10 février 2021

Saint-Malo bénédiction Saint-Yves Oeuvres de mer pêche grands bancs navire hôpital avril 1935

Hier, à Saint-Malo, Mgr Mignon, archevêque de Rennes a béni le Saint-Yves nouveau bateau-hôpital



LE NOUVEAU BATEAU-HOPITAL


Saint-Malo, 22 avril (de notre rédaction) L'Ouest-Eclair


Voici six semaines et plus que nos terre-neuvas ont pris le large et tous les navires, ou peu s'en faut, retrouvent actuellement sur les lieux de pêche où, de suite, ils ont commencé leur dur métier.

Le Père Yvon, l'aumônier de nos marins, nous a montré dans le film impressionnant qu'il a rapporté de la campagne 1934, ce qu'est le métier avec ses misères et ses dangers de chaque jour.

Aussi convient-il de louer sans réserves la Société des Œuvres, comme son aumônier, qui a tenu à reprendre cette année la tradition d'assistance à nos pécheurs interrompue l'an dernier avec le désarmement de la Sainte-Jeanne-d'Arc.

C'est donc la fine goélette Saint-Yves qui, cette année, va partir pour les mers lointaines, porter à nos marins, avec le salut de leurs familles, les secours tant religieux que médicaux qui sont dans le programme des Œuvres de Mer.


On devait, à Saint-Malo, qui reste le premier port de grande pêche de France, de placer dans un port les cérémonies de la bénédiction du nouveau navire-hôpital.

Remercions-en le père Yvon, l'aumônier des terre-neuvas, d'avoir réservé à Saint-Malo, où il ne compte que des sympathies, cette belle manifestation à laquelle le comité des fêtes, qui en avait perçu l'importance touristique, prêtait en ce lundi de Pâques son plus complet concoure


LA CEREMONIE

Dix heures. Devant la cathédrale, on attend l'archevêque. Le clergé est là ainsi que nombre de notabilités. On remarque le groupe des petits chantres de la Schola de La Vicomté, qui portent la robe de bure des capucins, un groupe de Pères de La Vicomté, des novices qui entourent un bateau la clique des Corsaires Malouins. Salué à son arrivée par les membres du clergé, le prélat se recueille un instant à la cathédrale, puis le cortège se forme pour se rendre au bassin où est amarré le Saint-Yves, face à l'esplanade Saint-Vincent, que remplit une foule nombreuse.


Le navire-hôpital a arboré le grand pavois. A l'avant, on a dressé un autel garni de feuillages. En attendant l'arrivée du cortège, on entend un Joyeux carillon. C'est le poste de T. S. F. installé par M. Marcel Catteret.



Sur le pont du navire, où un fauteuil a été aménagé pour l'archevêque, le père Yvon et le capitaine Gervain, qui doit commander le Saint-Yves, attendent les invités.

Nous reconnaissons successivement M. Charles Guernier, député de Saint-Malo, ancien ministre, et Mme Guernier, marraine du navire; le contre-amiral du Côuëdic des Œuvres de mer, parrain du Saint-Yves; MM. Berthaut, président général des Hospitaliers sauveteurs Bretons; capitaine de frégate Hamon, commandant de l'Ancre; A. StMieux, président du Syndicat des Armateurs Huet, Louvet, Houduce, armateurs; Mme de Miniac, présidente des Œuvres de Mer à Lannion; Allaire, inspecteur de la Navigation; Briand, lieutenant de port, etc. Parmi les membres du clergé, le R. P. Supérieur de la Vicomté, le R. P. Lebret, les Curés des paroisses voisines.


Mgr Mignon, qu'escortent les chanoines Coupel, vicaire général, et Juhel, curé de Saint-Servan, prend place au fauteuil qui lui a été réservé et M. le chanoine Lechoux monte à l'autel où il va célébrer la messe.

L'archevêque procède à la bénédiction du navire, puis, à l'Evangile, devant le micro, il prend la parole face à un auditoire qui groupe des milliers de personnes qui s'étagent jusqu'à hauteur du Casino, il va définir la mission du Saint-Yves. Cette mission doit satisfaire un triple besoin de religion, d'assistance et de vie familiale. En termes éloquents, le prélat développe ce thème des services religieux, charitable et familial que le nouveau navire-hôpital assurera sur les lieux de pêche, à Terre-Neuve, comme au Groënland, à nos marins-pêcheurs.


