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04 octobre 2021

Ecole d'application Croiseur Edgar Quinet Ecole navale Jeanne d'Arc 1928

L' EDGAR-QUINET   CROISEUR 1928 ECOLE D'APPLICATION

Nous avons déjà parlé du croiseur Edgar Quinet et de sa fin tragique au large des côtes algériennes, voici quelques textes concernant celui que certains appelaient déjà la future Jeanne d'Arc 


Brest, 2 février. Le croiseur Edgar Quinet, mollement allongé sur la Penfeld, profile en ce jour «ensoleillé» ses cheminées massives sur le fond rocailleux des murailles abruptes du plateau des Capucins. C'est un superbe bâtiment dont l'imposante silhouette évoque celle de la Jeanne d'Arc qui achevé a l'heure actuelle sa longue carrière de gloire. L'Edgar-QuInet a 20 ans. - Pour beaucoup de cuirassé, c'est le moment du fatal repos? mais cette belle unité recèle encore dans ses flancs l'énergie nécessaire qui lui permettra de parcourir un nouveau cycle 


L' Edgar-Quinet est en effet, devenu école d'application de la marine. Des professeurs y donnent l'enseignement pratique et théorique aux élèves sortant de l'école navale et c'est en vue de ces fins utilitaires que viennent de commencer, il y a quelques jours, de fort importants aménagements.

Aux heures consacrées tant aux études des spéciales, qu'aux observations  provoquées par les mille Incidents des voyages au long-cours , s'ajouterait les joies de la découverte des terres aux millénaires civilisations et la féérique vision des pays tropicaux. Nos futurs officiers dont le cerveau se sera enrichi de l'ensemble des procédés de leur art, sauront tirer un profit certain da ces beaux voyages.


CE QUE SERA NOTRE FUTURE ECOLE D'APPLICATION

Quel na été le principal but poursuivi dans les nouveaux aménagements  de l'Edgar Quinet ? Le bien-être général de nos jeunes officiers et de l'équipage. C'est l'objectif principal envisagé par l'aimable et érudit commandant du croiseur, le capitaine de vaisseau Douguet. Cet objectif a été atteint avec le minimum de dépenses ce qui faisait dire à une haute personnalité de la marine qu'un véritable tour de force avait été réalisé.


A l'heure actuelle, l'Edgar Quinet ressemble à une usine trépidante de la cale au pont, des marteaux frappent sur les tôles et des meubles de toutes sortes sont entassés dans les entreponts...

Car si. le commandant Douguet voulu on ne saurait trop le répéter que ses 140 élèves pussent se trouver, dans les dix postes qui leur sont réservés - comme chez eux  -Ils auront une salle où ils pourront s'Isoler, lire, écrire se

délasser.   Leur existence s'écoulera dans une cabine confortable munie d'un cabinet de toilette pour ainsi dire. Il a fallu. croyez bien. d'extraordinaires combinaisons pour que l'idéal fut atteint...
... les marins disposeront de douches d'eau tiède heureuse innovation qui leur sera agréable... surtout après les corvées de charbon.

Mais l'équipage ?

Rassurez-vous, M. le commandant Douguet y a pensé. Il a voulu que nos "cols bleus"  ̃ eussent leurs aises. Avec les aménagements nouveaux, le problème aurait été Insoluble si l'on n'avait pas effectué une assez sensible réduction d'effectifs.
 

Quoi qu'il en soit, les locaux que nous venons, bien imparfaitement de décrire, seront terminé» en Juillet, car, au début d'octobre, !e croiseur, avec sa Pléiade de jeunes «̃officiers, quittera Brest pour un long voyage.

Et maintenant pourquoi ne donnerait-on pas à ce croiseur rajeuni le nom de l'héroïne française, symbole du plus pur patriotisme Jeanne d'Arc ?  
V. B.



LA CROISIÈRE DE L' EDGAR-QUINET »

Itinéraire pour la première partie de la campagne 1928-1929

Trinidad, 19 novembre; 
Colon, 24 novembre au 1" décembre; 
Balboa, du au 3: 
San-Pedro, du 14 au 18; 
SanFrancisco. du 19 au 27: 




San-Diego, du 29 décembre au 2 janvier 1929; 
Colon du 12 au 15: 
Vera-Cruz, du 20 au 26
La Havane, du 29 Janvier au 5 février
Saint-Thomas, du 8 au 12 
Antilles Françaises, du 14 février au 18 mars:
 Dakar, du 28 mars au 6 avril: 
Cadix. du 12 au 17: 
Alger, du 19 au 25
Toulon. 28 avril.

