09 février 2021

Joël Lemaine et le timbre Saint-Yves Les oeuvres de mer Saint-Pierre et Miquelon Ville d'Ys Sainte Jeanne d'Arc

Le Saint-Yves



Pour revenir sur le timbre de Joël Lemaine le Saint-Yves (SPM) voici quelques informations qui ont préludées à l'achat, à la mise en oeuvre du navire hôpital des Oeuvres de mer. (L'oeuf des mers pour les Finistériens)



Ste Jeanne d'Arc

Le navire hôpital des Oeuvres de Mer n'est pas armé en 1934 pour la campagne de grande pêche.

La pêche évolue avec le matériel et provoque une diminution du nombre de marins (12000 en 1904 - 3320 en 1933).



Les chalutiers remplacent les goélettes et la pêcha en doris. Le navire hôpital Sainte-Jeanne d'Arc n'arrive plus à suivre ou à trouver les bateaux et est d'un coût exorbitant, il faudra faire des économies d'armement, d'entretien et de combustible.




Organiser une campagne de plus de cinq mois n'a rien de simple, surtout que les Oeuvres de Mer se battent toujours pour boucler leur budget.

Les coûts d'armement sont si élevés que les Oeuvres de mer ne peuvent plus suivre.

L'Ouest-Eclair 6 juin 1935
Malheureusement la crise est venue; la Société n'a plus recueilli les fonds nécessaires pour lui permettre d'armer la Jeanne-d'Arc en vue de nouvelles campagnes. Cependant les administrateurs charitables n'ont pas voulu que les Œuvres de Mer restent Inactives et ils ont réussi cette année a armer un petit voilier, le Saint-Yves, sous le commandement du capitaine Genin. Un medecin et l'intrépide aumônier. le père Yvon, lui servent de précieux auxiliaires. Le Saint-Yves  fera dans son petit rayon d'action ce que la Jeanne-d'Arc faisait en grand.

Aussi M. Vercel adressa-t-il un dernier et vibrant appel à toutes les bonnes volontés pour que l'année prochaine, Les Œuvres de Mer puissent continuer à exercer leur action bienfaisante. auprès de nos marins hauturiers en leur apportant réconforts et nouvelles.




En l'absence du bateau hôpital des Oeuvres de Mer le R.P. Yvon va, en 1934, autorisé par le Ministre de la Marine, embarquer sur l'aviso Ville d'Ys de la station navale de Terre-Neuve.

La Ville d'Ys est un ancien aviso anglais (Andromeda) qui durant la guerre a fait les convois de Mourmansk. Le bateau est équipé pour le froid, il est doublé de bois à l'intérieur. (CF Henri Goybet)




Il est confronté au programme du bateau fixé par la Marine nationale, aux escales officielles, à la représentation (7 mois et 28 escales). Le R.P. Yvon calcule qu'il ne restera que 23 jours sur les bancs. Il ne peut être avec les marins comme il le désire. Il compte sur les navires qui feront escale pour se faire embarquer. C'est en partie la raison de sa volonté de mettre en oeuvre un nouveau bateau hôpital.

Il va faire signer une pétition aux marins, aux Saint-Pierrais pour "obtenir une assistance matérielle, médicale et religieuse sur les bancs de Terre-Neuve et du Groënland".



Mon rôle n'est pas de faire fonction d’aumônier de la Ville d'Ys mais des marins de la grande pêche

Il a acheté une caméra, il filme lors de ses embarquements notamment sur l'Alfred. Ces films serviront de supports à ses conférences pour récolter des fonds.

https://www.cinematheque-bretagne.bzh/G%C3%A9olocalisation-970-13420-0-0.html

Les Saint-Pierrais (du moins certains) ne sont pas particulièrement pour la présence d'un navire hôpital qui livre aux marins sur les lieux de pêche ce qu'ils demandent et ainsi les empêche de venir à terre et nuit au commerce local... Le R.P. Yvon condamne les commerçants "qui possèdent une telle âpreté au gain ..." lors d'une intervention à la radio de Saint-Pierre.


Le 16 mai 1934 Yvon présente le projet du saint-Yves à l'administrateur de Saint-Pierre. Bien entendu le président des Oeuvres de mer n'est au courant de rien... Son dossier est bien ficelé et semble viable.

"Voila ce qu'il faudrait. Un canote comme ce canadien là, du genre dundee paimpolais qui font cabotage de 100 à 150 tonneaux avec moteur et voile, un équipage d'une dizaine d'hommes tout au plus, un capitaine long-courrier et un médecin à bord".


Le CF Goybet le conseille, Mgr Poisson préfet apostolique des îles le soutient. Il récolte six cents signatures pour sa pétition.

Son financement s'inspire du financement des oeuvres de mer : les armateurs paieront 60 fr pour chaque marin, chaque homme paiera 20fr de participation. En mouillant l'administrateur de Saint-Pierre, il attend une oeuvre substantielle de l'Etat. Le soir même l'administrateur écrit au Ministre des Colonies...


