18 mars 2022

Un âne pour mascotte Fusiliers marins Dixmude 1914 -1915 Marine nationale

 Un âne pour mascotte Fusiliers marins Dixmude 1914 -1915


Officiellement constituée le 22 août, la brigade compte environ 6 600 hommes : elle est formée par les 1er et 2e Régiments de Fusiliers Marins (rfm), de trois bataillons chacun. Dès le 13 août, les premiers fusiliers partis de Brest arrivent dans la capitale avec une mission de police militaire, pour la protéger et la surveiller. Ils arrivent dans Paris transformé en camp retranché. Cantonnés à Creil, ensuite à Stains, puis à Pierrefitte, ils « rognonnaient d’être ainsi contraints de loger à Paris. Ils aspiraient au danger. Ils avaient la nostalgie du front »

... La brigade résiste du mieux qu’elle peut. Un jour, un officier voyant une dizaine de compagnons tomber les uns après les autres sous les bombes se met à entonner un chant de marin breton. « L’effet est immédiat : ils oublient la canonnade, et, sur la ligne, cinq ou six chansons s’élèvent, déclenchant les rires partout », rapporte Ronarc’h dans un de ses rapports. 

Les Allemands s’agacent. D’autant plus que le 26 octobre, une brigade belge puis 1 200 tirailleurs sénégalais viennent enfin les rejoindre. L’état-major belge, qui apprend que 1 000 marins ont perdu la vie dans cette bataille, décide alors d’inonder une partie de la plaine pour enrayer l’avancée allemande. Les Bretons sont comme sur une presqu’île, entourée par les eaux de la mer du Nord ! Ils sont un peu dans leur élément… Mais les Allemands, qui veulent en finir une bonne fois pour toutes, envoient dorénavant un feu continu sur Dixmude. La position devient intenable. Au matin du 10 novembre, la 4e armée du duc Albrecht de Wurtemberg parvient à pénétrer dans la ville. Cette fois-ci, le repli des fusiliers marins est inévitable. Plus de 2 000 hommes de la brigade meurent au combat lors de cette seule journée…


Dixmude sur les plages des Flandres
La mascotte du régiment est un baudet recueilli en Flandre, « un tout petit âne à la robe cendrée, à la mine placide et l'air goguenard ». Il transporte les blessés lors de la bataille de Dixmude, se couchant sur les chemins et sous les arbres en cas de danger. Baptisé Dixmude par la brigade, il est décoré de la légion d'honneur et de le croix de guerre

Dixmude par Marie Détrée


Lorsque l'unité, dissoute, rentre à Lorient, il défile à l'arrière-garde du détachement. « Il avait fort bonne mine ainsi, marchant allègrement, tout chargé de son barda de campagne, le petit baudet de Flandre, et il semblait s'en rendre bien compte à la manière dont il dressait fièrement sa tête narquoise portant, tout au sommet, entre deux oreilles incessamment mouvantes, le pompon de soie écarlate, symbole immortel désormais de l'inoubliable « Épopée » »



 Il poursuit ses « obligations militaires » au 3° dépôt des équipages de la Flotte où « dorénavant pour la vie lui sont assurés bon gîte et copieuse provende ». Il y passe le reste de son existence et y est enterré. L'un de ses fers et ses décorations sont conservés au musée de la Contemporaine.





LA MASCOTTE DU BATAILLON

Recueilli errant et désorienté dans la plaine Wallonne mise à sac par les Barbares Germains, c'est un tout petit âne à la robe cendrée, la mine placide, et l'air goguenard, entêté tout juste pour ne pas démentir son origine, ressemblant quant au reste singulièrement à ses congénères de Basse-Bretagne.

Pour cette affinité évocatrice, nos « Jean-Gouin » l'avaient adopté avec la joie enfantine des âmes simples. Ils ne tardèrent pas à le faire complètement des leurs en lui décernant des lettres de grande naturalisation, en retour desquelles — j'allais dire « en reconnaissance » — il leur rendit de multiples, de très signalés services. 11 les continue, moins brillants à coup sûr, mais toujours appréciés, au 3° Dépôt des Equipages de la Fotte où dorénavant pour la vie lui sont assuré bon gîte et copieuse provende.




