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22 décembre 2022

Oeuvre du souvenir de la France à ses marins 1916 guerre 1914 1918

Oeuvre du souvenir de la France à ses marins



Le Souvenir de la France à ses marins

L'Œuvre du « Souvenir de la France à ses Marins est née de l'initiative de quelques artistes et écrivains sur la suggestion de Mme Lapierre qui avait au début de la guerre monté un hôpital militaire à Beg-Meil et qui est actuellement la très active secrétaire générale de l'Œuvre.


Les fondateurs firent appel aux hommes politiques do toutes nuances qui représentent les divers régions du littoral français.

Cet appel fut entendu et le Comité constitua son bureau avec M Guist'hau (Bretagne) comme président, avec M. Bureau (Normandie) et François Arago (Provence) comme vice-présidents, auxquels s'adjoignit bientôt comme premier vice-président l'ancien amiralissime, l'amiral Fournier, qui a prêté un précieux concours à l'Œuvre.


Entre temps, MM. Briand et l'amiral Lacaze avaient donné une vive approbation et tout leur appui à l'Œuvre et M. Poincaré acceptait de donner son haut patronage. Enfin, le Comité central des Armateurs de France et son président, M. J. Charles Roux, ouvraient une souscription qui vient d'atteindre 100.000 francs.


L'Œuvre par ses statuts même, se donnait deux buts

Montrer aux 120.000 marins des équipages de notre flotte qu'on pense à eux et que malgré le silence imposé par la censure on n'ignorait ni leurs souffrances, ni leur vaillance, et leur prouver la sympathie de la France par des envois d'objets utiles et agréables montrer également qu'après eux, les êtms chers que leur mort peut laisser en détresse ne seront pas abandonnés. En attendant 1 nide un peu lente de l'Etat, une Œuvre sera la qui tendra une main secourable à ceux c,ue les victimes de la guerre laisseraient après eux.

Pour l'exécution du premier point de son programme, l'Œuvre a renoncé à la pratique courante du paquet individuel qui apporte à chaque combattant quantité de choses qui ne lui manquent pas et oblige de donner des objets de qualité inférieure. Considérant, au contraire, que sur un équipage, si certains hommes ont besoin d'un genre d'objet, d'autres les possèdent et réciproquement; elle envoie, par exemple, au commandant d'un équipage de 40 hommes, une caisse de 60 à 80 kilos, contenant à 25 objets de chaque sorte, des vivres divers en quantité suffisante pour fournir une ration au moins pour chaque homme dans chaque sorte d'aliment et enfin des jeux qui restent en commun. Le commandant fait la répartition du contenu de la caisse entre les hommes de son équipage au mieux des besoins de chacun.


L'Oeuvre, sur l'indication des officiers supérieurs, qui font partie du Comité, a commencé par envoyer des caisses aux chalutiers, dragueurs de mines et autres bâtiments auxilliaires mobilisés, dont la rude lutte contre les mines et sous-marina rend l'existence si dangereuse et si pénible. En même temps des caisses étaient expédiées aux sous-marins, torpilleurs et contre-torpilleurs, dont l'existence est aussi très mouvementée. Actuellement, le chiffre des caisses envoyées dépasse trois cent cinquante et déjà plusieurs grands croiseurs, signalés comme ayant eu dos missions dangereuses et pénibles, ont été approvisionnés.



le Petit Parisien 5 juin 1916

L'aide aux marins victimes de la guerre Si nos braves mathurins n'ont pas eu leur journée nationale » comme les poilus, leurs frères en héroïsme, ils ont, du moins, leur semaine parisienne, et sous quelle attrayante diversité d'aspects

Aprés la matinée de gala de la Comédie Française, ce fut l'inoubliable concert militaire du jardin des Tuileries. Puis, voioi qu'aujourd'hui et demain, les merveilleux salons du ministère de la Marine seront généreusement ouverts, par l'amiral Lacaze, à des essaims de gracieuses vendeuses mobilisées par le comité de l'Œuvre du souvenir de la France à ses marins pour dresser au profit de cette oeuvre, si utile et si nécessaire, des comptoirs de vente chargés de surprises.


Sans aucun doute, cette troisième manifestation de bienfaisance aura le même succès que les deux précédentes. Et il faut le souhaiter bien vivement, car les bénéfices de l'oeuvre ne vont pas seulement aux mains de la flotte, mais aussi aux familles des morts et des mutilés et les infortunes sont nombreuses.