Pendant l'office, la Schola des petits chantres de La Vicomté exécute avec une rare perfection des chants religieux, et a l'Offertoire, Mlle Gervin, élève de Mme Waltz de Monségur, chante un Hosannah de Pâques, dans un style remarquable.

Le ciel, que traversent de gros nuages menaçant, s'est montré assez clément. Toutefois, alors que Mgr Mignon vient de donner nne dernière bénédiction. des gouttes de pluie commencent à tomber, pendant que les petits chantres de La Vicomté exécutent une prière pour les marins perdus en mer. On en compte déjà six, annonce le Père Yvon, depuis le début de la campagne. Et bientôt le grain menaçant crève et la cérémonie s'achève sous Ix pluie non prévue au programme.

L'après-midi à la salle des fêtes de l'Hôtel de Ville, devant de nombreux spectateurs, le Père Yvon a présenté son film Avec les Terre-neuvas. CINEMA CASINO



09 février 2021

Joël Lemaine et le timbre Saint-Yves Les oeuvres de mer Saint-Pierre et Miquelon Ville d'Ys Sainte Jeanne d'Arc

Le Saint-Yves



Pour revenir sur le timbre de Joël Lemaine le Saint-Yves (SPM) voici quelques informations qui ont préludées à l'achat, à la mise en oeuvre du navire hôpital des Oeuvres de mer. (L'oeuf des mers pour les Finistériens)



Ste Jeanne d'Arc

Le navire hôpital des Oeuvres de Mer n'est pas armé en 1934 pour la campagne de grande pêche.

La pêche évolue avec le matériel et provoque une diminution du nombre de marins (12000 en 1904 - 3320 en 1933).



Les chalutiers remplacent les goélettes et la pêcha en doris. Le navire hôpital Sainte-Jeanne d'Arc n'arrive plus à suivre ou à trouver les bateaux et est d'un coût exorbitant, il faudra faire des économies d'armement, d'entretien et de combustible.




Organiser une campagne de plus de cinq mois n'a rien de simple, surtout que les Oeuvres de Mer se battent toujours pour boucler leur budget.

Les coûts d'armement sont si élevés que les Oeuvres de mer ne peuvent plus suivre.

L'Ouest-Eclair 6 juin 1935
Malheureusement la crise est venue; la Société n'a plus recueilli les fonds nécessaires pour lui permettre d'armer la Jeanne-d'Arc en vue de nouvelles campagnes. Cependant les administrateurs charitables n'ont pas voulu que les Œuvres de Mer restent Inactives et ils ont réussi cette année a armer un petit voilier, le Saint-Yves, sous le commandement du capitaine Genin. Un medecin et l'intrépide aumônier. le père Yvon, lui servent de précieux auxiliaires. Le Saint-Yves  fera dans son petit rayon d'action ce que la Jeanne-d'Arc faisait en grand.

Aussi M. Vercel adressa-t-il un dernier et vibrant appel à toutes les bonnes volontés pour que l'année prochaine, Les Œuvres de Mer puissent continuer à exercer leur action bienfaisante. auprès de nos marins hauturiers en leur apportant réconforts et nouvelles.




En l'absence du bateau hôpital des Oeuvres de Mer le R.P. Yvon va, en 1934, autorisé par le Ministre de la Marine, embarquer sur l'aviso Ville d'Ys de la station navale de Terre-Neuve.

La Ville d'Ys est un ancien aviso anglais (Andromeda) qui durant la guerre a fait les convois de Mourmansk. Le bateau est équipé pour le froid, il est doublé de bois à l'intérieur. (CF Henri Goybet)




Il est confronté au programme du bateau fixé par la Marine nationale, aux escales officielles, à la représentation (7 mois et 28 escales). Le R.P. Yvon calcule qu'il ne restera que 23 jours sur les bancs. Il ne peut être avec les marins comme il le désire. Il compte sur les navires qui feront escale pour se faire embarquer. C'est en partie la raison de sa volonté de mettre en oeuvre un nouveau bateau hôpital.