Durant le retour de la Ville d'Ys vers Cherbourg, Yvon rédige son rapport sur la campagne pour l'amiral Lacaze président des Oeuvres de mer, pour mgr Poisson. Dans ce rapport Yvon démontre que la Ville d'Ys ne peut remplacer un vrai navire hôpital et il y joint les signatures de sa pétition.

Le 4 octobre, son projet est dévoilé à Saint-Pierre par Mgr Poisson.

Le 21 octobre, l'amiral Lacaze accepte le projet. Les Oeuvres de mer hésitent à reconnaître la paternité du projet à Yvon.

Le Saint-Yves existe sur le papier, il ne reste plus qu'à trouver un bateau. Son plan de financement est validé : Ministère des Colonies, ministère de la Marine, région de Saint-Pierre et Miquelon, participation des armateurs et des marins.





Mi décembre Yvon acquiert le Willy-Fursy, un dundee de 27m60 construit en 1929 par les chantiers navals de Normandieà Fécamp, il a fait l'Islande.

Le capitaine Gervin en prend le commandement. Il surveille le recrutement de l'équipage, refuse le second parce qu'il boit...


Il souhaite acheter une TSF avec pour programme : météo, messages codés,, capitaine-armateur, alerte des hommes en perdition ou en dérive, organisation des recherches, nouvelles de France, nouvelles des communes des équipages, disques récréatifs, cette radio sera appelée Radio-Morue.

Yvon entre en conflit avec les Oeuvres de mer, il souhaite récupérer un tiers des recettes de ses conférences et souhaite pouvoir en faire pour son propre compte. Il essuie un refus de l'administrateur délégué Loture. Et radio-Morue gêne les autorités... 
En cause l'argument : "puissant soutien puissant pour le moral des équipages qui, dans la réalité se traduit par la diffusion de la messe dominicale... L'Etat craint une forme de prosélytisme, le ministère des PTT est réticent à l'idée que l'on piétine ses plate-bandes.




Yvon embarque du matériel de tournage, des pellicules, une table de montage, un projecteur, un mur-écran, des cartons de médicaments, des étagères pour les disques, des rames de papier, des classeurs, les plans du Saint-Yves, les CV de l'équipage

Les travaux avancent, le 1er avril le Saint-Yves entre dans l'écluse de Saint-Malo.



Par l'avant ; Poste d'équipage avec couchettes et armoires - cambuse - hôpital séparé par un fort cloisonnement, avec deux lavabos fixes, des armoires à linge et quatre couchettes fixes.



A tribord à toucher la cloison de la cambuse, la chapelle puis attenant, une pièce réservée à la visite des malades et dans laquelle se trouve la table d'opération, la pharmacie.

A babord le poste émetteur TSF et l'emplacement du poste radiophonique Radio-Morue.



Sous la descente avant deux couchettes avec lavabos et armoires pour les contagieux. En outre des des couchettes fixes, il est prévu six couchettes mobiles. Au centre la descente avec coursive commandant , la salle de viste, compartiment réservé à la Poste.

A l'arrière, le carré, à bâbord et à tribord, les cabines de l'aumônier et du médecin. Ensuite séparé par une double cloison la chambre des machines dans laquelle est installé un groupe marin semi-diésel Bolingers de 80cv et un groupe electric-diésel avec, en abord, les réservoirs d'une capacité de 10 tonnes. Enfin une troisième descente, la cabine du capitaine, le carré des sous-officiers et des spécialistes avec quatre couchettes et la chadière du chauffage central qui assure une bonne température.


Sous les planchers le parc à charbon, les réserves d'eau douce, le puits aux chaînes, le lest de fonte de 40 Tonnes.

Le 8 mai 1935 10 heures du matin tout est prêt pour le départ, le 9 le Saint-Yves quitte son mouillage à 15h sous voile et moteur.

Sources 
Avec les pêcheurs de Terre-Neuve et du Groënland 1936b R.P. Yvon  Editions nouvellistes de Bretagne
Yvon le Typhon Alain Guéllaff 2007 L'ancre de Marine
L'Oeuf des mers 1990 amiral Henri Darrieus

08 février 2021

Chalutier Rosemonde 3e escadrille de chalutiers guerre 1914 1918 Fécamp l'origine des escadrilles de chalutiers

Chalutier Rosemonde 3e escadrille de chalutiers  guerre 1914 1918 Fécamp

Avant d'être réquisitionné le chalutier ROSEMONDE fréquentait les bancs comme l'attestent ces articles de l'Ouest-Eclair de 1914.


L'Ouest-Eclair 7-7-1914
Les navires suivants sont rentrés des bancs: ARMEMENT METROPOLITAIN.
17 juin. Chalutier Rosemonde, de Boulogne, c. Hébert, 29.000 morues, 

Sont repartis pour les lieux de pêche 
20 juin. Charles-Jules, La Normande, Saint-Paul, Xénophon, Goéland, Thérèse, Margared Eglantine, Marjolaine, Bassusary, chalutier Rosemonde, Aigle, Alcyone, Robinson.

