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24 octobre 2023

Charles Martel cuirassé flotte d'échantillons nickel ponton Brest

Cuirassé Charles Martel

Encore deux certificat de bonne conduite, cette fois pour le cuirassé Charles Martel. 

A priori, il n'aurait jamais mouillé dans le port de Poitiers....

 Un premier Charles Martel est prévu en 1882 mais le projet est abandonné, un second cuirassé du même nom  issu du programme naval de 1890, dit "flotte d’échantillons" est programmé. 


Le CHARLES MARTEL, bien qu’étudié à partir de 1887, a été le premier cuirassé construit pour répondre à ce programme. Les unités de programme seront construites sur des plans différents par différents chantiers. Le programme spécifiait seulement une composition de l’artillerie principale, une vitesse minimale et un déplacement maximal de 12 000 tonnes. En ce qui concerne les dimensions, les formes de coque, la silhouette, la répartition de l’artillerie moyenne, l’appareil moteur, le compartimentage et même le cuirassement, pleine liberté est laissée. Ces unités deviennent la "flotte d’échantillons". 


 Premier cuirassé du programme de 1890 et première application en France de l’acier au nickel pour la cuirasse. Fournie par Schneider, la cuirasse avait une hauteur de 2 m de bout en bout. Elle était surmontée d’une cuirasse mince de 100 mm qui protégeait les oeuvres mortes sur une hauteur de 2,50 m à l’avant et de 1,20 m à l’arrière. 

Quatorze cloisons transversales divisaient la coque en 209 compartiments dont 138 étanches. 




La vie du CHARLES MARTEL fut sans histoire : sorties d’exercices, man°uvres, tournées de représentation et revues navales. On peut toutefois noter que tous les commandants recommandèrent l’emménagement et même la suppression pure et simple de la mâture militaire néfaste pour la stabilité du bâtiment, mais la refonte du cuirassé ne vint jamais. 

10 septembre 1890 : construction ordonnée. 01 août 1891 : mis sur cale à Brest. 

1892 - 1898 : Brest. 

24 janvier 1894 – 24 septembre 1895 : montage des machines à bord. 10 janvier 1896 : armé pour essais (CV Charles Rouvier). Octobre 1896 : Escadre du Nord. 

02 août 1897 : admis au service actif, affecté à l’Escadre de la Méditerranée. 

07 août 1897 : devient le navire amiral de la 3ème Escadre. 1897 : en réparations, amélioration de l’appareil à gouverner. 

Janvier 1898 : en escadre à Toulon. 

14 – 16 avril 1898 : sortie d’exercices avec le Président de la République Félix Faure, à son bord. Septembre 1898 : navire amiral de la 2ème Division (CV Paul Chaucheprat ; CA Germain Roustan, Cdt de division). Octobre – 

novembre 1899 : croisière au Levant. Juin – Août 1900 : grandes manoeuvres en Atlantique. 

19 juillet 1900 : revue navale à Cherbourg. Juillet 1901 : grandes man°uvres, se fait torpiller par le sousmarin Gymnote (CV Joseph Nayel, depuis le 26 septembre 1900). 

Septembre 1901 : à Dunkerque avec le Jauréguiberry et le Bouvet 1901 : à Dunkerque avec le Jauréguiberry et le Bouvet lors de l’arrivée des souverains russes en visite en France Mai – 

août 1902 : en carénage, remplacé par le Iéna comme navire amiral. Début 1903 ou 1904 : affecté à la Division de réserve (CV Eugène Pailhès). 


Mai 1908 : croisière en Afrique du Nord. 

Novembre 1909 : quitte Toulon pour être affecté comme bâtiment de remplacement dans l’escadre du Nord, effectue quelques sorties avant la mise en réserve normale. 30 mai 1910 : CV Jean Degouy, commandant. 26 – 27 février 1912 : de Brest à Cherbourg. 

01 mars 1912 : mis en réserve normale et désarmé. 01 juillet 1912 : mis en réserve spéciale. Avril 1913 : brièvement réarmé. 10 avril 1913 : replacé en réserve spéciale. 

