03 novembre 2022

la marine recrute - de Richelieu au Charles de Gaulle

la marine recrute



« Avis aux beaux hommes. 
Ici l'on s'engage dans le corps royal des fusiliers de la Marine... » Cette célèbre affiche de recrutement montre un fringant fusilier marin et vante les bonnes conditions de vie à bord. Elle est placardée un peu partout, sur les murs des ports et des tavernes, au milieu du XVIIIe siècle, et reste sans doute, l’une des plus connues d’une longue série d'affiches. Déjà largement utilisée sous l’Ancien Régime, l’affiche de recrutement pour attirer des équipages, des officiers mariniers qui forment la maistrance (pilotes, maîtres canonniers, maîtres d’équipage) et des officiers, connaît véritablement son âge d’or entre la fin du XIXe siècle et les années 1960. Une longue et riche période qui va permettre à la Marine de faire travailler les grands illustrateurs de leur temps, de Gervaise à Henri Dormoy, en passant par Albert Sébille et Léon Noël, jusqu’à Monsieur Z qui vient de prêter sa patte à la dernière campagne de recrutement 2020 : « Rejoignez l’équipage ! ».

Chaque année, la Marine nationale doit renouveler environ 10% de ses effectifs afin de pouvoir compter sur la jeunesse de ses marins. En outre, avec la fin des suppressions de postes décidée en 2015, ses objectifs en matière de recrutement sont ambitieux puisque ce dernier doit progresser de plus de 40% en cinq ans.



 


« la Marine se trouve aujourd’hui en situation de sous-effectif, non à cause d’un manque de crédits, mais faute de volontaires pour s’engager sous les drapeaux ou y demeurer. »

Et d’en donner la raison : « Obstacle à la fidélisation, la perte d’attractivité de la marine n’est pas seulement pécuniaire : elle tient beaucoup au décalage entre ce qui fait la vie de marin et les aspirations de la majorité des jeunes Français et Françaises. Les freins tiennent davantage à un manque d’intérêt pour ces métiers, exigeants en matière de disponibilité, de mobilité et d’imprévisibilité de la charge de travail, et faisant peser de nombreuses contraintes pesant sur la vie de famille. »

Mais l'affaire n'est pas récente...



Dans le Yacht de 1924

Recrutement de la Marine Militaire

Croiseur Lamotte-Piquet 18-5-1933
Dans un précédent article de ce journal (n" 2.164) nous avons examiné la question du recrutement des officiers du service actif et du cadre de réserve. Il nous reste à parler de celle, plus aiguë, du recrutement des équipages. Comme chacun le sait, une spécialisation est, dans la Marine, une nécessité absolue qui a conduit à la répartition des hommes en un certain nombre de spécialités. 


au verso Engagez-vous dans les équipages de la Flotte arrivée Plouguerneau 19-5-1933

 Dans chacune d’elles ils peuvent faire une carrière, sans en sortir, avec la sanction d'un brevet de capacité au début. Pour obtenir ce brevet, il faut suivre les cours d’une école de la spécialité. Ces cours sont de six mois. Ajoutons-y les trois mois de dégrossissement dans les compagnies de formation des cinq Dépôts des Equipages de la Flotte, et nous trouvons qu'il ne restera plus, au jeune breveté, l’année de service nécessaire, avant l'accomplissement de ses dix-huit mois, pour permettre de l’utiliser à bord. De plus, il ne faut pas se dissimuler que la formation de certains brevetés coûte très cher et que ce serait un véritable gaspillage d'argent que de vouloir les former en vue d’une seule année d'embarquement. 

C'est pourquoi on reconnaît généralement que les engagements volontaires, et les rengagements, forment la base même de la Marine. Par ailleurs le temps n’est plus où les inscrits maritimes, pêcheurs de nos côtes pour la Plupart, composaient la plus grande partie du corps des équipages. Depuis l’introduction de la propulsion à vapeur, de la torpille et de l’électricité, le navire en général — et le navire de combat en particulier — tend à devenir une vaste usine, dont les rouages compliqués exigent la présence de gens de métier. 

Le Yacht 18-10-1924 n° 2169



Tous les métiers sont utilisés dans la Marine 
Engagez-vous dans les équipages de la flotte Toulon sur mer 21-IX-1935
une « sous-réalisation du schéma d’emploi » du ministère.