Des Origines de l'utilisation des chalutiers pour la défense côtière

La déclaration allemande du 4 Février 1915 avait fait des eaux baignant les îles Britanniques une "zone de guerre" dans laquelle tout bâtiment de commerce, même neutre, s'exposait à être détruit sans avertissement préalable -


Les sous-marins allemands n'avaient pas encore à cette époque étendu leur champ d'action vers l'Océan au delà de la Manche Centrale ; la réponse française à la déclaration allemande, prise de concert avec l'Amirauté britannique fut donc simplement la création en Mars 1915 d'une "Flottille des Chalutiers de la Manche" basée sur Boulogne, Dieppe et Fécamp : on n'éprouvait pas la nécessité de se garder plus à l'ouest .



Mais les obstacles même accumulés par les Alliés dans le Pas-de-Calais et en Manche obligèrent bientôt les sous-marins allemands à développer leurs possibilités technique , à les mieux connaître et à emprunter pour opérer en Manche et en mer d'Irlande la route qui fait le tour de l'Ecosse : en Avril 1915 la Manche Occidentale n'est plus sure, en mai deux sous-marins franchissent Gibraltar et parviennent en Adriatique .

En présence de ces faits, le Ministre de la Marine demande le 2 Juin au Chef d'Etat-Major général quelles mesures il compte prendre pour remédier, sans démunir la Manche, à la menace qui plane sur les atterrages de la Loire et de la Gironde - A la suite d'un rapport du 3 Juin, le Ministre prend la décision suivante :


"Constituer une escadrille de chalutiers de l'Océan indépendante de la flottille de la Manche et placée directement sous " l'autorité du Vice-Amiral, commandant le 2° escadre légère..... " Partager cette escadrille en trois divisions de six chalutiers:
Division A - Base La Pallice - chargée spécialement de la surveillance des atterrages de la Gironde et de la Charente

Division B - Base St-Nazaire - chargée spécialement des atterrages de la Loire et de ses abords .

Division C — Base Brest - chargée de lr. surveillance des atté rages d'Ouessant - pouvant aussi éventuellement remplacer les petits croiseurs en Manche Occidentale

Mettre un Capitaine de Frégate à. la tête de l'escadrille de " l'Océan sur un navire approprié...
Former le plus tôt possible la division A par prélèvement sur la flottille de la Manche...


Rosemonde est un chalutier construit en 1911 par Smith's Dock Co Ltd à Middlesborough.
364 tjb, 173 tjn, 45,57 x 7,07 x 4,48 m
une machine à triple expansion Shields Engin. amp; Drydock Co Ltd, North Shields 1911, 585 cv, 11,4 noeuds, une chaudière Richardson, Westgarth & Co, Middlesborough 1911, timbrée à 12,6 kg.

En 1912, immatriculé à Boulogne sur Mer, armateur V. Fourny, capitaine Malfoy

Réquisitionné du 12/02/1915 au 03/02/1919.


Sources :

L'Ouest-Eclair
Bnf Gallica Rapport du LV Auphan les patrouilles de l'Océan du 7-6-1915 au  5-4-1917
https://forum.pages14-18.com/viewtopic.php?t=46907

06 février 2021

Croiseur Primauguet Forces navales d'Extrême-Orient les années 1930


Croiseur Primauguet Forces navales d'Extrême-Orient 

Les Forces Navales en Extrême-Orient (FNEO) sont actives de juin 1925 au  12 août 1940



. Sortie victorieuse, mais exsangue de la  Première guerre mondiale, la France n'a plus les moyens de mener une politique ambitieuse en Asie orientale. Face à la montée du nationalisme chinois et de l'impérialisme japonais, la Division navale d'Extrême Orient s'efforce de protéger les intérêts de la France partout où ils sont menacés.


le  "Primauguet est entré en service en 1927. Il fait partie d’une série de trois croiseurs identiques de 8000 tonnes (”Duguay-Trouin”, “Lamotte-Picquet”, “Primauguet”) qui sont les premiers à sortir des arsenaux suite à la Première Guerre mondiale. Ils peuvent atteindre à toute puissance (117 000 chevaux-vapeurs) une vitesse de 32 à 33 nœuds.
Trois avisos coloniaux : le “Rigault de Genouilly”, le “Dumont d’Urville” et le “Savorgnan de Brazza”.
Un aviso ancien : le “Tahure”.





En Chine, l'action des forces navales se combine avec celle qui incombe aux forces terrestres stationnées dans les villes où sont implantées des concessions françaises, ainsi qu’à Qinhuangdao et Shanhaiguan. Cependant, tandis que les troupes ne peuvent stationner qu’en ces points, les navires de guerre peuvent au contraire séjourner dans tous les ports ouverts en vertu du traité de Tianjin et des traités subséquents entre la Chine et les Puissances.



La mission des forces navales se décompose en trois pans essentiels:

D'une part, la protection des intérêts matériels et moraux de la France. Le terme "moral" fait référence à la protection des missionnaires que la France prétend assurer seule.
D'autre part, la défense des concessions en cas de troubles. En étroite collaboration avec les forces terrestres, la Marine doit apporter l’appoint de ses corps de débarquement et de l’artillerie des bâtiments.

