Affichage des articles dont le libellé est Marine. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Marine. Afficher tous les articles

24 janvier 2024

PMM Villeneuve Saint Georges préparation militaire marine CF Kieffer

PMM CF KIEFFER Villeneuve-Saint-Georges


Une formation pour découvrir la Marine nationale

La préparation militaire est un stage militaire et maritime qui permet de découvrir la Marine nationale au plus proche de son domicile, partout en France. Que ce soit pour préparer un engagement, s'engager comme réserviste ou découvrir le milieu maritime, chaque stagiaire a l’opportunité de vivre une expérience unique et enrichissante. Les préparations militaires permettent aussi de découvrir l'esprit d'équipage et d’acquérir le goût de l'effort.

Il existe plus de 80 centres PMM en métropole et en outre-mer.


Préparation militaire supérieure

Les préparations militaires supérieures (PMS) sont des formations maritimes et nautiques qui permettent de découvrir l’univers de la Marine nationale, d’appréhender l’organisation générale de la Défense, et les principales organisations internationales et interalliés.







PMS Maistrance


La PMS maistrance est un stage de 3 semaines s’adressant à des jeunes diplômés de Bac à Bac+2.

Il se déroule en juillet, au centre d’instruction naval de Brest (Finistère) et au Pôle Ecoles Méditerranée de Saint-Mandrier (Var). Ce stage est l’occasion de découvrir la marine et les spécificités du statut de militaire au sein de l’institution :

- découverte de l’organisation des forces armées, de la politique de défense de la France et de ses enjeux ; formation maritime avec initiation à la manœuvre des embarcations à moteur et à la navigation côtière ;

- formation de sécurité avec formation aux premiers secours, sécurité à bord et principaux moyens de lutte contre les incendies, initiation au maniement des armes.

Des visites de bâtiments de guerre ou de sites militaires et des sorties à la mer peuvent être organisées lors de ce stage. A l’issue de la PMS Maistrance, il est possible de servir dans la Marine nationale en tant que réserviste.


PMS Etat-major


La PMS Etat-major est destinée aux étudiants et jeunes diplômés de niveau Bac+3 validé minimum.

Elle s’articule en 12 conférences dispensées en région parisienne et réparties sur une année scolaire (12 samedis) et d’un séminaire de 4 jours à l’École navale.

La PMS Etat-major est l’occasion de découvrir l’univers militaire et marin, appréhender les fonctions d’officier, l’organisation générale de la défense et plus particulièrement de la Marine nationale.

Cette préparation militaire offre notamment un complément pratique à la formation dispensée à l’Institut des Hautes Etudes de Défense Nationale (IHEDN jeunes) et aux titulaires d’un Master « Défense-sécurité ».

La formation est complétée par une formation pratique de 5 jours dans un port militaire. Elle se déroule pendant les vacances de printemps. Conférences au sein des forces, visites de bâtiments de guerre, journées à la mer, mises en situation opérationnelles…

Merci à Joël


https://www.facebook.com/PMMKiefferVSG?locale=fr_FR


https://www.netmarine.net/tradi/engagez/pmmparis/index.htm

25 octobre 2023

Guyane Degrad-des-Cannes Cayenne EMA fusée Kourou Ariane Marine

Guyane Degrad-des- Cannes Cayenne EMA fusée Kourou


Situé sur la commune de Rémire-Montjoly, le terminal portuaire du Dégrad-des-Cannes est implanté sur le fleuve Mahury et s’étend sur une zone de 23Ha. 

L’accès nautique se fait via un chenal de 15kms de long et 120m de large, il est entretenu par un dragage permanent. 90% des échanges à destination et au départ de la Guyane se font par Dégrad-des-Cannes, avec un trafic total s’élevant à un peu plus de 800KT en 2016 dont 60% en fret conteneurisé, le marché guyanais étant très majoritairement d’importation. 

Autrefois concédé à la chambre de commerce, il est depuis le 1 janvier 2013 un établissement public (Grand Port Maritime de Guyane).