A priori, cette situation s’est encore reproduite en 2021, selon des chiffres obtenus par l'hebdomadaire challenges. L’an passé, l’objectif du ministère des Armées était de créer 300 postes supplémentaires. Or, il en a perdu 485. Ce qui fait que, au total, 785 postes n’ont pas été pourvus. Pour rappel, la LPM en vigueur prévoyait la création de 6000 postes sur la période 2019-25…







« La sous-réalisation du schéma d’emplois 2021 résulte pour partie de l’exigence qualitative des recrutements et de la crise sanitaire, qui a rendu moins prévisibles les départs », explique le ministère des Armées, selon Challenges. Et ces départs non anticipés ont surtout augmenté en fin d’année, sous l’effet de la « reprise économique », justifie-t-il.

En clair, les Armées ne sont pas parvenues à recruter les spécialistes dont elles ont besoin, notamment dans les domaines du renseignement [104 postes prévus] et de la cyberdéfense [96], les candidats n’ayant pas le niveau ou les compétences exigées.



Oran 31 août 1948 Engagez- vous rengagez-vous..

Très prisées des collectionneurs, les affiches des années 1920, par exemple, jouent souvent la carte facile et chatoyante de l’exotisme et de la découverte. On y découvre des paysages de rêve teintés de mystères. Entre plage sous les tropiques et temples d’Asie, c’est le temps de l’insouciance et du mythique : « Pour faire de beaux voyages et apprendre un métier, engagez-vous dans la Marine. » sans oublier le célèbre : « Engagez-vous dans la Marine. Pour voyager, apprendre un métier, vous aurez : primes, pécules. » À chaque époque ses slogans. Si les parfums de l’Empire colonial français suffisent parfois à susciter des vocations - « Sans marine pas d’Empire ! Sois marin » -, l’apprentissage d’un métier que l’on pourra aussi exercer « dans le civil » est une constante. Mais la défaite de 1940, puis la montée en puissance de la France Libre changent la donne et le ton se fait plus grave : « Pour la France sois marin » dit-on plus sobrement en 1942. Année après année, une très large part de l’histoire de la Marine nationale s’affiche sur les murs. On y suit les bouleversements sociaux, les avancées technologiques comme les grandes crises et les conflits que notre pays a traversés.


La Marine nationale le plus beau métier du monde Paris XI 3-VI-1953




Les centres d'information et de recrutement des forces armées

Les centres d'information et de recrutement des armées (CIRFA) ont été créés par une charte du 3 juillet 2007, signée des directeurs des personnels militaires des trois armées dans un but de mise en commun et de rapprochement. Antérieurement, les bureaux « terre », « marine » et « air » étaient indépendants. Ils disposent d'un rôle en matière d'interventions auprès des lycées, collèges et des organismes d'orientation de type Pôle emploi, de mutualisation de certains moyens et enfin, de services rendus aux candidats en termes d'information et de conseil.d


Humour Marine - A noter le sans engagement de ma part! 

 


En 2017, 42 CIRFA métropolitains et 7 CIRFA ultra-marins forment un guichet unique des trois armées et sont pilotés par une armée. Les 57 autres CIRFA sont dits « monocolores » car ils sont tenus par l'armée de terre (55) et la marine (2).

Source : ministère des armées               


la Marine de Richelieu au Charles de Gaulle la marine recrute



Jusque à l'arrivée de Richelieu au pouvoir, les officiers de marine, comme ceux de l’armée, sont recrutés à peu près exclusivement parmi les nobles. Ils sont d’ailleurs peu nombreux et l’état-major de chaque navire comprend au maximum un capitaine, un lieutenant et un enseigne. Le capitaine n’est qu’un chef de guerre, représentant du roi à bord et on ne conçoit pas à cette époque qu’il put s’occuper de besognes maritimes. Les capitaines entretiennent les navires et payent les équipages au moyen des sommes mises à leur disposition par le Trésor. Richelieu décide qu’à l’avenir le roi prendra la charge directe de ses vaisseaux. Pour assurer les besoins de ces navires, il recrute un certain nombre de « capitaines » de métier qu’il transforme en « officiers entretenus » en leur allouant des soldes ou pensions sur le trésor royal, alors que jadis les officiers ne sont payés que pendant la durée de leurs affectations.

L’institution de cette solde permanente à terre comme à la mer marque la création d’un corps régulier et permanent d’officiers de vaisseau.




L'Ouest-Eclair 14-07-1928
Un décret du 29 avril 1791 dissout l’ancien corps et décide que le personnel officier, auquel n’avaient accès jusque là que les fils de bonne naissance sera recruté désormais par un concours public ouvert à tous les jeunes gens de 15 à 20 ans sans distinction d’origine.

Ce texte fixe les nouveaux cadres à 1201 officiers proprement dits : 3 VA, 18 CA, 180 CV, 800 LV et 200 EV ; et à 166 maîtres entretenus : 50 équipage, 60 canonniers, 38 charpentiers et 18 voiliers.

