquième campagne d'instruction


Le croiseur Jeanne-d'Arc, école d'application des aspirants de marine et des aspirants mécaniciens, qui avait rallié Brest le 5 juillet à 8 heures, larguera son coffre aujourd'hui 5 octobre, à 14 heures, pour entreprendre sa cinquième croisière sous le commandement du capitaine de vaisseau Latham, son nouveau commandant, secondé par un brillant état-major qui vient d'être complètement renouvelé.

En dehors de deux capitaines de frégate dont l'un est « second du beau navire, et l'autre directeur des études, l'état-major de l'école d'application est composé ainsi douze lieutenants de vaisseau, six ingénieurs mécaniciens dont le chef du service machines est chargé en même temps de l'instruction particulière des aspirants mécaniciens, deux médecins, un chirurgien-dentiste, un commissaire, un ingénieur du génie maritime spécialement affecté à l'instructioin des jeunes ingénieurs, et un aumônier catholique.

Les 94 élèves de l'école ont embarqué le 30 septembre. Parmi eux, on compte 62 aspirants de marine sortis de l'Ecole Navale ou de l'Ecole des élèves officiers, 3 enseignes de vaisseau de première classe brevetés d'aéronautique, 1 enseigne de vaisseau de deuxième classe de réserve, 3 enseignes de vaisseau de deuxième classe provenant de l'Ecole Polytechnique, 10 aspirants mécaniciens, 8 ingénieurs de troisième classe du génie maritime et 7 élèves officiers étrangers Roumains et Polonais.

Regrettons à nouveau l'absence des jeunes commissaires de marine qui ont terminé récemment leurs deux années d'études à l'Ecole du Commissariat et qui ont été versés immédiatement au service général. Nous avons souventes fois préconisé l'existence côte à côte, pendant toute la durée de la croisière annuelle de l'Ecole d'application, des jeunes officiers des corps navigants et il est souhaitable que, dans un avenir prochain, les jeunes commissaires soient aussi admis à l'Ecole d'application. I1s sont d'ailleurs si peu nombreux qu'il eut été facile de les embarquer cette fois-ci.


Autrefois avant la guerre les promotions de l'Ecole Navale entraient à l'Ecole d'application avec 9 grade d'aspirant de deuxième classe. Puis, pendant plusieurs années, après la guerre, tous les élèves d'où qu'ils sortissent avaient rang d'officier. Depuis l'an dernier, par mesure d'économie plutôt que pour toute autre raison, aspirants de marine et aspirants mécaniciens n'ont pas la même fortune que leurs anciens. Leur galon d'or sabordé a en fait encore des élèves officiers et non des officiers élèves.


Nous avons déjà communiqué à nos lecteurs le programme de la première partie de la nouvelle croisière de la « Jeanne » qui va d'abord faire route sur la côte occidentale d'Afrique.


Après avoir touché à Port-Etienne. Dakar et Konakry, elle escalera à Sainte-Hélène au début de novembre, où elle transporte des matériaux nécessaires à la mise en état de la maison de Longwood acquise par la France sous le second Empire et qui abrita le vaincu de Waterloo de 1815 à 1821. Puis, la « Jeanne gagnera la côte ouest de l'Amérique du Sud et montera jusqu'à Valparaiso.

Elle fera demi-tour pour se rendre aux Falkland, en repartira pour l'Afrique du Sud et sera au Cap à la fin de Janvier. Elle visitera ensuite Madagascar jusqu'au 1« avril puis elle remontera au Nord et gagnera Djibouti. Elle traversera ensuite la Mer Rouge, passera le Canal de Suez et entrera en Méditerranée pour accomplir le programme de la seconde partie de la croisière qui sera arrêté ultérieurement, mais qui comprendra vraisemblablement des escales en Egypte, en Grèce, en Tunisie et au Maroc. Puis, la « Jeanne » passera dans l'Atlantique et, après les tirs d'usage dans les parages de Quiberon, elle regagnera Brest le 5 juillet 1936 pour se remettre en état d'accomplir une autre croisière d'instruction avec une nouvelle promotion d'aspirants.


