13 août 2022

Des marins, des coloniaux, des cartes postales Femmes japonaises Indochine Tonkin

Que disent nos cartes postales?

La mer qu'on voit danser sous ce fameux trois mâts fin comme un oiseau... Ami lecteur, te souviens-tu de ce que l'on dit des marins? "Une femme dans chaque port!".   Huffingtonpost 14/11/2012


Garder une trace de son escale, en garder le souvenir, mais aussi donner de ses nouvelles, la carte postale est un "carton voyageur".

Selon la qualité de l'expéditeur, du destinataire, (famille, marin, troupes coloniales, amis, commerçants, voyageurs, collectionneur de timbres ou de cartes postales), de ses goûts personnels, des sites visités, des rencontres faites, les cartes postales choisies seront des plus diverses et variées.

Pour le collectionneur le temps passé devant les boîtes proposées lors des braderies, des marchés ou des expositions ne compte pas car ces cartes retracent l'histoire des hommes, de la Marine, des bâtiments, des escales, de la vie des marins à bord et hors du bord.





Autre pays autre moeur

L’expansion coloniale, la découverte de l'Afrique, de l'Asie vont occasionner une prolifération des cartes et des courriers, chaque expéditeur souhaitant faire découvrir ce que lui même à découvert.


La Marine va être la principale pourvoyeuse de ces échanges. Nombre de cartes postales expédiées de Dakar, de Djibouti, du Tonkin, de l'Annam, de Nagasaki porte le cachet à l'Ancre "Service à la Mer".








Outre les temples, les pagodes, les commerces, les cartes provenant de l'ancienne Indochine représentent notamment des femmes japonaises. Je me suis posé la question. Mais que faisaient-elles ces japonaises en Indochine au début des années 1900?



 Et puis je me suis souvenu de Pierre Loti (surnommé ayant atteint ce grade) Pierre Loto Capitaine de vessie).

A son arrivée à Nagasaki, Loti épouse par contrat d'un mois renouvelable, une jeune Japonaise de 18 ans, Okané-San baptisée Kiku-San (Madame Chrysanthème).



A 35 ans, il quitte Nagasaki, en laissant "une fiancée éplorée". J'ai toujours été intrigué par ces mariages à temps. En fouillant on constate que ces mariages se font avec l'agrément des parents de la belle.






Le mariage est souvent arrangé à la descente du bateau par marieur, un entremetteur, par un agent du port. Ce mariage est enregistré par la police locale. Il ne dure que le temps du séjour et la jeune fille pourra par la suite se marier avec un Japonais. Cette pratique est courante dans l'empire du Japon, même si elle s’avère coûteuse pour l'étranger!


L’imaginaire articulé autour des prostituées japonaises est nourri en grande partie par l’oeuvre de Pierre Loti, Madame Chrysanthème.


Celles que les Français appellent mousmés, et non karayuki-san, font partie de l’imaginaire exotique et érotique des marins français et leur fréquentation est perçue comme une obligation pour tout célibataire qui se respecte, d’autant que les mousmés jouissent d’une excellente réputation, notamment en matière de propreté.

 Contrairement aux prostituées européennes, la présence des prostitués japonaises est largement acceptée par les autorités coloniales du Tonkin, elles portent le nom de karayuki-san, elles sont présentes à Singapour, aux Philippines et en Indonésie où elles se comptent par milliers. Elles sont bien moins nombreuses en Indochine puisqu’un rapport japonais datant de 1914 en dénombre seulement 340 (officiellement)

 "La Japonaise a depuis longtemps envahi les ports de l'Extrême-Orient: le Tonkin, depuis l'occupation française, a attiré l'attention des tenanciers et, actuellement, les maisons de prostitution s'élèvent jusqu'à la frontière de Chine, dans tous les centres où se trouve une agglomération européenne suffisante."