C’est déjà un début et, bien que les maîtres entretenus ne soient pas à proprement parler des officiers, ils figurent néanmoins dans un texte fixant les cadres.

Une loi du sixième jour complémentaire An IV décide que les places de maîtres entretenus ne seront plus attribuées par voie d’élection mais données au choix, eu égard à l’ancienneté de service, à la bonne conduite et aux preuves de zèle et d’activité. La loi du 3 Brumaire An IV précise les conditions de ce choix.



En France, depuis Colbert, 

le système est très administratif et ressemble en fait à une certaine forme de conscription ou de service à vie pour les marins. En effet, toute personne exerçant une activité maritime doit se faire recenser auprès du commissaire des classes de son district et doit au roi un an de service tous les trois ou quatre ans en fonction de la province où il réside. Les autres années, ces personnes sont libres de chercher un emploi dans la marine marchande ou la pêche. Cependant, là aussi, des contrôles sont effectués pour s’assurer qu’aucun marin ne puisse échapper au service du roi.

Des Affiches


Au-delà de la beauté du trait, des couleurs et du choix des mots, ces affiches racontent aussi la construction de l’identité même de la Marine nationale. De fait, la France, qu’elle soit royale, révolutionnaire, impériale ou républicaine, a toujours essayé de trouver des alternatives à l’enrôlement de force pour constituer ses équipages toujours plus nombreux. Véritables batteries flottantes, les navires de ligne de la marine à voile ont alors besoin de cinq à six hommes par pièce d’artillerie vers 1670. Et ce n’est qu’un début. À la fin du XVIIIe siècle, il en faut entre huit et dix ! De quelque 400 à 600 marins sur un bâtiment de combat vers 1670, on passe à près de 800 sur un « 74 canons » des années 1780. Face à ces besoins de main d’œuvre toujours croissants, la plupart des grandes marines de guerre européennes ont déployé des trésors d’inventivité pour attirer les candidats : engagements payés rubis sur l’ongle, parts de prises sur les navires capturés, primes diverses, etc. Mais en période de guerre, les réquisitions « au nom du roi » dans les villes portuaires et les régions littorales faisaient souvent fi du volontariat. C'est le sinistre temps de la presse. 


Sous le régime de Vichy

Le ministère de la Marine décide, dès la création officielle des camps de jeunesse, de préparer un projet de structure d’accueil spécifique pour tous les jeunes marins qui résident en ZNO. 
Le premier contingent de jeunes marins, nés entre le 1er avril et le 30 septembre 1920, se présente en mars 1941 aux administrateurs des quartiers maritimes dont ils dépendent et qui leur apprennent leur destination finale, Banyuls, Narbonne-plage ou le cap Matifou aux abords d’Alger. La vie en communauté, au grand air, sous la férule d’officiers de marine, doit permettre aux novices de développer des qualités d’endurance, de solidarité et d’obéissance, forces essentielles de la Marine future.


Comment s’organise le recrutement dans la Marine ? 

- Il y a encore dix ans, 15000 jeunes apprenaient chaque année à connaître la Marine par l’intermédiaire du service national. Le recrutement de 3 500 marins par an ne posait alors aucun problème. Depuis, les armées se sont professionnalisées. Cette réserve de candidatures a disparu. Pour recruter 3.500 marins, nous faisons désormais notre choix dans un panel beaucoup plus réduit d’environ 7000 candidats. Nous retenons donc en moyenne une candidature sur deux, avec un déficit toutefois important pour certains métiers. 




Des campagnes de recrutement sont aujourd’hui nécessaires. Elles s’adressent aux jeunes de 17 ans à 29 ans, diplômés ou non, afin de leur montrer que la Marine offre des métiers intéressants, à la portée de chacun, et une vie à part, ouverte sur les océans et sur le monde. Ces campagnes ont aussi pour objectif de présenter le personnel de la Marine, de lui permettre de se reconnaître et de se montrer, en un mot de le valoriser, afin de donner envie à chacun de raconter à ses proches, parents et amis, son métier. Le bouche à oreilles est un vecteur puissant de vocation que la Marine doit retrouver et développer. - Quels sont les métiers proposés par la Marine ? - La Marine recrute chaque année plusieurs milliers de jeunes pour satisfaire ses besoins dans 50 métiers.