Lorsque, sous la brume lourde d'une fin d'après-midi de décembre 191 5, rentraient à Lorient, — la Brigade dissoute, — nos épiques fusiliers-marins, ce ne fut certes pas le moindre attrait pour la foule sympathiquement massée le long des contre-allées du Cours Chazelles,— et débordant même la Chaussée — que de voir le petit âne défiler à l'arrière-garde du détachement, escorté de rudes poilus aux capotes décolorées et déchiquetées, toutes couvertes de boue et pour beaucoup tachetées en maints endroits de leur propre sang.



Il avait fort bonne mine ainsi, marchant allègrement, tout chargé de son barda de campagne, le petit baudet de Flandre, et il semblait s'en rendre bien compte à la manière dont il dressait fièrement sa tête narquoise portant, tout au sommet, entre deux oreilles incessamment mouvantes, le pompon de soie écarlate, symbole immortel désormais de l'inoubliable « Epopée ».

A présent encore qu'il est reposé, « Dixmude » (c'est le nom suggestif dont l ont baptisé nos cols bleus) continue de remplir consciencieusement les obligations militaires dont il a charge.




Obligations peu lourdes, à vrai dire, et ne consistant en somme qu'à faire, une ou deux fois par jour, attelé à une minuscule charrette — avec toujours cette mine haute et ce pompon de tête qui rougeoie au ciel clair et frissonne à la brise — le trajet de l'arsenal à la gare. et retour. A l'aller, il traîne d'ordinaire des sacs de marins permissiennaires ou partant pour le front : il s'en revient chargé de force ballots de tabac pour la plus grande joie de ses « camarades ».

Car il est bien leur camarade, sûr et fidèle à ces héroïques grands enfants de Bretagne, cet humble commensal, ce modeste auxiliaire des journées terribles d'octobre-novembre 1914 dans les plaines de l'Yser. Ces journées, il les a vécues, il les a souffertes avec eux. Aussi est-ce à très bon droit que l'unanimité des suffrages de ses compagnons de gloire lui ont décerné l'honneur de prendre rang pour jamais dans la splendide, dans l'« Unique » légion des « Demoiselles aux Pompons Rouges ».


Le cimetière de Dixmude (octobre-novembre 1914) : Récit d'un fusilier-marin / Paul Broise ; préface de Ch. Le Goffic

Sources

BnF Gallica


17 mars 2022

MD 236 OBS AUSTRAL 2022 Océan Indien Austral Marion Dufresne TAAF LD Austral seas

MD 236 OBS AUSTRAL 2022 Océan Indien Austral

Retour d'enveloppes campagne MD 236 2022
Alfred Faure Crozet 15-2-2022





Le réseau d'hydrophones est conçu pour surveiller en continu l'activité sismique associée à trois dorsales océaniques à taux d'expansion contrastés (16 à 70 mm/an) et à la déformation intraplaque dans le sud du bassin central indien. Cette approche s'avère très efficace pour détecter et localiser les séismes de faible magnitude (>2,5), qui échappent aux réseaux sismologiques terrestres, et pour distinguer les événements tectoniques et magmatiques. Les objectifs sont de caractériser l'activité sismique de dorsales médio-océaniques à taux d'ouverture ultra-lent, lent et intermédiaire, ainsi que la distribution temporelle et spatiale de la déformation intraplaque.



OHA-SIS-BIO - Observatoire HydroAcoustique de la SISmicité et de la BIOdiversité de l'océan Indien - est un programme hydroacoustique à long terme pour surveiller l'activité sismique et vocale des grands mammifères marins dans l'océan Indien austral. Un réseau d'hydrophones autonomes (9 mouillages, 10 hydrophones) est déployé et entretenu annuellement depuis 2010 entre La Réunion, Crozet, Kerguelen et Amsterdam, profitant du voyage annuel du N.O. Marion Dufresne vers ces îles australes.

THEMISTO (Toward Hydroacoustics and Ecology of Mid-trophic levels in Indian and SouThern Ocean) a pour objectif d’identifier les communautés pélagiques sur un large gradient latitudinal et de mieux comprendre leur écologie et leur physiologie. Il s’agit aussi d’étudier le lien avec le contexte environnemental décrit par le programme OISO (Océan Indien Service d’Observation), et de quantifier l’influence des conditions océanographiques sur la structure de ces organismes. Cette campagne est coordonnée par Cédric Cotté pour THEMISTO et par Claire Lo Monaco pour OISO (LOCEAN-IPSL).


https://www.ipsl.fr/article/themisto-campagne-oceanique-sur-les-ecosystemes-pelagiques-dans-locean-indien-sud-et-locean-austral/

16 mars 2022

FLF Frégate GUEPRATTE AGENOR 2022 golfe persique Arabo-persique

 FLF Frégate GUEPRATTE AGENOR  2022


Engagée depuis fin janvier dans le cadre de l’opération AGENOR, la FLF Guépratte a conduit un exercice avec le patrouilleur saoudien Oqbah. Les deux bâtiments ont enchaîné les entraînements conjoints dans le Golfe Arabo-persique.

