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05 juin 2021

TAAF Terre Adélie Dumont d'Urville premier jour FDC 1-11-2020 L'Astrolabe Des marins en Antarctique 1955

TAAF Terre Adélie Dumont d'Urville 1955 des marins en Antarctique


« Au bas du monde, il existe un continent mort, enveloppé dans un épais linceul de glace. Les tempêtes et les froids de cent millions d'hivers, se prolongeant toute l'année, ont donné à ce linceul une texture compliquée aux couleurs diverses. Ils ont enseveli ce qui était jadis un pays de marais et de forêts verdoyantes. Les dinosaures hantaient probablement ces marécages et les mammifères primitifs se tapissaient dans ces bois. Aucun œil humain ne contempla ces sites sauvages le tissage du linceul commença plusieurs millénaires avant que notre premier ancêtre eût fait son apparition sur la terre. »

Th. R. Henry.

 

Le 6 août 2020 marque le 65e anniversaire de la loi portant statut des Terres australes et antarctiques françaises. Les archipels et îles subantarctiques Crozet, Kerguelen, Saint-Paul et Amsterdam, et la Terre Adélie en Antarctique, deviennent ainsi en 1955 les quatre districts d’un territoire à l’isolement et à l’éparpillement extrêmes (les îles Eparses deviendront en 2007 le 5e district des TAAF).




Le timbre à date représente une silhouette du patrouilleur L'Astrolabe 
Dumont d'Urville 1er novembre 2020





« L'Antarctique étale autour de nous des beautés nouvelles.
La lumière imbibe cet univers blanc; il la filtre en teintes translucides ; elle sourd partout de sa substance ; elle illumine de bleu saphir les grottes profondes creusées par la mer dans les hautes falaises des icebergs ; elle colore de bleus célestes et de verts acides le rebord des «floes» (fragments de banquise); elle éclaire la masse glauque des éperons sous-marins. 
Sur le désert infini du plateau blanc, les grands icebergs paraissent crayeux, ou vert pâle ou bleutés, suivant l'éclairage qui les baigne et aussi, peut-être, selon qu'ils sont plus ou moins enneigés; la plupart sont de forme cubique, allongée; mais certains, usés par la mer, ont culbuté ; ils dressent dans le ciel les ruines imposantes de leur base que le vent et l'érosion continuent de buriner; en fondant lentement et en chavirant, ces énormes tronçons de fleuves de glace ont pris des aspects de chapelles de cristal givré ou de forteresse en partie démantelée.»

P. Dubard et L.-M. Bayle,
« LE CHARCOT» EN TERRE ADÉLIE.


Le timbre représente un manchot empereur ,
le ravitaillement de la base, les infrastructures 


« Les tempêtes de neige des âges géologiques reviennent, sous forme de glace, vers les chauds océans d'où le soleil les emporta à l'époque des reptiles volants. Ces rivières sont les glaciers de l'Antarctide, monstrueux et sinueux, d'une puissance irrésistible et inexorable. Ils se déversent en cataractes gelées à travers à peu près toutes les brèches existant dans le cercle de montagnes sur les pentes méridionales desquelles vient faire pression la grande calotte glaciaire du continent.»
Th.-R. Henry.


Le blizzard :

« On imagine mal, si on ne l'a pas vécu, les effets du blizzard sur les activités humaines. On entre dans une matière en mouvement, épaisse, chargée de particules de glace ou de neige. On avance le corps en oblique, comme appuyé contre le vent. Les pas sont gauches, les gestes saccadés, brisés; on croirait une prise de vues au ralenti. On respire mal, on suffoque parfois et les facultés mentales s'engourdissent. La pensée semble paralysée, comme le corps; et l'opération de calcul la plus élémentaire devient tout un problème. Le visage se recouvre très vite de glace dont les couches se superposent et croissent pour former un «champignon» qui, bientôt, bouche la vue et bâillonne.»
Mario Marret.


Partie de ping-pong...