Comme le brave poilu des tranchées, le mathurin, cet éternel ballotté, pour qui la permission est trop souvent un mythe, reçoit aujourd'hui, aussi bien dans les parages de la mer Egée que dans le nord des Hébrides, le colis réconfortant qui, tout en lui faisant trouver moins dures les heures de guerre, lui apparaît comme un lien de sympathie avec la patrie lointaine.

Rien de plus émouvant que les lettres où les chefs des petites unités de combat, celles où la vie du bord est la plus pénible et la plus périlleuse, accusent réception, et avec une régularité exemplaire, de l'envoi des colis hebdomadaires expédiés par les soins de l'Œuvre de la France à ses marins, 15 bis, boulevard Jules-Sandeau. En lisant ces lettres d'une si touchante expression, je songe involontairement à ce passage de la magnifique allocution prononcée par Pierre Loti à la Comédie-Française


J'ai vécu cinquante ans avec les matelots et je les connais bien. Je les engage à ne pas changer. Mes amis, ne changez rien à votre âme elle est si jolie, si belle » Armand DAYOT.

Recueil des actes administratifs de la Préfecture du département de la Seine

Préfecture du département de la Seine (Paris)

1916-02-01


Pour atteindre le deuxième but qu'elle s'est proposé, l'Œuvre envoie, sur indication du ministre de la marine ou bien sur recommandations provenant de tiers (et dans ce cas. après enquêtes) des secours aux familles qu'une mort où une disparition laisse dans une situation précaire. Des souscriptions néreuses lui ont permis de subvenir jusqu'ici à ces charités très lourdes pour une Œuvre aussi vaste. C'est ainsi que le préfet d'Ille-etVilaine a pu en envoyer pour 1.500 francs, celui du Morbihan pour 5.000, celui du Finistère pour 7.000, celui de la Loire-Inférieure pour 2.000 fr. Le maire de Saint-Malo a pu verser pour sa ville 500 fr. et 40 communes d'Ille-et-Vilaine, une somme globale de francs. La ville de Lorient, 500 fr., celle le Brest, de Nantes et de Saint-Nazaire, également 500 francs, tout cela sans compter les dons en nature, qui ont été très nombreux. 


A l'heure actuelle, l'Œuvre a devant elle des fonds qui lui permettent le marcher pendant 3 ou 4 mois, mais songeant à l'avenir et aux victimes possibles de grandes batailles, il lui faut chaque jour boucher le trou fait dana son budget par des envois qui se montent à 0.000 francs par mois. C'est pour cela que des amis des Marins ont organisé la matinée de gala du Théâtre Français d'aujourd'hui, ainsi que le festival des Tuileries qui aura lieu le mai et que l'Œuvre va tenir une grande vente de charité les 5 et 6 juin dans les salons du ministère de la marine. Enfin, cet été, les baigneurs des stations maritimes ne seront pas sollicités en vain.

Des subventions et des aides dans toute la France

Une d'elles cependant, a été retenue par votre Commission, celle formulée par l'Oeuvre du Souvenir de la France à ses marins. Cette oeuvre vient de se fonder pour venir en aide à nos 118.000 marins de la flotte, peut-être un peu trop oubliés jusqu'ici, et qui, depuis vingt mois, font vaillamment leur devoir sur le front de mer, bravant stoïquement tous les dangers et toutes les fatigues, comme nos soldats de l'armée de terre, leurs frères en héroïsme. 

 Elle a pour but d'envoyer à nos marins des secours en nature, et nous pouvons être certains que ces colis réconfortants aideront nos Mathurins à trouver moins dures les longues heures passées en mer. — Elle viendra aussi en aide aux veuves et aux orphelins des marins victimes de la piraterie allemande. — Votre troisième Commission est convaincue que l'Assemblée départementale voudra s'associer à une oeuvre si éminemment patriotique et charitable, et, d'accord avec la première Commission, nous vous proposons de voter à cet effet la somme de 500 francs qui serait inscrite au chapitre 21 de la décision modificative n° 2 du budget de l'exercice 1916.
Les conclusions de la Commission sont adoptées. Le crédit est voté et inscrit.