Le Guépratte a ensuite poursuivi sa mission de sécurisation de la navigation maritime, notamment en accompagnant le tanker danois Nord Magic en sortie du détroit d’Ormuz ainsi que le navire marchand des Îles Marshall Golden Competence parti en janvier de Norvège.

La frégate française témoigne ainsi de l’engagement des pays européens en faveur de la liberté de navigation et de l’apaisement des tensions dans cette zone stratégique.



Merci à la sorcière 


Sous-marin FOUCAULT Cattaro Kotor Montenegro hydravion Autriche guerre 1916

Sous-marin FOUCAULT

L’UN DES PREMIERS COMBATS DE L’HISTOIRE ENTRE UN SOUS-MARIN ET DES AVIONS


le 11 août 1914, une flotte française sous le commandement de l'amiral Augustin Boué de Lapeyrère arrive à Malte. Il avait l'ordre de naviguer avec tous les navires français et britanniques disponibles, de passer en mer Adriatique et d'entreprendre toutes les opérations qu'il jugerait les meilleures contre les ports autrichiens. Lapeyrère a décidé de surprendre les navires autrichiens en imposant un blocus du Monténégro 

Le sous-marin Foucault torpillait avec succès un éclaireur ennemi dans les environs de Vallona. Puis, le 3 mars 1916, un autre submersible français attaque résolument un transport militaire, escorté de trois torpilleurs, et le coule malgré le feu intense concentré sur lui par les convoyeurs. Le 4 avril, un navire auxiliaire autrichien, accompagné par deux grands torpilleurs est coulé dans des conditions identiques.

Dans l'Adriatique, près de Cattaro, notre sous-marin Foucault, qui convoyait une flottille italienne, coule un croiseur autrichien du type Novara.

De L'Echo de Paris, au sujet des exploits du sous-marin Foucault :  « Honneur donc au Foucault et à son vaillant équipage, composé de 15 à 17 hommes et commandé par le lieutenant de vaisseau Le Maresquier. Nul doute que de justes distinctions pour, ce brillant exploit tarderont pas à récompenser ces braves et que le torpillage d'un croiseur autrichien engendrera une belle émulation parmi nos marins et ceux de notre alliée, la marine italienne. »

Du Matin :

« On a dit parfois qu'il y avait pour notre marine trop peu d'exploits comme celui du Foucault. La raison en est simple : c'est que les navires ennemis ne se montrent pas. Le croiseur autrichien qui, par exception, a affronté le large, vient d'apprendre à ses dépens que notre flotte fait bonne garde. »

Sous-marin de 400t, armé d'un canon de 45 et de 6 torpilles, il est surpris en Adriatique par les hydravions autrichiens L132 et L135 qui le coulent. C'est le premier sous-marin détruit en mer par une attaque aérienne. Le commandant et l'équipage sont faits prisonniers.


La Croix 24-9-1916
14 septembre 1916, le sous-marin Foucault appareillait de Brindisi pour patrouille offensive contre le trafic ennemi à l’ouvert des bouches de Cattaro, l’importante base navale autrichienne du sud de la côte Dalmate. Il appartenait à la division des flottilles de l’Adriatique, commandée par un capitaine de vaisseau portant sa marque sur le Marceau mouillé à Brindisi, et placée pour emploi sous les ordres du commandant en chef de l’armée navale italienne. Les instructions données au Foucault pour cette mission étaient très détaillées. Leur lecture laisse entrevoir la sollicitude un peu naïve du commandement à l’égard de ces petits sous-marins encore bien rudimentaires, dotés d’une autonomie très faible, extrêmement inconfortables, ne disposant que de mauvais périscopes — et aussi ses appréhensions, son manque de résolution quant à la manière de les utiliser. En voici des extraits : 