Le croiseur-école Edgar-Quinet est arrivé à San Francisco, le 19 12 1928


Sources
Envelopmer 


Gallica 
L'Ouest-Eclair

05 août 2021

Croiseur Dupetit-Thouars Tahiti Reine Pomaré Pasteur Pritchard Polynésie

Croiseur Dupetit-Thouars













PROPOS DU COUP DE FORCE ANGLAIS CONTRE TAHITI

Comment, voici un siècle, le Saumurois Dupetit-Thouars prit possession de la Perle du Pacifique

L'AMIRAL ABEL AUBERT DUPETIT-THOUARS

Tahiti, l'Ile de l'éternel été. c l'enchanteresse et la preneuse de cœurs comme l'appelait Loti, qui rapporta de là-bas ce nom de fleur dont l'avait paré les suivantes de la reine Pomaré. Tahiti, la perle du Pacifique n'est plus une terre française. 
Deux croiseurs anglais sont venus cet été nous ravir par ruse. dit-on, notre souveraineté sur cet archipel lointain, où flottait depuis cent ans le pavillon français.



C'est en effet en 1841 que le contre-amiral Abel-Aubert Dupetit-Thouars, Saumurois de vieille souche et neveu du héros d'Aboukir, réussit à convaincre le gouvernement de Louis-Philippe de la nécessité pour la France de s'établir en Océanie, où l'Angleterre venait de s'installer en NouvelleZélande.

Parti de Brest le 29 décembre 1841. son pavillon flottant au mât de la frégate Reine-Blanche, Dupetit-Thouars en route vers les iles Marquises dont il s'empara le 25 juin 1842. A son arrivée à Tahiti, il y rencontra un adversaire opiniâtre en la personne du pasteur anglican Pritchard qui usant de sa toute-puissance sur l'influençable reine Pomaré, avait obtenu l'expulsion de l'ile de deux missionnaires français les pères Laval et Carey. Agissant d'ailleurs de sa propre Initiative puisque le gouvernement de Londres avait considéré comme une charge plus onéreuse qu'avantageuse l'accession de Tahiti à la couronne d'Angleterre. Pritchard résolut d'empêcher toute intrusion des Français dans les affaires de l'archipel.



Mais entre temps. intimidée par les représentations de l'amiral, la reine profitant d'une absence momentanée de son mauvais génie demanda la protection de la France, ce que Dupetlt-Thouars s'empressa de lui accorder par un traité signé en septembre 1842 Le drapeau français fut hissé sur les principaux édifices, sur la demeure de la reine et sur cène des chefs de l'Ile un conseil compose de trois membres, dont deux officiers français, centralisa le pouvoir administratif.

Croyant sa mission terminée, Dupetit-Thouars entreprit un long voyage sur les côtes d'Amérique et ne revint à Tahiti que quatorze mois plus tard. 
Quelle ne fut pas son indignation de voir, en mouillant a Papeete. le 1er novembre 1843. que le pavillon français ne flottait plus sur l'Ile, mais était bel et bien remplace par le pavillon britannique.

C'était là l'oeuvre de Pritchard qui avait repris son ascendant sur le reine.

C'en est assez, fit Dupetit-Thouars. Ce pavillon de fantaisie va être remplacé non plus par le drapeau du protectorat, mais par le drapeau tricolore français. A 1a Reine-Blanche étaient venues se joindre trois corvettes, l'Uranie, la Danaé et L'Embuscade, et l'ordre fut transmis a la petite escadre d'armer en guerre chaloupes et canots et de tenir prêtes pour descendre à terre le lendemain matin les compagnies de débarquement.

Le lendemain matin donc, grand branle-bas sur les navires pavoisés pour la circonstance. Le canon tonne tandis que les équipages débarquent. Apeurée. Pomaré fuit son palais et Pritchard se cache on ne sait où. La ville et la résidence royale sont occupées sans coup férir, cependant que sur tous les points de la baie le pavillon tricolore est hissé.