60% du trafic transitant par le port du Dégrad-des-Cannes est constitué de marchandises diverses : conteneurs, RoRo. Ce sont des biens de consommation alimentaire et non alimentaire, des véhicules légers, des biens d’équipements, des matériaux de construction destinés aux chantiers locaux et des engins de travaux publics.




La production locale servant essentiellement le marché domestique, il y a peu de marchandises à l’exportation, et elles concernent en premier lieu les déchets destinés au recyclage et les déménagements.




Protection du centre spatial guyanais => la mission spécifique Guyane





− Protection de la souveraineté de l’État et de ses intérêts (économiques, écologiques, sociaux humanitaires)

− Protection des ressources naturelles dont la pêche

− Lutte contre le trafic de stupéfiants

− Lutte contre la pollution

− Lutte contre l’immigration clandestine

− Recherche et sauvetage

− Diplomatie navale => concrétise des engagements nationaux, des coopérations, des partenariats

− Connaissance anticipation => maîtrise information sur les mers

− Protection, Prévention, dissuasion


19 février 2023

le biscuit et la Marine boulangerie pain PH Jeanne d'Arc

le biscuit et la Marine

Si l'expression "tremper son biscuit" est devenue avec le temps une expression à caractère sexuel et a pris un sens vulgaire, à bord des navires, aux temps anciens, les marins trempaient quotidiennement leurs biscuits.


Boulangerie JDA Photo JM Bergougniou

Le biscuit de mer, aussi nommé galette, est une sorte de biscuit ou de pain sec utilisé par les marins lors des voyages au long cours. Il est composé d'eau, de levain et de farine. Il est plat et peut être de forme ronde ou carrée. Il est à l'origine du «pain de guerre».

Boulangerie JDA les fours Photo JM Bergougniou
Le biscuit de mer, connu depuis le Moyen Âge, ne disparaîtra des navires de guerre français qu'avec la décision ministérielle du 26 août 1937. Il sera alors remplacé par le pain cuit à bord.



Suppression du biscuit de mer

M. Lockroy vient de prendre, en ce qui concerne la nourriture des marins, une importante mesure qui sera bien accueillie par les équipages. Le biscuit, ce genre d’alimentation qu’un commissaire aux subsistances déclarait suranné, va être remplacé par du pain conservé dit « pain de guerre. » La délivrance du biscuit sera supprimée après la consommation des stocks actuels. 

Boulangerie JDA la main à la pâte Photo JM Bergougniou
Avec la machinerie des bâtiments de guerre, les procédés de conservation de la farine et les appareils dislillatoires, la fabrication du pain est devenue facile à bord et les équipages pourront être nourris presque exclusivement de pain frais ou de pain récemment fabriqué. Cette mesure va permettre de supprimer dans les ports de guerre un service d’approvisionnements dispendieux et une manutention coûteuse. 

Boulangerie JDA Photo JM Bergougniou

Cependant, disent d’autres journaux, la décision du ministre de la marine, annonçant la prochaine suppression des ateliers de meunerie et boulangerie des arsenaux de Brest et de Toulon, cause une émotion considérable. 

La croix des marins 22-03-1896



Les biscuits sont transportés en sacs. Ils sont rangés, en vrac, dans des boites de 2 mètres sur 2 environ, dans l'entrepont. Ces boites sont calfatées. Elles ne seront ouvertes que pour en distribuer le contenu. Les soutes à biscuits sont disposées sous la sainte-barbe et au-dessus de la soute aux poudres. Elles sont donc situées à l'arrière du navire, dans un endroit où l'humidité sera limitée.






 

Officiellement, le biscuit de mer peut se conserver jusqu'à 2 ans, mais cela dépend des conditions dans lesquelles il est conservé. 

 


 

Photo Yann Le Ny

Dans la Marine nationale, la ration est de 20 onces, soit plus de 600 grammes, et représente environ les deux-tiers de l'apport calorique estimé. Le marin en consomme une galette par repas.