Sources

Extrait du Cols Bleus N°3087 - Juin 2020 - Sur le pont ! Fiers de nos marins

http://www.opex360.com/2022/05/07/hausse-des-departs-et-difficultes-dans-le-recrutement-les-effectifs-du-ministere-des-armees-ont-baisse-en-2021/

http://www.opex360.com/2019/11/01/la-marine-nationale-a-des-difficultes-pour-recruter-ce-qui-met-certaines-specialites-sous-grosse-tension/#:~:text=D%C3%A9but%202019%2C%20le%20sch%C3%A9ma%20d,Marilossian.

http://aom-france.wifeo.com/recrutement-interne-historique.php#1123

LES PÊCHEURS BRETONS DURANT LA SECONDE GUERRE MONDIALE

  Jean-Christophe Fichou


02 novembre 2022

Les Goélettes Etoile lancement Belle-Poule 8 février 1932 Fécamp 90e anniversaire

Les Goélettes Etoile Belle-Poule 8 février 1932 Fécamp

Selon le vocabulaire des termes de Marine de 1777 la goélette est décrite comme un : « petit bâtiment fort usité par les anglois, sur tout ceux d'Amérique, et dans nos colonies d'Amérique... Elles (les goélettes) portent deux mâts inclinés sur l'arrière, dont chacun porte une voile en forme de trapèze, semblable à la grande voile d'un brigantin ou d'un cutter... ».



Nouvelles diverses

LE LANCEMENT D'UN NOUVEAU NAVIRE

Fécamp, le 8 février. Aujourd'hui a eu lieu avec succès, le lancement d'une goëlette construite pour le compte de l'Etat aux Chantiers Navals de Normande. (directeurs MM. Chantelot et Lemaistre), dont la réputation n'est plus à faire.

Il était 11 h. 30 environ lorsque le nouveau navire a pris contact avec son élément. En dehors des représentants de la Chambre de Commerce, de l'Inscription maritime, des Ponts et Chaussées du Bureau Véritas, etc.. nous pouvons citer comme assistant a la cérémonie MM. le capitaine de vaisseau Wilm, commandant la marine au Havre Colin de Verdiere et Germa, ingénieurs de la Marine au Havre, ainsi que M. Grevellec ingénieur surveillant des travaux de la marine au Havre.



Le nouveau navire qui a comme nom La Belle-Poule, sera une goélette a hunier d'un déplacement de 215 tonneaux. Il sera muni d'un moteur Sulzer d'une puissance le 125 CV

Ses dimensions sont les suivantes  longueur hors tout 32 m. 34 longueur entre perpendiculaire, 25 m. 30 Longueur au fort. 7 m. 20 tirant d'eau. 3 m. 50.

La Belle-Poule sera un navire-école pour la marine militaire pouvant embarquer une trentaine d'élèves, officiers et officiers- mariniers non compris. La commande pour la marine étant de deux unîtes, le "Sister Ship » de La Belle-Poule va être mis en chantier Incessamment.





LA VOILE DANS LA MARINE FRANÇAISE

L'excellente idée d'un ministre de la Marine d'avoir voulu doter l'Ecole Navale de deux voiliers capables d embarquer chacun une demi-promotion d'élèves-officiers à l'effet d'assurer une formation maritime plus complète de nos futurs états-majors sera mise a exécution dés la rentrée prochaine d une nouvelle promotion.

La goélette la Belle-Poule, construite i Fécamp, a déjà rallié Brest sous le commandement du lieutenant de vaisseau Richard, dont la réputation d'excellent manœuvrier l'avait désigne tout particulièrement à l'attention du ministre pour prendre la barre de cette unité. Quant au second voilier. placé sous le parrainage de l'Etoile, sa construction est fort avancée aux chantiers de Normandie à Fécamp qui avaient déjà construit son frère, la Belle-Poule.

Ce sont deux bâtiments de 200 tonnes environ, construits en bois de chêne, matés et voilés comme les goélettes d'Islande immortalisées par Loti. mais munis d'un moteur à pétrole de 125 CV qui leur permettront d'atteindre une vites:e d'environ six noeuds par temps calme.





Ces bateaux ne sont pas destinés a des croisières de longue durée car il n'est pas nécessaire de doubler le cap Horn et de faire le tour du monde à l'instar de Gerbault pour donner aux jeunes Bordaches l'enseignement de la voile. Les abords de Brest. les baies de Douarnenez et d'Audierne offrent un « terrain suffisamment vaste à la conduite de tels voiliers dont la manœuvre développera le sens marin des élèves de l'Ecole Navale.

Sur un navire à vapeur ou à moteur. il est commode par un ordre bref donné aux machines de modifier instantanément l'allure du bâtiment un commandement. l'homme de barre peut faire venir un vapeur de 360 degrés d'un bord ou de l'autre, quelle que soit la direction ou la force du vent voire l'état de la mer. Un voilier, au contraire, ne peut se mouvoir que dans un secteur restreint du cercle d'horizon et, pour le manœuvrer, il faut avoir recours à un judicieux agencement de la voilure et tenir compte de la houle et du vent. Ces manœuvres appellent obligatoirement de l'habileté. du coup d'oeil, de la décision, du commandement.


