13 mai 2021

Un 13 mai 1958 à Alger

Un 13 mai 1958 à Alger 

Le 13 mai 1958, les Algérois d'origine européenne en appellent au général de Gaulle pour maintenir la souveraineté de la France sur l'Algérie. L'insurrection va avoir raison de la IVe République... et inutilement prolonger la guerre d'Algérie en mettant fin aux espoirs nés quelques mois plus tôt.



A la suite d’un ordre de grève lancé pour le 13 mai 1958, une foule nombreuse se masse au pied du monument aux morts d’Alger, au lieu-dit du plateau des Glières. 


Composée en majorité d’Européens, elle attend de marcher sur le gouvernement général d’Alger en brandissant des banderoles aux couleurs tricolores. 

Pierre Lagaillarde, leader du mouvement étudiant d’Alger, juché sur la première plate-forme du monument aux morts, a revêtu pour l’occasion sa tenue de parachutiste. Il s’apprête à conduire la manifestation. 



Après un dépôt de gerbe, les manifestants suivent la musique militaire qui ouvre la marche. Les voitures officielles de l’état-major tentent de se frayer un chemin dans la foule avec l’aide de la police militaire. Les manifestants arrivent devant le palais du gouvernement général et veulent pénétrer dans l’enceinte officielle. Les forces de l’ordre se tiennent prêtes à les repousser. 

Le colonel Ducournau, monté sur la grille du palais, tente de leur parler. Sur le « Forum », des jets de pierres répondent aux grenades lacrymogènes. La foule parvient à envahir le gouvernement général. Les vitres sont brisées, les portes forcées par des « béliers » de fortune et les documents administratifs sont jetés par les fenêtres. 

Pour ramener le calme, les généraux Salan et Massu, ainsi que le colonel Thomazo, dit « Nez de cuir », apparaissent au balcon. 

 Massu, acclamé annonce la constitution du premier Comité de salut public.


Le général Jacques Massu en prend la présidence. Il envoie à Paris un télégramme : « ... exigeons création à Paris d'un gouvernement de salut public, seul capable de conserver l'Algérie partie intégrante de la métropole ». Les députés, qui n'apprécient pas cette intrusion, investissent comme prévu Pierre Pflimlin. C'est la rupture avec Alger.

En attendant la prise de fonctions du nouveau Président du Conseil, Félix Gaillard confie les pleins pouvoirs civils et militaires en Algérie au général Raoul Salan, qui commande l'armée sur place.

Le 14 mai, à 5 heures du matin, Massu lance un nouvel appel : « Le comité de salut public supplie le général de Gaulle de bien vouloir rompre le silence en vue de la constitution d'un gouvernement de salut public qui seul peut sauver l'Algérie de l'abandon ».

Le lendemain, 15 mai 1958, le général Raoul Salan prononce une allocution devant le comité de salut public, à l'intérieur du Gouvernement général d'Alger : « Vive la France, vive l'Algérie française, vive le général de Gaulle ! »

Alger le Gouvernement général
Puis il se rend sur le balcon et s'adresse à la foule rassemblée sur le Forum : « Nous gagnerons parce que nous l'avons mérité et que là est la voie sacrée pour la grandeur de la France. Mes amis, je crie : « Vive la France ! Vive l'Algérie française ! »... Il se retourne vers l'intérieur mais se heurte à la haute silhouette du gaulliste Léon Delbecque qui lui souffle : « Vive de Gaulle, mon général ! » Revenant vers le micro, Salan reprend la phrase : « Vive de Gaulle ! »

Les dés sont jetés avec cet appel public au Général, éjecté de l'activité politique en 1947 mais toujours très désireux de donner à la France des institutions plus stables que la IVe République.



De sa retraite de Colombey-les-deux-Églises, de Gaulle fait répondre le jour même qu'il se tient prêt à « assumer les pouvoirs de la République ».

Le 19 mai, il donne une conférence de presse pour dire qu'il refuse de recevoir le pouvoir des factieux d'Alger. Aux journalistes qui s'inquiètent de l'éventualité d'une dictature, il lance : « Croit-on qu'à 67 ans, je vais commencer une carrière de dictateur ? ».


