Pierre Loti à Toulon Le phalanstère et le Capharnaüm Le Roman d'un Spahi
J'attendais avec impatience les cartes et les courriers du premier jour Pierre Loti. Une enveloppe était glissée dans une plus grande... J'ai tout de suite pensé à un courrier détérioré. Mais que non!
C'était une enveloppe protectrice pour pli philatélique. Et comme imprimé au verso. Ce pli exclusivement réservé aux services de la Poste est destiné à éviter que les envois philatéliques dûment affranchis, adressés et oblitérés ne reçoivent une seconde oblitération.
Pourquoi ne généralise-t-on pas ce système?
Mais revenons à Loti et à Toulon.
Quand on évoque Pierre Loti Officier de Marine, on pense immédiatement à Rochefort, sa ville natale, à Brest et à l'école navale et puis on parle de voyages, de Chine, de Japon, de Turquie, de Sénégal.
Toulon n'est qu'un port d'embarquement qui ouvre les portes de la Méditerranée, de Suez, de l'Océan Indien, de l'Orient, du rêve et de l'écriture.
A 25 ans, Julien Viaud revient du Sénégal dévasté par une liaison douloureuse et décide de faire une pause de 6 mois au gymnase de Joinville pour y développer son corps.
Par la suite, il entre dans une « bande lyrique » à Toulon, adoptant le rôle d’un « acrobate fashionable » et c’est là qu’il connait le Capharnaüm (ou le Phalanstère), hôtel garni certes modeste, mais dont les fenêtres s’ouvraient sur les platanes de la place Saint-Pierre au centre-ville
Mars 1876 (après le Sénégal) : « J’ai retrouvé ici, avec l’air vif de la méditerranée et le ciel radieux du Midi, une quantité d’amis qui ont pris à tâche de me distraire. Je recommence vraiment à vivre ».
En 1880, le Friedland le voit débarquer à Toulon. Combien de temps va-t-il y rester?
« Toulon. La joie du soleil, du ciel plus pur, de la Méditerranée bleue. Et partout, sous les vieux platanes, dans l’arsenal, au coin des rues, -des souvenirs de radieuse jeunesse. »
Illustration de Jules Arsène Garnier (1847-1889) |
Loti tient un journal où il évoque les instants de sa vie. Sportif, travaillant son corps et ses muscles peut-être aurait-il pu devenir acrobate?
Il va charger Plumkett - Louis Jousselin de lui trouver un pied à terre. Ce sera rue de la République le "Phalanstère qui deviendra vite le "Capharnaüm"...
Généralement, vers 2h du matin, une promenade dans les rues….J’aime les rues de Toulon à ces heures indues ; les grillons chantent dans le trou des murs… et des rats d’une grosseur invraisemblable se promènent par troupes, narguant les matous en maraude….On assiste à des scènes que les bourgeois rangés ne soupçonneront jamais ». Plus tard, les soirées se termineront par des « enfantillages très innocents » dans le quartier chaud des marins, le « Chapeau Rouge »
Ce sera son lieu d’ancrage durant de très longues années, la brasserie Delaunay au rez-de-chaussée à deux pas de l'église Saint-Pierre. Quand on voulu apposer une plaque sur l'hôtel indiquant que Loti y séjourna, le propriétaire refusa et la plaque fut apposée sur... l'église. De l'hôtel à l'autel.
Loti fenêtres grandes ouvertes observe la place Saint-Pierre qui lui rappelle l'Italie. La place est animée, musiciens, saltimbanques. Les matelots mènent grand train, des bals champêtres s'organisent..
On est bien là. J'emploie le temps de notre relâche à terminer le "Roman d’un Spahi’’,qui aura été presque entièrement écrit dans cette maison. Je travaille surtout la nuit mes fenêtres ouvertes sur les platanes...
Le Friedland va quitter Toulon le 9 septembre 1880. Le "Roman d'un spahi" est fini et j'ai besoin de ma reposer au calme de la mer.
A Toulon il sera décoré (1910), sur le Pont du cuirassé ‘’La Patrie’’, de la Croix de Commandeur de la Légion d’Honneur. A la retraite, il reviendra en 1911, invité pour une semaine à bord de ‘’La Justice’’
Loti, qui n’avait pas que des amis au Ministère, avait bien failli voir sa carrière écourtée à moins de cinquante ans, à l’occasion d’une réduction d’effectifs, et il avait dû se battre devant les tribunaux pour être réintégré dans ses fonctions. A soixante ans, échéance inévitable celle-là, ses adieux seront particulièrement laborieux, entre les cérémonies officielles et les réunions informelles, l’ensemble se déroulant à Toulon, où il connaissait bien l’amiral de Jonquières, camarade de promotion, et l’amiral Gaschard. Auparavant, il exerça un dernier commandement officiel, sur le « Vautour » à Stamboul, qui ne fut d’ailleurs pas une sinécure, deux missions particulières ayant exigé en plein hiver des manœuvres périlleuses en mer de Marmara et en mer Egée sur un bateau peu adapté. En 1906, il aura ainsi rempli les conditions nécessaires pour accéder au grade honorable de Capitaine de Vaisseau, et, moyennant quelques appuis, il obtiendra aussi la cravate rouge de commandeur de la Légion d’honneur.
Sur ce, il gagne Toulon et le croiseur « Suffren », où il revêt un moment son uniforme, quelques jours avant son anniversaire du 10 janvier 1910, un anniversaire qu’il maudira plus encore que de coutume.
En avril 1910, il est accueilli cette fois sur la « Patrie » par les deux amiraux et retrouve des vieux camarades. La remise de la croix de commandeur a lieu en novembre, avec parade militaire, mais il n’en tire aucune satisfaction. Enfin, invité sur « La Justice » de l’amiral Gaschard, il va pouvoir remettre une dernière fois son uniforme en Juillet 1911.
Merci à Paul Roy et à l'amiral Arata
Merci à Paul Roy et à l'amiral Arata
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