Goélette L'Etoile Saint-Malo - photo JM Bergougniou
La marine française n'est d'ailleurs pas la seule à appliquer l'enseignement de la voile à ses élèves officiers. Les Italiens, par exemple, utilisent pour leurs cadets de l'académie navale de Livourne deux voiliers de 3.000 à 4.000 tonnes, le Cristofoforo-Colombo et l'Américo Vespucci. Mais alors que les deux goélettes françaises sont destinée» effectuer des sorties de courte durée. les voiliers italiens sont conçus pour accomplir de longues croisières et remplissent par le fait le rôle dévolu à notre Jeanne-d'Arc. 


Goélette L'Etoile Saint-Malo - photo JM Bergougniou

Les Allemands emploient un petit voilier à moteur de 650 tonnes, le Niobe, à l'instruction aquatique de leurs élèves officiers. La Suède possède, à cet effet, deux à trois voiliers mais sans machines auxiliaires. La République Argentine forme ses cadets sur une corvette-école d'application mâtée en trois-mâts carré et pourvue d'une machine à vapeur. Le Danemark a acheté, en 1929. deux trois-mâts barques qu'il utilise comme bâtiments-écoles. L'Espagne instruit ses "guardias marinas » sur un quatre-mâts goélette muni d'un moteur Diesel. Le Portugal a acheté, en 1924. un voilier de 2.000 tonnes dont il a fait un bâtiment-école.

Goélette L'Etoile Saint-Malo - photo JM Bergougniou


 la plupart des nations maritimes reconnaissent la nécessité de la formation maritime de leurs « midships» sur des bâtiments à voiles d'ailleurs, cette mesure prise par la marine française aura, en outre, l'avantage de donner aux jeunes gens admis à l'Ecole navale un entrainement physique précieux et indispensable à leur développement.

Louis d'ARMOR.

Sources

L'Ouest-Eclair 11 février 1932

L'Ouest-Eclair 29 juin 1932

01 novembre 2022

La Grande Hermine - La route est belle - Yawl Marseille André Baugé - 90 ans

La Grande Hermine - La route est belle - Yawl Marseille  André Baugé

La Grande-Hermine a 90 ans!



 Le lancement a lieu à Marseille le 4 juillet 1932, le bateau prend le nom de « La Route est belle » nom d'une chanson d' André BAUGÉ, chanteur et propriétaire du voilier.




Il est racheté en 1937 et prend le nom de « Ménestrel », son nouveau propriétaire formera beaucoup de marins à une époque où les écoles de voiles étaient peu nombreuses.

De nouveau vendu en fin 1958 à l'Ecole nationale de la Marine Marchande à St Malo, il est alors rebaptisé « LA GRANDE HERMINE ».  


Cols Bleus n° 823 14-12-1963
Acheté en 1963 par la Marine Nationale, affecté dans un premier temps à l'école des manoeuvriers au sein du groupe Richelieu, Il est ensuite transféré au Centre d'Instruction Naval (CIN Brest) en 1967.

Pour écouter André Baugé cliquez ci-dessous

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k13112020.r=andr%C3%A9%20baug%C3%A9?rk=42918;4


André Baugé 
Tout d'abord artiste-peintre, il expose aux Salons de la Société des artistes français en 1911 ; mais comme sa mère, la cantatrice Anna Tariol-Baugé, il se dirige vers le chant, à Grenoble en 1912 sous le nom d'André Grillaud. Mobilisé, au 2e Régiment d'Infanterie Coloniale, il est blessé à deux reprises et gazé, il a les poumons abîmés et donc des difficultés respiratoires ; cela ne l'empêche pas, convalescent, de se remettre à chanter. 

En 1917, il débute en tant que premier baryton à l'Opéra-Comique de Paris, dans le rôle de Frédéric de Lakmé.

la Grande Hermine Morlaix 2013  - Photo JM Bergougniou

André Baugé est aussi passionné de voile. Un de ses derniers bateaux, disparu pendant la Seconde Guerre mondiale, le « Alain » du nom de son jeune fils, est retrouvé en 2012 par l'archéologue sous-marin Jean-Pierre Joncheray.