Enfin, la protection de la navigation commerciale française.


L'Ancre de Chine, N°10, 20-07-1935.

Afin d’assurer leur mission de protection des intérêts français en Chine, les mouvements des bâtiments de mer sont organisés de manière à ce qu’il y en ait toujours un à Shanghai et un à Hankou. Les ports des côtes de Chine du Sud et de Chine du Nord sont en outre visités périodiquement par ces bâtiments



 Ce fut le 6 mars 1934 que j’embarquai à bord du Primauguet. Ses caractéristiques techniques étaient les suivantes : son équipage était de 700 hommes, il pouvait évoluer en pointe à 31 nœuds nautiques, soit environ 57 km/h, et son armement se composait de quatre tourelles doubles de 190, de quatre canons de 75, de 12 tubes lance-torpilles, et d’un arme- ment léger dont des mitraillettes anti-aériennes. A son bord était affecté un hydravion de type F.B.A pouvant être lancé par une catapulte située sur la plage arrière. Le Primauguet, puis- qu’il était bateau amiral des forces françaises en Extrême-Orient, voyait donc l’Amiral-Chef de la flotte, monsieur Descottes-Genon, habiter à son bord. C’était un homme âgé et usé par toute sa carrière effectuée en Indochine et aux alentours. Il voulait par dessus tout mourir et être enterré en terre chinoise, c’est pourquoi il était affecté à bord de ce navire. Il finit par mourir le 19 avril, lors de notre séjour en baie de Cam Ranh, dans le Annam, et fut enterré à Shanghai. Nous y célébrâmes ses obsèques sous une température de 5°, tandis que nous quit- tions Saigon où la chaleur frôlait quotidiennement les 40°. Notre équipage supporta mal cet écart de température, et nombreuses furent les bronchites à ce moment. Nous regagnâmes dès lors Saigon le 7 mai, où le Contre-Amiral Richard, qui commandait la Marine indochinoise, remplaça l’Amiral Descottes-Génon.


Nous restâmes ainsi à Saigon jusqu’au 18 mai. Cette ville était magnifique, quadrillée de grands boulevards commerçants, dont la fameuse rue Catina qui proposait de nombreuses et belles salles de spectacles. L’une des caractéristiques de l’endroit me choqua au début de mon séjour : des crachats rouge sang s’éparpillaient çà et là, dégoûtants, sur le trottoir. On m’expliqua que les gens ici chiquaient le bétel7, qu’ils recrachaient un peu n’importe où.

Les colons de Saigon ne nous voyaient guère d’un bon œil. La plupart des civils te- naient des cafés, des boîtes de nuit, des dancings, et trafiquaient l’opium et d’autres drogues. Il entretenaient aussi de nombreuses prostituées.


Les rues du quartier Saint-Denis de Paris étaient proprettes à côtés de celles-ci. Quant aux femmes blanches, elles ne daignaient s’occu- per de nous, car elles préféraient les riches consulaires ou coloniaux. Il existait une seule maison close dont les femmes étaient françaises, mais les tarifs pratiqués n’étaient pas à notre portée. Nous nous rabattions alors sur les femmes annamites, cambodgiennes ou tonkinoises qui étaient très gentilles avec nous contre rétribution. Elles étaient d’un abord facile, et consi- déraient que faire l’amour était un acte aussi habituel que manger, un acte dénué de toute connotation morale. Cela était dans leur mœurs, ce qui nous arrangeait bien. Le climat et le décorum étaient d’ailleurs propices à ce genre de distraction pour nous qui avions vingt ans, et qui n’avions pas d’autre mauvaise idée en tête que de profiter de la vie.v


Il fallait toutefois se méfier de la syphilis et de la blennorragie, qui mutilèrent grave- ment et irrévocablement certains d’entre nous. A l’époque, les médicaments contre ces mala- dies vénériennes étaient peu efficaces, et il fallait donc faire attention, même si la prophylaxie n’était pas notre fort. Nous considérions seulement ces dangers comme les risques du métier de marin...

Nous mangions dans les restaurants annamites ou chinois, de ces plats exotiques et étranges dont nous n’avions jamais entendu parler, qui mêlaient le sucré et le salé. Une fois que nous y fûmes habitués, nous nous en régalions. Les prix pratiqués étaient bas, ce qui ar- rangeait notre petit budget. Je recevais en effet 20 piastres par mois, soit 200 francs français. Nous comptions donc notre argent parcimonieusement lorsqu’il fallait nous nourrir : chaque repas nous coûtait une piastre. Nous ne buvions pas de vin, qui était bien trop onéreux, et nous le remplacions par de la bière. Les produits français étaient proscrits car réservés aux élites, et nous nous contentions donc des denrées locales comme le riz, le poisson ou le canard, ce der- nier coûtant un franc lorsqu’il était vendu entier et cuit. Nous pouvions nous offrir le restau- rant deux fois par mois, ce qui nous changeait de l’ordinaire servi à bord qui était de qualité fort médiocre. Si d’aventure nous manquions de subsides, nous pouvions nous ravitailler pour 0.50 F d’un grand bol de soupe chinoise chaude vendue par des colporteurs postés aux carre- fours ou sur les trottoirs. Au début, il fallut s’habituer aux épices et aux piments couramment employés dans ce type de cuisine, mais ventre affamé n’a pas d’oreilles...