Photo Yann Le Ny
Le biscuit, bien conservé, est pratiquement impossible à mordre et à mâcher. Il est nécessaire de l'humidifier avant d'essayer de le consommer. Le premier travail est de le casser. Sur le bord de la table ou en tapant dessus (après avoir pris la précaution de l'envelopper dans un linge pour éviter la dispersion des morceaux

Photo Yann Le Ny
Ceux-ci peuvent alors être suçotés, mâchés ou, plus fréquemment, mis dans la soupe, la sauce du plat ou la chopine de boisson...



Photo Yann Le Ny
Cette expression apparue au milieu du XXe siècle est une évolution de l'ancienne expression "tremper son pain au pot", image très parlante pour qui est un peu au fait de la manière de faire les bébés.
Il est possible que le 'biscuit', petite douceur qu'on s'accorde bien volontiers, vienne du vieux terme 'bistoquette' qui désignait le pénis, instrument dont la forme est proche d'un boudoir, biscuit qui a pu faciliter la naissance de l'image.
Ce mot est issu du latin médiéval 'biscoctus' qui signifiait "cuit deux fois" et qu'on retrouve en espagnol 'bizcocho', en italien 'biscotto' (qui a donné 'biscotte'), en portugais 'biscuto' et en provençal 'bescueit'.


Photo Yann Le Ny
Le pain et le biscuit à bord 
Il est question au ministère de la Marine de faire installer à bord des bâtiments des pétrisseuses mécaniques et des fours permettant de fabriquer le pain nécessaire aux équipages ; le biscuit ne serait plus délivré qu’à un repas par semaine au lieu de trois ; il servirait de denrée de réserve. En escadre, les bâtiments considérables qui seuls pourront posséder la nouvelle installation fourniraient les rations nécessaires aux petites unités, telles que torpilleurs et contre-torpilleurs, dont l’aménagement tout spécial et forcément limité ne se prêterait pas à eette innovation. Des essais seraient faits incessamment afin que les bâtiments en construetion soient dotés des nouveaux engins de panification. Il serait pris modèle, paraît-il, sur les fours de campagne de l’armée en tant que système.


La croix des marins 14-09-1902

En voyant ces croissants je ne peux m'empêcher de penser à une chanson de Bobby la pointe appelée "Revanche"


"Mais quand qu'c'est dimanche
J'paye un croissant au chien
Le chien lui il s'en fout...
Ça ou du pain...
Mais le bourgeois qui passe
Sur le trottoir d'en face
Ça le fout en pétard
C'est rigolard
Et j'en jouis
Toute la nuit"



Sources

Wikipédia
Gallica BnF
La Croix des Marins

21 août 2022

du couvre chef colonial

Du couvre-chef colonial

Pourquoi un couvre-chef colonial? Tout simplement pour se protéger du soleil et de la pluie et avoir une pièces d'uniforme identique pour toute l'unité.
Pas possible de porter un casque métallique ou en cuir en zones tropicale et équatoriale.

Le chapeau de paille apparait sur une ordonnance de 1836.

En 1858, l' autorité introduit réglementairement le ruban légendé, précisant que, les marins " des équipages de lignes " porteront sur leurs chapeaux de paille un ruban flottant timbré en lettres d' or, aux noms des bâtiments.


Ce ruban est remis aux marins ou acheté à la coopérative du bord, lors de l' embarquement, le marin le coud lui même, suivant de diamètre de sa coiffe et de son tour de tête.

Le plus commun porte l' inscription : Marine Nationale.

En 1855, une circulaire ministérielle fixe la tenue règlementaire des hommes d'équipage de la Marine impériale française, cela concerne aussi les coiffures. Les matelots portent le chapeau de paille, le chapeau noirci et le bonnet de travail.




Quand on regarde des cartes postales de l'Afrique coloniale d'après 1900, ce sont les uniformes blancs des fonctionnaires, des militaires, des marins qui attirent la vue. Et bien entendu le casque colonial qui semble être devenu le symbole de la colonisation et de la présence européennes en Afrique et en Asie.