Pour dénouer la situation, René Coty, le président de la République, se résout le 1er juin, dans un message au Parlement, à en appeler au « plus illustre des Français... Celui qui, aux heures les plus sombres de notre histoire, fut notre chef pour la reconquête de la liberté et qui, ayant réalisé autour de lui l'unanimité nationale, refusa la dictature pour établir la République ».

Le général forme sans attendre un gouvernement de rassemblement avec Guy Mollet, chef de la SFIO (parti socialiste), Antoine Pinay (Centre National des Indépendants, droite), Pierre Pflimlin, MRP (chrétien démocrate), Michel Debré (gaulliste)...

Investi de la présidence du Conseil, le général Charles de Gaulle s'attelle à la mise sur pied d'une nouvelle Constitution. Elle est approuvée par référendum le 28 septembre 1958 avec 79,2% de Oui et toujours en vigueur.


Le 21 décembre 1958, Charles de Gaulle est  élu président de la République et de la Communauté française par un collège électoral. Succédant à René Coty, il devient le premier président élu de la Ve République.


https://envelopmer.blogspot.com/2014/02/la-marine-en-algerie-alger-le-vieil.html



12 mai 2021

BSAOM CHAMPLAIN Iles Eparses TAAF Juan de Nova 6 avril 2021 Québec Brouage

BSAOM CHAMPLAIN Iles Eparses TAAF Juan de Nova 6 avril 2021

Le BSAOM Champlain a fait une tournée Eparses et a touché Juan de Nova le 6 avril 2021.
L'occasion de parler de Samuel de Champlain et du phosphate de Juan de Nova

Cachet humide Champlain - service à la mer -
situation de Juan de Nova - TàD Juan de Nova 6-4-2021


Une devise tirée du Livre des psaumes Psaume 72
« Qu’il domine d'une mer à l’autre mer, Depuis le fleuve jusqu’aux extrémités de la terre. »

A mari usque ad mare est la devise nationale du Canada, qui provient du huitième verset du psaume 72 du livre des Psaumes de la Bible. Elle signifie De la mer jusqu’à la mer et est à comprendre 
D’un océan à l’autre (l’océan Atlantique et l’océan Pacifique)
Elle a été choisie par le pasteur presbytérien George Monro Grant, secrétaire de Sanford Fleming à l’époque de la Confédération canadienne.
Quelques éléments sur Samuel de Champlain et le Québec

Brouage - Samuel de Champlain et ses explorations  - photo JM Bergougniou





Brouage - église St-Pierre-St Paul détail vitrail 
Samuel de Champlain - photo JM Bergougniou
Samuel de Champlain, vraisemblablement né à Brouage entre 1567 et 1574 (peut-être baptisé le  à La Rochelle au Temple Saint-Yon) et mort à Québec (Nouvelle-France), est un colonisateur, navigateur, cartographe, soldat, explorateur, géographe, commandant et auteur de récits de voyage français. Il fonde la ville de Québec.







Québec - monument à Samuel de Champlain
photo JM bergougniou
Samuel de Champlain meurt à Québec le 25 décembre 1635, durant la nuit de Noël, à l’âge de 55 ou 56 ans, après avoir reçu les derniers sacrements des mains du père Charles Lalemant, son ami, confident et confesseur, qui l’avait accompagné tout au long de sa courte maladie. C’est également le père Lalemant qui célèbre la messe de funérailles à la chapelle de Notre-Dame-de-la-Recouvrance, tandis que le père Paul Le Jeune prononce l’oraison funèbre, insistant sur les qualités personnelles du défunt et ses immenses mérites envers la Nouvelle-France. Champlain laissait un héritage fabuleux comme explorateur, colonisateur, diplomate, chroniqueur ou entrepreneur
.


Québec - monument à Samuel de Champlain
photo JM bergougniou


« J’y suis arrivé le 3 juillet », écrit-il en 1608. « J’ai cherché un endroit convenable pour notre établissement, mais rien n’était plus commode ni mieux situé que la pointe de Québec ». Samuel de Champlain y plante le fleur de lys, et ainsi voit le jour non seulement Québec, mais aussi le Canada.

