04 juillet 2024

flottille 34 F Lanvéoc Poulmic hélicoptères ESHE Lanvéoc-Poulmic

 Flottille 34 F Lanvéoc-Poulmic

Le 17 mai 2024, la Flottille 34F a fêté ses 50 ans d’existence. Née en 1974 sur la base d’aéronautique navale de Fréjus Saint-Raphaël, elle a pour tâche à l’époque avec le centre d’études pratique de l’aéronautique navale (CEPA) la mise au point d’un système d’armes : l’Alouette III-MAD (détecteur d’anomalies magnétiques).


Transférée en 1975 sur la base d’aéronautique navale de Lanvéoc-Poulmic, la Flottille 34F y assure l’entraînement et la formation de ses équipages. Elle fournit des détachements embarqués aux principaux bâtiments porteurs d’hélicoptères (BPH).

À l’arrivée du premier hélicoptère WG 13 Lynx, en 1979, la 34F devient une véritable unité de lutte anti sous-marine et développe alors ses capacités d’action par tous les temps.

Lanvéoc-Poulmic © JM Bergougniou
Le 1er janvier 2021, la Flottille 34F fusionne avec l’Escadrille 22S (École de spécialisation sur hélicoptères embarqués) et devient la 34F/ESHE. Dès lors, elle assure la formation des élèves pilotes d’hélicoptères de la Marine nationale et des moniteurs et équipages embarqués sur hélicoptères. 

Lanvéoc-Poulmic © JM Bergougniou

Ses 110 marins remplissent également au quotidien des missions de soutien à la Force océanique stratégique, à la Force d’action navale, mais aussi d’Action de l’État en mer (sauvetage en mer, surveillance maritime, lutte contre le narcotrafic…).

Lanvéoc-Poulmic © JM Bergougniou


La Flottille 34F a mis en oeuvre de nombreux hélicoptères au cours de son histoire dont la mythique Alouette et évolue aujourd’hui sur Dauphin à raison de près de 4 000h/an.

https://www.defense.gouv.fr/marine/actualites/flottille-34f-rejoint-club-quinquagenaires

03 juillet 2024

PM L'HER Retrait du service actif Aviso PHM Brest 1er juillet 2024

PM L'HER Retrait du service actif Aviso PHM Brest



Le 24 juin 2024, le premier maître L’Her a pris la mer une dernière fois avant son retrait du service actif. Douzième d’une série de 17 avisos de la classe d’Estienne d’Orves, il a été mis à l’eau en juin 1980 et admis au service actif le 5 décembre 1981. Durant 43 années, le bâtiment a parcouru près de 800 000 nautiques, soit l’équivalent de 40 circumnavigations et 29 officiers ont eu l’honneur de le commander.



Il a connu de nombreux succès opérationnels, notamment dans l’opération Olifant au large de Beyrouth en 1982, durant la guerre en Yougoslavie et la guerre du Golfe en 1991 ou encore en mer Rouge dans l’opération Condor au cours de la crise entre l’Erythrée et le Yémen en 1996. Depuis le début des années 2000, le PM L’Her a participé à plusieurs reprises aux opérations Enduring Freedom, Atalanta et Heracles dans le golfe Persique et en océan Indien, ainsi qu’à l’opération Corymbe dans le golfe de Guinée. Affecté au port de Brest en 2000, il a également mené de nombreuses missions en Atlantique.

Au travers des décennies, ses équipages successifs ont fait vivre l’état d’esprit « aviso », marin et guerrier, si caractéristique de ce type d’unité. Dix anciens commandants en ont témoigné lors de la dernière sortie à la mer. Le nom du PM L’Her est relevé par le centre de transmission (CTM) Kerlouan – PM Jean-François L’Her, en hommage au marin affecté à la base d’aéronautique navale de Berck en 1940, mort au combat durant la Seconde Guerre mondiale.

