Oeuvre du souvenir de la France à ses marins
Le Souvenir de la France à ses marins
L'Œuvre du « Souvenir de la France à ses Marins est née de l'initiative de quelques artistes et écrivains sur la suggestion de Mme Lapierre qui avait au début de la guerre monté un hôpital militaire à Beg-Meil et qui est actuellement la très active secrétaire générale de l'Œuvre.
Les fondateurs firent appel aux hommes politiques do toutes nuances qui représentent les divers régions du littoral français.
Cet appel fut entendu et le Comité constitua son bureau avec M Guist'hau (Bretagne) comme président, avec M. Bureau (Normandie) et François Arago (Provence) comme vice-présidents, auxquels s'adjoignit bientôt comme premier vice-président l'ancien amiralissime, l'amiral Fournier, qui a prêté un précieux concours à l'Œuvre.
Entre temps, MM. Briand et l'amiral Lacaze avaient donné une vive approbation et tout leur appui à l'Œuvre et M. Poincaré acceptait de donner son haut patronage. Enfin, le Comité central des Armateurs de France et son président, M. J. Charles Roux, ouvraient une souscription qui vient d'atteindre 100.000 francs.
L'Œuvre par ses statuts même, se donnait deux buts
Montrer aux 120.000 marins des équipages de notre flotte qu'on pense à eux et que malgré le silence imposé par la censure on n'ignorait ni leurs souffrances, ni leur vaillance, et leur prouver la sympathie de la France par des envois d'objets utiles et agréables montrer également qu'après eux, les êtms chers que leur mort peut laisser en détresse ne seront pas abandonnés. En attendant 1 nide un peu lente de l'Etat, une Œuvre sera la qui tendra une main secourable à ceux c,ue les victimes de la guerre laisseraient après eux.
Pour l'exécution du premier point de son programme, l'Œuvre a renoncé à la pratique courante du paquet individuel qui apporte à chaque combattant quantité de choses qui ne lui manquent pas et oblige de donner des objets de qualité inférieure. Considérant, au contraire, que sur un équipage, si certains hommes ont besoin d'un genre d'objet, d'autres les possèdent et réciproquement; elle envoie, par exemple, au commandant d'un équipage de 40 hommes, une caisse de 60 à 80 kilos, contenant à 25 objets de chaque sorte, des vivres divers en quantité suffisante pour fournir une ration au moins pour chaque homme dans chaque sorte d'aliment et enfin des jeux qui restent en commun. Le commandant fait la répartition du contenu de la caisse entre les hommes de son équipage au mieux des besoins de chacun.
L'Oeuvre, sur l'indication des officiers supérieurs, qui font partie du Comité, a commencé par envoyer des caisses aux chalutiers, dragueurs de mines et autres bâtiments auxilliaires mobilisés, dont la rude lutte contre les mines et sous-marina rend l'existence si dangereuse et si pénible. En même temps des caisses étaient expédiées aux sous-marins, torpilleurs et contre-torpilleurs, dont l'existence est aussi très mouvementée. Actuellement, le chiffre des caisses envoyées dépasse trois cent cinquante et déjà plusieurs grands croiseurs, signalés comme ayant eu dos missions dangereuses et pénibles, ont été approvisionnés.
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le Petit Parisien 5 juin 1916 |
L'aide aux marins victimes de la guerre Si nos braves mathurins n'ont pas eu leur journée nationale » comme les poilus, leurs frères en héroïsme, ils ont, du moins, leur semaine parisienne, et sous quelle attrayante diversité d'aspects
Aprés la matinée de gala de la Comédie Française, ce fut l'inoubliable concert militaire du jardin des Tuileries. Puis, voioi qu'aujourd'hui et demain, les merveilleux salons du ministère de la Marine seront généreusement ouverts, par l'amiral Lacaze, à des essaims de gracieuses vendeuses mobilisées par le comité de l'Œuvre du souvenir de la France à ses marins pour dresser au profit de cette oeuvre, si utile et si nécessaire, des comptoirs de vente chargés de surprises.
Sans aucun doute, cette troisième manifestation de bienfaisance aura le même succès que les deux précédentes. Et il faut le souhaiter bien vivement, car les bénéfices de l'oeuvre ne vont pas seulement aux mains de la flotte, mais aussi aux familles des morts et des mutilés et les infortunes sont nombreuses.