Mais cet acte de vigueur n'eut pas l'heur de plaire à l'Angleterre qui parla haut des outrages commis envers elle dans la personne du pasteur Pritchard » si bien que Louis-Philippe, désireux de maintenir la paix a tout prix dut exprimer des regrets désavouer Dupetit-Thouars et accorder une indemnité pour dommages à celui qui depuis dix ans. avait fomenté la discorde dans l'Ile la plus exquise du monde. Et qui plus est, il refusa d'approuver la prise de possession et se bornas à ratifier l'établissement du protectorat signé en 1842.
Cependant. Dupetit-Thouars rappelé en France, apparaît comme un héros. Il a pour lui toute l'opinion publique. Le "National" ouvre une souscription et recueille 30.000 francs pour lui offrir une épée d'honneur. Cette épée, l'amiral la refusera par discipline. A la Chambre, "l'affaire de Tahiti" déchaîne les passions et il s'en faut de peu qu'elle n'entraîne la chute du ministère Guizot.

Et puis. tout rentre dans l'ordre Jusqu'en 1880, année où l'abdication volontaire de Pomaré V fit de Tahiti une possession française et consacra enfin la clairvoyance de l'amiral Dupetlt-Thouars qui mort en 1864. n'avait pas eu la joie de voir se réaliser le grand rêve de sa vie.

Jean TROGOFF

12 mars 2021

Croiseur Jeanne d'Arc Campagne 1936-1937 musique orchestre Jazz

Jeanne d'Arc Campagne 1936-1937 musique orchestre Jazz

Le 22 janvier 2018 le site de la Marine nationale annonçait la création dans les années 1970 la création d'un big-band s'inspirant des grands orchestres américains.
Sur la Jeanne d'Arc (le croiseur) dès 1936 un orchestre de jazz existait photo à l'appui.




Premier big band créé au sein des armées au début des années 70, cette formation s'inspire des grands orchestres américains de jazz de la période de "swing".

Son répertoire varié allie des compositions classiques et des créations plus modernes ; ainsi les standards de Count Basie, Duke Ellington ou Thad Jones côtoient les pièces de Bob BrookMeyer et Bob Florence.

Cet ensemble, composé de 18 musiciens restitue une image dynamique de la Marine nationale.
L'Ouest-Eclair 4-12-1936

Mais dès 1936 un jazz band existait sur le croiseur Jeanne d'Arc...


Et si vous voulez expédier du courrier ou si vous en attendez voici la date des dépêches... 


L'Ouest-Eclair  27-11-1936


https://www.defense.gouv.fr/fre/marine/patrimoine/musique-des-equipages-de-la-flotte/musique-des-equipages-de-la-flotte/les-ensembles/details-des-ensembles/le-big-band

https://m.facebook.com/musiquedesequipagesdelaflottetoulon/posts/1581367998659774

17 février 2021

croiseur Algérie 1932 centenaire Algérie 1830 Brest Arsenal

Croiseur Algérie


Les six premiers croiseurs de 1re classe français avaient été baptisés du nom de personnalités liées à l'histoire militaire et maritime mais le septième croiseur lourd est baptisé Algérie pour célébrer le centenaire de la conquête de l'Algérie

Le croiseur Algérie est l'aboutissement des travaux découlant de l'étude C4 qui plus qu'un croiseur lourd aboutit à un croiseur lourdement protégé , le nouveau croiseur est financé par la tranche navale votée dans le cadre de la loi du 12 janvier 1930 qui prévoit également la construction du croiseur mouilleur de mines Emile Bertin .


C'est le premier grand navire de la Marine construit en faisant appel majoritairement à la soudure même si le cuirassement est riveté .



Les célébrations du centenaire de la prise d'Alger en 1930 sont l'occasion pour la France de célébrer l'œuvre accomplie en Algérie et les réussites de la colonisation. Le 3 mai 1930, le président de la République Gaston Doumergue s'embarque à Toulon sur un vaisseau de la marine nationale pour, selon les termes de son discours, "aller, au nom de toute la France, saluer l'Algérie et s'associer aux fêtes organisées pour célébrer l'œuvre admirable de colonisation et de civilisation réalisée entre ces deux dates, 1830-1930". Après une grande revue navale dans la baie d'Alger, d'importants défilés sont organisés dans la capitale algérienne. Les cérémonies font revivre les grandes phases de la conquête et des troupes défilent vêtues de l'uniforme de 1830. A Sidi-Ferruch, Gaston Doumergue inaugure une colonne commémorant le débarquement de l'armée française en juin 1830. Il se rend ensuite dans les principales villes algériennes. 