Et lors du voyage du Ministre Milliès-Lacroix le casque colonial est de rigueur

D'où vient le casque colonial?


Carte postale humoristique Guerre des Boers Afrique du Sud
le militaire anglais en perd son casque colonial

Ce seraient les Anglais qui, les premiers, auraient conçus ce couvre-chef inspiré du
salacot, une coiffure traditionnelle des Philippines


Les premières formes de casques coloniaux remontent aux années 1840, mais il faut attendre les années 1870 pour que le personnel militaire européen adopte ce chapeau dans les colonies . 






Confectionné en moelle de sureau ou en liège, il est recouvert d'un tissu blanc. Des trous permettent l'aération et la ventilation, 
Il comporte une jugulaire



Paris 1931 Vente de casques coloniaux
















Paris, le 13 juillet 1928.

j'ai décidé de rendre réglementaire deux nouveaux modèles de casques en liège, l'un pour les officiers, l'autre pour les officiers mariniers, quartiers-maîtres et marins, dont le descriptif et les conditions de délivrance sont donnés ci-après: I. — Descriptif du casque en liège avec jugulaire.

Rochefort photo JM Bergougniou

 La carcasse du casque est confectionnée en liège et recouverte d'une coiffe extérieure en coutil de coton blanc (croisÓ 4 pas).

Cette colfle est formée de quatre morceaux de toile cousus solidement ensemble par une couture rabattue piquée sur le bord et adhère entièrement à la carcasse au moyen d'une dissolution de caoutchouc.

L'intérieur du casque est garni d'une coiffe en tissu de coton satinette collée dans le fond.

Cette coiffe est en quatre morceaux solidement cousus et a les mêmes dimensions que la coiffe extérieure.



Les bords intérieurs de la coiffure sont recouverts d'un tissu de coton vert (satinette 5 pas) collé sur les bords.

Les bords du casque sont bordés d'un ruban de coton croisé de 0 m. 02 de largeur.

Le tour de tête est formé d'une (bande de carton solide de 1 m/m 5 environ d'épaisseur et de 0 m. 025 environ de hauteur à la partie intérieure de laquelle est collée une bande d'un tissu de coton.

 Ce tour de tête est recouvert d'une basane fauve, façon mouton, de 0 m. 05 de hauteur cousue à cheval pour former bordure sur une hauteur de 0 m. 01 de manière que sa hauteur .apparente soit de 4 centimètres; il est garni dans sa partie supérieure d'une ficelle destinée à serrer s'il y a lieu le tour de tête.
e
 c
Le tour de tête est fixé au corps du casque au moyen d'agrafes en métal blanc traversant huit taquets de liège-de 8 millimètres environ d'épaisseur qui isolent le tour de tête de la carcasse et assurent ainsi l'aération de l'intérieur ia casque.

Le tour de tête est enfoncé dans la coiffure de manière à affleurer la partie inférieure de la bombe du casque.

Le casque est. percé au sommet d'un trou de ventilation de 3 centimètres environ de diamètre lequel est garni d'un anneau de cuivre avec écrou central destiné à recevoir la tige en cuivre filetée du macaron en zinc recouvert de coton blanc qui surmonte la coiffure.


Les morceaux de liège, la coiffe intérieure, la doublure des visières, le coton blanc du tour de tête et la coiffe extérieure en coutil blanc doivent recevoir, d'une manière uniforme, une couche de dissolution de caoutchouc de première qualité.

Toutes les diverses parties de la coiffure doivent adhérer solidement et complètement l'une à l'autre.

Le casque est muni d'une jugulaire en deux parties dont 1 une porte une boucJe sur laquelle vient se fixer l'autre partie qui porte un coolant.

Cette jugulaire est en cuir de chèvre légèrement nourri sur chair de 1 m/m 2 à 1 m/m 5 d épaisseur, de 10 à 12 millimètres de largeur et 60 centimètres de longueur développée.