La Grande Hermine photo JM Bergougniou

Saint-Malo La Grande Hermine photo JM Bergougniou

La Route est belle  est un film de 1929 
Un chanteur, pauvre, amoureux de la mondaine à qui il a rapporté un collier perdu, bafoué par son rival, trouve l'occasion de remplacer au pied levé, le ténor célèbre qui tient le premier rôle. Engagé en Amérique, il gagne des millions, mais reste simple et passionné.


Sources
Gallica BNF
Cols Bleus
Envelopmer
Le Yacht

31 octobre 2022

Dragueur côtier Laurier Toulon Ketch Maria-Pia septembre 1966

Dragueur côtier Laurier

Les dragueurs de mines AMS ou MSC60 (mine sweeper coastal ou dragueur de mines côtier) type Adjudant sont construits aux Etats-Unis dans les années 50 à plusieurs centaines d'exemplaires. A partir de 1953, la marine française commence à recevoir les premières des 36 unités qui seront transférées au titre du pacte d'assistance mutuelle.



Construits en bois pour que la signature magnétique soit aussi faible que possible, les dragueurs reprennent tous la même architecture classique :bloc passerelle sur l'avant ;
cheminée au milieu ;
pont arrière dégagé avec les apparaux de mise en œuvre des différentes dragues. Les MSC60 sont gréés pour exécuter du dragage mécanique, magnétique ou acoustique.

















Le dragueur le « Laurier » sauve le ketch « Maria-Pia »

REMORQUE par le dragueur côtier « Laurier », le ketch

« Maria-Pia » fut pris en charge à l’entrée de la passe de Toulon par le « Caille », remorqueur de la D.P. qui le conduisit jusqu’au quai Noël, dans l’arsenal, où il s’amarra. Ses quatre passagers, MM. Pierre Boursier, Yves et Yann Guégan et Pageaud étaient sains et saufs. Ainsi s’achevait, le plus heureusement du monde, une aventure de mer qui aurait pu se terminer tragiquement, sans la rapidité l’importance des secours déclenchés par la Préfecture maritime. Par une fragile passerelle de bois nous montons à bord du dragueur « Laurier ». Les jeunes matelots de son équipage portent encore, sur le visage, les traces de fatigue que leur a laissées cette longue et dramatique nuit de tempête où se joua la vie des quatre hommes armant le « Maria-Pia ». 


Dans le minuscule « carré », tendu de tissu écossais à larges carreaux rouges et noirs et qu’ornent deux épées entrecroisées et un poignard indigène, le lieutenant de vaisseau Perdriau, visage bronzé aux traits aigus, commandant le dragueur, nous dit ce que fut cette nuit, avec des phrases sobres, dépouillées de toute grandiloquence. Le récit du sauvetage « Nous étions à la mer, en exercices aux Salins d’Hyères, mercredi 31 août, quand nous fûmes touchés, vers 10 h 30, par l’alerte S.A.R. Cet appel nous enjoignait de rallier le « Maria-Pia », qui, démâté et moteur en avarie, avec quatre personnes à bord, dérivait à 60 nautiques au sud de Porquerolles, en vue d’un remorquage vers Toulon. « Son sister-ship « Iaorana » avec qui il revenait des îles Baléares, navigant de conserve, se trouvait à proximité.

Le « Laurier » poussant sa vitesse au maximum mit aussitôt le cap sur la position indiquée pendant que la Préfecture maritime faisait décoller un avion Neptune de la base de Nîmes-Garons et qu’était dérouté l’escorteur côtier « Enjoué », commandé par le capitaine de corvette Julienne, alors qu’il revenait de Mers-El-Kébir. « Le temps était alors franchement mauvais, la mer avait une force de 6 à 7 avec des creux de 6 mètres et le vent d’ouest soufflait à plus de 50 nœuds... » On connaît les diverses phases de l’aventure. Le paquebot « Kairouan » repère au gonio le mât du ketch flottant à la dérive, communique sa position au Neptune qui, finalement, repère au milieu de la mer déchaînée le « Maria-Pia » dont il fait connaître la position exacte aux deux bâtiments de guerre. « Le « Laurier », poursuit le commandant Perdriaud, aperçut le yacht à 18 h 10. 