Rapports et délibérations / Département de Maine-et-Loire, Conseil général









L'Ouest-Eclair 17-2-1916

26 novembre 2022

 Torpillage du Provence II 

Collet Ange Marie Joseph

Un autre habitant de Tinténiac à péri en mer durant la première guerre mondiale, il s'agit d'Ange Collet, avant dernier sur la colonne de droite du monument.

A remarquer que des noms ont été rajoutés après l'édification du mort.

La fiche matricule nous donne les principales informations.

Ange Marie Joseph est né le 26 mars 1893 à Tinténiac 

de Ange Collet et Génerie Marie. Il est cultivateur.

Selon son dossier militaire il a les cheveux roux clairs et il mesure 1,62m

Sur la fiche on trouve le degré instruction 3


0. pour le jeune homme qui ne sait ni lire ni écrire ;

1. pour le jeune homme qui sait lire ;

2. pour le jeune homme qui sait lire et écrire ;

3. pour le jeune homme qui sait lire, écrire et compter ;

4. pour celui qui à obtenu le brevet de l'enseignement primaire ;

5. pour les bacheliers, licenciés, etc...

Par la lettre X, pour le jeune homme sur le degré d'instruction auquel aucun renseignement n'aura pu être obtenu.

Bien entendu il n'existe aucune photo d'identité du militaire, ce sont les descriptions physiques qui doivent permettre de l'identifier.


Il est incorporé le 28 novembre 1913 à Saint-Malo et affecté  au 1er régiment Infanterie coloniale

Et, en août 1913, la loi Barthou fait passer le service obligatoire 2 à 3 ans.

Il est nommé caporal le 24 octobre 1914

le 8 février 1916  il passe au 3e RIC




Le 3e régiment d'infanterie de marine (couramment abrégé 3e RIMa) est une unité de l'armée de terre des forces françaises. C'est l'un des régiments les plus anciens des troupes de marine. Ce régiment fait partie des « Quatre Grands » également appelés « Quatre Vieux » de l'infanterie de marine qui tenaient autrefois garnison dans chacun des quatre ports militaires français, prêts à embarquer : le « Grand Un » à Cherbourg, le « Grand Deux » à Brest,


le « Grand Trois » à Rochefort et le « Grand Quatre » à Toulon. Le « Grand Trois » a participé activement aux expéditions lointaines du XIXe siècle en Afrique, en Amérique, en Océanie et en Orient. Surnommé aussi «3e de marine », il a fait partie de la « Division Bleue » qui s'illustra à la bataille de Bazeilles les 31 août et 1er septembre 1870. Le sous-lieutenant Joseph Gallieni fut blessé dans ses rangs lors de ces combats.

 

 le 1er octobre 1916 il passe à la réserve active ayant été incorporé le 28 novembre 1916.

26 février vers 15h00 : plus de la moitié du régiment (5 compagnies) périt en mer, après le torpillage du Provence 2, à destination de Salonique.

Il disparait le 26 février 1916 lors du torpillage de la Provence II



"Jugement du tribunal de première instance de l'arrondissement de Cherbourg n°829, établi sur la base de la liste des victimes fournie par le ministère de la Marine le 24 avril 1917, enregistré à Cherbourg le 28 août 1917 folio 101 case 12, transcrit à l'état-civil de Cherbourg le 6 septembre 1917 - Concerne 772 disparus lors du torpillage le 26 février 1916 du croiseur auxiliaire transport de troupes Provence II entre Marseille et Salonique, dont un officier de marine passager, oublié dans le premier jugement intervenu le 27 février 1917 et concernant 139 marins de l'équipage disparus."

Attendu que le vingt six février mil neuf cent seize, le croiseur auxilliaire (sic) Provence II allant de Toulon à Salonique a été torpillé par latitude trente six degrés N et longitude vingt un degrés quinze est (Greenwich) qu'il a coulé en quelques minutes et qu'une partie seulement de l'équipage et des troupes embarquées comme passagers a pu se réfugier sur les canots ainsi que sur les radeaux recueillis le lendemain par les bâtiments de la division des patrouilles.

Attendus que les circonstances de la catastrophe, l'éloignement de la côte et que le fait que les patrouilleurs ont croisé sur les lieux du sinistre longtemps après, ne laissant aucun doute sur la réalité de la mort des disparus, dont il y a lieu de constater judiciairement les décès.