« La femelle pond son œuf à même la glace et le place ensuitè sur ses pattes, où elle le garde, protégé par la chaleur du ventre qui le recouvre. L'apparition de l'œuf plonge le couple dans un état d'agitation peu commun. La femelle, contractant son ventre, fait apparaître l'œuf et le fait disparaître alternativement, sous les yeux émerveillés du mâle, qui manifeste son émotion par un chant, auquel répond celui de la femelle. Les deux oiseaux piétinent, se déplacent sur un petit parcours. Sa curiosité poussée à son comble, le mâle courbe la tête et va tâter l'œuf de son bec. La femelle, le ventre tendu, les ailerons horizontaux, la tête et le cou animés de mouvements de haut en bas, marche sur place jusqu'au moment où, entrouvrant les pattes, elle laisse rouler l'œuf sur la neige. Le mâle s'empare de l'objet, le fait rouler entre ses propres pattes et, avec des gestes gauches, parvient, non sans le plus grand mal, à le hisser de façon qu'il se trouve enfoui entre la masse pesante et bombée du bas-ventre et la partie supérieure de ses pattes. Ceci fait, le mâle regarde son œuf avec fierté et chante : le majestueux Empereur s'est mué, pour la durée de l'incubation, en mère couveuse.»

Mario Marret


Paul-Emile Victor


Malgré ce qu'on a toujours entendu, Paul-Emile Victor n'a pas été un pionnier de la Terre Adélie. Il fut l'homme de l'Arctique, et plus particulièrement du Groenland, mais pas celui du Pôle Sud.

Nous avons rencontré le CV (R) Michel Barré, ancien compagnon de Victor, sur le Commandant Charcot, et auteur du récit «Blizzard. Terre Adélie 1951 ».

C'est en 1934 que Paul-Emile Victor, alors qu'il n'a pas 30 ans, traverse le Groenland, avec une poignée d'amis, sur des traîneaux à chiens, et hiverne dans une famille d'esquimaux. Son expédition dont il tire un livre, est un succès et lui donne envie de découvrir plus avant l'Arctique.

Pendant la guerre, il opère sur les côtes de l'Alaska pour le compte de l'armée américaine.
Après-guerre, il organise des expéditions d'été au Groenland.

A cette époque, Michel Barré est aide de camp par intérim du chef d'état-major général de la Marine, rue Royale. Un jour, Victor entre dans son bureau et demande si la Marine accepterait d'armer un bateau et de conduire une expédition en Terre Adélie, organisée par les «Expéditions françaises polaires», qu'il vient de créer. La Marine accepte et arme, en 1948, le Commandant Charcot, commandé par le capitaine de frégate Douguet.

Cette expédition vers le Pôle Sud, sous l'égide de la Marine nationale, permet au CF Douguet de hisser de nouveau le pavillon français, début 1950, sur la Terre Adélie. 

Victor ne participe pas à l'expédition, bien qu'il ait collaboré à sa préparation. Celle-ci est dirigée par André-Franck Liotard, qui est le premier à vivre, avec son équipe, un hivernage en Terre Adélie. Cet homme reste pourtant méconnu...

La deuxième expédition est dirigée par Michel Barré, âgé alors de 31 ans.
La troisième expédition est dirigée par M. Marret, qui clôture le cycle de ce qu'on appelle les expéditions «à caractère archaïque».


En 1955, on propose la direction de l'Année géophysique au Pôle Sud à Michel Barré. Celui-ci décline l'offre et la propose à son ancien second, le lieutenant de vaisseau Bertrand Imbert, qui l'accepte. L'organisation des Expéditions polaires est mise à contribution et Victor vient pour la première fois en Terre Adélie, en 1955.

Paul-Emile Victor a consacré sa vie aux questions polaires, délaissées en France depuis la mort de Charcot, en 1931. C'est lui qui a réveillé l'intérêt pour les régions polaires chez les scientifiques français.
Victor était un homme de communication. Le grand succès de son entreprise polaire auprès du public en témoigne.
Il a réalisé des expéditions au Pôle Nord et il s'est souvent rendu en Terre Adélie, pour y conduire des missions, sans hiverner.

La France lui doit près de 50 ans de sa présence pôlaire.

Fabien Roux


Cols bleus : hebdomadaire de la Marine française 1995-04-15

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