Quel chemin parcouru depuis la vieille Iphigénie Le Duguay-Trouin un ex-transport de Chine lui avait succédé puis, ce fut l'ancien croiseur Jeanne-d'Arc qui, lancé en 1899, fut transformé en navire-école d'application mais dont le service fut interrompu par la guerre et ne fut repris qu'en 1919.

En 1928, cette première "Jeanne » étant à bout de bord fut remplacée par le "Quinet" dont il est toujours pénible de rappeler la fin tragique, et en 1930, ce fut la première division légère qui servit d'école d'application a défaut de bâtiment agencé pour accomplir une telle mission.

La "Jeanne » actuelle, sortie des chantiers de Penhoët, est entrée en service en 1931. Sur cet élégant navire, tout était moderne des haut» jusqu'aux fonds. Tout à fait nouveau dans ses conceptions, il était le plus bel échantillon de notre génie, de notre industrie et de notre marine. Aujourd'hui même, il va s'élancer à nouveau vers de larges horizons avec une nouvelle promotion qui, depuis de longs mois, attend impatiemment l'heure de l'appareillage pour sa première campagne lointaine.

Cette heure va enfin sonner et, avant leur départ, nous adressons au commandant, à l'état-major, aux élèves et à l'équipage de la Jeanne-d'Arc tous nos meilleurs vœux pour le succès de leur belle croisière de neuf mois et nos souhaits d'excellent voyage.

Louis D'ARMOR.

sources



04 février 2021

Jeanne d'Arc Escadre de la Méditerranée - Escadre Légère 1907 Maroc Tanger

Jeanne d'Arc Escadre de la Méditerranée - Escadre Légère


Affecté à l'escadre du nord avec missions en Atlantique et Antilles, la Jeanne d'Arc est affecté à l'escadre de Méditerranée avant de devenir croiseur école. En 1907 elle va participer aux événements du Maroc. 



DEUX CROISEURS PARTENT DE TOULON


Toulon, 24 mars. Sur un ordre urgent du ministre de la marine, le croiseur Jeanne d'Arc de la 2° division, fait ses préparatifs de départ pour le Maroc. Ce bâtiment partira probablement à la première heure demain.

Le croiseur Lalande a été également désigné pour se rendre au Maroc. Les commandants Guépratte et Bénard ont complété d'urgence matin leurs approvisionnements en munitions et vivres et les deux croiseurs ont quitté Toulon en après-midi

Les incidents du Maroc

LES CIRCONSTANCES de L'ASSASSINAT Tanger, 24 mars.

 Voici dans quelles circonstances a été assassiné le docteur Mauchamp il était dans son dispensaire en train d'opérer des malades. Entendant des cris dans la rue, il sortit devant sa porte, croyant à des désordres dans la foule de ses malades, comme cela se produisait chaque jour. Immédiatement, il fut assommé à coups de pavés qui lui furent lancés à la tête. Une bande d'énergumènes le poignarda ensuite et voulut le dépecer, puis le bruler, mais alors quelques soldats de garde intervinrent et rentrèrent le cadavre dans le dispensaire.


Le docteur Mauchamp avait essuyé un coup de feu avant d'être lapidé.

Les indigènes auraient agit sous le coup de la surexcitation causée par l'installation sur le toit de lit maison de M. Mauchamp de signaux servant aux opérations géodésiques de la mission Genty.

Les autorités n'auraient rien fait pour calmer l'effervescence.

Cette nouvelle a été annoncée à M. Régnault, ministre de France, qui s'est abstenu d'assister la séance de ce matin du corps diplomatique il a fait aviser ses collègues par un secrétaire.
Les ministres de toutes les puissances, y compris le ministre d'Allemagne, et les délégués chérifiens, ont exprimé l'indignation que leur causait ce crime et présente leurs condoléances au ministre de France. La séance a été levée en signe de deuil.

Croiseur Cuirassé JEANNE D'ARC à TANGER le mai 1907
- Escadre de la Méditerranée - Escadre Légère

Le docteur Mauchamp était depuis dix-huit mois à Marakech et, par ses soins assidus aux indigènes, il semblait avoir au moins gagné leur neutralité.
C'est une des personnalités les plus marquantes du Maroc. Riche et indépendant, il se consacrait il. une oeuvre humanitaire française, en soignant chaque jour des centaines de malades gratuitement.