Je fus quant à moi affecté au poste de tourneur à l’atelier machines du bord, à un tra- vail journalier. En mer, j’assurais un poste en machine. J’étais exempté de quart, par la nature même de ma tâche, lorsque nous étions au mouillage, ce qui était une chance non négligeable: les machines restaient toujours sous pression, quoi qu’il arrive, même le bateau ancré au large dans la rade. Il fallait assurer la fourniture de l’électricité nécessaire à tous les appareils du bord, et c’était un groupe de turbo-dynamos alimenté en vapeur par la chaufferie qui s’en chargeait. Or tous les auxiliaires nécessaires à ce fonctionnement étaient conduits par des mé- caniciens et des chauffeurs. Le quart de permanence, assuré par bordées (bâbord les jours pairs, tribord les jours impairs), travaillait selon des horaires lourds, toutes les quatre heures – d’où ce nom de quart –nuits et jours. Le sommeil était considérablement court dans ce cas, trop court. Si on sortait avec sa bordée le soir et qu’on rentrait à minuit voire au petit matin suivant les pays où nous nous trouvions, il fallait le lendemain prendre le quart de nuit : il ne fallait pas s’engager dans la marine pour dormir !
sources :

pour lire l'intégralité de ce récit : 

05 février 2021

Le départ de la « Jeanne-d'Arc » pour sa cinquième campagne d'instruction 1935 1936

Le départ de la « Jeanne-d'Arc » pour sa cinquième campagne d'instruction


Le croiseur Jeanne-d'Arc, école d'application des aspirants de marine et des aspirants mécaniciens, qui avait rallié Brest le 5 juillet à 8 heures, larguera son coffre aujourd'hui 5 octobre, à 14 heures, pour entreprendre sa cinquième croisière sous le commandement du capitaine de vaisseau Latham, son nouveau commandant, secondé par un brillant état-major qui vient d'être complètement renouvelé.

En dehors de deux capitaines de frégate dont l'un est « second du beau navire, et l'autre directeur des études, l'état-major de l'école d'application est composé ainsi douze lieutenants de vaisseau, six ingénieurs mécaniciens dont le chef du service machines est chargé en même temps de l'instruction particulière des aspirants mécaniciens, deux médecins, un chirurgien-dentiste, un commissaire, un ingénieur du génie maritime spécialement affecté à l'instructioin des jeunes ingénieurs, et un aumônier catholique.

Les 94 élèves de l'école ont embarqué le 30 septembre. Parmi eux, on compte 62 aspirants de marine sortis de l'Ecole Navale ou de l'Ecole des élèves officiers, 3 enseignes de vaisseau de première classe brevetés d'aéronautique, 1 enseigne de vaisseau de deuxième classe de réserve, 3 enseignes de vaisseau de deuxième classe provenant de l'Ecole Polytechnique, 10 aspirants mécaniciens, 8 ingénieurs de troisième classe du génie maritime et 7 élèves officiers étrangers Roumains et Polonais.

Regrettons à nouveau l'absence des jeunes commissaires de marine qui ont terminé récemment leurs deux années d'études à l'Ecole du Commissariat et qui ont été versés immédiatement au service général. Nous avons souventes fois préconisé l'existence côte à côte, pendant toute la durée de la croisière annuelle de l'Ecole d'application, des jeunes officiers des corps navigants et il est souhaitable que, dans un avenir prochain, les jeunes commissaires soient aussi admis à l'Ecole d'application. I1s sont d'ailleurs si peu nombreux qu'il eut été facile de les embarquer cette fois-ci.


Autrefois avant la guerre les promotions de l'Ecole Navale entraient à l'Ecole d'application avec 9 grade d'aspirant de deuxième classe. Puis, pendant plusieurs années, après la guerre, tous les élèves d'où qu'ils sortissent avaient rang d'officier. Depuis l'an dernier, par mesure d'économie plutôt que pour toute autre raison, aspirants de marine et aspirants mécaniciens n'ont pas la même fortune que leurs anciens. Leur galon d'or sabordé a en fait encore des élèves officiers et non des officiers élèves.


Nous avons déjà communiqué à nos lecteurs le programme de la première partie de la nouvelle croisière de la « Jeanne » qui va d'abord faire route sur la côte occidentale d'Afrique.


Après avoir touché à Port-Etienne. Dakar et Konakry, elle escalera à Sainte-Hélène au début de novembre, où elle transporte des matériaux nécessaires à la mise en état de la maison de Longwood acquise par la France sous le second Empire et qui abrita le vaincu de Waterloo de 1815 à 1821. Puis, la « Jeanne gagnera la côte ouest de l'Amérique du Sud et montera jusqu'à Valparaiso.