Photo B. Hily

Le 31 mars 1992, le Premier maître L'Her appareillait de Toulon pour l'Adriatique. Sa mission : protéger les forces françaises de l'ONU qui transitaient vers la Yougoslavie à bord du TCD Orage et des cargos ou ferries affrêtés pour l'occasion. 
La protection des convois Amarante et Balsamine n'était pas la première intervention du Premier maître L'Her dans l'Adriatique.
Déjà lors de la mission humanitaire Chamade, il avait assuré la protection de la Rance et du Bélier. 

https://www.defense.gouv.fr/marine/actualites/laviso-pm-lher-tire-sa-reverence-43-annees-navigation


En enveloppes quelques une des missions du PM L'HER


Le 2 juin 1981 à Lorient, l'aviso Premier maître L'Her prend la mer pour la première fois, tiré par des remorqueurs. Après ses essais, sa traversée de longue durée le conduit pour sa première escale à l'étranger, à Rio de Janeiro, quoi rêver de mieux, n'est-ce pas déjà un bon présage ? Puis ce sont Natal, Caracas, Fort-de-France.

Admis (bon pour le service) au service actif, il reçoit son affectation pour Toulon et commence à rayonner en Méditerranée, à Annaba (ex-Bone, Algérie) à Palma et à Gênes. Il suit ensuite le chemin de ses aînés toulonnais, vers l'océan Indien où il fête, en mer dans le détroit de Bab el-Mandeb, son premier anniversaire d'existence le 18 avril, et son premier anniversaire de navigation le 2 juin.


En résumé, sa première année de navigation se traduit par 38 000 milles parcourus (presque deux fois le tour de la terre), une navigation du 65° Est au 65° Ouest et du 48° Nord au 24° Sud qui lui fait sillonner deux océans (Atlantique, Indien), sept mers (Antilles, Sargasses, Méditerranée, Rouge, Alboran, Iroise, Arabie), huit golfes (Gascogne, Lion, Gènes, Suez, Aden, Oman, Persique, Tadjourah), quatre détroits (Gibraltar, Jubal, Bal el-Mandeb, Ormuz), et emprunter le canal de Suez, tout cela en deux cent trois jours d'absence d'un port de métropole et cent soixante-et-un jours de mer — dont bon nombre de ces jours heureux accompagnés de roulis.
Il a en outre tiré un Mer-Mer 40, 207 coups de 100 mm, 300 coups de 20 mm, 12 roquettes, 6 torpilles et 33 valises Dagaie. 



1998 - Merci au Liban et à la ville de Tripoli dont le souvenir restera ancré en chaque marin du Premier Maître L'Her après l'escale effectuée fin 1997. Escale phare d'une mission qui nous aura fait découvrir les hauts lieux du bassin méditerranéen oriental, reflets des civilisations antique, grecque, romaine, phénicienne ou arabe (Antalya en Turquie, Alexandrie en Égypte), elle marquait le retour de la France au Liban Nord par la voie maritime pour une véritable escale, du jamais vu de mémoire de Tripolitain depuis 1923. L'émotion était donc grande quand sous la protection du sommet enneigé du mont Liban, se découvrit la triple cité, Tripoli ou Trablos, ville à l'hospitalité légendaire, capitale du Liban Nord. Le Premier Maître L'Her était donc attendu avec impatience, curiosité, complicité aussi. Le quai pavoisé aux couleurs libanaises et françaises plaçait l'escale sous le signe d'une amitié indéfectible entre les deux pays, amitié qui ne demandait qu'à se renforcer par la rencontre et l'émotion partagée.
















01 juillet 2024

BH Borda Gabon AP SPID SODEXO V 100090 avril 2024 ZMATO 24 Hydrographie Afrique de l'ouest Libreville

BH Borda Gabon AP SPID A 266 SODEXO  V SPID 10090 avril 2024

Un pli portant le cachet SPID du vaguemestre du BH Borda en date du 24 avril 2024 et remis à l'agence postale SODEXO du Gabon. Le timbre est annulé par le cachet AP SPID 266 SODEXO en date du 26 avril 2024.