Mon cher commandant, vous appareillerez à 18 heures pour bloquer le chenal SE de Cattaro, sous la baie de Traste, dans la journée du 15 et éventuellement dans ta journée du 16, mais à la condition absolue qu'après la première journée de plongée votre équipage n ait éprouvé aucune fatigue anormale ; il faut que pour la nuit de charge et la nuit de retour vous ayez un équipage apte à bien veiller et bien manœuvrer. Si vous en doutez, je vous demande de rentrer le 16 au matin, malgré le désir que vous auriez de rester (...) Il faut vous méfier des petits patrouilleurs ennemis, particulièrement des grandes vedettes à moteur fort peu visibles ; en outre, les torpilleurs qui couvrent les mouvements de vapeurs sur Durazzo se tiennent parfois jusqu ’à 30 milles au sud de Cattaro. Il faut donc, pour éviter une surprise, être aussi prêt que possible à la plongée immédiate (...) 

Marine feld Post n° 204 U-Boot 35 30-07-17
Griffe rouge "Ne pas envoyer d'aliments"
D’ailleurs, d’une façon générale, je vous demande beaucoup de prudence dans votre navigation aux abords de la côte ennemie, bien que récemment nos sous-marins n ’aient pas été inquiétés (...) Votre but principal est le sous-marin ; il faut donc tendre à ne pas vous faire éventer sans espoir de succès sérieux ; naturellement, vous ne négligerez quand même pas un contre-torpilleur, un transport ou un navire important (...) Ces instructions ne mentionnent nulle part les ennemis les plus dangereux des sous-marins de la flottille de l’Adriatique : les avions autrichiens. Pourtant, les services de renseignements savaient dès le début de 1916 que les Autrichiens font un usage constant et très rationnel de leurs avions et que les Italiens croient savoir qu’ils en ont une quarantaine du type marin. 

Déjà le C.V. DAVELUY avait signalé dans un rapport rédigé à la suite d’une mission à Tarente : Le Fresnel, manœuvrant pour attaquer un torpilleur du type Tatra le 12 juillet 1915, fut aperçu par un aéroplane qui, comme un oiseau de proie, fit une descente en flèche sur notre sous-marin et lui lança des bombes. Il dut plonger et le torpilleur s’échappa à toute vitesse. 

Quatre mois après les événements que nous relatons, on eut la preuve irréfutable que nos sous-marins étaient souvent repérés à la vue par les avions autrichiens, et aussi qu’ils étaient fort indiscrets. Le lieutenant de vaisseau autrichien SCHIAVON, chef d’escadrille abattu devant Valona le 4 février 1917, interrogé par le C.V. TROCHÔT, commandant les flottilles de l’Adriatique, lui déclara : De 500 mètres, par mer calme, on voit un sous-marin immergé à 10 mètres comme s’il était à la surface, surtout dans les eaux claires au nord du golfe de Drin (...) Quand on a l’habitude de voir des sous-marins autrichiens ou allemands en projection horizontale au mouillage de Cattaro, il est très facile de reconnaître un ami d’un ennemi par sa silhouette. On voit bien le sillage et il est rare qu’un sous-marin ne laisse pas derrière lui une légère traînée graisseuse, qui ne se remarque pas d’un navire, mais qu’on aperçoit très bien d’en haut par mer calme. 

Léon Henri Devin
Pour revenir au combat du 16 septembre, rien ne peut mieux le décrire que le rapport présenté par le commandant du Foucault, le lieutenant de vaisseau DEVIN, à son retour de captivité, devant le conseil de guerre réuni le 18 novembre 1918 pour juger de ses responsabilités dans la perte de son bâtiment : Le 15 septembre vers 7 heures du matin, ayant pris la plongée une heure avant te lever du soleil et après immersion d’essai à 18 mètres, nous sommes à notre poste sur la ligne de croisière ordonnée. Nous croisons sur un moteur à 100 ampères, tenue de plongée très facile. Au point du jour, la visibilité est très bonne, il n y a rien en vue. La mer est très belle, avec quelques moutons de 8 heures à 12 heures, calme ensuite avec légère ondulation de SE. Malgré notre faible vitesse, nous faisons un léger sillage. Pour diminuer tes chances d’être vus dans cette croisière près de ta côte, mes ordres sont de rentrer le périscope entre deux tours d’horizon. Nous étions en plongée à 10 mètres, à 10 milles dans le S 31 E de Kobila, Rondini étant légèrement ouvert à droite de Kobila, route à 33CP, moteur bâbord en avant à 100 ampères, la barre de direction manœuvrée à bras, les barres de plongée électriquement. L'officier en second était de quart au périscope, il terminait un tour d’horizon et venait de commander à la barre de venir.de 18CP sur la gauche, en même temps qu’il appuyait sur la manœuvre électrique de descente du périscope, lorsque deux bombes éclatèrent coup sur coup au-dessus du pont arrière. 