Attendu que par jugement, en date du vingt sept février mil neuf cent dix sept, le Tribunal de ce siège a constaté le décès de cent trente neuf marins victimes de ce naufrage, que depuis lors, le département de la Guerre a communiqué au Ministre de la Marine une première liste de militaires disparus au nombre de sept cent soixante onze en demandant qu'elle fut dès maintenant, soumise au Tribunal compétent, une seconde liste devant faire l'objet d'un autre envoi lorsque tous les renseignements d'Etat Civil auront pu être réunis ..."

attendu d'autre part qu'il résulte de constatations récemment faites, que la liste dressée à Cherbourg le sept septembre mil neuf cent seize qui a servi de base au jugement du vingt sept février et qui indiquait comme marin passager manquant Monsieur le Capitaine de Vaisseau Reveille, a omis de mentionner un second officier de vaisseau également passager et disparu, Monsieur le lieutenant de Vaisseau Capin.

Par ces motifs, Déclare constaté par suite de leur disparition en mer le vingt six février mil neuf cent seize dans le naufrage de la Provence II les décés des sept cent soixante douze personnes dont les noms suivent et dont la disparition a été déclarée conformément à l'article quatre vingt huit du Code Civil par Monsieur le Ministre de la Marine, le vingt quatre avril mil neuf cent dix sept.

1r CAPIN Paul Marie Emile, lieutenant de vaisseau né le vingt huit janvier mil huit cent soixante onze à Saint Antonin (Tarn et Garonne) de Achille Jean Abel et de Céleste Caudesaignes, époux de Camille Augustine Zoro Delma domicilié en dernier lieu à Saint Antonin. Mort pour la France.

2e [strike]AIME[/strike] AUMONT Louis, capitaine au troisième Colonial, né à Argentat (Corrèze) le seize juillet mil huit cent soixante quatorze de Sylvestre et Jeanne Hourtoule, époux de Honorine Fabre, domicilié en dernier lieu à Tonnay-Boutonne (Charente inférieure), Mort pour la France.

3e AIME Gustave Eugène, soldat de [strike]la[/strike] deuxième classe au troisième régiment d'Infanterie Coloniale, né à Saint Hilaire des Loges (Vendée) le dix sept mai mil huit cent quatre vingt dix de François Auguste et de Marie Victorine Veillat, domicilié en dernier lieu à Saint Hilaire des Loges (Vendée), Mort pour la France.

Sources

BnF Gallica

Mémoires des Hommes

01 avril 2022

Croiseur cuirassé Gueydon 1916 division légère Martinique

Croiseur cuirassé le croiseur cuirassé Gueydon 1916


Croiseur cuirassé affecté en 1915 sur les côtes de l'Atlantique de Brest à Gibraltar. 

Journal de bord novembre 1916 le Gueydon est en carénage
au Lamentin
En 1916 sert en Amérique du sud et Antilles. La carte postale est datée du 27 novembre 1916 et rédigée par un aspirant de marine du cuirassé Gueydon depuis Fort-de-France.

Carte postale du 26 novembre 1916 à destination d'Amiens

Expédiée par l'aspirant Lenoir à bord du Gueydon 4e division légère
Transité par le paquebot ligne N°2

Le Gueydon est armé au port militaire de Toulon en 1903. Il fait sa première campagne en Extrême-Orient. Il participe ensuite à la Première Guerre mondiale, faisant essentiellement campagne sur les rivages de l'Amérique du Sud et des Antilles.


Accident au « Gueydon » On nous télégraphie de Lorient

Le croiseur cuirassé Gueydon effectuait hier sa dernière sortie en essais d'endurance de vingt-quatre heures, et pendant plus de la moitié de l'épreuve tout marchait à souhait, quand soudain des chocs répétés se faisait entendre dans le cylindre à haute pression de la machine tribord. Les expériences furent aussitôt interrompues, et le navire, à l'aide de sa machine axiale. revenait au mouillage. Le Gueydon, qui est attendu en escadre de la Méditerranée, ne pourra reprendre la mer que dans trois semaines environ.




De notre correspondant à Lorient

Le grand croiseur cuirassé Gueydon vient de terminer magnifiquement sa série d'épreuves officielles, en accomplissant ses essais d'endurance de vingt-quatre heures, au large de Lorient. Ce beau bâtiment, commandé par le capitaine de vaisseau Massenet, avait à son bord une commission présidée par le commandant Goudeao, major général par intérim et dont voici succinctement reproduit le rapport


Avec une consommation de 730 grammes, par cheval-heure, les 28 chaudières Niclausse, dont ce bâtiment est muni, ont donné une pression de 16 kilogs, par centimètre carré, correspondant à la force de 1,100 chevaux imprimant pendant toute la durée des essais une vitesse de 18 noeuds 8.