Les éléments français au Gabon comprennent :

Un échelon de commandement : En assurant la liaison avec les autres commandements intervenant dans la zone, il est en charge essentiellement du suivi de la situation, des études générales, de la coordination et de la programmation des activités, de la préparation opérationnelle, de la logistique et du soutien interarmées.
Une unité terrestre : Le 6e bataillon d’infanterie de marine (6e BIMa), organisé en groupement de coopération opérationnelle (GCO), implanté au camp de Gaulle à Libreville, est tourné vers la coopération opérationnelle régionale, il assure également la protection des emprises des EFG et la maintenance des matériels terrestres.
Une unité aérienne : Les éléments Air 470 (EA 470), implantés sur la base aérienne Guy Pidoux, mettent en œuvre l’hélicoptère FENNEC ainsi que l’accueil et le soutien logistique aéronautique au profit des aéronefs militaires en détachement ou de passage.
Des directions et des services de soutien implantés dans le camp de gaulle à Libreville :
la direction du commissariat d'outre-mer au Gabon (DICOM Gabon) / groupement de soutien de la base des EFG (GSBEFG), auquel est intégrée la mission logistique (MISLOG), à Douala (Cameroun), en charge du transit logistique au profit des opérations extérieures de la région (BARKHANE-Présence FR en RCA) ;
la direction locale interarmées des réseaux d’infrastructures et des systèmes d’information (DIRISI Libreville) ;
la direction d’infrastructure de la Défense (DID) ;
le centre médical interarmées (CMIA) ;
le détachement du service des essences des armées (DetSEA) ;
le poste de la protection et de la sécurité de la défense au Gabon (PPSD) ;
le détachement prévôtal.

Toutes les unités des EFG participent à la mission de coopération en armant des détachements d’instruction opérationnelle (DIO) ou technique (DIT).

30 juin 2024

Kerguelen Port-aux-Français pli détérioré lors du transfert en Zodiac L'Astrolabe P800 TAAF gérant Postal mai 2024

Kerguelen Port-aux-Français L'Astrolabe pli détérioré

Lors du passage de L'Astrolabe à Kerguelen du courrier a déposé à l'agence postale. Le transfert s'est fait en Zodiac...


Malheureusement des plis transporté ont été détériorés. Le gérant postal a apposé un cachet "Pli détérioré pendant le service".




29 juin 2024

Kerguelen Port-Aux-Français 13-5-2024 L'Astrolabe mai 2024 Port Jeanne d'Arc TAAF Terres Australes Antarctiques Françaises Durban Afrique du Sud

Kerguelen Port-aux-Français 13-5-2024

escale de l'Astrolabe

L’équipage A du patrouilleur polaire L'Astrolabe a repris la mer le 27 avril 2024 pour assurer le deuxième volet de ses missions à savoir, la surveillance des zones économiques exclusives (ZEE) des possessions françaises dans la zone Sud de l’océan Indien.



Après cinq jours de navigation dédiés à l’entraînement, L'Astrolabe a accosté dans le port de Durban où il a fait escale du 2 au 5 mai 2024. Ce passage en Afrique du Sud aura permis de renforcer les liens de coopération que la France entretient avec ce pays.

Le consul général de France à Johannesburg, Monsieur Etienne Chapon, a été reçu à bord avec une délégation de l’ambassade de France. Cette visite a permis de recevoir des représentants de la marine Sud-Africaine et d’accueillir la communauté française de Durban. L’engouement autour de cet évènement a démontré l’intérêt porté par nos partenaires et nos compatriotes de l’étranger pour les missions de la Marine et singulièrement pour celles de L’Astrolabe


Enfin, à la sortie du port de Durban, un exercice de navigation conjointe a été organisé avec le patrouilleur Sud-Africain, le King Shaka Zuluavant que L’Astrolabe ne fasse cap vers l’archipel de Crozet.