Elle fera demi-tour pour se rendre aux Falkland, en repartira pour l'Afrique du Sud et sera au Cap à la fin de Janvier. Elle visitera ensuite Madagascar jusqu'au 1« avril puis elle remontera au Nord et gagnera Djibouti. Elle traversera ensuite la Mer Rouge, passera le Canal de Suez et entrera en Méditerranée pour accomplir le programme de la seconde partie de la croisière qui sera arrêté ultérieurement, mais qui comprendra vraisemblablement des escales en Egypte, en Grèce, en Tunisie et au Maroc. Puis, la « Jeanne » passera dans l'Atlantique et, après les tirs d'usage dans les parages de Quiberon, elle regagnera Brest le 5 juillet 1936 pour se remettre en état d'accomplir une autre croisière d'instruction avec une nouvelle promotion d'aspirants.


Quel chemin parcouru depuis la vieille Iphigénie Le Duguay-Trouin un ex-transport de Chine lui avait succédé puis, ce fut l'ancien croiseur Jeanne-d'Arc qui, lancé en 1899, fut transformé en navire-école d'application mais dont le service fut interrompu par la guerre et ne fut repris qu'en 1919.

En 1928, cette première "Jeanne » étant à bout de bord fut remplacée par le "Quinet" dont il est toujours pénible de rappeler la fin tragique, et en 1930, ce fut la première division légère qui servit d'école d'application a défaut de bâtiment agencé pour accomplir une telle mission.

La "Jeanne » actuelle, sortie des chantiers de Penhoët, est entrée en service en 1931. Sur cet élégant navire, tout était moderne des haut» jusqu'aux fonds. Tout à fait nouveau dans ses conceptions, il était le plus bel échantillon de notre génie, de notre industrie et de notre marine. Aujourd'hui même, il va s'élancer à nouveau vers de larges horizons avec une nouvelle promotion qui, depuis de longs mois, attend impatiemment l'heure de l'appareillage pour sa première campagne lointaine.

Cette heure va enfin sonner et, avant leur départ, nous adressons au commandant, à l'état-major, aux élèves et à l'équipage de la Jeanne-d'Arc tous nos meilleurs vœux pour le succès de leur belle croisière de neuf mois et nos souhaits d'excellent voyage.

Louis D'ARMOR.

sources



04 février 2021

Jeanne d'Arc Escadre de la Méditerranée - Escadre Légère 1907 Maroc Tanger

Jeanne d'Arc Escadre de la Méditerranée - Escadre Légère


Affecté à l'escadre du nord avec missions en Atlantique et Antilles, la Jeanne d'Arc est affecté à l'escadre de Méditerranée avant de devenir croiseur école. En 1907 elle va participer aux événements du Maroc. 



DEUX CROISEURS PARTENT DE TOULON


Toulon, 24 mars. Sur un ordre urgent du ministre de la marine, le croiseur Jeanne d'Arc de la 2° division, fait ses préparatifs de départ pour le Maroc. Ce bâtiment partira probablement à la première heure demain.

Le croiseur Lalande a été également désigné pour se rendre au Maroc. Les commandants Guépratte et Bénard ont complété d'urgence matin leurs approvisionnements en munitions et vivres et les deux croiseurs ont quitté Toulon en après-midi

Les incidents du Maroc

LES CIRCONSTANCES de L'ASSASSINAT Tanger, 24 mars.

 Voici dans quelles circonstances a été assassiné le docteur Mauchamp il était dans son dispensaire en train d'opérer des malades. Entendant des cris dans la rue, il sortit devant sa porte, croyant à des désordres dans la foule de ses malades, comme cela se produisait chaque jour. Immédiatement, il fut assommé à coups de pavés qui lui furent lancés à la tête. Une bande d'énergumènes le poignarda ensuite et voulut le dépecer, puis le bruler, mais alors quelques soldats de garde intervinrent et rentrèrent le cadavre dans le dispensaire.


Le docteur Mauchamp avait essuyé un coup de feu avant d'être lapidé.

Les indigènes auraient agit sous le coup de la surexcitation causée par l'installation sur le toit de lit maison de M. Mauchamp de signaux servant aux opérations géodésiques de la mission Genty.

Les autorités n'auraient rien fait pour calmer l'effervescence.

Cette nouvelle a été annoncée à M. Régnault, ministre de France, qui s'est abstenu d'assister la séance de ce matin du corps diplomatique il a fait aviser ses collègues par un secrétaire.
Les ministres de toutes les puissances, y compris le ministre d'Allemagne, et les délégués chérifiens, ont exprimé l'indignation que leur causait ce crime et présente leurs condoléances au ministre de France. La séance a été levée en signe de deuil.