Elle est fixée soUdement à l'intérieur et sur les côtés du casque par des points croisés sur une hauteur de 2 centimètres environ.

Le modèle de casque pour officier est garni extérieurement de bandes de tissu de coton dont l'assemblage forme un ruban à (sept plis superposés.

Ces bandes sont posées de manière que la hauteur totale des plis atteigne 6 centimetres 5 environ sur les côtés et 3 centimètres 5 environ sur le devant et le derrière du casque.

Sur Je troisième pU du devant de ce ruban g partir du haut, et à 8 centimètres environ

du tour de tête, sont ménagées de part et d'autre de la couture du tissu recouvrant le casque, deux ouvertures bridées aux extrémités formant boutonnières espacées entre elles de 3 centimètres 5.

Ces deux boutonnières sont destinées- à recevoir les deux branches en métal de fixation de l'écusson conforme au modèle prévu pour la casquette 

Le modèle de casque pour officiers mariniers, quartiers-maîtres et marins est garni extérieurement d'une bande en coton blanc ou bourdalou de 3 centimètres de hauteur apparente toute montée, maintenue sur le corps du casque et muni de trois passants (un sur chaque côté et un derrière) de 6 centimètres environ de largeur, destinés au passage du ruban légendé pour les quartiers-maîtres et marins du corps des équipages de la flotte.

Pour les officiers mariniers ou sous-officiers, ainsi que pour les quartiers-maîtres et marins portant la casquette, le ruban légendé est remplacé par un écusson identique à celui prévu pour celle-ci et dont les deux branches en cuivre sont passées entre le 'bourdalou et le casque.

Les passants sont alors cousus sur toute leur hauteur de façon à être maintenus appliqués sur le casque.

Journal officiel de la République française. Lois et décrets

1928-07-14

25 octobre 2021

Victor Ségalen la Chine, la Marine et les travailleurs chinois

Victor Ségalen  la Chine, la Marine et les travailleurs chinois

L'histoire des travailleurs chinois pendant la Première Guerre mondiale en France concerne les 140 000 Chinois venus travailler en France à partir de 1916, en majorité dans l'armée britannique (au sein du corps de travailleurs chinois) pour effectuer des travaux de terrassement, 40 000 étant sous autorité française, à l'arrière du front, dans des usines. Victor Segalen participera activement à leur recrutement.

La voie des esprits Tombeaux des Ming
photo JM Bergougniou

Sinologue, élève d’ Edouard Chavannes , et comme lui également archéologue, Victor Segalen est aussi romancier, et surtout poète. C’est cependant la médecine qui l’a conduit en Chine où, au cours de trois missions dans la période pourtant troublée des années 1910, il a effectué des découvertes fondamentales qui ont bouleversé les connaissances de la statuaire chinoise.





Victor Segalen est breton, né le 14 janvier 1878 à Brest. Il fait ses classes chez les Jésuites, passe son bac en 1894, et commence en novembre 1895 l’année préparatoire aux études de médecine à Rennes. Reçu premier, il prépare l’Ecole de médecine navale de Bordeaux où il est reçu en 1898.

 


Tout en lisant beaucoup et se passionnant pour la musique, il s’intéresse plus particulièrement à la psychiatrie et s’oriente peu à peu vers l’étude des maladies mentales, et leurs rapports avec la littérature.