Samuel de Champlain ordonne l’abattage de noyers cendrés à ses hommes. Creusant des fosses de sciage, ceux-ci taillent les rondins en planches. L’« habitation » qui découle de leur assemblage est une ambitieuse structure de trois étages, à la manière d’une Bastille miniature. Comportant une galerie sur tout son pourtour, elle est également dotée d’un pigeonnier que seuls les nobles sont alors autorisés à installer en France. La structure tout entière est encerclée de douves et d’un pont-levis menant à l’entrée principale. Les matériaux sont pour la plupart préparés sur place, à l’exception notable des belles fenêtres vitrées, importées de France.


 Après une formation de navigateur en Saintonge (vers 1586-1594), il se fait soldat en Bretagne (1595-1598), puis explorateur des colonies espagnoles d'Amérique (1599-1601), du fleuve Saint-Laurent (1603) ainsi que de l'Acadie (1604-1607) et de la côte atlantique (entre l'actuel Nouveau-Brunswick et Cap Cod).

Brouage - église St-Pierre-St Paul détail vitrail 
Champlain/Maisonneuve - photo JM Bergougniou



 Il nomme définitivement la Nouvelle-France en l'inscrivant sur une carte de 1607, représentant l'Acadie à partir de La Hève jusqu'au sud du Cap Cod. Champlain enracine la première colonie française permanente, à Port Royal d’abord, puis à Québec ensuite. À cette fin, il bénéficie du soutien du roi de France Henri IV, de Pierre Dugua de Mons, de François Gravé et du chef montagnais Anadabijou.


N'appartenant pas à la noblesse, Champlain agit en tant que subalterne d'un noble désigné par le roi. Il est ainsi « lieutenant du vice-roi de la Nouvelle-France » puis à partir de 1629 « commandant en la Nouvelle-France » en l’absence du cardinal de Richelieu. Administrateur local de la ville de Québec jusqu'à sa mort, il ne reçoit jamais le titre officiel de gouverneur de la Nouvelle-France, même s'il en exerce les fonctions.



En 1603, ne possédant aucun titre officiel, Samuel de Champlain se rend au Canada pour la première fois, remontant le fleuve Saint-Laurent lors d’un voyage en compagnie de François Gravé du Pont. 

De retour en France, il en publie le récit, intitulé Des Sauvages, ou, Voyage de Samuel Champlain. Il s’agit de la première description détaillée du Saint-Laurent depuis les explorations de Jacques Cartier. Dans les décennies suivant le passage de ce dernier, les Algonquins se sont établis dans la région autrefois occupée par les Iroquois. À Tadoussac et ailleurs dans la vallée laurentienne, les Français côtoient alors surtout les Montagnais, les Algonquins, les Malécites et les Mi’kmaq.

En 1604, Samuel de Champlain se rend en Acadie en compagnie de Pierre Dugua de Mons, qui projette d’y établir une colonie française. Il ne détient aucun poste de commande ni dans les colonies acadiennes à Sainte-Croix ni à Port-Royal (de nos jours Annapolis Royal, en Nouvelle-Écosse). En qualité de cartographe, il est chargé d’explorer la côte en vue de trouver un emplacement de colonisation idéal. Il doit du même coup agir comme diplomate auprès des peuples autochtones que Pierre Dugua de Mons veut mieux connaître.

https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/samuel-de-champlain


Madagascar et lies de l'Océan Indien, Paris igo3, p. 361. 

 Bulletin économique de Madagascar, Tananarive, t. Il, 1902, p. 385.


11 mai 2021

TROMELIN TAAF Iles Eparses 13-3-2021 Marion Dufresne

TROMELIN TAAF Iles Eparses 13-3-2021


Le Marion Dufresne quitte le 11 mars son port d’attache de La Réunion pour faire route vers l’île Tromelin. Il mettra ensuite le cap au sud pour rejoindre le district de Saint-Paul et Amsterdam, avant de poursuivre vers les archipels Crozet et Kerguelen, territoires administrés par les Terres australes et antarctiques françaises (TAAF).