Dans le cadre de sa mission de surveillance, le brise-glace « l’Astrolabe » a fait escale aux Kerguelen du 13 au 15 mai dernier. Cette visite exceptionnelle a été chaleureusement accueillie tant par l'équipage du navire que par l’ensemble des hivernants de la base de Port-aux-Français.


La présence de l’Astrolabe pendant trois jours a été marqué par de nombreuses activités enrichissantes et conviviales qui ont renforcé les liens entre les marins et les résidents de la base.



Durant ce séjour, dont un passé à PJDA (Port Jeanne d’Arc), diverses activités ont été proposées aux marins. Parmi elles, des sessions de pêche, des visites guidées de Port-aux-Français, incluant la gérance postale et la coopérative, ainsi que des excursions vers les anses alentours pour observer la faune et la flore des Kerguelen. Ces moments de découverte et de partage ont été particulièrement appréciés par tous.








26 juin 2024

Douglas Mawson Antarctique cap Denison expédition polaire

Douglas Mawson

Je vous propose un peu de lecture pour les longues soirées d'été...

Mawson's Huts est le principal camp de base de l'expédition antarctique australasienne dirigée par le géologue et explorateur Douglas Mawson.





L'expédition antarctique australasienne eut lieu en Antarctique entre 1911 et 1914. Ce camp se situe au cap Denison, dans la baie du Commonwealth, dans l'est du Territoire antarctique australien. Mawson's Huts est l'un des rares sites encore existant de l'âge héroïque de l'exploration en Antarctique. Il est classé, ainsi que l'ensemble du cap Denison, comme site historique de l'Antarctique






OE -9-03-1913






OE 04-01-1914

Sur les Rivages glacés de l’Antarctique - Mawson L’Expédition par Gustave REGELSPERGER

On ne saurait affronter les contrées horriblement désolées qui constituent les deux calottes polaires de la terre sans avoir à redouter l’éternelle menace de la traîtrise des glaces. Après tant d’autres, l’expédition australienne du Dr Douglas Mawson a eu à en subir les terribles influences. Si le Dr Mawson n’avait pas pour objectif, quand il laissa la Tasmanie à la fin de 1911 sur le baleinier l’Aurora, commandé par le capitaine Davis, de renouveler les héroïques exploits d’Amundsen et de Scott au Pèle Sud, il n’en avait pas moins un programme d’exploration qui lui ouvrait infailliblement des perspectives de terribles obstacles à vaincre et de redoutables dangers à courir. Ce qu’il s’était proposé, c’était de reconnaître certains rivages de ce vaste continent austral, l'Antarctique, dont les contours ne sont encore dessinés sur les cartes que par fragments et dont pourtant la parfaite continuité semble de plus en plus s'affirmer. La partie vers laquelle l’expédition allait porter ses efforts était celle située au Sud de l’Australie, connue sous le nom de terre de Wilkes et où le grand voyageur français Dumont d’Urville avait, en 1840, découvert la terre Adélie et la côte Clarie.


A mi-chemin entre Hobart et les terres polaires, l’expédition dévia de la ligne droite et se porta vers l’Est pour aller toucher une île isolée au milieu de l'Océan Glacial Antarctique, méridional de la Nouvelle-Zélande, l’île Macquarie. Inhabitée et sans mouillage, dominée par des collines dénudées, entourée d’îlots rocheux, cette île déserte ne semblait guère devoir attirer les navigateurs. Que voulait y faire le Dr Mawson? Voulait-il entamer quelque négociation diplomatique avec la population ailée des pingouins qui vit en nombre immense sur ses côtes? 

C’était peu probable et cependant voilà que quatre hommes furent débarqués sur l'île, puis L’Aurora reprit la direction du Sud. Qu’avaient fait ces quatre infortunés? Oh, rien de mal ! par cet exil prolongé qu’ils acceptaient, ces hommes dévoués, qui étaient aussi des savants, allaient rendre à l’expédition un service considérable, consistant à la maintenir en rapport continu avec le monde civilisé.