Le 29 janvier 1902, il soutient brillamment sa thèse, sur les hommes de lettres du 19e siècle 





 Détaché en Chine : trois missions, trois grands voyages

De Marseille à Pékin

En juin 1909, il est détaché en Chine pour deux ans. Il quitte Marseille fin avril ; le 29, il écrit à sa femme qu’il est prévu de faire une escale de 22 heures à Colombo et qu’il compte aller voir « son ancien collège bouddhiste » - il y sera le 11 mai, un peu étonné de retrouver le temple achevé « neuf et clinquant », mais ravi de revoir le père qui le reconnaît tout de suite. Il lit Claudel et voit par ses yeux Ceylan et ses gens « aux yeux doux qui s’en vont nus, par les chemins couleur de chair de mangue. » .
Le 5 mai, il est à Aden et retrouve le fantôme de Rimbaud comme à Djibouti au retour de Polynésie : « Mon passage ici est tout plein de Rimbaud… Rimbaud est une perpétuelle image qui revient de temps en temps dans ma route. »

Tombeau des Ming photo JM Bergougniou

De Hong Kong, il passe par Shanghai, remonte le Yangtsé par Nankin et Hankou, et de là prend le train vers le nord. Il arrive à Pékin le 12 juin. « Enfin Pékin. Ma ville ».

Finalement, ils quittent Pékin le 9 août, à cheval, avec une caravane de mules et d’ânes pour porter les bagages. Ils traversent le fleuve Jaune, puis le Shanxi le long de la Grande Muraille, arrivent à Xi’an le 20 septembre, puis à Lanzhou le 24 octobre. De là, ils gagnent Chengdu.


Le 15 décembre, ils embarquent sur une grande jonque pour descendre le Yangzi en passant par Chongqing, où ils arrivent le 1er janvier 1910. 



On doit à Victor Segalen et à son compagnon de route Gilbert de Voisins deux livres très différents. 







Si écrit en Chine, de Voisins, est un véritable journal de voyage, Briques et Tuiles en revanche est un amalgame de récits réalistes et de visions hallucinées, une victoire de l'imaginaire et de la poésie, sous un titre évocateur inspiré par le vocabulaire de la pierre, qui est récurrent dans l'œuvre de Segalen. Rédigées à l'étape du soir, ces notes seront reprises par la suite pour donner naissance à des textes élaborés.


Lors de son passage à Tchong-King , il va nous décrire la flotille des canonnières.


Le second Doudart de Lagrée fut une canonnière fluviale, construite aux Chantiers de la BROSSE et FOUCHE, à Nantes, et mise à l’eau en février 1909. Déplaçant 183 tonnes Washington, il avait 54,40 m de longueur, 7 m de largeur et 1,40 m de tirant d’eau. Deux machines alternatives développant 900 CV pour une vitesse de 14 nd.


"L'Olry et le Doudart - le premier coque solide , qui survivra à celle du second. Chaudières à bout, mais machines intactes. Mauvais logement. Pas de place autour du treuil avant (mais très fort). Mauvais arrière. Pourrait faire le bas fleuve (lac P'Oyang). 



"Le Doudart, lui, vient d'être brillant : remontée d'Yi-Tch'ang à Tchong-king en quarante et une heures. Mais c'est presque un racer : type beaucoup trop léger, assez mal monté à Chang-hai. Cornières et tôles tordues d&jà, dans les hauts. Avant en cuiller (pour glisser sur les tourbillons) (Renfoncé déjà sur le bâbord !). Bâti en haut comme un cantilever. Beaux logements style wagon-lit. (Mais pour cela beaucoup trop de fardage.) Hélices sans voute, avec vannes mobilesà l'arrière, permettant de varier, selon les fonds, la quantité d'eau qu'on charrie à l'arrière -quatre gouvernails. Deux machines de 500 chevaux. Coque beaucoup trop faible... - En somme le Doudart serait un geste brillant réserve au Commandent Audenard, mais un outil faible pour ses successeurs."

"La dernière unité de l'escadre est une jonque à vapeur néo-Ta Kiang(dont les chaudières authentiques gisent sur le quai, vendue 24F !) aménagée par ledit Commandant ( un mois après son arrivée tous les plans du Doudart étaient faits...) et qui réalisant 3 à 4 noeuds au maximum dut partout se touer comme une qui n'aurait pas de tourne-broche dans le ventre."



