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16 juin 2021

Brest en ce temps là. Roparz Hémon Nenn Jani lancement du cuirassé 1911 Jean-Bart

Brest en ce temps là. Roparz Hémon  Nenn Jani lancement d'un cuirassé 


Je relis en ce moment un livre de Roparz Hemon écrit en breton et traduit en français. Sa conduite durant la seconde guerre mondiale n'ayant pas été exemplaire il sera condamné à 10 ans d'indignité nationale. N'empêche que le roman mérite d'être lu.

 L’histoire se déroule au début du XXe siècle, avant la première guerre mondiale, à Brest. C’est bien la ville de Brest qui est le personnage principal de ce roman.On a  à suivre les deux femmes courageuses que sont Nenn Jani et Malvina, ainsi que d’autres personnages, représentant toutes les couches de la société. Une découverte de Brest avant 1914. Je vous en propose un extrait : le lancement du cuirassé. Ce pourrait être le lancement du cuirassé Jean-Bart à brest en septembre 1911.


le lancement


"Cette année-là pourtant, le mardi 12 septembre, la ville toute entière se réveilla. Grand évènement : on allait mettre à l'eau le cuirassé construit à l'arsenal. La construction en avait été retardé à cause de la grève, mais à présent tout était fin prêt.


La mise à l'eau devait se passer à trois heures de l'après-midi. Les ouvriers du port avaient congé cet après-midi là. Leur coeur était rempli de fierté. Eh oui, malgré la rancoeur qu'ils éprouvaient envers le gouvernement et leurs patrons, ils étaient heureux. Ce bâtiment était leur enfant, leur création. Et ce jour-là, c'était son baptême.


Ceux qui avaient pu obtenir des billets d'entrée marchaient d'un coeur léger par le quartier de l'Harteloire, impatients d'atteindre la porte, du côté du Moulin à Poudre. Les familles des officiers de marine, sur leur trente-et-un, se mélangeaient à celles des sous-officiers et des employés du port, habillés plus modestement, mais d'une tenue soignée. Tout à l'heure, dans l'immense hangar de la cale du Point du Jour, sur l'estrade érigée des deux côtés de la gigantesque coque du navire, ils seraient séparés, les places les meilleurs revenant aux gens les plus hauts placés, comme il se doit.


Dans le quartier de Recouvrance, ma foi, les petites gensmarchaient tout aussi joyeusement. De ce côté la porte de l'Arsenal était grande ouverte et la carte d'invitation n'était pas nécessaire. Le Grand Pont était noir de monde, et tous ces hommes, femmes et enfants, accouraient du centre de la ville, de l'Octroi, de Saint-Marc, de Kérinou, de Lambézellec, pour envahir le terre-plein surplombant la rivière. De-là, ils auraient une vue imprenable sur la cale. On prétendait qu'il valait mieux se trouver là qu'en-bas, où l'on courait le risque de se faire écraser par le navire s'il venait à se renverser, ce qui ne s'était jamais produit mais qui pouvait toutefois arriver...


Le grand vaisseau se tenait tout droit comme par miracle, sa quille reposant sur la rampe. Il arborait le pavillon tricolore à la poupe, tournée vers la rivière. Quelques matelots du port allaient et venaient sur le pont, occupés à Dieu sait quoi. Malgré la foule massée des deux côtés de la rivière, on entendait pour ainsi dire aucun bruit, si ce n'est le son aigu des coups de marteau quelque part sous le hangar, que l'écho faisait résonner dans la vallée. Minute après minute, le temps s'écoulait. La coque demeurait immobile, comme si elle avait dû rester ainsi l'éternité.

Trois heures sonnèrent, et aussitôt, au son de la Marseillaise, on vit glisser l'immense navire, lentement d'abord, puis prenant de la vitesse, plonger brusquement dans l'eau en faisant déferler une grande vague dans la rivière. Aux applaudissements des spectateurs se mêlèrent des éclats de rire, car une partie des gens massés en bas sur les quais s'étaient fait éclabousser et se retiraient à la hâte.