Croiseur Cuirassé JEANNE D'ARC à TANGER le mai 1907
- Escadre de la Méditerranée - Escadre Légère

Le docteur Mauchamp était depuis dix-huit mois à Marakech et, par ses soins assidus aux indigènes, il semblait avoir au moins gagné leur neutralité.
C'est une des personnalités les plus marquantes du Maroc. Riche et indépendant, il se consacrait il. une oeuvre humanitaire française, en soignant chaque jour des centaines de malades gratuitement.

Pendant ces deux derniers mois, il était en congé, et certains agents occultes qu'on connaîtra bientôt avaient excité contre lui la basse populace.

L'Ouest-Eclair 23 mai 1907
La colonie française, indignée, réclama des représailles très énergiques.

Le docteur Mauchamp, qui avait une grande habitude des choses indigènes musulman, a été. pendant cinq ans médeciu du gouvernement français à Jérusalem, on il a rendu de grands services h l'influence française en Syrie et en Palestine. Il s'est. particulièrement distingué au cours des épidémies de 1901 et 1902. Ses rapports personnels avec les autorités turques avaient toujours été excellents et il avait été l'hôte du pacha d'Alep.

Croiseur Cuirassé JEANNE D'ARC à TANGER le mai 1907
- Escadre de la Méditerranée - Escadre Légère

M.Gentil assiégé Les Français en sécurité

Paris, 24 mars. Le comité du Maroc nous communique fa dépêche suivante du M. Louis Gentil qui vient de lui parvenir via Tanger.
« Emeute à Marakech; docteur Mauchamp assassiné. Calme rétabli; tous les Français en sécurité.

Cette dépêche confirme que M. Gentil est. sain et sauf ainsi que nos autres compatriotes, mais une dépêche de Tanger montre avec quelle difficulté les européens purent échapper à leurs agresseurs.

M. et Mme Gentil et quelques autres européens ont été après le meurtre de M. Mauchamp, assiégés dans une maison où ils s'étaient réfugiés. Le consul d'Angleterre a tiré sur les assaillants. Il n'y a pas eu d'autre victime.

Sources 
BNF Gallica
L'Ouest-Eclair 1907



Jeanne d'Arc
Croiseur cuirassé à 2 tourelles
lanct 1899
En réserve à Brest
Escadre de Méditerranée et du Levant
Cap. de vais. IMHOFG

Cap. de vais. DERAMEY DE SUGNY
08/1905

06/1907
Déplact. 11.270 tx., long. 145 m, larg. 20 m, tirant d'eau 8,12 m, vitesse 23 n, coût 21.415.000 F, cuirasse à la flot. 150 mm, à la tourelle 200 mm, casemates 75 mm, pont 65 mm,
Armement : 2 canons de 194 mm, 14 canons de 138 mm, 28 pièces d'art. légère,
Équipage : 14 officiers et 614 hommes

03 février 2021

Force navale détachée au Maroc 1907 - 1908 Tanger

Force     navale    détachée   a u Maroc    1907 - 1908    Tanger


Harry Aubrey de Vere Maclean. 

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La situation intérieure du Maroc en 1907 était on ne peut plus embarrassée. Un sultan jeune, sans préjugés, accueillant pour les étrangers, mais sans énergie et laissé volontairement, par l'ancien premier ministre Ba-Ahmed, dans l'ignorance du gouvernement, abandonné depuis la mort de sa mère Lalla Requia aux conseils intéressés de El-Menebhi et du « caïd » Mac Léan, voyait ses Etats, gagnés par l'anarchie, lui échapper peu à peu. 

Ici, un roghi, Bou-Hamara (l'homme à l'ânesse) soulevait les tribus de l'est et, abusant de sa ressemblance avec Moulay-Mohammed, s'intitulait prétendant au trône (1902). Ce même Moulav-Mohammed, qu'une intrigue avait essayé d'établir sultan, avait dû être mis en détention. Dans le Riff, un « roi des montagnes », le bandit Raissouli, bravant les mahallas chérifiennes, exerçait ses brigandages.



Dans le sud, enfin, le vice-roi Moulay-Hafid, frère aîné d'Abd-el-Aziz, s'insurgeait, au nom de l'Islam, contre le sultan légitime et contre les infidèles. Enfin, un peu partout, suivant l'exemple des tribus montagnardes, le pays, soumis autrefois à Moulay-Hassan, se déclarait « bled siba » (pays de révolte). La Chaouïa, refusant toute autorité chérifienne, se faisait remarquer par sa haine de l'Européen.



Pour lutter contre tant d'ennemis, Abd-el-Aziz n'avait ni compétence, ni argent, ni armée bien organisée, ni généraux capables. Obligé d'appeler à son aide les nations européennes avides de se partager ses dépouilles, il avait perdu son prestige religieux auprès de populations fanatiques et xénophobes, et, tant par ses emprunts que par la signature de l'Acte d'Algésiras, il était forcé de subir la tutelle de l'étranger.