Torpilleurs à Kotor


Il était 14 h 35. Je commandai aussitôt les deux moteurs en avant 400 ampères, immersion 25 mètres, puis 35 mètres. La secousse ressentie fut très forte, un coup de feu se déclara dans les résistances des auxiliaires, ce qui bloqua le périscope et les barres de plongée, plusieurs lampes furent brisées et d’autres petites avaries du même genre se produisirent, mais on ne remarqua aucune fuite d’eau. Comme la barre arrière était bloquée à monter, j’envoyai l’officier en second derrière s’assurer que la barre arrière fonctionnait normalement à bras, et remettre en état les auxiliaires. Tandis qu’on embrayait les barres et qu ’on descendait le périscope à bras, je fis observer que ces bombes ne nous avaient rien fait de sérieux. L’équipage était d’ailleurs très calme. Nous atteignions normalement une immersion voisine de 20 à 25 m quand nous reçûmes une autre bombe, moins forte que les précédentes. 

LA GADEC, quartier-maître mécanicien qui était à mes côtés, me fit une réflexion au moment où elle éclata. Je note également en passant que, dans l’interrogatoire que mon second et moi subîmes sur le bateau- amiral, le chef d’état-major autrichien me demanda séparément quelles bombes nous avaient avariés, les premières ou les suivantes. Une voie d’eau se déclara aussitôt au plafond du compartiment des moteurs électriques, autour de la tige de manœuvre de la vanne du silencieux bâbord, et prit tout de suite une grosse importance. La boite à étoupe sur la coque avait dû sauter. L’eau jaillissait directement sur le disjoncteur et le collecteur du moteur tribord, et sur les relais du moteur bâbord. Il fallut stopper tribord qui prenait feu. Je fis augmenter bâbord, mais nous descendîmes rapidement, tout en ayant une forte pointe haut, due au fait que les diesels se remplissaient d’eau. Pour combattre la descente, je fus obligé de chasser aux centraux. Nous descendîmes jusqu'à 50 m environ, puis nous remontâmes. On avait apporté des toiles pour protéger le moteur bâbord, le seul en état de marcher, et la turbine était en route pour vider l’eau qui remplissait la cale. J’espérais protéger le moteur bâbord, faire route avec lui en plongée quelque temps et échapper ainsi aux avions et aux torpilleurs de port. Aussi, arrivé à 20 m, je fis décoller puis fermer les purges des centraux. La montée s’arrêta alors aux environs de 18 m. Mais à ce moment-là le feu pris dans les relais du moteur bâbord. Il fallut le stopper aussi. Nous coulâmes rapidement. Je fis chasser partout. 

SMS Sankt Georg Kriegsmarine 17-5-1916



Nous eûmes du mal à remonter,  avons dû atteindre 65 m avant d'être maîtres de la descente. L’incendie, malgré les extincteurs amenés des autres compartiments, avait pris de l’extension. Le feu partait de tous les câbles mouillés, même après que le circuit eût été ouvert aux batteries. Les moteurs étaient dans l’impossibilité absolue de fonctionner, les inducteurs inférieurs baignant dans l’eau qui affleurait le parquet de la cale. Enfin, notre dernière chance de nous éloigner au diesel, quelque illusoire quelle pût être, nous était même refusée, les diesel ne pouvant être lancés qu’avec les moteurs électriques. Stoppés en surface, nous gardâmes une pointe haut du fait de l’eau embarquée derrière. Le second-maître de timonerie JÉZEQUEL monta la mitrailleuse et commença à tirer sur les deux avions qui nous avaient attaqués et volaient non loin de nous. Ayant jugé la situation désespérée, et après l’avoir exposée à l’officier en second et au patron, je n'eus qu' une pensée : faire couler le bâtiment avant que l’incendie localisé dans les moteurs n’ait gagné le pétrole et ne nous ait empêchés de détruire le sous-marin. Je fis ouvrir les aspirations du drain aux cales et les refoulements des turbines ainsi que les purges de ballasts. La grenade Guiraud fut disposée pour son fonctionnement. Je fis évacuer l’équipage. L’officier en second manœuvra lui-même les manœuvres de l’avant et s’assura que mes ordres étaient partout exécutés. L'officier en second et l’équipage étant montés sur le pont, je restai un moment seul à bord. Je détruisis les deux seuls ordres confidentiels que j'avais sur moi. Quand je montai, l’incendie continuait dans le compartiment des moteurs, la fumée avait un peu diminué depuis l’ouverture des panneaux. Le tir de la mitrailleuse gênait les avions qui n'approchaient pas de très près. Les hommes, ayant jeté ce qui pouvait servir de bouée (pliants, avirons, etc...) et ayant quitté leurs vêtements, se mettaient à l’eau.