Située dans l’Océan Indien au nord ouest de la Réunion et de Maurice, à 560 kilomètres des côtes de la Réunion et 450 kilomètres de celles de Madagascar, l’île de Tromelin dont les dimensions n’excèdent pas 1,5 km de longueur sur 0,7 km de largeur et dont l’altitude maximum est de 7 mètres, habitée seulement par des missions scientifiques ou météorologiques, dépourvue d’eau potable et balayée par des alizés qui rendent toute culture impossible, ne peut être abordée que dans des conditions particulièrement difficiles. L’île comme la vaste zone économique exclusive (ZEE) qui l’entoure fait l’objet d’un contentieux de souveraineté entre la France, qui l’occupe effectivement et assure le contrôle de la ZEE, et Maurice, qui la revendique et délivre des licences de pêche pour sa propre ZEE incluant celle, mitoyenne, de Tromelin, ce qui occasionne épisodiquement des tensions entre les deux pays.


La France décide en 1950 d’implanter des stations météorologiques sur ces îles placées stratégiquement sur la trajectoire des cyclones tropicaux du sud-ouest de l’océan Indien.
Sur Europa, l’installation humaine est difficile en raison de l’absence d’eau douce et c’est en 1949 avec la construction d’une station météorologique qu’une présence permanente s’établie. En 1981, une nouvelle station météorologique est construite.
Sur Juan de Nova, une première station météorologique est construite en 1955, remplacée en 1973 par une nouvelle station.
En 1955, une station météorologique est installée au nord de Grande Glorieuse, puis déplacée en 1965, au sud de l’île.
Sur Tromelin, une station météorologique et du personnel sont déployés en 1954 jusqu’en 2011.
Si entre 1949-1955, l’installation de stations météorologiques a entraîné la présence continue de personnels de Météo France (techniciens météorologistes), l’automatisation des stations depuis 1993 (Tromelin) et 1994 (Europa, Juan de Nova et Glorieuses) a entrainé un départ progressif des agents Météo France, les derniers ayant quitté Tromelin en 2011.


 

La partie terrestre de l’îlot ne présente pas véritablement d’intérêt économique. Elle abrite une station météorologique automatisée. Bien que ne représentant qu’un kilomètre carré, cet îlot accueille une forte population de tortues vertes qui viennent se reproduire chaque année et abrite deux populations d’oiseaux marins, les fous à pieds rouges et les fous masqués, protégés par le droit français et classés par certaines conventions internationales. Ces animaux font l’objet d’études spécifiques menées par des laboratoires de recherche réunionnais.

 


Sur le timbre dessiné par Patrick Derible, on y voit le drapeau Français placé au centre, que renforce le mot France en haut à gauche pour bien réaffirmer la souveraineté de la France sur cette ile.

Sources
BNF Gallica
Cartes Tromelin  [Division 7 du portefeuille 222 du Service hydrographique de la marine consacrée à l'île Tromelin et à l'archipel d'Agalega] ; 1/1 D

10 mai 2021

Paul Charles Léonard Alexander Rang dit Sander Rang Mayotte Alger La Méduse Louise Rang

Paul Charles Léonard Alexander Rang dit Sander Rang

Paul Charles Leonard Alexander Rang des Adrets (1793, Utrecht -1844, Mayotte) est Marin et naturaliste français (conchiologue étude des coquilles de mollusques). Il est aussi connu pour être interprète de textes arabes.  Connu aussi sous le patronyme 
de Sander Rang, ce prénom Sander vient de ce qu'Alexandre se prononce Alessander en hollandais d'où Sander prononcé "Sanderre"


Sander Rang est né dans une famille de la bourgeoisie protestante du Vivarais. Son grand-père était Alexandre Rang des Adrets (1722-1792), pasteur de Crest, dans la Drôme. Son père, Jean-Alexandre Rang des Adrets (1757-1824) également pasteur, s'exile à Utrecht.


Il est, en 1816, l'un des survivants du naufrage de la frégate La Méduse, sur laquelle il était enseigne de vaisseau. La Méduse transportait du personnel vers les comptoirs du Sénégal fraîchement récupérés quand elle s'échoua sur le banc d'Arguin. Embarqué sur un des canots et non sur le radeau, son récit a été publié en 1946.