Pendant ces deux derniers mois, il était en congé, et certains agents occultes qu'on connaîtra bientôt avaient excité contre lui la basse populace.

L'Ouest-Eclair 23 mai 1907
La colonie française, indignée, réclama des représailles très énergiques.

Le docteur Mauchamp, qui avait une grande habitude des choses indigènes musulman, a été. pendant cinq ans médeciu du gouvernement français à Jérusalem, on il a rendu de grands services h l'influence française en Syrie et en Palestine. Il s'est. particulièrement distingué au cours des épidémies de 1901 et 1902. Ses rapports personnels avec les autorités turques avaient toujours été excellents et il avait été l'hôte du pacha d'Alep.

Croiseur Cuirassé JEANNE D'ARC à TANGER le mai 1907
- Escadre de la Méditerranée - Escadre Légère

M.Gentil assiégé Les Français en sécurité

Paris, 24 mars. Le comité du Maroc nous communique fa dépêche suivante du M. Louis Gentil qui vient de lui parvenir via Tanger.
« Emeute à Marakech; docteur Mauchamp assassiné. Calme rétabli; tous les Français en sécurité.

Cette dépêche confirme que M. Gentil est. sain et sauf ainsi que nos autres compatriotes, mais une dépêche de Tanger montre avec quelle difficulté les européens purent échapper à leurs agresseurs.

M. et Mme Gentil et quelques autres européens ont été après le meurtre de M. Mauchamp, assiégés dans une maison où ils s'étaient réfugiés. Le consul d'Angleterre a tiré sur les assaillants. Il n'y a pas eu d'autre victime.

Sources 
BNF Gallica
L'Ouest-Eclair 1907



Jeanne d'Arc
Croiseur cuirassé à 2 tourelles
lanct 1899
En réserve à Brest
Escadre de Méditerranée et du Levant
Cap. de vais. IMHOFG

Cap. de vais. DERAMEY DE SUGNY
08/1905

06/1907
Déplact. 11.270 tx., long. 145 m, larg. 20 m, tirant d'eau 8,12 m, vitesse 23 n, coût 21.415.000 F, cuirasse à la flot. 150 mm, à la tourelle 200 mm, casemates 75 mm, pont 65 mm,
Armement : 2 canons de 194 mm, 14 canons de 138 mm, 28 pièces d'art. légère,
Équipage : 14 officiers et 614 hommes

03 février 2021

Force navale détachée au Maroc 1907 - 1908 Tanger

Force     navale    détachée   a u Maroc    1907 - 1908    Tanger


Harry Aubrey de Vere Maclean. 

..
La situation intérieure du Maroc en 1907 était on ne peut plus embarrassée. Un sultan jeune, sans préjugés, accueillant pour les étrangers, mais sans énergie et laissé volontairement, par l'ancien premier ministre Ba-Ahmed, dans l'ignorance du gouvernement, abandonné depuis la mort de sa mère Lalla Requia aux conseils intéressés de El-Menebhi et du « caïd » Mac Léan, voyait ses Etats, gagnés par l'anarchie, lui échapper peu à peu. 

Ici, un roghi, Bou-Hamara (l'homme à l'ânesse) soulevait les tribus de l'est et, abusant de sa ressemblance avec Moulay-Mohammed, s'intitulait prétendant au trône (1902). Ce même Moulav-Mohammed, qu'une intrigue avait essayé d'établir sultan, avait dû être mis en détention. Dans le Riff, un « roi des montagnes », le bandit Raissouli, bravant les mahallas chérifiennes, exerçait ses brigandages.



Dans le sud, enfin, le vice-roi Moulay-Hafid, frère aîné d'Abd-el-Aziz, s'insurgeait, au nom de l'Islam, contre le sultan légitime et contre les infidèles. Enfin, un peu partout, suivant l'exemple des tribus montagnardes, le pays, soumis autrefois à Moulay-Hassan, se déclarait « bled siba » (pays de révolte). La Chaouïa, refusant toute autorité chérifienne, se faisait remarquer par sa haine de l'Européen.