Il va faire signer une pétition aux marins, aux Saint-Pierrais pour "obtenir une assistance matérielle, médicale et religieuse sur les bancs de Terre-Neuve et du Groënland".



Mon rôle n'est pas de faire fonction d’aumônier de la Ville d'Ys mais des marins de la grande pêche

Il a acheté une caméra, il filme lors de ses embarquements notamment sur l'Alfred. Ces films serviront de supports à ses conférences pour récolter des fonds.

https://www.cinematheque-bretagne.bzh/G%C3%A9olocalisation-970-13420-0-0.html

Les Saint-Pierrais (du moins certains) ne sont pas particulièrement pour la présence d'un navire hôpital qui livre aux marins sur les lieux de pêche ce qu'ils demandent et ainsi les empêche de venir à terre et nuit au commerce local... Le R.P. Yvon condamne les commerçants "qui possèdent une telle âpreté au gain ..." lors d'une intervention à la radio de Saint-Pierre.


Le 16 mai 1934 Yvon présente le projet du saint-Yves à l'administrateur de Saint-Pierre. Bien entendu le président des Oeuvres de mer n'est au courant de rien... Son dossier est bien ficelé et semble viable.

"Voila ce qu'il faudrait. Un canote comme ce canadien là, du genre dundee paimpolais qui font cabotage de 100 à 150 tonneaux avec moteur et voile, un équipage d'une dizaine d'hommes tout au plus, un capitaine long-courrier et un médecin à bord".


Le CF Goybet le conseille, Mgr Poisson préfet apostolique des îles le soutient. Il récolte six cents signatures pour sa pétition.

Son financement s'inspire du financement des oeuvres de mer : les armateurs paieront 60 fr pour chaque marin, chaque homme paiera 20fr de participation. En mouillant l'administrateur de Saint-Pierre, il attend une oeuvre substantielle de l'Etat. Le soir même l'administrateur écrit au Ministre des Colonies...


Durant le retour de la Ville d'Ys vers Cherbourg, Yvon rédige son rapport sur la campagne pour l'amiral Lacaze président des Oeuvres de mer, pour mgr Poisson. Dans ce rapport Yvon démontre que la Ville d'Ys ne peut remplacer un vrai navire hôpital et il y joint les signatures de sa pétition.

Le 4 octobre, son projet est dévoilé à Saint-Pierre par Mgr Poisson.

Le 21 octobre, l'amiral Lacaze accepte le projet. Les Oeuvres de mer hésitent à reconnaître la paternité du projet à Yvon.

Le Saint-Yves existe sur le papier, il ne reste plus qu'à trouver un bateau. Son plan de financement est validé : Ministère des Colonies, ministère de la Marine, région de Saint-Pierre et Miquelon, participation des armateurs et des marins.





Mi décembre Yvon acquiert le Willy-Fursy, un dundee de 27m60 construit en 1929 par les chantiers navals de Normandieà Fécamp, il a fait l'Islande.

Le capitaine Gervin en prend le commandement. Il surveille le recrutement de l'équipage, refuse le second parce qu'il boit...


Il souhaite acheter une TSF avec pour programme : météo, messages codés,, capitaine-armateur, alerte des hommes en perdition ou en dérive, organisation des recherches, nouvelles de France, nouvelles des communes des équipages, disques récréatifs, cette radio sera appelée Radio-Morue.

Yvon entre en conflit avec les Oeuvres de mer, il souhaite récupérer un tiers des recettes de ses conférences et souhaite pouvoir en faire pour son propre compte. Il essuie un refus de l'administrateur délégué Loture. Et radio-Morue gêne les autorités... 
En cause l'argument : "puissant soutien puissant pour le moral des équipages qui, dans la réalité se traduit par la diffusion de la messe dominicale... L'Etat craint une forme de prosélytisme, le ministère des PTT est réticent à l'idée que l'on piétine ses plate-bandes.