 

Le taux de consommation prévue au marché était de 800 grammes par cheval heure. Le résultat, dont on ne cache pas sa satisfaction, dans la marine, est donc tout a fait concluant. les faibles dépenses de charbon, présentant l'énorme avantage, outre l'économie dans le chauffage, de permettre un rayon d'action plus étendu.

Ajoutons que les chaufferies du Gueydon sont disposée pour employer le pétrole comme combustible dans le cas ou cela serait nécessaire.

Le croiseur aussitôt armé ralliera l'escadre de la Méditerranée à laquelle il est destiné.


Recto de la carte postale Cachet service à la mer
En 1923, il subit une refonte à l'Arsenal de Brest et, en 1926, une autre à Toulon pour servir d'école de canonnage. En 1927, il remplace le Pothuau comme navire-école des canonniers. Il est rayé du service actif en 1935, et sert alors de ponton-caserne à l’École Préparatoire de la Marine.

Au début de la Seconde Guerre mondiale il est basé à Brest et sabordé la veille de l'entrée des troupes allemandes dans la ville, puis en 1943, les Allemands, pour leurrer les observateurs de la RAF, le maquillent en faux Prinz Eugen. Il sera détruit lors de la prise de Brest.

Sources

16 mars 2022

Sous-marin FOUCAULT Cattaro Kotor Montenegro hydravion Autriche guerre 1916

Sous-marin FOUCAULT

L’UN DES PREMIERS COMBATS DE L’HISTOIRE ENTRE UN SOUS-MARIN ET DES AVIONS


le 11 août 1914, une flotte française sous le commandement de l'amiral Augustin Boué de Lapeyrère arrive à Malte. Il avait l'ordre de naviguer avec tous les navires français et britanniques disponibles, de passer en mer Adriatique et d'entreprendre toutes les opérations qu'il jugerait les meilleures contre les ports autrichiens. Lapeyrère a décidé de surprendre les navires autrichiens en imposant un blocus du Monténégro 

Le sous-marin Foucault torpillait avec succès un éclaireur ennemi dans les environs de Vallona. Puis, le 3 mars 1916, un autre submersible français attaque résolument un transport militaire, escorté de trois torpilleurs, et le coule malgré le feu intense concentré sur lui par les convoyeurs. Le 4 avril, un navire auxiliaire autrichien, accompagné par deux grands torpilleurs est coulé dans des conditions identiques.

Dans l'Adriatique, près de Cattaro, notre sous-marin Foucault, qui convoyait une flottille italienne, coule un croiseur autrichien du type Novara.

De L'Echo de Paris, au sujet des exploits du sous-marin Foucault :  « Honneur donc au Foucault et à son vaillant équipage, composé de 15 à 17 hommes et commandé par le lieutenant de vaisseau Le Maresquier. Nul doute que de justes distinctions pour, ce brillant exploit tarderont pas à récompenser ces braves et que le torpillage d'un croiseur autrichien engendrera une belle émulation parmi nos marins et ceux de notre alliée, la marine italienne. »

Du Matin :

« On a dit parfois qu'il y avait pour notre marine trop peu d'exploits comme celui du Foucault. La raison en est simple : c'est que les navires ennemis ne se montrent pas. Le croiseur autrichien qui, par exception, a affronté le large, vient d'apprendre à ses dépens que notre flotte fait bonne garde. »

Sous-marin de 400t, armé d'un canon de 45 et de 6 torpilles, il est surpris en Adriatique par les hydravions autrichiens L132 et L135 qui le coulent. C'est le premier sous-marin détruit en mer par une attaque aérienne. Le commandant et l'équipage sont faits prisonniers.