Briques et Tuiles - Le grand fleuve


Ils sont à Shanghai le 17 février. Pendant tout le voyage, Segalen écrit à sa femme et à ses amis, ces lettres détaillées constituant un merveilleux journal de voyage, et contenant aussi des ébauches de ses œuvres à venir. Mais il a aussi rapporté de précieuses photographies qui permettent de visualiser ce qu’il raconte dans ses lettres – y compris la fameuse tête de Bouddha découpée dans un vieux temple du Shanxi 


L'expédition en Chine centrale de 1909 à 1910 inspire à  Ainsi, le récit de la visite aux tombeaux des Ming deviendra une des plus belles stèles : "Aux dix mille années".


En 1908, il part en Chine où il soigne les victimes de l'épidémie de peste de Mandchourie. En 1910, il décide de s'installer en Chine avec sa femme et son fils. La première édition de Stèles voit le jour à Pékin en 1912. 


Stèles photo JM Bergougniou
Il entreprend en 1914 une mission archéologique consacrée aux monuments funéraires de la dynastie des Han. Cette étude sur les sculptures chinoises ne sera publiée qu'en 1972 (Grande Statuaire chinois). À ce titre, et en ce qui concerne la littérature, il renouvelle le genre de l'exotisme alors encore trop naïf et ethnocentrique.

La cité interdite photo JM Bergougniou

En Chine, il rencontre un des rares Européens qui s'y trouvaient alors, et qui le marque beaucoup, le sinologue belge Charles Michel qui lui inspire le personnage de René Leys.

Hôpital maritime Rochefort
photo JM Bergougnjou
Segalen rejoindra Yvonne à Saigon le 7 septembre, ils arriveront à Marseille le 6 octobre. Il avait demandé à être envoyé dans les « régiments de marins qui se battent dans l’est », mais il est d’abord affecté à l’hôpital de Rochefort, puis en novembre retourne à Brest. L’administration militaire avait besoin de médecins dans les hôpitaux pour soigner les dizaines de milliers de blessés des terribles combats d’août à novembre 1914.

 

Sur le front à Nieuport, 10 mai – 5 juillet 1915

Attaché au 2e bataillon du 1er Régiment de fusiliers-marins, Segalen écrit presque chaque jour à Yvonne de longues lettres (quarante-huit) souvent rédigées sur plusieurs jours en fonction des possibilités d’envoi. Elles constituent un journal adressé à l’épouse, qu’il convient de rassurer, en même temps qu’elles dressent un tableau de la vie au front. Segalen décrit les paysages : « de longues ondulations blanc de sable et herbes vertes. […] C’est bien la Belgique imaginée dans sa douceur provinciale. Il n’y manque que des habitants et aussi des murs et des toits aux maisons » 

 Il donne des détails sur son installation en insistant sur la solidité de son abri, « dans la cave puissamment voûtée, somptueuse, garnie, meublée, qui, depuis quatre ou cinq mois, abrite l’ambulance du bataillon ».  Il habite cette cave dans les ruines de Nieuport quand son bataillon est en première ligne pendant deux jours, puis il va trois jours en réserve aux fermes de Groote-Laber, suivis de trois jours de repos au « camp Gallimard » près de Coxyde...


il repart en Chine pour accompagner une mission chargée de recruter des travailleurs chinois. C’est un long voyage, la guerre excluant de le faire par mer : il passe par Londres, Bergen, Petrograd où il rencontre le sinologue Alexeieff, puis prend le transsibérien. Il arrive à Pékin le 25 février 1917, se rend à Shanghai.

 

Tout en examinant quelque deux cents travailleurs par jour, il va à Nankin en mars visiter les tombeaux Liang (梁朝 502-557) où il découvre des colonnes supportées par des tortues et des « chimères » qui sont en fait des lions « nageant avec furie contre la terre cultivée qui les dévore ». En mai, poursuivant son travail archéologique il « part précipitamment » pour Zhenjiang (镇江), dans le Jiangsu, à un jour et demi de jonque, pour voir un bas-relief des Han décrit par Chavannes dans son ouvrage sur « La sculpture des Han » car Chavannes n’en donne qu’un estampage et les textes qu’il a consultés parlent de « porte de pierre ». Tout ceci montre la précision de son travail de terrain, à partir des textes. C’est ce qui fait la valeur unique de son opus majeur « Chine, La grande statuaire ».  