Yvon embarque du matériel de tournage, des pellicules, une table de montage, un projecteur, un mur-écran, des cartons de médicaments, des étagères pour les disques, des rames de papier, des classeurs, les plans du Saint-Yves, les CV de l'équipage

Les travaux avancent, le 1er avril le Saint-Yves entre dans l'écluse de Saint-Malo.



Par l'avant ; Poste d'équipage avec couchettes et armoires - cambuse - hôpital séparé par un fort cloisonnement, avec deux lavabos fixes, des armoires à linge et quatre couchettes fixes.



A tribord à toucher la cloison de la cambuse, la chapelle puis attenant, une pièce réservée à la visite des malades et dans laquelle se trouve la table d'opération, la pharmacie.

A babord le poste émetteur TSF et l'emplacement du poste radiophonique Radio-Morue.



Sous la descente avant deux couchettes avec lavabos et armoires pour les contagieux. En outre des des couchettes fixes, il est prévu six couchettes mobiles. Au centre la descente avec coursive commandant , la salle de viste, compartiment réservé à la Poste.

A l'arrière, le carré, à bâbord et à tribord, les cabines de l'aumônier et du médecin. Ensuite séparé par une double cloison la chambre des machines dans laquelle est installé un groupe marin semi-diésel Bolingers de 80cv et un groupe electric-diésel avec, en abord, les réservoirs d'une capacité de 10 tonnes. Enfin une troisième descente, la cabine du capitaine, le carré des sous-officiers et des spécialistes avec quatre couchettes et la chadière du chauffage central qui assure une bonne température.


Sous les planchers le parc à charbon, les réserves d'eau douce, le puits aux chaînes, le lest de fonte de 40 Tonnes.

Le 8 mai 1935 10 heures du matin tout est prêt pour le départ, le 9 le Saint-Yves quitte son mouillage à 15h sous voile et moteur.

Sources 
Avec les pêcheurs de Terre-Neuve et du Groënland 1936b R.P. Yvon  Editions nouvellistes de Bretagne
Yvon le Typhon Alain Guéllaff 2007 L'ancre de Marine
L'Oeuf des mers 1990 amiral Henri Darrieus

08 février 2021

Chalutier Rosemonde 3e escadrille de chalutiers guerre 1914 1918 Fécamp l'origine des escadrilles de chalutiers

Chalutier Rosemonde 3e escadrille de chalutiers  guerre 1914 1918 Fécamp

Avant d'être réquisitionné le chalutier ROSEMONDE fréquentait les bancs comme l'attestent ces articles de l'Ouest-Eclair de 1914.


L'Ouest-Eclair 7-7-1914
Les navires suivants sont rentrés des bancs: ARMEMENT METROPOLITAIN.
17 juin. Chalutier Rosemonde, de Boulogne, c. Hébert, 29.000 morues, 

Sont repartis pour les lieux de pêche 
20 juin. Charles-Jules, La Normande, Saint-Paul, Xénophon, Goéland, Thérèse, Margared Eglantine, Marjolaine, Bassusary, chalutier Rosemonde, Aigle, Alcyone, Robinson.

Des Origines de l'utilisation des chalutiers pour la défense côtière

La déclaration allemande du 4 Février 1915 avait fait des eaux baignant les îles Britanniques une "zone de guerre" dans laquelle tout bâtiment de commerce, même neutre, s'exposait à être détruit sans avertissement préalable -


Les sous-marins allemands n'avaient pas encore à cette époque étendu leur champ d'action vers l'Océan au delà de la Manche Centrale ; la réponse française à la déclaration allemande, prise de concert avec l'Amirauté britannique fut donc simplement la création en Mars 1915 d'une "Flottille des Chalutiers de la Manche" basée sur Boulogne, Dieppe et Fécamp : on n'éprouvait pas la nécessité de se garder plus à l'ouest .



Mais les obstacles même accumulés par les Alliés dans le Pas-de-Calais et en Manche obligèrent bientôt les sous-marins allemands à développer leurs possibilités technique , à les mieux connaître et à emprunter pour opérer en Manche et en mer d'Irlande la route qui fait le tour de l'Ecosse : en Avril 1915 la Manche Occidentale n'est plus sure, en mai deux sous-marins franchissent Gibraltar et parviennent en Adriatique .