Il épouse Perrine Esther Agathe Louise Cassen-Vaucorbeil (26 août 1805, Saint-Malo - 9 juin 1884, La Rochelle) à l'Île-de-France (Maurice) en 1827.  
Louise Rang-Babut est une élève de Delacroix avec qui elle correspond régulièrement.
 Le 4 octobre 1829, il quitte le port naval de Toulon aux commandes du brick naval La Champenoise s'embarque d'abord pour Almeria, puis Gorée et la côte sénégalaise puis l'île Principe puis pour le Brésil.
Les activités maritimes de Rang lui laissaient suffisamment de temps pour "ramasser des mollusques".
 Promu au grade de capitaine de corvette, il quitte La Rochelle et devient capitaine du port d'Alger en 1834. 
La résidence du gouverneur - Dzoudzi - Mayotte - Photo JM Bergougniou
Il est nommé administrateur (commandant supérieur) de Mayotte en 1842. Il meurt d'une fièvre. Sa femme va épouser un banquier de La Rochelle, Théophile Babut un an plus tard.

Alger Projet Rang
En 1834, promu capitaine de corvette, il est nommé capitaine du port d'Alger,
Il en sera le concepteur et le directeur, historien et traducteur de grands textes arabes.
Louise l’accompagne. En 1838, ils sont de retour à La Rochelle mais Sander est envoyé à Nossi-Bé. Louise Rang, qui doit affronter une longue séparation, se fixe définitivement à La Rochelle. Depuis 1831, elle expose au Salon de Paris.

C'est à La Rochelle qu'il publie ses premières observations zoologiques, notamment dans les bulletins de la Société des Sciences Naturelles de Charente-Maritimes. 

En 1841, Rang est l'un des membres fondateurs de la Société des Amis des Arts devenu musée des Beaux-Arts de La Rochelle, il s'est spécialisé dans la faune marine notamment chez les lièvres de mer, les céphalopodes et autres mollusques et sur le groupe hétérogène dit zoophytes.

La résidence du gouverneur - Dzoudzi - Mayotte - Photo JM Bergougniou

Sander Rang a décrit de nombreuses nouvelles espèces de mollusques, notamment les lièvres de mer Aplysia dactylomela, Dolabrifera dolabrifera, la seiche Sepia hierredda et les escargots terrestres Striosubulina striatella, Pleurodonte desidens et Opeas hannense.

Sa mort à Mayotte

Tombe de Paul Sander Rang
Cimetière chrétien de Pamandzi Mayotte 
photo JM Bergougniou

Nous avons annoncé dans notre numéro du 2 décembre la mort de M. Rang, gouverneur de Mayotte. Nous empruntons 
une « lettre écrite au National par M. Desrivières, docteur médecin, ami intime de M. Rang, le passage suivant relatif anx travaux de cet honorable officier : M. Rang, dit M. Desrivières, a dû sa position uniquement à son travail et à son dévouement. 

Tombe de Paul Sander Rang
Cimetière chrétien de Pamandzi Mayotte 
photo JM Bergougniou


C’était un naturaliste fort distingué, que l’illustre Cuvier affectionnait particulièrement. Nous lui devons un manuel de conchliologie, devenu presque classique, une magnifique collection de coquilles dont il a doté le Jardin-des- Plantes; l’histoire eu deux volumes de la fondation de la régence d’Alger, des tableaux analytiques de la domination de tous les deys, et les éléments d’une histoire générale de la régence, pour laquelle il avait ramassé à ses frais les documents les plus précieux et les plus complets. Nous lui devons, en outre, un projet du port d'Alger, attribué à tort à M. Raffeneau, de Lille, qui n’a fait que l’adopter; le projet de port pour Bastia, et quelques travaux de fondation à Mayotte. Sa carrière comme officier de marine, a été remplie de bons et loyaux services. Il est mort à cinquante ans, à son poste, simple capitaine de corvette, ne laissant à son fils que le souvenir de travaux dont il eut pu recueillir plus de bénéfices.