Aviation Kotor Flieger unit 57
Un des avions jeta alors deux bombes qui tombèrent à une trentaine de mètres du bateau, près des hommes qui nageaient. Le sous-marin s'enfonçait par l’arrière. Jusqu’au dernier moment, le second-maître JÉZÉQUEL tira de la mitrailleuse sur les avions. Je me trouvai sur le pont près de la passerelle lorsque le Foucault coula. A ce moment, l’équipage cria : « Vive la France ! Vive le commandant ! » Il était 2 heures 50. Peu après, on entendit l’explosion de la grenade, et une grande tache d'huile et de pétrole monta à la surface. Les deux avions ne tardèrent pas à amerrir (un troisième avion sortit de Cattaro mais n ’amerrit pas). Ils vinrent près des hommes et en prirent sur leurs fuselages quelques-uns qui étaient en passe de se noyer. Peu après que le Foucault eût coulé, j'aperçus une fumée venant de Rondoni. Quand le torpilleur fut sur nous, il mit ses embarcations à la mer pour recueillir les marins dont quelques-uns étaient juchés sur les avions (lesquels ne s’envolèrent jamais avec eux), et le plus grand nombre nageait.

L'officier en second et moi, qui nagions, fûmes pris par un youyou à son dernier voyage et conduits à bord du torpilleur. A 15 heures 20 nous étions au carré, tandis que le torpilleur faisait route sur Cattaro où nous fûmes conduits à bord du Sankt Georg, bâtiment- amiral. Un officier dit à certains de nos hommes que nous aurions été découverts dans la matinée vers 9 heures, puis recherchés vers midi par des avions qui ne nous auraient trouvés que vers 14 heures 30, après plus de deux heures de recherche. 

Ce rapport a été écrit par moi à Gratz fin septembre 1916, après que j’en eus conféré avec mon officier en second avec lequel j’étais en prison. Nous avions pu communiquer préalablement avec nos hommes. Je me suis borné à recopier ici le texte que j’avais composé alors. Suivent les propositions du commandant pour l’attribution à titre individuel de la croix de la Légion d’honneur à son second, le lieutenant de vaisseau CHAT ; de la médaille militaire au second-maître JÉZÉQUEL


Par arrêté ministériel en date du 7 mars 1919, a été inscrit à la suite du tableau d'avancement pour le grade de capitaine de corvette (application de l'article 9 du décret du 14 juin Le lieutenant de vaisseau Devin (Léon-Henri), commandant le sous-marin Foucault : le sous-marin qu'il commandait ayant été atteint par des bombes d'avions, le 15 Septembre 1916,

Il a su par son ascendant sur ses hommes, son sang-froid, maintenir à bord Ia confiance. A réussi à sauver son équipage, Il n'a quitté son bâtiment que lorsqu'il a coulé sous ses pieds. Cet officier est également cité à l'ordre l'armée pour le même motif. 

Sources 

Aux Marins

Le Miroir 30-01-1916

La dépêche de Brest 15 janvier 1916

JO de la République française 10-03-1919

La Croix 24-9-1916

15 mars 2022

Révolution hôtel de la Marine garde-meubles 1789 1989 Musée

Révolution à l'hôtel de la Marine 

du garde-meubles au musée 1789 1989 2022

Les 17 et 18 juin 1989, la Poste Navale Paris a réalisé un timbre à date illustré célébrant le bicentenaire de la Révolution française. Une ancre et devant le dessin de l'hôtel de la Marine place de la Concorde. Voici quelques éléments et photos recueillis lors de la visite du Ministère avec l'association des anciens marins de la Jeanne.







