LE NOUVEAU BATEAU-HOPITAL
Saint-Malo, 22 avril (de notre rédaction) L'Ouest-Eclair
Le Père Yvon, l'aumônier de nos marins, nous a montré dans le film impressionnant qu'il a rapporté de la campagne 1934, ce qu'est le métier avec ses misères et ses dangers de chaque jour.
Aussi convient-il de louer sans réserves la Société des Œuvres, comme son aumônier, qui a tenu à reprendre cette année la tradition d'assistance à nos pécheurs interrompue l'an dernier avec le désarmement de la Sainte-Jeanne-d'Arc.
C'est donc la fine goélette Saint-Yves qui, cette année, va partir pour les mers lointaines, porter à nos marins, avec le salut de leurs familles, les secours tant religieux que médicaux qui sont dans le programme des Œuvres de Mer.
On devait, à Saint-Malo, qui reste le premier port de grande pêche de France, de placer dans un port les cérémonies de la bénédiction du nouveau navire-hôpital.
Remercions-en le père Yvon, l'aumônier des terre-neuvas, d'avoir réservé à Saint-Malo, où il ne compte que des sympathies, cette belle manifestation à laquelle le comité des fêtes, qui en avait perçu l'importance touristique, prêtait en ce lundi de Pâques son plus complet concoure
LA CEREMONIE
Dix heures. Devant la cathédrale, on attend l'archevêque. Le clergé est là ainsi que nombre de notabilités. On remarque le groupe des petits chantres de la Schola de La Vicomté, qui portent la robe de bure des capucins, un groupe de Pères de La Vicomté, des novices qui entourent un bateau la clique des Corsaires Malouins. Salué à son arrivée par les membres du clergé, le prélat se recueille un instant à la cathédrale, puis le cortège se forme pour se rendre au bassin où est amarré le Saint-Yves, face à l'esplanade Saint-Vincent, que remplit une foule nombreuse.
Le navire-hôpital a arboré le grand pavois. A l'avant, on a dressé un autel garni de feuillages. En attendant l'arrivée du cortège, on entend un Joyeux carillon. C'est le poste de T. S. F. installé par M. Marcel Catteret.
Nous reconnaissons successivement M. Charles Guernier, député de Saint-Malo, ancien ministre, et Mme Guernier, marraine du navire; le contre-amiral du Côuëdic des Œuvres de mer, parrain du Saint-Yves; MM. Berthaut, président général des Hospitaliers sauveteurs Bretons; capitaine de frégate Hamon, commandant de l'Ancre; A. StMieux, président du Syndicat des Armateurs Huet, Louvet, Houduce, armateurs; Mme de Miniac, présidente des Œuvres de Mer à Lannion; Allaire, inspecteur de la Navigation; Briand, lieutenant de port, etc. Parmi les membres du clergé, le R. P. Supérieur de la Vicomté, le R. P. Lebret, les Curés des paroisses voisines.
Mgr Mignon, qu'escortent les chanoines Coupel, vicaire général, et Juhel, curé de Saint-Servan, prend place au fauteuil qui lui a été réservé et M. le chanoine Lechoux monte à l'autel où il va célébrer la messe.
L'archevêque procède à la bénédiction du navire, puis, à l'Evangile, devant le micro, il prend la parole face à un auditoire qui groupe des milliers de personnes qui s'étagent jusqu'à hauteur du Casino, il va définir la mission du Saint-Yves. Cette mission doit satisfaire un triple besoin de religion, d'assistance et de vie familiale. En termes éloquents, le prélat développe ce thème des services religieux, charitable et familial que le nouveau navire-hôpital assurera sur les lieux de pêche, à Terre-Neuve, comme au Groënland, à nos marins-pêcheurs.
Le ciel, que traversent de gros nuages menaçant, s'est montré assez clément. Toutefois, alors que Mgr Mignon vient de donner nne dernière bénédiction. des gouttes de pluie commencent à tomber, pendant que les petits chantres de La Vicomté exécutent une prière pour les marins perdus en mer. On en compte déjà six, annonce le Père Yvon, depuis le début de la campagne. Et bientôt le grain menaçant crève et la cérémonie s'achève sous Ix pluie non prévue au programme.
L'après-midi à la salle des fêtes de l'Hôtel de Ville, devant de nombreux spectateurs, le Père Yvon a présenté son film Avec les Terre-neuvas. CINEMA CASINO