Pour lutter contre tant d'ennemis, Abd-el-Aziz n'avait ni compétence, ni argent, ni armée bien organisée, ni généraux capables. Obligé d'appeler à son aide les nations européennes avides de se partager ses dépouilles, il avait perdu son prestige religieux auprès de populations fanatiques et xénophobes, et, tant par ses emprunts que par la signature de l'Acte d'Algésiras, il était forcé de subir la tutelle de l'étranger.

Le 30 juillet 1907, les ouvriers qui extrayaient la pierre aux carrières de Sidi-Bel-Yout pour la construction du port de Casablanca étaient occupés à leur travail. Un train Decauville y faisait, comme d'ordinaire, les transports de matériaux de la carrière aux chantiers Schneider, sur le quai, lorsqu'une bande d'indigènes, la plupart armés de bâtons, arrêta la locomotive, la renversa, cerna les travailleurs, dont dix furent massacrés. Après avoir mutilé les cadavres et tenté de les brûler, les meurtriers (on apprit plus tard qu'ils appartenaient aux tribus Médiouna, Harriz et Mdakra) pillèrent les chantiers et essayèrent de détruire les machines. Entrant en ville, ils dévalisèrent les boutiques, menaçant de mort Chrétiens et Israélites.


Terrorisée, la population de Casablanca se réfugia en grande partie dans les consulats de France, d'Angleterre et d'Espagne. Les hommes se préparèrent à combattre. Vers huit heures du soir, le gérant du consulat de France, ayant obtenu du maghzen une escorte de soldats, beaucoup de femmes et d'enfants furent conduits sur le quai, au milieu d'une populace menaçante, et embarqués sur le vapeur anglais Dérhétrian. Un navire allemand recueillait les Israélites.



La nouvelle des massacres de Casablanca, de l'exode des habitants menacés, fut connue à Tanger le 31 juillet, apportée par le vapeur Mogador. Au nombre des morts, il y avait : 5 Français, 3 Italiens et 2 Espagnols. L'émotion fut grande en Europe ; la France et l'Espagne décidèrent d'intervenir immédiatement. L'Italie s'en remettait aux mesures prises par ces deux puissances.


En France, sur décision du conseil des ministres en date du 1er août, les vaisseaux le Galilée, qui était à Tanger, le Forbin, qui croisait aux Açores, reçoivent ordre de partir pour Casablanca. 
De Toulon devaient suivre, en deux échelons : 1° les croiseurs Condé et Du Chayla ; 2° les croiseurs Jeanne-d'Arc, Gloire, Gueydon. 

Ordre était donné aux transports Nive, Schamrok, Mytho d'entrer en armement, et aux "divisions d'Alger et d'Oran de se tenir prêtes à fournir des troupes. Le conseil de cabinet du 3 août fixait ces dernières à : 3 bataillons d'infanterie, 1 batterie d'artillerie, 1 escadron et demi de cavalerie, 1 compagnie du génie, 1 détachement du service de santé et des services administratifs. Soit un effectif de 2.500 hommes et 300 chevaux ; le commandement de ces forces était confié au général Drude, bien qualifié par une longue pratique des guerres coloniales.

En Espagne, les croiseurs Infante-Isabelle et Don Alrar de Bazan étaient envoyés à Casablanca. Le Maria-Molina entrait en armement. Des troupes de terre se tenaient prêtes à s'embarquer.


Les Européens (au nombre de 700 avant les événements de Casablanca) sont fixés à la ville : ils y sont négociants, fonctionnaires, représentants de maisons de commerce ou de compagnies de navigation, artisans.

 


Dès le jeune âge, habitué à chasser et à combattre, le Marocain du littoral a abandonné l'antique « noukhala » à pierre ou à piston. L'Europe lui a amplement fourni les armes de gros et de petit calibre, à chargement arrière et à tir rapide. Tous modèles sont représentés ici : Winchester, Remington, Martini-Henri, Mauser et Gras, carabines ou fusils, avec ou sans baïonnette, voire des Lebel, toutes armes provenant du commerce, de la désertion ou de ventes par les domaines de matériel réformé.