La Croix 24-9-1916
14 septembre 1916, le sous-marin Foucault appareillait de Brindisi pour patrouille offensive contre le trafic ennemi à l’ouvert des bouches de Cattaro, l’importante base navale autrichienne du sud de la côte Dalmate. Il appartenait à la division des flottilles de l’Adriatique, commandée par un capitaine de vaisseau portant sa marque sur le Marceau mouillé à Brindisi, et placée pour emploi sous les ordres du commandant en chef de l’armée navale italienne. Les instructions données au Foucault pour cette mission étaient très détaillées. Leur lecture laisse entrevoir la sollicitude un peu naïve du commandement à l’égard de ces petits sous-marins encore bien rudimentaires, dotés d’une autonomie très faible, extrêmement inconfortables, ne disposant que de mauvais périscopes — et aussi ses appréhensions, son manque de résolution quant à la manière de les utiliser. En voici des extraits : 



Mon cher commandant, vous appareillerez à 18 heures pour bloquer le chenal SE de Cattaro, sous la baie de Traste, dans la journée du 15 et éventuellement dans ta journée du 16, mais à la condition absolue qu'après la première journée de plongée votre équipage n ait éprouvé aucune fatigue anormale ; il faut que pour la nuit de charge et la nuit de retour vous ayez un équipage apte à bien veiller et bien manœuvrer. Si vous en doutez, je vous demande de rentrer le 16 au matin, malgré le désir que vous auriez de rester (...) Il faut vous méfier des petits patrouilleurs ennemis, particulièrement des grandes vedettes à moteur fort peu visibles ; en outre, les torpilleurs qui couvrent les mouvements de vapeurs sur Durazzo se tiennent parfois jusqu ’à 30 milles au sud de Cattaro. Il faut donc, pour éviter une surprise, être aussi prêt que possible à la plongée immédiate (...) 

Marine feld Post n° 204 U-Boot 35 30-07-17
Griffe rouge "Ne pas envoyer d'aliments"
D’ailleurs, d’une façon générale, je vous demande beaucoup de prudence dans votre navigation aux abords de la côte ennemie, bien que récemment nos sous-marins n ’aient pas été inquiétés (...) Votre but principal est le sous-marin ; il faut donc tendre à ne pas vous faire éventer sans espoir de succès sérieux ; naturellement, vous ne négligerez quand même pas un contre-torpilleur, un transport ou un navire important (...) Ces instructions ne mentionnent nulle part les ennemis les plus dangereux des sous-marins de la flottille de l’Adriatique : les avions autrichiens. Pourtant, les services de renseignements savaient dès le début de 1916 que les Autrichiens font un usage constant et très rationnel de leurs avions et que les Italiens croient savoir qu’ils en ont une quarantaine du type marin. 

Déjà le C.V. DAVELUY avait signalé dans un rapport rédigé à la suite d’une mission à Tarente : Le Fresnel, manœuvrant pour attaquer un torpilleur du type Tatra le 12 juillet 1915, fut aperçu par un aéroplane qui, comme un oiseau de proie, fit une descente en flèche sur notre sous-marin et lui lança des bombes. Il dut plonger et le torpilleur s’échappa à toute vitesse. 

Quatre mois après les événements que nous relatons, on eut la preuve irréfutable que nos sous-marins étaient souvent repérés à la vue par les avions autrichiens, et aussi qu’ils étaient fort indiscrets. Le lieutenant de vaisseau autrichien SCHIAVON, chef d’escadrille abattu devant Valona le 4 février 1917, interrogé par le C.V. TROCHÔT, commandant les flottilles de l’Adriatique, lui déclara : De 500 mètres, par mer calme, on voit un sous-marin immergé à 10 mètres comme s’il était à la surface, surtout dans les eaux claires au nord du golfe de Drin (...) Quand on a l’habitude de voir des sous-marins autrichiens ou allemands en projection horizontale au mouillage de Cattaro, il est très facile de reconnaître un ami d’un ennemi par sa silhouette. On voit bien le sillage et il est rare qu’un sous-marin ne laisse pas derrière lui une légère traînée graisseuse, qui ne se remarque pas d’un navire, mais qu’on aperçoit très bien d’en haut par mer calme. 