 L’expédition devait en effet mettre à profit pour sa sécurité l’une des plus grandes découvertes des temps modernes, la télégraphie sans fil. Un poste, établi à l’île Macquarie, allait servir de relai entre la Nouvelle-Zélande et la station que le Dr Mawson se proposait d’installer à la terre Adélie. Les quatre braves gens qui étaient chargés de cette mission de confiance à l’île Macquarie, seuls représentants de l’espèce humaine parmi une gent ailée innombrable, n'avaient à courir aucun risque parmi elle; il n’en était pas de même des pingouins qui devaient fournir à leurs hôtes plus d'un rôti à leurs dépens. 

Faisant route vers l’Extrême-Sud, l'Aurora rencontra quelques jours après les premières glaces, bientôt assez denses pour gêner sa marche. C’est après avoir longé, de l’Est à l’Ouest, une barrière de glace étendue que l'expédition, pouvant alors aller droit au Sud, vit apparaître le continent fameux dont elle voulait pénétrer les mystères. Elle découvrit, vers l’Est de la terre Adélie,une vaste baie, protégée par un archipel, dont elle fit sa principale base d’opérations. Le Dr Mawson l’appela Commonwealth bay, en reconnaissance du large concours que lui avait fourni la Fédération australienne. C’est là que s’installa le chef de l’expédition avec dix-sept compagnons. Mais il ne voulait pas se borner à ce seul centre d’action; il s’était proposé d’en faire établir un autre, très loin vers l’Ouest, de façon à tenir la terre de Wilkes par des points extrêmes, d’où deux escouades pourraient s’élancer vers l’inconnu. 

L’Aurora fit un trajet de près d’un mois avant de trouver un point convenable pour établir la seconde base d’opération. Dans sa marche vers l'Ouest, le navire passa bientôt devant la place où Dumont d’Urville avait vu l’énorme falaise de glace qu’il avait appelée côte Clarie. Chose étrange ! il n’y en avait plus trace. Ainsi, dans ces régions pleines d’imprévu, la glace ne garde aucune fixité; elle se forme, se déforme, se déplace sans cesse. Qu’était-il advenu de cette barrière solide qui affectait les aspects d’une terre? 

Elle avait été démolie sans doute, mise en pièces ci effritée, et ses débris flottants avaient dû être transportés vers des eaux plus tièdes et y fondre. Les plus hautes murailles de glace de l’Antarctique donnent des exemples de formidables effondrements. La façade de la Grande Barrière, que Shackleton, Amundsen, Scott gravirent pour prendre la route du pôle, est elle-même de cinquante kilomètres en arrière du point où elle se trouvait quand Ross la découvrit. Après un difficile voyage le long d’une banquise épaisse qui l'isolait du continent, 



L'Aurora put enfin débarquer ses passagers à une faible distance de la terre de l’Empereur Guillaume II, non point sur un fragment de terre, mais sur un énorme glacier à la surface tourmentée qui ne pouvait certes pas faire espérer à l’escouade de Wild, forte de sept hommes, un séjour enchanteur. 

Elle se trouvait là à 1,800 kilomètres à l’ouest de la station où était demeuré Mawson. L’un et l’autre groupe s’en allèrent explorer les environs. On peut penser si ce furent de pénibles et audacieuses randonnées. Dans la région où opérait Wild, la terre était recouverte d’une croûte de glace presque ininterrompue, très épaisse, où quelques roches, très rares, faisaient saillie et qui venait déborder fort avant sur la mer. Les courageux voyageurs n’en relevèrent pas moins toute une ligne de côtes, ce fut la terre de la Reine Mary, et, ayant pu atteindre le Gaussberg, sur la terre de l’Empereur Guillaume II, ils relièrent leurs propres découvertes à celles faites par Drygalski en 1902. Si peu favorisées qu’elles soient, ces régions étaient habitées, mais comme toujours par le seul peuple de l’Antarctique : les pingouins. Il y en avait de vraies armées, et ces sympathiques oiseaux vivaient là, gais et contents. Que fais lient pendant ce temps Mawson et ses compagnons à la terre Adélie? Eux non plus n’avaient pas un champ d’exploration commode. Le haut plateau que forme cette terre se dresse brusquement au-dessus de la mer et s’élève de plus en plus dans l’intérieur, vers la terre Victoria. 