 Louise

Née Cassen-Vaucorbeil, à Saint-Malo, en 1805, Louise est une enfant très douée pour le dessin. Adulte, elle réalise surtout des portraits. À Paris, où elle fréquente le Louvre, elle fait la connaissance de Delacroix chez le lithographe Langlumé, où elle prend des leçons d’aquarelle. Elle sollicite auprès du maître la faveur de suivre ses cours. On ne pense pas qu’elle ait été, à proprement parler, l’élève de Delacroix, mais elle a reçu ses conseils. Ils étaient amis, entretenaient une correspondance et Delacroix sera le parrain d’un de ses enfants.

Un an après la mort de Sander des fièvres de Mayotte, elle épouse en 1845 Théophile Babut, un banquier de La Rochelle, qui lui offre, outre son atelier, une stabilité apaisante en contraste avec les angoisses de sa vie précédente de femme de marin. D'où le nom sous lequel elle est la plus connue, celui de ses deux maris : Louise Rang-Babut, la «portraitiste officielle de La Rochelle» pendant près de quarante ans. 

Louise Rang-Babut - Episode de l'expédition de Morée 1837
Autour de Louise et de Sander, les mondes apparemment lointains des cercles de la Marine, des cénacles du Muséum et des ateliers des grands maîtres se rejoignent et souvent se mêlent, de même que leur écho local où rien de ce qui est rochelais ne leur est étranger, ni la passion naturaliste et maritime de la ville, ni ses penchants culturels, ni bien sûr ses liens mondains qui se verront encore accentués lorsque Louise installera son atelier à La Rochelle. 
portrait de femme - Louis Rang-Babut
À travers les rencontres et les amitiés de Louise et de Sander, toute la haute société de la Restauration et plus encore de la monarchie de Juillet se conjuguent en un brassage étonnant. Là réside un des intérêts essentiels de cette double biographie : elle résonne comme une projection de La Rochelle vers le « grand monde », celui des aventures maritimes réuni à celui de la « Société des artistes français ».

Sources

BNF Gallica

L'Algérie : courrier d'Afrique, d'Orient et de la Méditerranée / rédacteur en chef : Fouqueau de Pussy 12-12-1844

08 mai 2021

Guichen procès Brest Charles Tillon

Charles Tillon Croiseur Guichen procès Brest

Charles Tillon naît à Rennes où son père est syndiqué des tramways à vapeur d'Ille-et-Vilaine puis courtier à domicile après son licenciement pour activités syndicales. 

Il est élevé par sa grand-mère paternelle jusqu'à l’âge de l'école primaire, à Saint-Grégoire. Il est ensuite repris par ses parents. 

Sa mère tient un café au bas de la place des Lices à Rennes, où il est élève à l'école primaire de la rue d'Échange puis de l'École d'Industrie du boulevard Laënnec. Il se plaisait à dire qu'il devait tout à la formation reçue dans ces deux écoles.


Ajusteur à l'arsenal de Brest avant la Première Guerre mondiale, il s'engage dans la marine en 1916 et embarque comme matelot mécanicien sur le croiseur Guichen. 


En février 1919, le croiseur est mouillé en rade d'Itéa, loin des « mutineries de la mer Noire », où est impliqué un autre futur cadre du PCF, André Marty. La guerre étant finie, l'équipage pense être démobilisé rapidement, mais le navire est utilisé pour des transports de troupes. Le 25 mai, pour des raisons liées à la dureté du commandant du Guichen, le capitaine de frégate René Ernest Sémichon, alors que le croiseur est de retour à Itéa après avoir transporté des tirailleurs sénégalais depuis Tarente, il fait partie des meneurs qui se rebellent et entraînent avec eux l'équipage qui refuse d'obéir à ses officiers. La mutinerie est rapidement matée.




Le 26 juin 1919, à Itéa, après avoir débarqué un contingent de Sénégalais, l'équipage du "Guichen", à très forte majorité, signe une pétition exigeant le retour à Brest. Bien entendu, le commandant refuse de tenir compte des "réclamations collectives". Grève de l'équipage. Intervention surprise de "péniches chargées de tirailleurs noirs" qui matent la mutinerie. Vingt-cinq arrestations, dont celle de Tillon, l'un des "meneurs".