Léon Henri Devin
Pour revenir au combat du 16 septembre, rien ne peut mieux le décrire que le rapport présenté par le commandant du Foucault, le lieutenant de vaisseau DEVIN, à son retour de captivité, devant le conseil de guerre réuni le 18 novembre 1918 pour juger de ses responsabilités dans la perte de son bâtiment : Le 15 septembre vers 7 heures du matin, ayant pris la plongée une heure avant te lever du soleil et après immersion d’essai à 18 mètres, nous sommes à notre poste sur la ligne de croisière ordonnée. Nous croisons sur un moteur à 100 ampères, tenue de plongée très facile. Au point du jour, la visibilité est très bonne, il n y a rien en vue. La mer est très belle, avec quelques moutons de 8 heures à 12 heures, calme ensuite avec légère ondulation de SE. Malgré notre faible vitesse, nous faisons un léger sillage. Pour diminuer tes chances d’être vus dans cette croisière près de ta côte, mes ordres sont de rentrer le périscope entre deux tours d’horizon. Nous étions en plongée à 10 mètres, à 10 milles dans le S 31 E de Kobila, Rondini étant légèrement ouvert à droite de Kobila, route à 33CP, moteur bâbord en avant à 100 ampères, la barre de direction manœuvrée à bras, les barres de plongée électriquement. L'officier en second était de quart au périscope, il terminait un tour d’horizon et venait de commander à la barre de venir.de 18CP sur la gauche, en même temps qu’il appuyait sur la manœuvre électrique de descente du périscope, lorsque deux bombes éclatèrent coup sur coup au-dessus du pont arrière. 

Torpilleurs à Kotor


Il était 14 h 35. Je commandai aussitôt les deux moteurs en avant 400 ampères, immersion 25 mètres, puis 35 mètres. La secousse ressentie fut très forte, un coup de feu se déclara dans les résistances des auxiliaires, ce qui bloqua le périscope et les barres de plongée, plusieurs lampes furent brisées et d’autres petites avaries du même genre se produisirent, mais on ne remarqua aucune fuite d’eau. Comme la barre arrière était bloquée à monter, j’envoyai l’officier en second derrière s’assurer que la barre arrière fonctionnait normalement à bras, et remettre en état les auxiliaires. Tandis qu’on embrayait les barres et qu ’on descendait le périscope à bras, je fis observer que ces bombes ne nous avaient rien fait de sérieux. L’équipage était d’ailleurs très calme. Nous atteignions normalement une immersion voisine de 20 à 25 m quand nous reçûmes une autre bombe, moins forte que les précédentes. 

LA GADEC, quartier-maître mécanicien qui était à mes côtés, me fit une réflexion au moment où elle éclata. Je note également en passant que, dans l’interrogatoire que mon second et moi subîmes sur le bateau- amiral, le chef d’état-major autrichien me demanda séparément quelles bombes nous avaient avariés, les premières ou les suivantes. Une voie d’eau se déclara aussitôt au plafond du compartiment des moteurs électriques, autour de la tige de manœuvre de la vanne du silencieux bâbord, et prit tout de suite une grosse importance. La boite à étoupe sur la coque avait dû sauter. L’eau jaillissait directement sur le disjoncteur et le collecteur du moteur tribord, et sur les relais du moteur bâbord. Il fallut stopper tribord qui prenait feu. Je fis augmenter bâbord, mais nous descendîmes rapidement, tout en ayant une forte pointe haut, due au fait que les diesels se remplissaient d’eau. Pour combattre la descente, je fus obligé de chasser aux centraux. Nous descendîmes jusqu'à 50 m environ, puis nous remontâmes. On avait apporté des toiles pour protéger le moteur bâbord, le seul en état de marcher, et la turbine était en route pour vider l’eau qui remplissait la cale. J’espérais protéger le moteur bâbord, faire route avec lui en plongée quelque temps et échapper ainsi aux avions et aux torpilleurs de port. Aussi, arrivé à 20 m, je fis décoller puis fermer les purges des centraux. La montée s’arrêta alors aux environs de 18 m. Mais à ce moment-là le feu pris dans les relais du moteur bâbord. Il fallut le stopper aussi. Nous coulâmes rapidement. Je fis chasser partout. 