En présence de ces faits, le Ministre de la Marine demande le 2 Juin au Chef d'Etat-Major général quelles mesures il compte prendre pour remédier, sans démunir la Manche, à la menace qui plane sur les atterrages de la Loire et de la Gironde - A la suite d'un rapport du 3 Juin, le Ministre prend la décision suivante :


"Constituer une escadrille de chalutiers de l'Océan indépendante de la flottille de la Manche et placée directement sous " l'autorité du Vice-Amiral, commandant le 2° escadre légère..... " Partager cette escadrille en trois divisions de six chalutiers:
Division A - Base La Pallice - chargée spécialement de la surveillance des atterrages de la Gironde et de la Charente

Division B - Base St-Nazaire - chargée spécialement des atterrages de la Loire et de ses abords .

Division C — Base Brest - chargée de lr. surveillance des atté rages d'Ouessant - pouvant aussi éventuellement remplacer les petits croiseurs en Manche Occidentale

Mettre un Capitaine de Frégate à. la tête de l'escadrille de " l'Océan sur un navire approprié...
Former le plus tôt possible la division A par prélèvement sur la flottille de la Manche...


Rosemonde est un chalutier construit en 1911 par Smith's Dock Co Ltd à Middlesborough.
364 tjb, 173 tjn, 45,57 x 7,07 x 4,48 m
une machine à triple expansion Shields Engin. amp; Drydock Co Ltd, North Shields 1911, 585 cv, 11,4 noeuds, une chaudière Richardson, Westgarth & Co, Middlesborough 1911, timbrée à 12,6 kg.

En 1912, immatriculé à Boulogne sur Mer, armateur V. Fourny, capitaine Malfoy

Réquisitionné du 12/02/1915 au 03/02/1919.


Sources :

L'Ouest-Eclair
Bnf Gallica Rapport du LV Auphan les patrouilles de l'Océan du 7-6-1915 au  5-4-1917
https://forum.pages14-18.com/viewtopic.php?t=46907

06 février 2021

Croiseur Primauguet Forces navales d'Extrême-Orient les années 1930


Croiseur Primauguet Forces navales d'Extrême-Orient 

Les Forces Navales en Extrême-Orient (FNEO) sont actives de juin 1925 au  12 août 1940



. Sortie victorieuse, mais exsangue de la  Première guerre mondiale, la France n'a plus les moyens de mener une politique ambitieuse en Asie orientale. Face à la montée du nationalisme chinois et de l'impérialisme japonais, la Division navale d'Extrême Orient s'efforce de protéger les intérêts de la France partout où ils sont menacés.


le  "Primauguet est entré en service en 1927. Il fait partie d’une série de trois croiseurs identiques de 8000 tonnes (”Duguay-Trouin”, “Lamotte-Picquet”, “Primauguet”) qui sont les premiers à sortir des arsenaux suite à la Première Guerre mondiale. Ils peuvent atteindre à toute puissance (117 000 chevaux-vapeurs) une vitesse de 32 à 33 nœuds.
Trois avisos coloniaux : le “Rigault de Genouilly”, le “Dumont d’Urville” et le “Savorgnan de Brazza”.
Un aviso ancien : le “Tahure”.





En Chine, l'action des forces navales se combine avec celle qui incombe aux forces terrestres stationnées dans les villes où sont implantées des concessions françaises, ainsi qu’à Qinhuangdao et Shanhaiguan. Cependant, tandis que les troupes ne peuvent stationner qu’en ces points, les navires de guerre peuvent au contraire séjourner dans tous les ports ouverts en vertu du traité de Tianjin et des traités subséquents entre la Chine et les Puissances.



La mission des forces navales se décompose en trois pans essentiels:

D'une part, la protection des intérêts matériels et moraux de la France. Le terme "moral" fait référence à la protection des missionnaires que la France prétend assurer seule.
D'autre part, la défense des concessions en cas de troubles. En étroite collaboration avec les forces terrestres, la Marine doit apporter l’appoint de ses corps de débarquement et de l’artillerie des bâtiments.