A Constantine, le président déclare : "Il n'y a plus en Algérie de vainqueurs et de vaincus mais seulement des concitoyens". Les cérémonies organisées à l'occasion du centenaire de la prise d'Alger sont relayées en métropole par une imposante campagne de propagande pour célébrer l'œuvre accomplie par la France en Algérie : affiches, cinéma, radio, livres et presse vantent les mérites de l'Algérie française.

L'Ouest-Eclair 22-05-1932


LE LANCEMENT DU CROISEUR « ALGERIE » A BREST

BREST, 21 mai. La cérémonie du lancement du croiseur protégé Algérie s'est déroulée hier à Brest.

Le deuil national n'a pas permis de donner à cet événement l'éclat habituel et les fêtes prévues ont été décommandées. (Paul Doumer est assassiné le 6 mai 1932)

En l'absence de M. Piétri, ministre de la Défense Nationale, qui n'a pu venir à Brest, en raison des circonstances, c'est l'amiral Durand-Viel, chef d'Etat-Major général de la Marine, qui a présidé au lancement de la nouvelle unité.

Les caractéristique de l' « Algérie"


L'Algérie est un croiseur protégé de 10.000 tonnes. Ses caractéristiques principales sont les suivantes longueur entre perpendiculaires. 180 mètres et hors-tout. 180 m. 20; largeur maximum. 20 mètres: tirant d'eau réel. maximum, 6 m. 15.Machines puissance maximum normale. 84000 H P.; puissance maximum à feux poussés. 96.600 H. P.; vitesse, 31 nœud 32 Le croiseur aura six chaudières, réparties dans trois rues de chauffe et deux chambres de machines de deux machines chacune. 

Son endurance sera de 5.000 milles à 15 noeuds. Son armement comprendra 4 tourelles doubles de 203 m/m., six plateformes doubles de 100 m/m.. et six tubes lance-torpilles en deux affûts triples. Le croiseur sera en outre doté de deux catapultes lance-avions et son équipage se composera de 30 officiers et 575 hommes d'équipage.


Sa silhouette sera différente des autres croiseurs de 10.000 tonnes. Le mât tripode sera remplacé, à l'avant, par une tour dans laquelle seront aménagés la passerelle, la chambre de veille et la commande de tous les appareils de direction et de tir et les projecteurs.


 Il n'aura qu'une seule cheminée et une tour située en son milieu supportera les deux mâts de charge et des projecteurs. Le mat arrière subsistera Son poids au lancement, avec les appareils de lancement était de 6.250 tonnes. Le poids de ces appareils (savate, câbles, etc..) peut être évalué à 500 tonnes et l'eau de lest située à l'arrière à 300 tonnes


L'Algérie, tel qu'il est est plus avancé que les autres croiseurs similaires ne l'étaient au moment de leurs lancements. au point de vue des aménagements intérieures.

Cette fois encore, le service du Génie maritime réalisera encore un gain de main-d'oeuvre par rapport aux autres bâtiments.

L'Algérie a été construit d'après les plans de la direction technique, sous la direction de M. l'ingénieur en chef du Génie maritime Borde, chef de section, secondé par M. l'ingénieur de lre classe du Génie maritime Pommelet. Le chef de chantier. était M Renault. ingénieur en chet des directions de travaux. L'ingénieur principal des directions de travaux Masson, était chargé du bâtiment.


Les études et plans, ont été exécutés à la salle de dessin, sous la direction de MM Lannuzel. ingénieur en chef des directions de travaux et l'agent technique principal Goarant, chef de groupe.
Les matériaux sortent de l'atelier des bâtiments en fer. que dirige M. Anselin ingénieur principal des directions de travaux.