"On a dit et répété que les prostituées japonaises qui vont chercher, en dehors de leur pays d'origine, le droit d'exercer leur industrie spéciale, visaient à se constituer une dot pour rentrer ensuite dans leur pays, y choisir un époux et se consacrer exclusivement, par la suite, aux devoirs du foyer, à l'éducation des enfants qu'elles peuvent concevoir.

Les Européens ont les moyens financiers de fréquenter les karayuki-san qu’ils trouvent généralement plus attirantes que les autres prostituées asiatiques. D’après Auguste Morel, sous-officier de marine arrivé au Tonkin en 1890, elles sont « traitées avec bienveillance par les Européens, surtout par les militaires français » .


Le mouvement migratoire amenant des prostituées japonaises dans toute l’Asie du Sud-Est a la particularité d’être
sinon géré du moins promu par le gouvernement japonais













12 août 2022

Cuirassé Bouvet Une visite à Alger et un repas à Toulon 1909

A manger? je n'en Bouvet plus!

1er juillet 1909

Bien commencer par un jeu de mot met en forme. Aiguisez vos appétits.

Je me complais dans les menus de la Marine. En voici un servi le 1er juillet 1909 à Toulon à bord du Bouvet. Ce menu illustré représente une vue de l'amirauté d'Alger, ville visitée quelques semaines auparavant. 

Et en fin un menu servi en 1916 sorti des collections des Archives du Pas-de-Calais. Il rend hommage au cuirassé coulé au Dardanelles en mars 1915.

Arrivée de l’Escadre

Une importante division entre dans notre port

Ce matin, à 6 heures est entrée dans notre port, la troisième division de l’escadre de la Méditerranée, commandée par le contre-amiral Martin- Darbel, qui est à bord du Bouvet.



Le Bouvet, commandant Papaix a été amarré au corps mort n° 5; le Suffren. commandant Le Cannelier, à l'endroit dit "Feu Rouge »; le La-Hire. commandant Eug, en face la douane. Après les saluts d'usage, M. le chef de la Marine en Algérie, est allé saluer le contre-amiral Martin-Darbel. D'après les renseignements que nous avons pu nous procurer voici exactement les caractéristiques des navires de guerre ancrés dans notre port

Le « Bouvet»



 Lancé en 1896 ; a un déplacement de 12,034 tonneaux ; sa longueur est de 117 m. 90 ; sa largeur de 21m. 4o ; son tirant d'eau, 8 m. 40. Nombre et calibre des bouches è feu : 2 canons de 305 ; 2 de 274.4 ; 8 de de 138.6 ; 8 de 100 ; 14 de 47. Nombre et type de chaudières : Belleville, 32 corps. 

Approvisionnement de charbon ; 620 tonnes, comme charge normale ; en surcharge. 713 ; nombre d’hélices, 3 ; vitesse maximum réalisée ou prévue, 18.18. 
Effectif normal, 31 officiers, 583 hommes. Cette division, qui vient de Bizerte. après avoir fait escale à Bône et à Philippeville restera, â moins d'ordre contraires, six ou sept jours dans notre port.


Les Nouvelles Alger 











L'Amirauté

Jusqu'au début du XVIe siècle, le port d'Alger est constitué par un abri naturel formé de petits îlots et une ligne de rochers qui s'étendent entre les îlots et la terre ferme. Ce massif rocheux est appelé El-Djezaïr (Les îles), d'où la ville prend son nom.



L'illustration
 du menu représente le port d'Alger et le bâtiment de l'Amirauté. Ce bâtiment a une histoire très ancienne  depuis la conquête espagnole, aux pirates de la Méditerranée, aux Algérois, aux Turcs aux Français.


arme d'Hussein Pacha
Le pavillon de l'Amiral n'a été terminé que sous le règne d'Hussein Pacha, der­nier dey d'Alger. Une inscription turque placée au-dessus de la voûte ouvrant sur la rampe qui suit la jetée Kheir ed Dine relate la construction de cet édifice. 