Indépendamment des munitions qui lui sont fournies par des négociants sans scrupules, durant même les opérations militaires, le Marocain, à court de munitions, avec patience et habileté, fera de la poudre, fondra des balles, remandrinera des douilles de cuivre, le
s réamorcera, ressoudera des étuis ramassés sur le champ de bataille



CASABLANCA

Une population de 25.000 âmes (avant les troubles) se répartit très inégalement dans trois quartiers : 1° le quartier demi-européen, appelé Medina, renfermant les consulats, la douane, le dar-maghzen, les établissements de banque, le négoce européen ; 2° le Mellah (ailleurs ghetto), ou quartier juif, aux ruelles tortueuses, peuplé de 5.000 habitants ; il a ici la particularité de n'être pas séparé des autres parties de la ville ; 3° le Tnakker, quartier arabe, aux sordides recoins.
Le port de Casablanca, à l'époque des événements, n'était qu'une rade foraine, ouverte à tous les vents du nord et de l'est, mal protégée vers l'ouest, côté des orages, par une avancée rocheuse. Un petit wharf permettait le déchargement des barcasses qui font le va-et-vient de la terre aux vaisseaux, mouillés suivant leur tirant d'eau, à 1 ou 2 milles au large d'une côte irrégulière comme fond et hérissée d'écueils en deçà de la barre. Par gros temps, les navires sont obligés de prendre le large.

Navire hôpital Saint-Yves Les Oeuvres de Mer SPM Saint-Pierre Miquelon Joël Lemaine

Navire hôpital Saint-Yves  Les Oeuvres de Mer
Joël Lemaine SPM

Un nouveau timbre vient d'être réalisé par Joël Lemaine pour le compte de Saint-Pierre et Miquelon. Ce timbre représente le navire-hôpital Saint-Yves des Oeuvres de Mer.

Joël Lemaine est Peintre officiel de la Gendarmerie

https://www.gendinfo.fr/loisirs/culture/joel-lemaine-aquarelliste-de-la-gendarmerie/


Avec ses maisons de bois colorées, ses îlots inhabités, ses côtes souvent enneigées, Saint-Pierre-et-Miquelon a tout pour séduire les peintres. C’est là, sur ce petit bout de France au sud de Terre-neuve, que Joël Lemaine a vu le jour il y a 66 ans. Là aussi qu’est née sa passion pour la peinture. Enfant, il aimait observer les artistes, autochtones ou de passage, reproduire sur la toile les paysages de l’archipel, et ne manquait jamais une exposition.


Il apprend le dessin en autodidacte, et cette passion deviendra profession. Menuisier, puis architecte d’intérieur en bureau d’études, crayon et carnet le quittent rarement. « Le dessin a toujours fait partie de ma vie », résume-t-il.




Joël expose rapidement ses œuvres et, en 2013, il est sélectionné par la commission philatéliste pour réaliser un premier timbre sur le thème des vieux gréements. Une trentaine d’autres suivront, notamment un bloc sur le voyage inaugural de l’Hermione, réplique de la frégate sur laquelle embarqua La Fayette en 1780, pour lequel il reçoit le grand prix de l’Art Philatélique en 2015.

Le Saint-Yves

L'assistance à la grande pêche, du milieu du XVIII° siècle jusqu'à nos jours, s'est faite sous différentes formes grâce à l'aide de fondations, de sociétés laïques ou religieuses, puis après le concordat (1903) avec la Marine Nationale. Souvent on les trouvait ensemble dans une action humanitaire commune, avec des spécificités propres à chacune d'elles et aux moyens de l'époque. La tâche était immense; les médecins et les infirmiers de la marine y ont vécu des années d'expérience en médecine navale 


La Société des OEuvres de Mer acheta alors un dundée gravelinais, le Willy Fursy construit en 1929 à Fécamp et après avoir été aménagé en navire-hôpital.
 il fut baptisé Saint-Yves et béni le lundi de Pâques 1935 à Saint-Malo. 


L'hôpital était modeste (huit couchettes et 6 hamacs) mais le navire était moderne et doté d'une TSF qui permit au RP Yvon, aumônier, de créer Radio Morue sur les bancs. Le voilier fit cinq  campagnes de 1935 à 1939. Ses plans avaient servi à la construction des deux goélettes Etoile et Belle-Poule en 1932, et se trouvent dans un article de la revue Le Chasse-marée de mai 1988 (page 47).


