La voie des esprits Tombeaux des Ming photo JM Bergougniou |
Victor Segalen est breton, né le 14 janvier 1878 à Brest. Il fait ses classes chez les Jésuites, passe son bac en 1894, et commence en novembre 1895 l’année préparatoire aux études de médecine à Rennes. Reçu premier, il prépare l’Ecole de médecine navale de Bordeaux où il est reçu en 1898.
Le 29 janvier 1902, il soutient brillamment sa thèse, sur les hommes de lettres du 19e siècle
En 1908, il part en Chine où il soigne les victimes de l'épidémie de peste de Mandchourie. En 1910, il décide de s'installer en Chine avec sa femme et son fils. La première édition de Stèles voit le jour à Pékin en 1912.
Stèles photo JM Bergougniou |
La cité interdite photo JM Bergougniou |
En Chine, il rencontre un des rares Européens qui s'y trouvaient alors, et qui le marque beaucoup, le sinologue belge Charles Michel qui lui inspire le personnage de René Leys.
Hôpital maritime Rochefort photo JM Bergougnjou |
Sur le front à Nieuport, 10 mai – 5 juillet 1915
il repart en Chine pour accompagner une mission chargée de recruter des travailleurs chinois. C’est un long voyage, la guerre excluant de le faire par mer : il passe par Londres, Bergen, Petrograd où il rencontre le sinologue Alexeieff, puis prend le transsibérien. Il arrive à Pékin le 25 février 1917, se rend à Shanghai.
Tout en examinant quelque deux cents travailleurs par jour, il va à Nankin en mars visiter les tombeaux Liang (梁朝 502-557) où il découvre des colonnes supportées par des tortues et des « chimères » qui sont en fait des lions « nageant avec furie contre la terre cultivée qui les dévore ». En mai, poursuivant son travail archéologique il « part précipitamment » pour Zhenjiang (镇江), dans le Jiangsu, à un jour et demi de jonque, pour voir un bas-relief des Han décrit par Chavannes dans son ouvrage sur « La sculpture des Han » car Chavannes n’en donne qu’un estampage et les textes qu’il a consultés parlent de « porte de pierre ». Tout ceci montre la précision de son travail de terrain, à partir des textes. C’est ce qui fait la valeur unique de son opus majeur « Chine, La grande statuaire ». En 1916 , la France ouvre une filière d'embauche depuis les villes côtières de Qingdao et Pokou. Les Chinois qui acceptent sont enrôlés sous contrat civil à durée déterminée et gagnent l'Europe par voie maritime.
Son long voyage pour examiner des travailleurs chinois, du 25 janvier 1917 au 6 mars 1918, lui permet de compléter ses recherches sur la « Grande Statuaire » chinoise et de se consacrer davantage à l’écriture, c’est là qu’il commence son dernier poème Thibet. Ses lettres à Yvonne prennent alors une importance primordiale tant par leur nombre que par leur contenu. Elle apparaît non seulement dans son rôle de collaboratrice efficace mais surtout elle rattache Segalen à la possibilité d’un avenir après « la Grande Chose ». Sa troisième installation à l’hôpital de Brest a été encore plus difficile que les deux précédentes. Il est amaigri, physiquement affaibli par son séjour en Extrême-Orient, désespéré par la guerre. Il ne rentre pas à l’hôtel le soir. Deux jours plus tard, sa femme retrouve son corps au lieu-dit Le Gouffre. Il a une blessure à la cheville, et « Hamlet » à ses côtés.
Sa mort reste inexpliquée, bien que la thèse du suicide soit aujourd’hui considérée comme la plus probable compte tenu de la pathologie maniaco-dépressive dont il souffrait comme en ont témoigné divers médecins, dont le Dr. Hesnard, ancien psychiatre de la marine, lors d’un séminaire de psychanalystes à Marseille en 1958 |
L'une des universités de Bordeaux, où Victor Segalen fit ses études, porte son nom (Université Victor-Segalen Bordeaux 2). La faculté de Lettres et Sciences sociales de Brest, sa ville natale, lui rend aussi hommage en portant son nom. Le lycée LFI (lycée français international) Victor-Segalen, à Hong Kong, porte également son nom.
Le poète anglais Milton vendit les droits du Paradis Perdu pour la somme dérisoire de cinq livres sterling, et Racine vendit Andromaque deux cents livres. Dieu sait cependant le nombre de travailleurs de toute sorte qui vivent de l'œuvre de ces créateurs Imprimeurs, typographes, brocheurs, relieurs, libraires, costumiers, machinistes, etc..
Cela représente des sommes astronomiques. Même réflexion s'impose en ce qui concerne les artistes peintres. Victor Segalen, le poète breton, qui fit la guerre à Dixmude avec les fusiliers-marins, n'at-il pas raconté comment en passant à Tahiti, peu de temps après la mort de Paul Gauguin, il se rendit acquéreur pour la somme de SEPT francs d'un paysage breton sous la neige, que le commissaire-priseur présentait à l'envers, avec ce titre sensationnel Les chutes du Niagara Or actuellement, ce même paysage ferait probablement dans une vente aux enchères plusieurs centaines de mille francs.