Elle porte le n° 160 du Corpus : « Le gouver­neur sultan d'Alger a fait cette construction, Hussein Pacha, mine de miséricorde, a donné ses soins à cet édifice. Dieu désire sans cesse la guerre sainte de ses intentions pures comme la perle. 



Que la vérité rende son éten­dard toujours victorieux. Il a donné à ce bâti­ment des bases quadrangulaires avec des arceaux reliés les uns aux autres. Désirant qu'elle reste comme un monument, cet homme généreux a établi cette construction dont les fenêtres sont opposées à la mer, dont le dôme s'élève au faîte du ciel; c'est la demeure des amiraux, champions de la guer­re sainte et conquérante. 




Un modèle nouveau ayant été créé, on a édifié ce pavillon que la langue ne saurait décrire et dont le plan est une œuvre d'art au-dessus de toutes les louanges. Énonce sa date: de quelle belle chose Dieu a voulu la vérité, rendu son achè­vement. Année 1242 ». L'année 1242 de l'hégire correspond aux années 1826 et 1827 du calendrier grégorien.

LES MARINS SE PLAIGNENT DES VIVRES

Si les repas officiels ou présidés sont Pantagruéliques, il arrive que les repas de l'équipage le soit beaucoup moins comme le relate cette coupure de presse

A bord du Bouvet


L'Oust-Eclair 14-9-1909
A bord du cuirassé Bouvet, portant pavillon du contre-amiral Berryer, l'équipage a protesté ce soir contre la qualité des vivres dont certains étaient avariés. Le commandant en second a reconnu le bien fondé des réclamations, a fait remplacer les vivres et a infligé une punition a l'officier marinier responsable.





Menu en souvenir du cuirassé Bouvet coulé le 18 mars 1916 Les Menus d'Arras

 https://www.archivespasdecalais.fr/

Un blog très interessant sur l'Algérie et l'histoire de d'Alger

http://www.cerclealgerianiste.fr/index.php/archives/encyclopedie-algerianiste/histoire/histoire-avant-1830/periode-islamique/361-histoire-de-l-amiraute-d-alger

11 août 2022

TAAF Marion Dufresne OPE2 2022 Départ de la Réunion 4-8-2022

TAAF Marion Dufresne OPE2 2022 Départ de la Réunion 4-8-2022

Le départ du Marion Dufresne est toujours pour moi une intense émotion. Le souvenir, les images restent gravées dans la mémoire. Les quais, les compagnies maritimes changent, le souvenir est là, toujours présent.

Cet article avec textes des TAAF sera illustré par des images vieilles d'une quinzaine d'années et qui semblent être aujourd'hui toujours d'actualité.

Le Marion Dufresne lève l’ancre le 4 août pour le ravitaillement des Terres australes françaises, une rotation particulière synonyme de relève. 


Le siège des TAAF - photo JM Bergougniou

PÀ bord, Charles Giusti, préfet, administrateur supérieur, accompagne les 3 nouveaux chefs de district austraux pour qu’ils rejoignent leurs bases respectives après 2 semaines intenses de formation.




Le Marion Dufresne - photo JM Bergougniou
C’est l’effervescence sur le quai n°8 du Port Ouest à La Réunion. Les équipes logistiques chargent le navire qui approvisionnera Crozet, Kerguelen, Saint-Paul et Amsterdam ainsi que Tromelin, territoires administrés par les Terres australes et antarctiques françaises (TAAF).

Les caisses à quai - photo JM Bergougniou
Pour cette deuxième rotation de l’année, en plus des habituels denrées alimentaires et matériels essentiels à la vie sur base, le Marion Dufresne achemine 450 « big bags » pour les projets de rénovation des bases (cale et hangar d’Amsterdam).

PLACE À LA RELÈVE

La relève - photo JM Bergougniou
Embarquera également la relève d’une large partie des personnels déployés parfois depuis près d’un an.

Après 15 jours de formation à Paris pour certains, puis à La Réunion, tous sont prêts pour plusieurs mois d’aventure australe.