Le Garde-Meuble de la Couronne, appelé aussi Garde-Meuble royal, était en France, sous l'Ancien Régime
, l'administration chargée de la gestion du mobilier et des objets d'art destinés à l'ornement des demeures royales. Il désignait aussi le magasin de dépôts géré par cette administration.

photo JM Bergougniou

photo JM Bergougniou

photo JM Bergougniou

photo JM Bergougniou

photo JM Bergougniou

photo JM Bergougniou

photo JM Bergougniou

photo JM Bergougniou

Le Garde-Meuble est installé à l'Hôtel du Petit Bourbon jusqu'en 1758. Il est ensuite déplacé à l'hôtel de Conti (1758-1768) puis à l'hôtel des Ambassadeurs extraordinaires, aujourd'hui Palais de l'Elysée, avant de s'installer en 1772 dans un bâtiment spécialement construit, l'hôtel du Garde-Meuble, aujourd'hui l'hôtel de la Marine, place de la Concorde à Paris. En 1777, ses salles sont disposées pour permettre la visite des collections tous les premiers mardis de chaque mois de Pâques à la Toussaint.


Symbole de l’administration et du faste royal, les jours du Garde-Meuble sont comptés.

Deux événements marquent l’histoire du lieu :
le 13 juillet 1789, les révolutionnaires s’emparent des armes exposées dans la salle d’armes. Le lendemain, ils iront chercher des munitions à… la Bastille.
La petite histoire raconte que les premiers tirs contre la Bastille ont été tirés par des canons montés sur des affûts damasquinés en argent offerts par le roi du Siam à Louis XIV en 1684, pris la veille dans les collections royales du Garde-Meuble.
le 16 septembre 1792, le vol des bijoux de la couronne  a lieu à l'Hôtel de la Marine. Dans la nuit, une quarantaine de personnes entrent dans le salon où sont exposés les bijoux, et dérobent un butin de près de 30 millions de francs.



Dès le début de la Révolution, le roi Louis XVI quitte Versailles pour Paris.

photo JM Bergougniou

Toutes les administrations de l’État présentes à Versailles doivent donc regagner la capitale.

photo JM Bergougniou


Mais un obstacle de taille se dresse : où les installer à Paris ? Le ministère de la Marine, avec à sa tête le comte de La Luzerne et Jean-Baptiste Berthier, s’installe dans le palais abritant le Garde-Meuble en 1789.


photo JM Bergougniou


A la tête d'une administration royale qui compte plus de 100 employés, l'Intendant est en charge du mobilier des résidences royales, des tapisseries, des petites statues en bronze, des armes et des joyaux de la Couronne.




photo JM Bergougniou


photo JM Bergougniou

Dans un premier temps, la Marine occupe des espaces au deuxième étage et à l’ouest du premier étage. Il lui faudra moins de 10 ans avant de pouvoir occuper le bâtiment dans son ensemble. C’est le début de deux siècles de présence de cette administration dans ce palais qui portera désormais le nom d’Hôtel de la Marine. Ce n’est qu’en 2015 que le ministère de la Marine quitte le bâtiment.

photo JM Bergougniou


Surveiller la rue de Rivoli

la rue de Rivoli au travers de l'oeilleton photo JM Bergougniou

rue de Rivoli photo JM Bergougniou

C'est autour de la place de la Concorde et de l'Opéra qu'eurent lieu les derniers les combats pour la libération de Paris en août 1944.

L'Hôtel de la Marine était alors occupé par l'État-major de la Marine allemande. De nombreux soldats nazis y étaient encore retranchés, notamment dans le salon d'angle de l'appartement de l'Intendant, au premier étage. Situé à l'angle de la place de la Concorde et de la rue de Rivoli, ce dernier offre en effet une position stratégique pour observer l'arrivée des combattants français. Dissimulés derrière les volets intérieurs du bâtiment, les Allemands pouvaient observer discrètement leurs ennemis par un œilleton percé en plein milieu du volet.

Sources
Ministère des Armées
Anciens marins de la Jeanne

PHM Commandant Blaison TANGER MED25 Maroc EUNAVFORMED IRINI

TANGER MED25 PHM Cdt Blaison  Le 23 avril 2025, le patrouilleur de haute mer (PHM) Commandant Blaison a appareillé de Brest dans le cadre de...