SMS Sankt Georg Kriegsmarine 17-5-1916



Nous eûmes du mal à remonter,  avons dû atteindre 65 m avant d'être maîtres de la descente. L’incendie, malgré les extincteurs amenés des autres compartiments, avait pris de l’extension. Le feu partait de tous les câbles mouillés, même après que le circuit eût été ouvert aux batteries. Les moteurs étaient dans l’impossibilité absolue de fonctionner, les inducteurs inférieurs baignant dans l’eau qui affleurait le parquet de la cale. Enfin, notre dernière chance de nous éloigner au diesel, quelque illusoire quelle pût être, nous était même refusée, les diesel ne pouvant être lancés qu’avec les moteurs électriques. Stoppés en surface, nous gardâmes une pointe haut du fait de l’eau embarquée derrière. Le second-maître de timonerie JÉZEQUEL monta la mitrailleuse et commença à tirer sur les deux avions qui nous avaient attaqués et volaient non loin de nous. Ayant jugé la situation désespérée, et après l’avoir exposée à l’officier en second et au patron, je n'eus qu' une pensée : faire couler le bâtiment avant que l’incendie localisé dans les moteurs n’ait gagné le pétrole et ne nous ait empêchés de détruire le sous-marin. Je fis ouvrir les aspirations du drain aux cales et les refoulements des turbines ainsi que les purges de ballasts. La grenade Guiraud fut disposée pour son fonctionnement. Je fis évacuer l’équipage. L’officier en second manœuvra lui-même les manœuvres de l’avant et s’assura que mes ordres étaient partout exécutés. L'officier en second et l’équipage étant montés sur le pont, je restai un moment seul à bord. Je détruisis les deux seuls ordres confidentiels que j'avais sur moi. Quand je montai, l’incendie continuait dans le compartiment des moteurs, la fumée avait un peu diminué depuis l’ouverture des panneaux. Le tir de la mitrailleuse gênait les avions qui n'approchaient pas de très près. Les hommes, ayant jeté ce qui pouvait servir de bouée (pliants, avirons, etc...) et ayant quitté leurs vêtements, se mettaient à l’eau.

Aviation Kotor Flieger unit 57
Un des avions jeta alors deux bombes qui tombèrent à une trentaine de mètres du bateau, près des hommes qui nageaient. Le sous-marin s'enfonçait par l’arrière. Jusqu’au dernier moment, le second-maître JÉZÉQUEL tira de la mitrailleuse sur les avions. Je me trouvai sur le pont près de la passerelle lorsque le Foucault coula. A ce moment, l’équipage cria : « Vive la France ! Vive le commandant ! » Il était 2 heures 50. Peu après, on entendit l’explosion de la grenade, et une grande tache d'huile et de pétrole monta à la surface. Les deux avions ne tardèrent pas à amerrir (un troisième avion sortit de Cattaro mais n ’amerrit pas). Ils vinrent près des hommes et en prirent sur leurs fuselages quelques-uns qui étaient en passe de se noyer. Peu après que le Foucault eût coulé, j'aperçus une fumée venant de Rondoni. Quand le torpilleur fut sur nous, il mit ses embarcations à la mer pour recueillir les marins dont quelques-uns étaient juchés sur les avions (lesquels ne s’envolèrent jamais avec eux), et le plus grand nombre nageait.

L'officier en second et moi, qui nagions, fûmes pris par un youyou à son dernier voyage et conduits à bord du torpilleur. A 15 heures 20 nous étions au carré, tandis que le torpilleur faisait route sur Cattaro où nous fûmes conduits à bord du Sankt Georg, bâtiment- amiral. Un officier dit à certains de nos hommes que nous aurions été découverts dans la matinée vers 9 heures, puis recherchés vers midi par des avions qui ne nous auraient trouvés que vers 14 heures 30, après plus de deux heures de recherche. 

Ce rapport a été écrit par moi à Gratz fin septembre 1916, après que j’en eus conféré avec mon officier en second avec lequel j’étais en prison. Nous avions pu communiquer préalablement avec nos hommes. Je me suis borné à recopier ici le texte que j’avais composé alors. Suivent les propositions du commandant pour l’attribution à titre individuel de la croix de la Légion d’honneur à son second, le lieutenant de vaisseau CHAT ; de la médaille militaire au second-maître JÉZÉQUEL


Par arrêté ministériel en date du 7 mars 1919, a été inscrit à la suite du tableau d'avancement pour le grade de capitaine de corvette (application de l'article 9 du décret du 14 juin Le lieutenant de vaisseau Devin (Léon-Henri), commandant le sous-marin Foucault : le sous-marin qu'il commandait ayant été atteint par des bombes d'avions, le 15 Septembre 1916,

Il a su par son ascendant sur ses hommes, son sang-froid, maintenir à bord Ia confiance. A réussi à sauver son équipage, Il n'a quitté son bâtiment que lorsqu'il a coulé sous ses pieds. Cet officier est également cité à l'ordre l'armée pour le même motif. 

Sources 

Aux Marins

Le Miroir 30-01-1916

La dépêche de Brest 15 janvier 1916

JO de la République française 10-03-1919

La Croix 24-9-1916

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