En 1935, l'hôpital du Saint Yves était plus modeste. L’infirmerie était approvisionnée et outillée selon les enseignements d'une longue expérience. Elle possédait les moyens d'entreprendre les interventions chirurgicales d'extrême urgence. L'hôpital disposait de huit couchettes dont deux en chambre isolée. Il pouvait héberger en outre 4 à 6 hommes couchés en hamac. Il disposait d'un cabinet dentaire et des innovations médicales mises au point lors des campagnes précédentes.

L'Ouest-Eclair 1er septembre 1937




L'Ouest-Eclair 12 avril 1936
Le navire-hôpital Saint-Yves passera sa revue de départ mercredi matin. Il compte partir le même jour à la marée du soir.








Le Matin 14 avril 1936

RADIO - MORUES 

Le prix que l'Académie Française vient de décerner au R. P. Yvon sera fêté, n'en doutons pas, jusque sur les bancs de Terre-Neuve... 

Aumônier du navire-hôpital Saint-Yves, le digne capucin consacre toutes ses forces, depuis de longues années déjà, aux pêcheurs bretons dont il partage la rude existence. Les morutiers de Terre-Neuve n’ont pas de plus fidèle ami que le père Yvon, tour à tour leur confesseur, confident, conseiller... et secrétaire. C'est à leur aumônier qu'ils ont recours, en effet, chaque fois qu'ils désirent donner de leurs nouvelles à leur « promise ».

L'Ouest-Eclair 18 août 1937

 — J'ai certainement écrit pour mes braves morutiers plusieurs centaines de lettres, nous disait un jour le père Yvon. Et, sans fausse modestie, je crois ne pas avoir trop mal interprété, jusqu'ici, les sentiments de ces âmes pures... Ajoutons que l'aumônier des Terre-Neuvas a équipé sur le Saint-Yves un poste émetteur de T.S.F. Ce poste — dont on chercherait en vain l'indicatif sur les listes officielles — a été pittoresquement baptisé par le père Yvon : « Radio-Morues ».



Sources
Gallica BnF

L'Exelcior 31 juillet 1938
La Croix du Nord
L'Ouest-Eclair

L'intransigeant 14 avril 1936

Ce soir 3 avril 1939


LA CAMPAGNE DE LA « VILLE D'YS » CHERBOURG, 27 octobre. (De notre rédaction). 

Après une absence de sept mois l'aviso Ville-d'Ys est rentré à Cherbourg lundi matin. 

Suivant la coutume, les journalistes cherbourgeois se sont rendus hier matin à bord du navire afin de recueillir les impressions du commandant sur cette longue campagne. 

Nous avons été reçus par le capitaine de frégate Emmanuelli qui, fort aimablement, nous a renseigné sur la mission très importante de l'aviso qu'il commande. 

1" avril dernier afin de se rendre sur les bancs de Terre-Neuve pour porter aide et assistance aux pêcheurs français entre les Açores et Terre-Neuve. La mer fut très rude, mais se calma par la suite et l'aviso ne rencontra plus de mauvais temps jusqu'au retour; seule la brume gêna souvent les opérations du navire. 

Cette première partie de la campagne ne fut marquée par aucun incident. Tous les quinze jours environ, la Ville-d'Ys quittait les bancs de Terre-Neuve afin d'aller charbonner. En mal, ce fut une visite au Golfe du Maine, puis à la baie Sainte-Marie. 

Les Canadiens réservèrent à l'état-major et à l’équipage une réception très chaleureuse dont tous conservent le meilleur souvenir. 

En juin, la Ville-d'Ys fit flotter les couleurs françaises en Nouvelle-Ecosse Là aussi des réceptions amicales avaient été prévues. 