En 1916 , la France ouvre une filière d'embauche depuis les villes côtières de Qingdao et Pokou. Les Chinois qui acceptent sont enrôlés sous contrat civil à durée déterminée et gagnent l'Europe par voie maritime.

Mandarin photo JM Bergougniou



Son long voyage pour examiner des travailleurs chinois, du 25 janvier 1917 au 6 mars 1918, lui permet de compléter ses recherches sur la « Grande Statuaire » chinoise et de se consacrer davantage à l’écriture, c’est là qu’il commence son dernier poème Thibet.


Ses lettres à Yvonne prennent alors une importance primordiale tant par leur nombre que par leur contenu. Elle apparaît non seulement dans son rôle de collaboratrice efficace mais surtout elle rattache Segalen à la possibilité d’un avenir après « la Grande Chose ». Sa troisième installation à l’hôpital de Brest a été encore plus difficile que les deux précédentes. Il est amaigri, physiquement affaibli par son séjour en Extrême-Orient, désespéré par la guerre.


Le 20 mai 1919, sa femme vient le voir pour fêter avec lui la Sainte Yvonne (le 19 mai). Il écrit à Hélène qu’il était content de lui avoir donné l’illusion d’une amélioration qu’il ne ressentait pas. Le 21, il repart se promener dans la forêt du Huelgoat où ils sont allés. 


Il ne rentre pas à l’hôtel le soir. Deux jours plus tard, sa femme retrouve son corps au lieu-dit Le Gouffre. Il a une blessure à la cheville, et « Hamlet » à ses côtés.

 

Sa mort reste inexpliquée, bien que la thèse du suicide soit aujourd’hui considérée comme la plus probable compte tenu de la pathologie maniaco-dépressive dont il souffrait comme en ont témoigné divers médecins, dont le Dr. Hesnard, ancien psychiatre de la marine, lors d’un séminaire de psychanalystes à Marseille en 1958




L'une des universités de Bordeaux, où Victor Segalen fit ses études, porte son nom (Université Victor-Segalen Bordeaux 2). La faculté de Lettres et Sciences sociales de Brest, sa ville natale, lui rend aussi hommage en portant son nom. Le lycée LFI (lycée français international) Victor-Segalen, à Hong Kong, porte également son nom.

Le poète anglais Milton vendit les droits du Paradis Perdu pour la somme dérisoire de cinq livres sterling, et Racine vendit Andromaque deux cents livres. Dieu sait cependant le nombre de travailleurs de toute sorte qui vivent de l'œuvre de ces créateurs Imprimeurs, typographes, brocheurs, relieurs, libraires, costumiers, machinistes, etc.. 


Cela représente des sommes astronomiques. Même réflexion s'impose en ce qui concerne les artistes peintres. Victor Segalen, le poète breton, qui fit la guerre à Dixmude avec les fusiliers-marins, n'at-il pas raconté comment en passant à Tahiti, peu de temps après la mort de Paul Gauguin, il se rendit acquéreur pour la somme de SEPT francs d'un paysage breton sous la neige, que le commissaire-priseur présentait à l'envers, avec ce titre sensationnel Les chutes du Niagara Or actuellement, ce même paysage ferait probablement dans une vente aux enchères plusieurs centaines de mille francs.

Sources

BNF Gallica

Cols bleus 3 mars 1979 n°1557







60e ANNIVERSAIRE DU PORTE-HÉLICOPTÈRES JEANNE D’ARC Monaco Albert

60 e  ANNIVERSAIRE DU PORTE-HÉLICOPTÈRES  JEANNE D’ARC Construit par l’arsenal de Brest et baptisé à l'origine  La Résolue , le porte-hé...