Lancement du Croiseur Foch 24 Avril 1929
(Discours da vice-amiral Violette.)
Brest, 24 avril. (De notre rédaction brestoise). Le lancement d'un croiseur, c'est toujours la grande attraction brestoise.
La population, friande de ces spectacles grandioses, s'est portée hier en foule à l'arsenal
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En réponse à cette dépêche. le Préfet maritime a adressé le télégramme suivant à Mme la Maréchale à l'issue du lancement.
A l'arsenal

Sur la cale de lancement, une tribune réservée aux officiels fut bientôt pleine à craquer, ainsi que la partie réservée aux invités, amenés tous les quarts d'heure par les canonnières partant soit du pont Gueydon, soit des deux embarcadères de Tourville. Le service d'ordre était parfaitement organisé
« Un bâtiment qu'on lance, c'est une force nouvelle qui surgit, c'est une personne morale et réelle, un homme de guerre, disent nos amis d'outre-mer. Il va intégrer en lui la somme des cœurs des hommes qui le monteront et l'idéal enclos dans les plis de nos couleurs. En lui vont se résumer des vertus que symbolise soir nom
< Déjà de grands capitaines ont honoré la poupe des vaisseaux de la République, Bayard, Vauban, Hoche, Marceau, Kléber et Charles Martel victorieux de l'envahisseur pour l'indépendance de la race européenne, et Jeanne d'Arc, ia libératrice du génie français, personnification de la patrie française, dressée pour sa défense. Le Foch, animé du souffle du nouveau libérateur, de celui qui fit triompher le droit et sauvegarder la justice imprègne de ses vertus le travail. la volonté, la persévérance et l'énergie tenace illuminé de son patriotisme, de sa pensée claire et humaine le Foch, a son tour, peut aller ainsi montrer au-delà des mers la figure de la France libre, laborieuse, loyale, pacifique et fraternelle. Et si le malheur devait encore peser sur nous, menacer nos foyers et la liberté de notre vie, tu saurais. beau vaisseau, faire honneur à ton nom, être comme lui "Foch le Martel ».
« Je suis heureux d'avoir aujourd'hui à reconnaître encore de nouveaux progrès, moins importants certes, au fur et à mesure qu'on approche de la perfection, mais qui montrent que l'arsenal de Brest ne veut pas en rester à ses derniers records. Ainsi la tonne construite, qui avait exigé pour le Duquesne 42 journées, pour le Suffren 32, pour le Colbert 28, a été obtenue sur le Foch en 26 jours. la moitié exactement de ce qu'il avait fallu pour 1p Duguay-Trouin.
Ces beau résultats tiennent à de fortes traditions d'organisation, de discipline et de travail qui font honneur à l'arsenal de Brest, à l'entrain et au dévouement généreux de ces travailleurs qui réunissent en eux les solides qualités des populations de la Bretagne. au cœur droit et loyal, aux bras forts, ignorant la fatigue, amis du labeur joyeux et de l'autorité féconde. Ces beaux résultats sont également dus à l'amélioration constante des outils et des méthodes qui évitent les pertes d'efforts, à la haute technicité des cadres et surtout à la culture, à la science toujours profonde et à l'énergie persévérante des ingénieurs qui conçoivent et dirigent ces constructions.
« Au nom de M. Georges Leygues, je les félicite tous; j'adresse à tous l'expression de la satisfaction du ministre de la Marine. »
Le lancement
Mais la marée montante a atteint la hauteur voulue. Le moment psychologique approche. Sur le croiseur Maréchal-Foch, dont l'arrière resplendit au soleil, une centaine d'ouvriers attendent, penchés sur la corde servant de bastingages. 15 h 25 les accores qui soutiennent oh si peu la coque, tombent tour à tour sous les coups de masses vigoureux. Seule à l'avant la savatte retient le croiseur. Une sonnerie électrique retentit comme une volée de pierrots, les ouvriers sur le pont disparaissent, courant au poste qui est assigné à chacun d'eux.
Troisième sonnerie la Marseillaise éclate, -l'énorme masse libérée par une flamme de chalumeau, glisse doucement, puis plus vite, et s'enfonce dans l'élément liquide dans un magnifique éclaboussement.