Comme le brave poilu des tranchées, le mathurin, cet éternel ballotté, pour qui la permission est trop souvent un mythe, reçoit aujourd'hui, aussi bien dans les parages de la mer Egée que dans le nord des Hébrides, le colis réconfortant qui, tout en lui faisant trouver moins dures les heures de guerre, lui apparaît comme un lien de sympathie avec la patrie lointaine.
Rien de plus émouvant que les lettres où les chefs des petites unités de combat, celles où la vie du bord est la plus pénible et la plus périlleuse, accusent réception, et avec une régularité exemplaire, de l'envoi des colis hebdomadaires expédiés par les soins de l'Œuvre de la France à ses marins, 15 bis, boulevard Jules-Sandeau. En lisant ces lettres d'une si touchante expression, je songe involontairement à ce passage de la magnifique allocution prononcée par Pierre Loti à la Comédie-Française
J'ai vécu cinquante ans avec les matelots et je les connais bien. Je les engage à ne pas changer. Mes amis, ne changez rien à votre âme elle est si jolie, si belle » Armand DAYOT.
Recueil des actes administratifs de la Préfecture du département de la Seine
Préfecture du département de la Seine (Paris)
1916-02-01 Pour atteindre le deuxième but qu'elle s'est proposé, l'Œuvre envoie, sur indication du ministre de la marine ou bien sur recommandations provenant de tiers (et dans ce cas. après enquêtes) des secours aux familles qu'une mort où une disparition laisse dans une situation précaire. Des souscriptions néreuses lui ont permis de subvenir jusqu'ici à ces charités très lourdes pour une Œuvre aussi vaste. C'est ainsi que le préfet d'Ille-etVilaine a pu en envoyer pour 1.500 francs, celui du Morbihan pour 5.000, celui du Finistère pour 7.000, celui de la Loire-Inférieure pour 2.000 fr. Le maire de Saint-Malo a pu verser pour sa ville 500 fr. et 40 communes d'Ille-et-Vilaine, une somme globale de francs. La ville de Lorient, 500 fr., celle le Brest, de Nantes et de Saint-Nazaire, également 500 francs, tout cela sans compter les dons en nature, qui ont été très nombreux.
A l'heure actuelle, l'Œuvre a devant elle des fonds qui lui permettent le marcher pendant 3 ou 4 mois, mais songeant à l'avenir et aux victimes possibles de grandes batailles, il lui faut chaque jour boucher le trou fait dana son budget par des envois qui se montent à 0.000 francs par mois. C'est pour cela que des amis des Marins ont organisé la matinée de gala du Théâtre Français d'aujourd'hui, ainsi que le festival des Tuileries qui aura lieu le mai et que l'Œuvre va tenir une grande vente de charité les 5 et 6 juin dans les salons du ministère de la marine. Enfin, cet été, les baigneurs des stations maritimes ne seront pas sollicités en vain.
Des subventions et des aides dans toute la France
Une d'elles cependant, a été retenue par votre Commission, celle formulée par l'Oeuvre du Souvenir de la France à ses marins. Cette oeuvre vient de se fonder pour venir en aide à nos 118.000 marins de la flotte, peut-être un peu trop oubliés jusqu'ici, et qui, depuis vingt mois, font vaillamment leur devoir sur le front de mer, bravant stoïquement tous les dangers et toutes les fatigues, comme nos soldats de l'armée de terre, leurs frères en héroïsme.
Elle a pour but d'envoyer à nos marins des secours en nature, et nous pouvons être certains que ces colis réconfortants aideront nos Mathurins à trouver moins dures les longues heures passées en mer. — Elle viendra aussi en aide aux veuves et aux orphelins des marins victimes de la piraterie allemande. — Votre troisième Commission est convaincue que l'Assemblée départementale voudra s'associer à une oeuvre si éminemment patriotique et charitable, et, d'accord avec la première Commission, nous vous proposons de voter à cet effet la somme de 500 francs qui serait inscrite au chapitre 21 de la décision modificative n° 2 du budget de l'exercice 1916.
Les conclusions de la Commission sont adoptées. Le crédit est voté et inscrit.
Rapports et délibérations / Département de Maine-et-Loire, Conseil général
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L'Ouest-Eclair 17-2-1916 |