Enfin, la protection de la navigation commerciale française.


L'Ancre de Chine, N°10, 20-07-1935.

Afin d’assurer leur mission de protection des intérêts français en Chine, les mouvements des bâtiments de mer sont organisés de manière à ce qu’il y en ait toujours un à Shanghai et un à Hankou. Les ports des côtes de Chine du Sud et de Chine du Nord sont en outre visités périodiquement par ces bâtiments



 Ce fut le 6 mars 1934 que j’embarquai à bord du Primauguet. Ses caractéristiques techniques étaient les suivantes : son équipage était de 700 hommes, il pouvait évoluer en pointe à 31 nœuds nautiques, soit environ 57 km/h, et son armement se composait de quatre tourelles doubles de 190, de quatre canons de 75, de 12 tubes lance-torpilles, et d’un arme- ment léger dont des mitraillettes anti-aériennes. A son bord était affecté un hydravion de type F.B.A pouvant être lancé par une catapulte située sur la plage arrière. Le Primauguet, puis- qu’il était bateau amiral des forces françaises en Extrême-Orient, voyait donc l’Amiral-Chef de la flotte, monsieur Descottes-Genon, habiter à son bord. C’était un homme âgé et usé par toute sa carrière effectuée en Indochine et aux alentours. Il voulait par dessus tout mourir et être enterré en terre chinoise, c’est pourquoi il était affecté à bord de ce navire. Il finit par mourir le 19 avril, lors de notre séjour en baie de Cam Ranh, dans le Annam, et fut enterré à Shanghai. Nous y célébrâmes ses obsèques sous une température de 5°, tandis que nous quit- tions Saigon où la chaleur frôlait quotidiennement les 40°. Notre équipage supporta mal cet écart de température, et nombreuses furent les bronchites à ce moment. Nous regagnâmes dès lors Saigon le 7 mai, où le Contre-Amiral Richard, qui commandait la Marine indochinoise, remplaça l’Amiral Descottes-Génon.


Nous restâmes ainsi à Saigon jusqu’au 18 mai. Cette ville était magnifique, quadrillée de grands boulevards commerçants, dont la fameuse rue Catina qui proposait de nombreuses et belles salles de spectacles. L’une des caractéristiques de l’endroit me choqua au début de mon séjour : des crachats rouge sang s’éparpillaient çà et là, dégoûtants, sur le trottoir. On m’expliqua que les gens ici chiquaient le bétel7, qu’ils recrachaient un peu n’importe où.

Les colons de Saigon ne nous voyaient guère d’un bon œil. La plupart des civils te- naient des cafés, des boîtes de nuit, des dancings, et trafiquaient l’opium et d’autres drogues. Il entretenaient aussi de nombreuses prostituées.


Les rues du quartier Saint-Denis de Paris étaient proprettes à côtés de celles-ci. Quant aux femmes blanches, elles ne daignaient s’occu- per de nous, car elles préféraient les riches consulaires ou coloniaux. Il existait une seule maison close dont les femmes étaient françaises, mais les tarifs pratiqués n’étaient pas à notre portée. Nous nous rabattions alors sur les femmes annamites, cambodgiennes ou tonkinoises qui étaient très gentilles avec nous contre rétribution. Elles étaient d’un abord facile, et consi- déraient que faire l’amour était un acte aussi habituel que manger, un acte dénué de toute connotation morale. Cela était dans leur mœurs, ce qui nous arrangeait bien. Le climat et le décorum étaient d’ailleurs propices à ce genre de distraction pour nous qui avions vingt ans, et qui n’avions pas d’autre mauvaise idée en tête que de profiter de la vie.v


Il fallait toutefois se méfier de la syphilis et de la blennorragie, qui mutilèrent grave- ment et irrévocablement certains d’entre nous. A l’époque, les médicaments contre ces mala- dies vénériennes étaient peu efficaces, et il fallait donc faire attention, même si la prophylaxie n’était pas notre fort. Nous considérions seulement ces dangers comme les risques du métier de marin...