L'escorteur côtier L'Enjoué
Mais il avait été dévancé par l’« Enjoué » qui, lui, l’avait vu à 16 heures. Le « Maria- Pia », qui n’avait cessé de dériver, était alors à 47 nautiques dans le sud du cap Sicié. A 18 h 30, nous l’approchâmes. Le prendre en remorque fut une opération délicate et rendue difficile par le mauvais état de la mer. Le dragueur roulait bord sur bord et prenait une gîte impressionnante. Elle fut, cependant, réalisée très rapidement et la remorque fut tournée à 19 h 10. D’ailleurs les skippers du « Maria- Pia » étaient en pleine forme et firent preuve de courage et d’allant, ce qui facilita notre tâche. Le ketch, d’autre part, étalait bien et il était à la cape avec le tapecul. «A 19 h 30 nous prenions la route de Toulon, escorté par le vigilant « Enjoué », son commandant, le capitaine de corvette Julienne, était d’ailleurs le chef des opérations. Le remorqueur civil « Chambon » nous rejoignit à 20 h 30. « Pendant le remorquage, le convoi navigua à 4 nœuds. Le mauvais temps nous accompagna jusqu’à 4 heures du matin, mais il n’y eut aucun incident à signaler. A 8 heures, il faisait de nouveau beau temps, le vent avait considérablement molli et la mer était relativement calme. Nous arrivâmes à la passe de Toulon à 10 heures. »

Le L.V. Perdiau, commandant le « Laurier ».

Sources
Gallica BnF
Cols Bleus n° 957 du 17-09-1966


30 octobre 2022

Z.M.O.I. 2022 Mission AGENOR Frégate Guépratte août octobre

Z.M.O.I. 2022 Mission AGENOR Frégate Guépratte août octobre 2022




La frégate Guépratte de passage dans le détroit du Bab el Mandeb (BAM) ne pouvait pas manquer de faire escale dans le port de Djibouti. Arrivée le 28 août, ce fut l’occasion pour le commandant du bâtiment et le nouveau COMFOR, le général Laurent Boïté de recevoir le général Taher, chef d’Etat-Major de la Défense ainsi que le capitaine de vaisseau Ahmed Daher Djama, chef de la Marine nationale djiboutienne.

Autour d’un déjeuner de travail, l’équipe du Guepratte a présenté les capacités de la frégate ainsi que ses principales missions comme celles de la protection du trafic maritime. Avec ces 8 missiles embarqués et son hélicoptère Panther, la Frégate Guépratte impose sa silhouette dans le port de Djibouti.

De l’océan Indien à la mer Rouge

Après huit semaines en mer, l’équipage du Guépratte a atteint ses objectifs opérationnels au profit du commandant de la zone maritime océan Indien en mer Rouge, dans le détroit de Bab El Mandeb, le golfe d’Aden et le golfe d’Oman. « Lors de son passage devant Djibouti, le Guépratte a mené de nombreuses interactions opérationnelles avec les Forces françaises stationnées à Djibouti », explique la préfecture maritime de Méditerranée dans un communique. Concrètement, elle a œuvré pour stabiliser et garantir la liberté de navigation dans la région et notamment dans les approches du détroit d’Ormuz.


L’opération de la frégate a également permis de « renforcer les liens diplomatiques et militaires avec les partenaires de la région en recevant de nombreuses autorités civiles et militaires des pays hôtes lors de ses relâches opérationnelles en Jordanie, en Arabie Saoudite, à Djibouti, en Oman et en Egypte », détaille encore la préfecture.

Sources 

29 octobre 2022

Route du Rhum Le Français 2022 Grand Voilier Ecole Le Français

Route du Rhum Le Français 2022


L’édition 2022 de la Route du Rhum – Destination Guadeloupe connaît un certain nombre de rebondissements juridiques. Après l’autorisation donnée à François Gabart de concourir en Class Ultim, c’était au tour des organisateurs de l’événement – OC Sport – de connaître le verdict d’un référé déposé devant le tribunal administratif de Rennes par la société Le Clec’h Armements Croisières. La décision était rendue le lundi 8 août.

Après neuf années de recherche de fonds pour construire le Grand Voilier École, l’association GVE envisage de démarrer son activité sur un navire existant : le Français, arrivé à Saint-Malo en 2018.

Commencer sur un voilier existant de 46 m plutôt que de s’épuiser à réunir les fonds permettant de construire une nouvelle unité de 90 m.


le Kaslelot à Saint-Malo photo JM Bergougniou

L’association Grand Voilier École a changé de stratégie pour commencer à faire naviguer ses premiers stagiaires. Elle s’est fixé l’objectif d’utiliser le Français (l’ancien Kaskelot construit en 1948 au Danemark), dès ce printemps, pour amorcer la pompe et montrer l’intérêt de la démarche à l’échelon national.



Accès à la mer privatisé ?