De ce côté, le lieutenant Bage s’avança à 48 kilomètres des quartiers d'hiver aux abords du pôle magnétique. En même temps, une autre reconnaissance était entreprise le long de la côte, en allant vers l'Est, par Mawson avec le Dr Merz et le lieutenant Ninnis. La région que traversaient ces trois intrépides pionniers était inconnue, ils l’appelèrent terre du Roi George V. Par malheur, elle devait être le théâtre de cruels événements. Plus encore dans les régions polaires qu’ail- leurs, la volonté et le courage peuvent être impuissants contre les surprises ou les agressions d’une nature hostile et in- domptable. Le 14 décembre 1912, la petite troupe s’avançait avec ses traîneaux sur un plateau glacé. Tout allait bien. Subitement, une de ces crevasses formidables comme en présentent les glaciers polaires, et que rien ne révélait, s’ouvrit sous le poids du traîneau que conduisait le lieutenant Ninnis. Le malheureux fut de suite englouti avec le véhicule, dans le gouffre aux parois lisses où la main ne rencontre aucune aspérité pour se raccrocher et au fond duquel le corps descend, descend toujours, jusqu’à ce qu’il ait son linceul de glace.


S’étant couché sur la neige, tout contre l’extrême rebord de l’ouverture béante, au risque d’y glisser à son tour, Mawson tenta de sonder du regard le fond du précipice, il ne put rien apercevoir. Il lança des appils désespérés, aucune parole ne monta des profondeurs de cette tombe. Il n’avait pas fallu plus de temps qu’à l’éclair qui foudroie pour que le drame fût consommé. Le Dr Merz, qui était en arrière, arriva, à son tour, à toute vitesse avec son traîneau. Les deux survivants se regardèrent pleins de douleur et de consternation. Pour comble d infortune, le traîneau englouti portait la principale charge de provisions, si bien que ces deux malheureux, qui étaient à près de 500 kilomètres de leurs quartiers d’hiver, n’avaient plus comme ressources que des vivres pour une dizaine de jours et avec cela la chair peu succulente que pouvaient leur fournir six chiens amaigris. D’abri contre les bourrasques, le froid horriblement pénétrant, la neige, ils n’en avaient plus; leur tente était tombée elle aussi dans le gouffre et il leur faudrait se contenter maintenant d’une unique couverture. 




On peut comprendre quelles furent leurs angoisses. Mawson et Merz se sentirent perdus, néanmoins ils réagirent. Par suite de la pénurie de vivres, le salut n’était possible qu’en hâtant le retour. C’est ce que tentèrent les deux voyageurs. Ils marchèrent nuit et jour presque sans relâche, diminuant le temps du sommeil ; mais comme leur nourriture était de plus en plus réduite, ils virent, à ce régime, leurs forces s’affai- blir rapidement. Le Dr Merz ne put y résister et, vingt-cinq jours après l’accident de Ninnis, il succomba à son tour aux privations et aux fatigues. Le chef de l’expédition restait seul dans cet immense et horrible désert de glaces, presque dans la disette et complètement épuisé. 