06 février 2021

Croiseur Primauguet Forces navales d'Extrême-Orient les années 1930


Croiseur Primauguet Forces navales d'Extrême-Orient 

Les Forces Navales en Extrême-Orient (FNEO) sont actives de juin 1925 au  12 août 1940



. Sortie victorieuse, mais exsangue de la  Première guerre mondiale, la France n'a plus les moyens de mener une politique ambitieuse en Asie orientale. Face à la montée du nationalisme chinois et de l'impérialisme japonais, la Division navale d'Extrême Orient s'efforce de protéger les intérêts de la France partout où ils sont menacés.


le  "Primauguet est entré en service en 1927. Il fait partie d’une série de trois croiseurs identiques de 8000 tonnes (”Duguay-Trouin”, “Lamotte-Picquet”, “Primauguet”) qui sont les premiers à sortir des arsenaux suite à la Première Guerre mondiale. Ils peuvent atteindre à toute puissance (117 000 chevaux-vapeurs) une vitesse de 32 à 33 nœuds.
Trois avisos coloniaux : le “Rigault de Genouilly”, le “Dumont d’Urville” et le “Savorgnan de Brazza”.
Un aviso ancien : le “Tahure”.





En Chine, l'action des forces navales se combine avec celle qui incombe aux forces terrestres stationnées dans les villes où sont implantées des concessions françaises, ainsi qu’à Qinhuangdao et Shanhaiguan. Cependant, tandis que les troupes ne peuvent stationner qu’en ces points, les navires de guerre peuvent au contraire séjourner dans tous les ports ouverts en vertu du traité de Tianjin et des traités subséquents entre la Chine et les Puissances.



La mission des forces navales se décompose en trois pans essentiels:

D'une part, la protection des intérêts matériels et moraux de la France. Le terme "moral" fait référence à la protection des missionnaires que la France prétend assurer seule.
D'autre part, la défense des concessions en cas de troubles. En étroite collaboration avec les forces terrestres, la Marine doit apporter l’appoint de ses corps de débarquement et de l’artillerie des bâtiments.

Enfin, la protection de la navigation commerciale française.


L'Ancre de Chine, N°10, 20-07-1935.

Afin d’assurer leur mission de protection des intérêts français en Chine, les mouvements des bâtiments de mer sont organisés de manière à ce qu’il y en ait toujours un à Shanghai et un à Hankou. Les ports des côtes de Chine du Sud et de Chine du Nord sont en outre visités périodiquement par ces bâtiments



 Ce fut le 6 mars 1934 que j’embarquai à bord du Primauguet. Ses caractéristiques techniques étaient les suivantes : son équipage était de 700 hommes, il pouvait évoluer en pointe à 31 nœuds nautiques, soit environ 57 km/h, et son armement se composait de quatre tourelles doubles de 190, de quatre canons de 75, de 12 tubes lance-torpilles, et d’un arme- ment léger dont des mitraillettes anti-aériennes. A son bord était affecté un hydravion de type F.B.A pouvant être lancé par une catapulte située sur la plage arrière. Le Primauguet, puis- qu’il était bateau amiral des forces françaises en Extrême-Orient, voyait donc l’Amiral-Chef de la flotte, monsieur Descottes-Genon, habiter à son bord. C’était un homme âgé et usé par toute sa carrière effectuée en Indochine et aux alentours. Il voulait par dessus tout mourir et être enterré en terre chinoise, c’est pourquoi il était affecté à bord de ce navire. Il finit par mourir le 19 avril, lors de notre séjour en baie de Cam Ranh, dans le Annam, et fut enterré à Shanghai. Nous y célébrâmes ses obsèques sous une température de 5°, tandis que nous quit- tions Saigon où la chaleur frôlait quotidiennement les 40°. Notre équipage supporta mal cet écart de température, et nombreuses furent les bronchites à ce moment. Nous regagnâmes dès lors Saigon le 7 mai, où le Contre-Amiral Richard, qui commandait la Marine indochinoise, remplaça l’Amiral Descottes-Génon.


Nous restâmes ainsi à Saigon jusqu’au 18 mai. Cette ville était magnifique, quadrillée de grands boulevards commerçants, dont la fameuse rue Catina qui proposait de nombreuses et belles salles de spectacles. L’une des caractéristiques de l’endroit me choqua au début de mon séjour : des crachats rouge sang s’éparpillaient çà et là, dégoûtants, sur le trottoir. On m’expliqua que les gens ici chiquaient le bétel7, qu’ils recrachaient un peu n’importe où.