Le 30 juillet 1907, les ouvriers qui extrayaient la pierre aux carrières de Sidi-Bel-Yout pour la construction du port de Casablanca étaient occupés à leur travail. Un train Decauville y faisait, comme d'ordinaire, les transports de matériaux de la carrière aux chantiers Schneider, sur le quai, lorsqu'une bande d'indigènes, la plupart armés de bâtons, arrêta la locomotive, la renversa, cerna les travailleurs, dont dix furent massacrés. Après avoir mutilé les cadavres et tenté de les brûler, les meurtriers (on apprit plus tard qu'ils appartenaient aux tribus Médiouna, Harriz et Mdakra) pillèrent les chantiers et essayèrent de détruire les machines. Entrant en ville, ils dévalisèrent les boutiques, menaçant de mort Chrétiens et Israélites.


Terrorisée, la population de Casablanca se réfugia en grande partie dans les consulats de France, d'Angleterre et d'Espagne. Les hommes se préparèrent à combattre. Vers huit heures du soir, le gérant du consulat de France, ayant obtenu du maghzen une escorte de soldats, beaucoup de femmes et d'enfants furent conduits sur le quai, au milieu d'une populace menaçante, et embarqués sur le vapeur anglais Dérhétrian. Un navire allemand recueillait les Israélites.



La nouvelle des massacres de Casablanca, de l'exode des habitants menacés, fut connue à Tanger le 31 juillet, apportée par le vapeur Mogador. Au nombre des morts, il y avait : 5 Français, 3 Italiens et 2 Espagnols. L'émotion fut grande en Europe ; la France et l'Espagne décidèrent d'intervenir immédiatement. L'Italie s'en remettait aux mesures prises par ces deux puissances.


En France, sur décision du conseil des ministres en date du 1er août, les vaisseaux le Galilée, qui était à Tanger, le Forbin, qui croisait aux Açores, reçoivent ordre de partir pour Casablanca. 
De Toulon devaient suivre, en deux échelons : 1° les croiseurs Condé et Du Chayla ; 2° les croiseurs Jeanne-d'Arc, Gloire, Gueydon. 

Ordre était donné aux transports Nive, Schamrok, Mytho d'entrer en armement, et aux "divisions d'Alger et d'Oran de se tenir prêtes à fournir des troupes. Le conseil de cabinet du 3 août fixait ces dernières à : 3 bataillons d'infanterie, 1 batterie d'artillerie, 1 escadron et demi de cavalerie, 1 compagnie du génie, 1 détachement du service de santé et des services administratifs. Soit un effectif de 2.500 hommes et 300 chevaux ; le commandement de ces forces était confié au général Drude, bien qualifié par une longue pratique des guerres coloniales.

En Espagne, les croiseurs Infante-Isabelle et Don Alrar de Bazan étaient envoyés à Casablanca. Le Maria-Molina entrait en armement. Des troupes de terre se tenaient prêtes à s'embarquer.


Les Européens (au nombre de 700 avant les événements de Casablanca) sont fixés à la ville : ils y sont négociants, fonctionnaires, représentants de maisons de commerce ou de compagnies de navigation, artisans.

 


Dès le jeune âge, habitué à chasser et à combattre, le Marocain du littoral a abandonné l'antique « noukhala » à pierre ou à piston. L'Europe lui a amplement fourni les armes de gros et de petit calibre, à chargement arrière et à tir rapide. Tous modèles sont représentés ici : Winchester, Remington, Martini-Henri, Mauser et Gras, carabines ou fusils, avec ou sans baïonnette, voire des Lebel, toutes armes provenant du commerce, de la désertion ou de ventes par les domaines de matériel réformé.


Indépendamment des munitions qui lui sont fournies par des négociants sans scrupules, durant même les opérations militaires, le Marocain, à court de munitions, avec patience et habileté, fera de la poudre, fondra des balles, remandrinera des douilles de cuivre, le
s réamorcera, ressoudera des étuis ramassés sur le champ de bataille



CASABLANCA

Une population de 25.000 âmes (avant les troubles) se répartit très inégalement dans trois quartiers : 1° le quartier demi-européen, appelé Medina, renfermant les consulats, la douane, le dar-maghzen, les établissements de banque, le négoce européen ; 2° le Mellah (ailleurs ghetto), ou quartier juif, aux ruelles tortueuses, peuplé de 5.000 habitants ; il a ici la particularité de n'être pas séparé des autres parties de la ville ; 3° le Tnakker, quartier arabe, aux sordides recoins.
Le port de Casablanca, à l'époque des événements, n'était qu'une rade foraine, ouverte à tous les vents du nord et de l'est, mal protégée vers l'ouest, côté des orages, par une avancée rocheuse. Un petit wharf permettait le déchargement des barcasses qui font le va-et-vient de la terre aux vaisseaux, mouillés suivant leur tirant d'eau, à 1 ou 2 milles au large d'une côte irrégulière comme fond et hérissée d'écueils en deçà de la barre. Par gros temps, les navires sont obligés de prendre le large.

Passage de Toulon à Alger 1839 sur un navire de la Marine Royale Cerbere

 Passage maritime de Toulon à Alger 1839 Cerbere  La conquête de l'Algérie débute par le débarquement de l'armée d'Afrique à Sid...