C'était terminé, Maintenant il fallait rentrer, dans le piétinement et la cohue."




HIER, AUX ACCLAMATIONS D'UNE FOULE ENTHOUSIASTE LE JEAN-BART S'EST ÉLANCÉ DANS LA MER 

Le premier dreadnought français flotte majestueusement dans l'avant-port de Brest

BRFST, 22 septembre. (De notre correspondant particulier.) Brest s'est réveillée en fête hier matin. Un clair soleil éclairait sa rade immense, vide de navires, et tous les trains arrivaient avec de nombreux voyageurs. Beaucoup de maisons étaient pavoisées et une grande animation régnait en ville dès la première heure.


L'arrivée, de M. Delcassé

A 9 h. précises le train officiel entre en gare. D'un des compartiments réservés descend M. Delcassé qui est accompagné de l'amiral Moreau, son chef de cabinet et du lieutenant de vaisseau Bazire, son aide de camp. Le ministre est reçu par M. Chaleil, préfet du Finistère; le vice-amiral de Marolles, préfet maritime, et Ni. Delobeau, sénateur-maire, qui montent tous les trois dans le même landau. Celui ci se met en marche procédé par un peloton de gendarmes à cheval et une brigade d’Agents cyclistes. Les contre-amiraux, généraux, sénateurs et députés montent dans d'autres voitures qui suivent le landau ministériel dans cortège se termine par un taxi-auto dans lequel se trouve M. Wargnier, et un peloton de gendarmes.

Le ministre se rend directement à la préfecture maritime où il compte se reposer quelques instants avant d'aller au vin d'honneur qui lui est offert par la municipalité. Tout le long du parcours, le ministre a reçu de nombreuses marques de sympathie. Il en sera de même toute la journée et aucune note discordante ne viendra troublez la fête.


A une heure le cortège ministériel sort de la préfecture et se dirige vers la porte de Tourville. C'est à partir de ce moment que le voyage prend un caractère officiel. Les troupes font la haie tout le long du parcourt jusqu'à l’arsenal où le ministre embarque dans un canot à vapeur pour se rendre sur la cale du Jean-Bart

M. Delcassé fait tout le tour du navire en se faisant expliquer en détail la manœuvre du lancement. Les Tribunes sont déjà remplies d'une foule énorme et à son arrivée sur la cale du Jcan-Bart une imposante manifestation est faite au ministre, pondant que la musique des équipages de la flotte joue la Marseillaise...


LE LANCEMENT

Les préparatifs du lancement ont été presque terminés dans la matinée et à l'heure de l'arrivée du ministre il ne reste plus de chaque côté du cuirassé que seize acores, L'ordre de les abattre est donné 1h. 30 et les lourdes pièces de bois ne tardent pas à tomber sous les coups de masse appliqués par les ouvriers du Jean-Bart.

A 2 heures cette opération étant terminée on donne le premier coup de scie à la savate puis on procède au relèvement des tins secs et au sciage des coulisseaux. Enfin à 3 h. 15, au bout de deux minutes de sciage de la savate, sans que l'on ait eu même a faire fonctionner les trois vérins hydrauliques placés à l'avant du navire, le Jean-Bart glissait sur son ber, brisant les cent trente bosses cassantes qui se trouvaient à bâbord et a tribord, et prenait majestueusement possession de son élément 

La musique des équipages joue la Marseillaise pendant, que des applaudissements enthousiastes partaient non seulement de la tribune mais aussi do tous les coteaux dominant l'arsenal et où s'était réfugiée une foule de curieux. L'opération du lancement était dirigée par .Ni. Gilles, ingénieur principal. Sur la passerelle, d'où les ordres (H-aicn* donnés, se trouvaient également MM. Louis, directeur des constructions navales au ministère, et Lyasse, directeur du génie maritime, auteur des plans du Jean-Bart.

De l'avis de tous les spectateurs, le lancement du nouveau cuirassé de 23.000 tonnes a été merveilleux.


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