Les raisons du litige : l’accès à certaines zones de départ pour les navires qui transportent des passagers et qui voudraient assister au coup d’envoi de la course le 6 novembre. OC Sport requiert, pour ce passage sur l’eau, une taxe de 30 euros. Ce que contestait la société Le Clec’h Armements Croisières, représentée par Maître Frédéric Allaire. L’armateur considérait que cette demande financière constituait une atteinte à l’accès au domaine public garanti par le Code civil, et déclarait :


Route du Rhum 2014 Bureau Vallée  photo JM Bergougniou
« Les eaux marines sont des choses qui n’appartiennent à personne et dont l’usage est commun à tous et en application duquel la navigation en mer ne peut être conditionnée à un droit d’accès payant. »

Le tribunal administratif de Rennes n’a pas considéré cet argument comme suffisant. Dans sa décision, il a autorisé l’organisation à exiger ce paiement de 30 euros pour les navires. Il considère le transport de passagers comme « une activité commerciale en rapport direct avec cette manifestation sportive », et par conséquent, soumise au règlement de l’organisation et aux autorisations du préfet maritime.


https://actu.fr/bretagne/saint-malo_35288/route-du-rhum-le-tribunal-administratif-de-rennes-autorise-lacces-payant-au-depart-en-mer_53019915.html

28 octobre 2022

SNA Rubis Retrait du service actif Toulon Cherbourg octobre 2022

SNA Rubis Retrait du service actif

 Mis sur cale à Cherbourg en décembre 1976, initialement dénommé Provence, le Rubis avait été lancé en juillet 1979 et livré à la Marine en février 1983.

Il reste le plus compact des SNA construits dans le monde, avec un panel de missions qui s’est étendu depuis une refonte qui a amélioré leur efficacité. Très sollicités, ces SNA ont été des pièces maîtresses durant la guerre du Kosovo, en Afghanistan et en Libye.


Le Rubis sera le deuxième SNA à être retiré du service actif, après le Saphir. Cette classe de sous-marin est progressivement remplacée par la classe Suffren.

Il entrera d’abord dans une phase de démantèlement, qui se concrétisera par la découpe de la tranche réacteur.

Dans le Cotentin, le programme de déconstruction des sous-marins lanceur d’engins de première génération avance. Notifié en 2016 par la Direction générale de l’armement (DGA), le programme de déconstruction des cinq coques, d’un montant global d’environ 120 millions d’euros, est entré dans une phase concrète en fin 2018.



Le démantèlement est une opération sensible au point de vue de la sécurité nucléaire, techniquement délicate à réaliser, mais maîtrisée, notamment sur les plans de la radioprotection et du traitement des déchets. En revanche, la gestion de la coque libérée de son installation nucléaire après contrôle n'entraîne plus de contraintes particulières sur le plan de la sécurité nucléaire. Le sous-marin amputé de sa tranche réacteur est remis à l'eau et remorqué vers un quai en attente de déconstruction. Toutes ces opérations de démantèlement ont lieu dans les sites DGA du port militaire de Cherbourg.

La mise à l'arrêt définitif

Cette opération d'une durée de quelques mois consiste principalement à décharger le coeur du réacteur nucléaire et à débarquer les différentes énergies. Les éléments combustibles irradiés constituant le coeur sont entreposés dans la piscine de l'atelier réacteur du Homet en attendant leur reprise par le Commissariat à l'énergie atomique (CEA) pour stockage et/ou retraitement. Le sous-marin est alors mis en sécurité pour éviter tout risque de naufrage du navire et de pollution.

Le démantèlement de niveau I

Des matériels de la tranche réacteur sont débarqués, des installations de surveillance supplémentaires sont mises en place.

Le démantèlement de niveau II

La partie confinée est réduite au minimum, l'étanchéité et la protection biologique sont renforcées. Une décontamination poussée est opérée, tous les fluides sont vidangés et le circuit primaire réduit aux grandes capacités est asséché. Les traversées de cloison sont soudées par des tapes métalliques et l'étanchéité du compartiment est vérifiée. Cette opération dure de dix à douze mois suivant l'état radiologique du sous-marin. Cette phase se termine sur le dispositif de mise en eau par la découpe de la tranche réacteur alors parfaitement confinée.

 plus de liaison avec lereste du sous-marin, la tranche réacteur peut être découpée sur le dispositif de mise en eau. Le navire est remonté au niveau du sol. L'opération d'une durée de trois mois consiste à séparer cette tranche de 700 tonnes du reste du navire. La tranche sera transportée sur plate-forme vers son lieu d'entreposage.

L'avant et l'arrière du sous-marin sont alors repositionnés grâce au système de marcheurs puis joints par soudage, l'ensemble est remis à l'eau et la coque entreposée le long d'un quai.
Merci à Claude Bélec

Sources

La Presse de la Manche

DGA


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 Passage maritime de Toulon à Alger 1839 Cerbere  La conquête de l'Algérie débute par le débarquement de l'armée d'Afrique à Sid...