Le 30 juin, l'aviso était à Saint-Jean de Terre-Neuve, la Ville-d'Ys rencontra souvent le Saint-Yves, le bateau des œuvres de mer, sur lequel se trouve le père Yvon, bien connu des Cherbourgeois, devant lesquels il donna déjà plusieurs conférences du plus haut intérêt sur la côte ouest du Groënland. La Ville-d'Ys continua sa mission d'assistance parmi les nombreux pêcheurs qui avaient déserté Terre-Neuve pour venir pécher des morues plus belles et de meilleure qualité. 

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Le travail était assez facile, car le temps était plus favorable, malgré la violence des courants. 

La pèche fut fructueuse. Les jours étaient plus longs et même un mois se passa sans que la nuit fasse son apparition. 

Entre deux tournées d'inspection, l'équipage eut l'occasion de faire un peu de tourisme. Officiers et matelots purent visiter tout à loisir les parties les plus pittoresque du Groenland et en particulier l'Umanack, pic de 1.200 mètres absolument impressionnant qui frappa vivement l'équipage, si l'on juge par la débauche de photographies qui en a résulté et nous ne parlons pas évidemment du fameux soleil de minuit. 

Le 14 août, l'aviso était à Sydney. La pêche était terminée. 

La deuxième partie de la mission prenait fin. La campagne de présentation allait commencer, mais auparavant pendant quatre ou cinq jours l'équipage s'employa avec entrain à briquer le navire afin de le présenter bien propre aux Canadiens qui, comme chaque année, l'attendaient avec impatience. 

Il arrivait à Québec le 1" septembre, après une semaine qui se déroula en réceptions de toutes sortes toutes aussi amicales les unes que les autres. La Ville-d'Ys toucha Montréal le 11 Le séjour dans cette ville fut profondément attristé par la nouvelle de la perte du Pourquoi-Pas ? Le bal de l'équipage qui devait avoir lieu le lendemain fut supprimé. Les fêtes furent annulées. 




Le commandant Emmanuelli appelé à faire une conférence à la T. S. F. sur la campagne de la Ville-d'Ys, fit précéder sa causerie d'un très bel éloge du commandant Charcot et de ses compagnons. 

Le commandant de la Ville-d'Ys ne manqua pas d'aller visiter le pays de Maria Chapdeleine. I1 eut d'ailleurs la bonne fortune de rencontrer Maria Chapdeleine elle-même et d'être reçu par elle de la façon la plus aimable. Le octobre, l'aviso était à nouveau à Sydney.



 Il fallait songer au retour. On repassa par Saint-Pierre-et-Miquelon, dont les habitants sont dans la misère et accueillent avec joie la subvention que leur envoie la France, puis c'était le retour à Cherbourg, quelques jours plus tôt qu'il n'avait été prévu car, pour des raisons que tout le monde comprendra, la Ville d'Ys ne put s'arrêter en Espagne. Entre les Açores et Cherbourg le navire dut subir les assauts d'une véritable tempête. 

Ajoutons que, comme chaque année. les officiers du bord ont procédé à des travaux d'hydrographie et d'hydrologie pour l'Office des pêches. 

D'autre fois, quatre fois par jour, l'O. N. M. recevait de la Ville-d'Ys des renseignements météorologiques. Il nous faut enfin insister sur les bienfait- de la T. S. F., l'aviso fut toujours en relations avec la France même par 72 degrés de latitude nord. Le commandant Emmanuelli nous a priés de souligner la bonne tenue de son équipage. 

Courrier ayant transité par
le navire hôpital des Oeuvres de mer
Sainte Jeanne d'Arc


Nous n'aurons garde d'oublier il ne pourrait d'ailleurs en être autrement,  à bon chef, bon équipage dernier détail qui montrera combien le commandant s'intéresse à ses hommes le commandant Emmanuelll ayant remarqué combien ses hommes mettaient de cœur à fixer sur des plaques photographiques les coins les plus pittoresques des pays visités, a décidé d'ouvrir à bord un concours de la plus belle collection de photographies prises pendant la campagne; un prix récompensera le vainqueur.


https://envelopmer.blogspot.com/2016/12/les-oeuvres-de-mer-et-lassistance-aux.html

https://la1ere.francetvinfo.fr/saintpierremiquelon/deux-uvres-de-l-artiste-joel-lemaine-bientot-exposees-au-memorial-charles-de-gaulle-905976.html

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