Les colons de Saigon ne nous voyaient guère d’un bon œil. La plupart des civils te- naient des cafés, des boîtes de nuit, des dancings, et trafiquaient l’opium et d’autres drogues. Il entretenaient aussi de nombreuses prostituées.


Les rues du quartier Saint-Denis de Paris étaient proprettes à côtés de celles-ci. Quant aux femmes blanches, elles ne daignaient s’occu- per de nous, car elles préféraient les riches consulaires ou coloniaux. Il existait une seule maison close dont les femmes étaient françaises, mais les tarifs pratiqués n’étaient pas à notre portée. Nous nous rabattions alors sur les femmes annamites, cambodgiennes ou tonkinoises qui étaient très gentilles avec nous contre rétribution. Elles étaient d’un abord facile, et consi- déraient que faire l’amour était un acte aussi habituel que manger, un acte dénué de toute connotation morale. Cela était dans leur mœurs, ce qui nous arrangeait bien. Le climat et le décorum étaient d’ailleurs propices à ce genre de distraction pour nous qui avions vingt ans, et qui n’avions pas d’autre mauvaise idée en tête que de profiter de la vie.v


Il fallait toutefois se méfier de la syphilis et de la blennorragie, qui mutilèrent grave- ment et irrévocablement certains d’entre nous. A l’époque, les médicaments contre ces mala- dies vénériennes étaient peu efficaces, et il fallait donc faire attention, même si la prophylaxie n’était pas notre fort. Nous considérions seulement ces dangers comme les risques du métier de marin...

Nous mangions dans les restaurants annamites ou chinois, de ces plats exotiques et étranges dont nous n’avions jamais entendu parler, qui mêlaient le sucré et le salé. Une fois que nous y fûmes habitués, nous nous en régalions. Les prix pratiqués étaient bas, ce qui ar- rangeait notre petit budget. Je recevais en effet 20 piastres par mois, soit 200 francs français. Nous comptions donc notre argent parcimonieusement lorsqu’il fallait nous nourrir : chaque repas nous coûtait une piastre. Nous ne buvions pas de vin, qui était bien trop onéreux, et nous le remplacions par de la bière. Les produits français étaient proscrits car réservés aux élites, et nous nous contentions donc des denrées locales comme le riz, le poisson ou le canard, ce der- nier coûtant un franc lorsqu’il était vendu entier et cuit. Nous pouvions nous offrir le restau- rant deux fois par mois, ce qui nous changeait de l’ordinaire servi à bord qui était de qualité fort médiocre. Si d’aventure nous manquions de subsides, nous pouvions nous ravitailler pour 0.50 F d’un grand bol de soupe chinoise chaude vendue par des colporteurs postés aux carre- fours ou sur les trottoirs. Au début, il fallut s’habituer aux épices et aux piments couramment employés dans ce type de cuisine, mais ventre affamé n’a pas d’oreilles...

Je fus quant à moi affecté au poste de tourneur à l’atelier machines du bord, à un tra- vail journalier. En mer, j’assurais un poste en machine. J’étais exempté de quart, par la nature même de ma tâche, lorsque nous étions au mouillage, ce qui était une chance non négligeable: les machines restaient toujours sous pression, quoi qu’il arrive, même le bateau ancré au large dans la rade. Il fallait assurer la fourniture de l’électricité nécessaire à tous les appareils du bord, et c’était un groupe de turbo-dynamos alimenté en vapeur par la chaufferie qui s’en chargeait. Or tous les auxiliaires nécessaires à ce fonctionnement étaient conduits par des mé- caniciens et des chauffeurs. Le quart de permanence, assuré par bordées (bâbord les jours pairs, tribord les jours impairs), travaillait selon des horaires lourds, toutes les quatre heures – d’où ce nom de quart –nuits et jours. Le sommeil était considérablement court dans ce cas, trop court. Si on sortait avec sa bordée le soir et qu’on rentrait à minuit voire au petit matin suivant les pays où nous nous trouvions, il fallait le lendemain prendre le quart de nuit : il ne fallait pas s’engager dans la marine pour dormir !
sources :

pour lire l'intégralité de ce récit : 

Vendée Globe La porte des glaces 7 novembre 2024

Vendée Globe La porte des glaces 7 novembre 2024 Le passage des skippers du Vendée Globe au large de ces districts des Terres australes et a...