Nous mangions dans les restaurants annamites ou chinois, de ces plats exotiques et étranges dont nous n’avions jamais entendu parler, qui mêlaient le sucré et le salé. Une fois que nous y fûmes habitués, nous nous en régalions. Les prix pratiqués étaient bas, ce qui ar- rangeait notre petit budget. Je recevais en effet 20 piastres par mois, soit 200 francs français. Nous comptions donc notre argent parcimonieusement lorsqu’il fallait nous nourrir : chaque repas nous coûtait une piastre. Nous ne buvions pas de vin, qui était bien trop onéreux, et nous le remplacions par de la bière. Les produits français étaient proscrits car réservés aux élites, et nous nous contentions donc des denrées locales comme le riz, le poisson ou le canard, ce der- nier coûtant un franc lorsqu’il était vendu entier et cuit. Nous pouvions nous offrir le restau- rant deux fois par mois, ce qui nous changeait de l’ordinaire servi à bord qui était de qualité fort médiocre. Si d’aventure nous manquions de subsides, nous pouvions nous ravitailler pour 0.50 F d’un grand bol de soupe chinoise chaude vendue par des colporteurs postés aux carre- fours ou sur les trottoirs. Au début, il fallut s’habituer aux épices et aux piments couramment employés dans ce type de cuisine, mais ventre affamé n’a pas d’oreilles...

Je fus quant à moi affecté au poste de tourneur à l’atelier machines du bord, à un tra- vail journalier. En mer, j’assurais un poste en machine. J’étais exempté de quart, par la nature même de ma tâche, lorsque nous étions au mouillage, ce qui était une chance non négligeable: les machines restaient toujours sous pression, quoi qu’il arrive, même le bateau ancré au large dans la rade. Il fallait assurer la fourniture de l’électricité nécessaire à tous les appareils du bord, et c’était un groupe de turbo-dynamos alimenté en vapeur par la chaufferie qui s’en chargeait. Or tous les auxiliaires nécessaires à ce fonctionnement étaient conduits par des mé- caniciens et des chauffeurs. Le quart de permanence, assuré par bordées (bâbord les jours pairs, tribord les jours impairs), travaillait selon des horaires lourds, toutes les quatre heures – d’où ce nom de quart –nuits et jours. Le sommeil était considérablement court dans ce cas, trop court. Si on sortait avec sa bordée le soir et qu’on rentrait à minuit voire au petit matin suivant les pays où nous nous trouvions, il fallait le lendemain prendre le quart de nuit : il ne fallait pas s’engager dans la marine pour dormir !
sources :

pour lire l'intégralité de ce récit : 

05 février 2021

Le départ de la « Jeanne-d'Arc » pour sa cinquième campagne d'instruction 1935 1936

Le départ de la « Jeanne-d'Arc » pour sa cinquième campagne d'instruction


Le croiseur Jeanne-d'Arc, école d'application des aspirants de marine et des aspirants mécaniciens, qui avait rallié Brest le 5 juillet à 8 heures, larguera son coffre aujourd'hui 5 octobre, à 14 heures, pour entreprendre sa cinquième croisière sous le commandement du capitaine de vaisseau Latham, son nouveau commandant, secondé par un brillant état-major qui vient d'être complètement renouvelé.

En dehors de deux capitaines de frégate dont l'un est « second du beau navire, et l'autre directeur des études, l'état-major de l'école d'application est composé ainsi douze lieutenants de vaisseau, six ingénieurs mécaniciens dont le chef du service machines est chargé en même temps de l'instruction particulière des aspirants mécaniciens, deux médecins, un chirurgien-dentiste, un commissaire, un ingénieur du génie maritime spécialement affecté à l'instructioin des jeunes ingénieurs, et un aumônier catholique.

Les 94 élèves de l'école ont embarqué le 30 septembre. Parmi eux, on compte 62 aspirants de marine sortis de l'Ecole Navale ou de l'Ecole des élèves officiers, 3 enseignes de vaisseau de première classe brevetés d'aéronautique, 1 enseigne de vaisseau de deuxième classe de réserve, 3 enseignes de vaisseau de deuxième classe provenant de l'Ecole Polytechnique, 10 aspirants mécaniciens, 8 ingénieurs de troisième classe du génie maritime et 7 élèves officiers étrangers Roumains et Polonais.