La relève  - photo JM Bergougniou

Charles Giusti, préfet, administrateur supérieur, participe à cette rotation et accompagne les nouveaux chefs des districts austraux pour leur prise de fonction : Jean-Philippe Branne, chef de district de Saint-Paul et Amsterdam, Valérie Covacho, cheffe de district de Kerguelen, et Cyrille Jacob, chef de district de Crozet.

C'est parti - photo JM Bergougniou
Les chefs de district sont les représentants du préfet, administrateur supérieur. Officiers d’état-civil et de police judiciaire, en liaison permanente avec les services centraux des TAAF installés à Saint-Pierre qui leur apportent le soutien juridique, administratif, social ou technique nécessaire, 

La terre s'éloigne - photo JM Bergougniou
ils assurent, par délégation du préfet, administrateur supérieur, des missions de souveraineté et de suivi de la bonne exécution des programmes logistiques, scientifiques et de préservation de l’environnement.

Adieu à la Réunion - photo JM Bergougniou
Jean-Philippe Branne aborde cette mission vers Saint-Paul et Amsterdam avec l’esprit d’un marathonien. « Le départ se fera à 100 à l’heure, dans une certaine euphorie. Le parcours sera long avec des caps difficiles à passer, la fatigue aidant, notamment dans le dernier quart de la mission. Mais ce challenge ne se fera pas seul, tous les participants seront liés par le même défi »

Vers d'autres îles, d'autres volcans - photo JM Bergougniou
Pour Valérie Covacho, la détermination à intégrer un jour les TAAF ne l’a jamais quittée. « La première fois que j’ai entendu parler des TAAF, c’était en 1993, par un sous-officier qui rentrait de Kerguelen. Il avait des étoiles plein les yeux. À l’époque, la mission n’était pas accessible aux femmes. Malgré tout, je me suis dit qu’un jour ce serait mon tour. » C’est désormais chose faite, et Valérie s’apprête à devenir cheffe du district de Kerguelen.


5 jours de mer -photo JM Bergougniou
Cyrille Jacob a hâte de découvrir l’archipel Crozet, « un territoire parmi les plus isolés au monde où j’aurai la chance d’encadrer des missions très variées allant de l’affirmation de la souveraineté de la France à la recherche scientifique. »

District de Saint-Paul et Amsterdam : Jean-Philippe Branne

Officier de l’armée de Terre, Jean-Philippe Branne, 56 ans, arrive tout droit du 40e Régiment d’artillerie de Suippes, dans la Marne. Après 40 ans de service et de nombreuses missions à l’étranger (Mali, Tchad, Gabon, Irak, Sahara Occidental…), ce commandant a reçu l’Ordre national du Mérite en 2012. Il succèdera à Samuel Marfing.

Parer à larguer - photo JM Bergougniou
District de Kerguelen : Valérie Covacho

Valérie Covacho, 57 ans, compte 31 ans de service au sein de l’armée de l’Air et de l’Espace en tant qu’officier infrastructures. Elle a également participé à 11 missions en Afrique auprès de l’Économat des Armées, qui assure le soutien des forces armées en France et à l’étranger. En 2009, ce lieutenant-colonel a été décorée de la Légion d’honneur. Elle succèdera à Philippe Guéna.

Amarres larguées - photo JM Bergougniou
District de Crozet : Cyrille Jacob

Cyrille Jacob, 50 ans, arrive de la ville de Grenoble où il était directeur prévention et gestion des risques depuis 2005. Membre du Haut comité français pour la résilience nationale, il a réalisé des missions d’observation des modèles d’organisation aux quatre coins du monde : New York, Singapour, Suède, Pays-Bas… Il succèdera à Stéphane Bellati.

Sources

Passage de Toulon à Alger 1839 sur un navire de la Marine Royale Cerbere

 Passage maritime de Toulon à Alger 1839 Cerbere  La conquête de l'Algérie débute par le débarquement de l'armée d'Afrique à Sid...