Charles Tillon Croiseur Guichen procès Brest
Charles Tillon naît à Rennes où son père est syndiqué des tramways à vapeur d'Ille-et-Vilaine puis courtier à domicile après son licenciement pour activités syndicales.Il est élevé par sa grand-mère paternelle jusqu'à l’âge de l'école primaire, à Saint-Grégoire. Il est ensuite repris par ses parents.
Sa mère tient un café au bas de la place des Lices à Rennes, où il est élève à l'école primaire de la rue d'Échange puis de l'École d'Industrie du boulevard Laënnec. Il se plaisait à dire qu'il devait tout à la formation reçue dans ces deux écoles.
Ajusteur à l'arsenal de Brest avant la Première Guerre mondiale, il s'engage dans la marine en 1916 et embarque comme matelot mécanicien sur le croiseur Guichen.
En février 1919, le croiseur est mouillé en rade d'Itéa, loin des « mutineries de la mer Noire », où est impliqué un autre futur cadre du PCF, André Marty. La guerre étant finie, l'équipage pense être démobilisé rapidement, mais le navire est utilisé pour des transports de troupes. Le 25 mai, pour des raisons liées à la dureté du commandant du Guichen, le capitaine de frégate René Ernest Sémichon, alors que le croiseur est de retour à Itéa après avoir transporté des tirailleurs sénégalais depuis Tarente, il fait partie des meneurs qui se rebellent et entraînent avec eux l'équipage qui refuse d'obéir à ses officiers. La mutinerie est rapidement matée.
Le 26 juin 1919, à Itéa, après avoir débarqué un contingent de Sénégalais, l'équipage du "Guichen", à très forte majorité, signe une pétition exigeant le retour à Brest. Bien entendu, le commandant refuse de tenir compte des "réclamations collectives". Grève de l'équipage. Intervention surprise de "péniches chargées de tirailleurs noirs" qui matent la mutinerie. Vingt-cinq arrestations, dont celle de Tillon, l'un des "meneurs".
La mutinerie du "Guichen" Brest, 3 novembre,. Vingt-cinq matelots du croiseur Guichen comparaissent aujourd'hui devant le conseil de guerre maritime, sous l'inculpation de révolte sans armes, il bord du croiseur Guichen. Ce croiseur se trouvait en juin 1919 à Itea, en Grèce. Son retour en France ayant été différé, fut la cause de la mutinerie. On prévoit que les débats dureront trois jours.
BREST, 3 novembre. De notre correspondant particulier. Les événements qui survinrent. en rade d'Itéa, à bord du Guichen, le 26 juin dernier, sont évoqués, aujourd'hui, devant le Conseil de guerre maritime. Ils ont conduit, au banc des inculpés, 26 des hommes de l'équipage.
On prévoit que le procès durera trois jours. Tous les inculpés ont été mis en jugement sous prévention jugée suffisamment établie par l'information de révolte sans armes pour :
Le 26 juin 1919, dans l'après-midi, à bord du croiseur Guichen, et en rade d'Itéa, s'être concertés pour refuser, collectivement et avec violence, de se rendre à leur poste après en avoir été sommés individuellement avoir voulu s'opposer à l'arrivée à bord de la garde armée et menacé les hommes du remorqueur, tout cela, en ce qui concerne 20 d'entre eux, et pour ce qui à trait à Fragne, n'avoir cessé de pactiser avec eux dans les mêmes circonstances de temps et de lieu.
A l'exception de Fragne, tous les prévenus ont reconnu ne pas s'être rendus à leur poste de travail après en avoir reçu l'ordre individuellement.
Les interrogatoires terminés, M. le capitaine de vaisseau Cussec fait introduire M. le Capitaine de frégate Semichon, commandant du Guichen,
Commencée à 15 heures, sa déposition se prolonge jusque vers 18 heures.
C'est un exposé très complet des incident du 26 juin et des événements des jours précédents et de ceux survenus les jours suivants que le commandant va entreprendra. Le Capitaine de frégate croit que la révolte était prévue.
On ne saurait passer sous silence la très sincère émotion qui s'empara du Commandant Semichon au moment où il rappela que, dans un geste de repentir profond, tout son équipage, en rade d'Itea avait, de si grand coeur poussé le cri de vive la France le 13 juillet dernier.
Demain mardi, à 8 heures 30, les débats reprendront. On entendra les témoins. Ce soir, la séance a pris fin à 19 heures.
On prévoit que le procès durera trois jours. Tous les inculpés ont été mis en jugement sous prévention jugée suffisamment établie par l'information de révolte sans armes pour :
Le 26 juin 1919, dans l'après-midi, à bord du croiseur Guichen, et en rade d'Itéa, s'être concertés pour refuser, collectivement et avec violence, de se rendre à leur poste après en avoir été sommés individuellement avoir voulu s'opposer à l'arrivée à bord de la garde armée et menacé les hommes du remorqueur, tout cela, en ce qui concerne 20 d'entre eux, et pour ce qui à trait à Fragne, n'avoir cessé de pactiser avec eux dans les mêmes circonstances de temps et de lieu.
A l'exception de Fragne, tous les prévenus ont reconnu ne pas s'être rendus à leur poste de travail après en avoir reçu l'ordre individuellement.
Les interrogatoires terminés, M. le capitaine de vaisseau Cussec fait introduire M. le Capitaine de frégate Semichon, commandant du Guichen,
Commencée à 15 heures, sa déposition se prolonge jusque vers 18 heures.
C'est un exposé très complet des incident du 26 juin et des événements des jours précédents et de ceux survenus les jours suivants que le commandant va entreprendra. Le Capitaine de frégate croit que la révolte était prévue.
On ne saurait passer sous silence la très sincère émotion qui s'empara du Commandant Semichon au moment où il rappela que, dans un geste de repentir profond, tout son équipage, en rade d'Itea avait, de si grand coeur poussé le cri de vive la France le 13 juillet dernier.
Demain mardi, à 8 heures 30, les débats reprendront. On entendra les témoins. Ce soir, la séance a pris fin à 19 heures.
Les prisonniers sont ensuite transférés à Brest, jugés, et pour certains, dont Tillon, condamnés au bagne militaire, d'abord dans une carrière de Vendée (Monsireigne),
puis au Maroc (Dar Bel Hamri). Là, "on comptait un mort par jour dans le secteur", et Tillon manque d'"y laisser sa peau". Il est sauvé "in extremis", par la campagne pour l'amnistie menée principalement par le parti communiste
LA MUTINERIE DU "GUICHEN"
Le 1er conseil de guerre du 2e arrondissement maritime a rendu un verdict dans l'affaire des mutineries du Guichen. Il a prononcé les condamnations suivantes
Hidé, Mottut et Robinet, chacun 8 ans de travaux publics; Douvrin. 7 ans de travaux publics; Tillon et Tichon, chacun 5 ans de travaux publics; Adam et Fragne, chacun 5 ans de prison; Pollet, 4 ans de prison. Jourdain et Daumarie, chacun 3 ans de prison; Bellencontre 2 ans de prison; Boniface, Louis, Raimbaux et Prats, chacun 1 an de prison; Delacourte, Vatan et Vergé, chacun 8 mois de prison.
Boniface et Raimbaux ont bénéficié de sursis-, Baud, Briand, Carré, Cometa, Sollier et Thibon ont été acquittés.
Boniface et Raimbaux ont bénéficié de sursis-, Baud, Briand, Carré, Cometa, Sollier et Thibon ont été acquittés.
Sources
BNF-Gallica
L'Ouest-Eclair novembre 1919
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