Regrettons à nouveau l'absence des jeunes commissaires de marine qui ont terminé récemment leurs deux années d'études à l'Ecole du Commissariat et qui ont été versés immédiatement au service général. Nous avons souventes fois préconisé l'existence côte à côte, pendant toute la durée de la croisière annuelle de l'Ecole d'application, des jeunes officiers des corps navigants et il est souhaitable que, dans un avenir prochain, les jeunes commissaires soient aussi admis à l'Ecole d'application. I1s sont d'ailleurs si peu nombreux qu'il eut été facile de les embarquer cette fois-ci.


Autrefois avant la guerre les promotions de l'Ecole Navale entraient à l'Ecole d'application avec 9 grade d'aspirant de deuxième classe. Puis, pendant plusieurs années, après la guerre, tous les élèves d'où qu'ils sortissent avaient rang d'officier. Depuis l'an dernier, par mesure d'économie plutôt que pour toute autre raison, aspirants de marine et aspirants mécaniciens n'ont pas la même fortune que leurs anciens. Leur galon d'or sabordé a en fait encore des élèves officiers et non des officiers élèves.


Nous avons déjà communiqué à nos lecteurs le programme de la première partie de la nouvelle croisière de la « Jeanne » qui va d'abord faire route sur la côte occidentale d'Afrique.


Après avoir touché à Port-Etienne. Dakar et Konakry, elle escalera à Sainte-Hélène au début de novembre, où elle transporte des matériaux nécessaires à la mise en état de la maison de Longwood acquise par la France sous le second Empire et qui abrita le vaincu de Waterloo de 1815 à 1821. Puis, la « Jeanne gagnera la côte ouest de l'Amérique du Sud et montera jusqu'à Valparaiso.

Elle fera demi-tour pour se rendre aux Falkland, en repartira pour l'Afrique du Sud et sera au Cap à la fin de Janvier. Elle visitera ensuite Madagascar jusqu'au 1« avril puis elle remontera au Nord et gagnera Djibouti. Elle traversera ensuite la Mer Rouge, passera le Canal de Suez et entrera en Méditerranée pour accomplir le programme de la seconde partie de la croisière qui sera arrêté ultérieurement, mais qui comprendra vraisemblablement des escales en Egypte, en Grèce, en Tunisie et au Maroc. Puis, la « Jeanne » passera dans l'Atlantique et, après les tirs d'usage dans les parages de Quiberon, elle regagnera Brest le 5 juillet 1936 pour se remettre en état d'accomplir une autre croisière d'instruction avec une nouvelle promotion d'aspirants.


Quel chemin parcouru depuis la vieille Iphigénie Le Duguay-Trouin un ex-transport de Chine lui avait succédé puis, ce fut l'ancien croiseur Jeanne-d'Arc qui, lancé en 1899, fut transformé en navire-école d'application mais dont le service fut interrompu par la guerre et ne fut repris qu'en 1919.

En 1928, cette première "Jeanne » étant à bout de bord fut remplacée par le "Quinet" dont il est toujours pénible de rappeler la fin tragique, et en 1930, ce fut la première division légère qui servit d'école d'application a défaut de bâtiment agencé pour accomplir une telle mission.

La "Jeanne » actuelle, sortie des chantiers de Penhoët, est entrée en service en 1931. Sur cet élégant navire, tout était moderne des haut» jusqu'aux fonds. Tout à fait nouveau dans ses conceptions, il était le plus bel échantillon de notre génie, de notre industrie et de notre marine. Aujourd'hui même, il va s'élancer à nouveau vers de larges horizons avec une nouvelle promotion qui, depuis de longs mois, attend impatiemment l'heure de l'appareillage pour sa première campagne lointaine.

Cette heure va enfin sonner et, avant leur départ, nous adressons au commandant, à l'état-major, aux élèves et à l'équipage de la Jeanne-d'Arc tous nos meilleurs vœux pour le succès de leur belle croisière de neuf mois et nos souhaits d'excellent voyage.

Louis D'ARMOR.

sources



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