Il semblait qu’il n’eut plus qu’à attendre la mort. Quelle réserve d’énergie ne devait-il pas avoir en lui pour n’avoir pas cédé au désespoir et pour avoir pu triompher d’une situation qui semblait ne laisser aucune chance de salut? Pendant un mois, Mawson s’avança et souvent se traîna, torturé par la faim, à travers d’immenses glaciers tout sillonnés de crevasses où le moindre faux pas risquait de l’exposer au même sort que Ninnis. Un jour un pont de neige s’effondra aussi sous ses pas et il demeura suspendu au-dessus de l’abîme par le harnais de son traîneau. A deux reprises, Mawson essaya de remonter jusqu’au rebord de la crevasse, deux fois il retomba; ce ne fut qu’à la troisième tentative, après une lutte épuisante, qu’il put enfin sortir du tombeau où il croyait rester. Ce ne fut pas en vain que le Dr Mawson avait déployé une énergie surhumaine : contre tout espoir, il put atteindre à la fin un dépôt de vivres, le 29 janvier 1913, après 46 jours de souffrances inouïes. Ainsi que l’apprend une intéressante information de M. Charles Rabot, dans L’Illustration, tout le corps de l’explorateur, ulcéré parle froid, n’était qu’une plaie et il n’avait plus ni cheveux ni barbe. Ce ravitaillement le sauva et, quelques jours après, il arriva à ses quartiers d’hiver. Mais là, Mawson allait éprouver une déception nouvelle.

 Son navire, L’Aurora. qui était revenu dans la baie du Common- wealth afin de le rapatrier, avait pendant un mois attendu son retour. Comme le chef de l’expédition ne paraissait pas, le navire venait de repartir afin d'aller délivrer de sa prison de glace de la terre de la Reine Mary, avant que l’approche en devienne impossible, l’escouade de Wild qui y aurait couru les plus grands dangers. Sur un radiotélégramme de Mawson, le capitaine Davis vira de bord pour revenir vers la côte, mais des coups de vent l’en empêchèrent et, d’ailleurs, il n’y avait plus de temps à perdre pour sauver Wild et ses compagnons. Ce fut après mille difficultés de navigation que, le 23 février, le navire arriva devant le glacier où les explorateurs attendaient avec impatience sa venue. En toute hâte se fit rembarquement et sans perdre un instant le navire s'éloigna, ayant déjà à lutter contre les glaces de la banquise, qui, s’épaississant et se rapprochant, risquaient de lui fermer la route en le retenant prisonnier. Mais si l’équipe de Wild avait pu être ramenée en Tasmanie, celle de Mawson était contrainte à faire un nouvel hivernage. Il fut bien pénible. D abord,la perte des deux vaillants compagnons de Mawson avait jeté un voile de tristesse sur tous les membres de l’expédition. Puis son chef était revenu tellement épuisé par les souffrances endurées, qu’il demeura environ deux mois entre la vie et la mort ; on le crut à jamais perdu et comme si ce n était pas assez de déboires et de malheureux sorts, un des hommes de l'expédition fut frappé de folie. Enfin, malgré un dur hivernage, Mawson revint à la santé et la saison s’acheva avec plus de calme. 



Les pauvres exilés surent bien employer leur temps au profit de la science et ils rédigèrent un curieux journal. le Blizzard Adelie, dont le titre faisait allusion à la fréquence des coups de vent sur la terre Adélie et où ils consignèrent leurs remarques sur les habitants de ces contrées, pingouins, phoques, pétrels des neiges qui, eux, bien adaptés au climat, n’ont jamais songé à se plaindre de leur sort. Le Dr Douglas Mawson, aujourd’hui rapatrié, est déjà passé une première fois par Paris en se rendant à Londres. Si, comme nous l’espérons, l’héroïque explorateur revient quelque jour parmi nous, il sera accueilli à Paris par des acclamations chaleureuses, acclamations bien méritées, car l’expédition aura apporté une contribution nouvelle des plus importantes à la connaissance du continent antarctique ; en même temps, l'intrépidité dont le Dr Mawson a fait preuve commande l’admiration. 

• Gustave REGELSPERGER.
Toutes les photos proviennen du site 
https://www.mawsons-huts.org.au/sir-douglas-mawson/

Journal des voyages et des aventures de terre et de mer

Date d'édition : 1914-07-26

Timbre SNA Duguay Trouin Brest La Poste BREST SIAM 7 et 8 novembre 2024 avec la Marcophilie navale

Timbre SNA Duguay Trouin Brest La Poste BREST SIAM 7 et 8 novembre 2024 avec la Marcophilie navale