La mutinerie du "Guichen" Brest, 3 novembre,. Vingt-cinq matelots du croiseur Guichen comparaissent aujourd'hui devant le conseil de guerre maritime, sous l'inculpation de révolte sans armes, il bord du croiseur Guichen. Ce croiseur se trouvait en juin 1919 à Itea, en Grèce. Son retour en France ayant été différé, fut la cause de la mutinerie. On prévoit que les débats dureront trois jours.


BREST, 3 novembre. De notre correspondant particulier. Les événements qui survinrent. en rade d'Itéa, à bord du Guichen, le 26 juin dernier, sont évoqués, aujourd'hui, devant le Conseil de guerre maritime. Ils ont conduit, au banc des inculpés, 26 des hommes de l'équipage.

On prévoit que le procès durera trois jours. Tous les inculpés ont été mis en jugement sous prévention jugée suffisamment établie par l'information de révolte sans armes pour :

Le 26 juin 1919, dans l'après-midi, à bord du croiseur Guichen, et en rade d'Itéa, s'être concertés pour refuser, collectivement et avec violence, de se rendre à leur poste après en avoir été sommés individuellement avoir voulu s'opposer à l'arrivée à bord de la garde armée et menacé les hommes du remorqueur, tout cela, en ce qui concerne 20 d'entre eux, et pour ce qui à trait à Fragne, n'avoir cessé de pactiser avec eux dans les mêmes circonstances de temps et de lieu.


A l'exception de Fragne, tous les prévenus ont reconnu ne pas s'être rendus à leur poste de travail après en avoir reçu l'ordre individuellement.

Les interrogatoires terminés, M. le capitaine de vaisseau Cussec fait introduire M. le Capitaine de frégate Semichon, commandant du Guichen,

Commencée à 15 heures, sa déposition se prolonge jusque vers 18 heures.

C'est un exposé très complet des incident du 26 juin et des événements des jours précédents et de ceux survenus les jours suivants que le commandant va entreprendra. Le Capitaine de frégate croit que la révolte était prévue.

On ne saurait passer sous silence la très sincère émotion qui s'empara du Commandant Semichon au moment où il rappela que, dans un geste de repentir profond, tout son équipage, en rade d'Itea avait, de si grand coeur poussé le cri de vive la France le 13 juillet dernier.

Demain mardi, à 8 heures 30, les débats reprendront. On entendra les témoins. Ce soir, la séance a pris fin à 19
 heures.

Les prisonniers sont ensuite transférés à Brest, jugés, et pour certains, dont Tillon, condamnés au bagne militaire, d'abord dans une carrière de Vendée (Monsireigne), 

puis au Maroc (Dar Bel Hamri). Là, "on comptait un mort par jour dans le secteur", et Tillon manque d'"y laisser sa peau". Il est sauvé "in extremis", par la campagne pour l'amnistie menée principalement par le parti communiste


LA MUTINERIE DU "GUICHEN"


Le 1er conseil de guerre du 2e arrondissement maritime a rendu un verdict dans l'affaire des mutineries du Guichen. Il a prononcé les condamnations suivantes


Hidé, Mottut et Robinet, chacun 8 ans de travaux publics; Douvrin. 7 ans de travaux publics; Tillon et Tichon, chacun 5 ans de travaux publics; Adam et Fragne, chacun 5 ans de prison; Pollet, 4 ans de prison. Jourdain et Daumarie, chacun 3 ans de prison; Bellencontre 2 ans de prison; Boniface, Louis, Raimbaux et Prats, chacun 1 an de prison; Delacourte, Vatan et Vergé, chacun 8 mois de prison.
Boniface et Raimbaux ont bénéficié de sursis-, Baud, Briand, Carré, Cometa, Sollier et Thibon ont été acquittés.

Sources 

BNF-Gallica

L'Ouest-Eclair novembre 1919

Passage de Toulon à Alger 1839 sur un navire de la Marine Royale Cerbere

 Passage maritime de Toulon à Alger 1839 Cerbere  La conquête de l'Algérie débute par le débarquement de l'armée d'Afrique à Sid...