01 avril 1914 : désarmé définitivement pratiquement dans l’état général où il se trouvait lors de son lancement, et utilisé comme ponton caserne à Brest. 


L’artillerie principale est débarquée, les deux canons de 305 mm. sont réalésés à Ruelle en obusiers de 370 mm. modèle 1915 et vont équiper deux affûts d'A.L.V.F.(1 ). Les deux canons de 274 mm. ont armés en 1917 deux affûts d'A.L.V.F. Schneider à glissement, en remplacement de deux tubes de 274 mm. modèle 1893-96 de côté équipant primitivement ces affûts et usés lors des combats. 30 octobre 1919 : condamné. 20 décembre 1920 : vendu à une firme de démolition néerlandaise qui la fait remorquer à Hendrik Ido Ambacht pour démolition. (2 ). 23 décembre 1922 : démoli (2 ).












Journal STAMBOUL 24 février 1897




09 avril 2023

Entre-Deux Guiers colonie de vacances de la Marine 1945 Pétain régime de Vichy

Entre-Deux Guiers  colonie de vacances de la Marine

Dans le dernier numéro du bulletin de la Marcophilie navale, un membre de l'association nous posait une énigme concernant ce pli portant le cachet "service à la mer" et posté à ENTRE-DEUX GUIERS (Isère) le 19-9-45




La réponse se trouve dans un article de Cols-Bleus de 1945 (14-9-1945 n°30) qui évoque la colonie de vacances de la Marine, ses deux infirmières et son médecin.

"Le camp lui-même ? Des baraques en bois goudronné recouvertes de tuiles rouges, au centre desquelles un mât de 22 m. de haut (dont les garçons sont très fiers), droit comme un I, se dresse vers le ciel. Le pavillon flotte... "

"les petits Toulonnais écrivent invariablement à leurs parents: « Je suis très bien, je m’amuse beaucoup, on mange bien. » -

Le centre de vacances de la Marine est situé sur le cirduit de randonnée d'Aiguenoire.




En fouillant plus avant j'ai découvert que le centre existait déjà en 1941 illustré par des cartes postales.


Il serait lié aux oeuvres sociales de la Marine A.S. SCOM


La loi du 6 août 1940 sur les Associations d’entr'aide et la loi du 10 novembre 1940 sur le Service des Œuvres de la Marine ont remis en lumière l’intérêt que la marine porte à son personnel et son souci de lui ménager en toutes circonstances une assistance efficace. Cette aide se manifestait déjà dans certains domaines. Mais les efforts étaient dispersés, insuffisants, incomplets.


Certaines catégories de personnel, par exemple, les officiers de tous les corps de la marine n’étaient pas atteintes. La Marine nationale et la Marine marchande travaillaient chacune de leur côté, sans liaison. Il y avait donc lieu de coordonner, développer et intensifier tous les efforts en adoptant pour cela une direction unique. C’est chose faite aujourd’hui. Il n’est pas inutile de préciser l’orientation que la marine entend donner à ses œuvres. Il ne s’agit pas de « faire la charité », ni de borner l’activité des organisations à la distribution de secours en espèces ou en nature.


Marins démobilisés ou LIBÉRÉS DU SERVICE 

1 ° Centres d'accueil Marins de la zone interdite. Il a fallu songer d’abord aux marins de la zone interdite qui ne pouvaient rentrer chez eux. La marine les a « mis au vert » en créant pour eux des centres d’accueil en forêt. Plusieurs centaines d’hommes sont ainsi réunis sous la direction d'officiers qui, comme eux, sont pour la plupart des régions interdites. Ils sont nourris et habillés, perçoivent une prime de rendement variable suivant leur travail. Leur famille n’est pas oubliée et reçoit la délégation réglementaire. La marine a actuellement six centres en activité : Chindrieux (Savoie), Entre-deux-Guiers (Isère), Vimines (Savoie), Concoules (Gard), Luc-en-Diois (Drôme), Sciez (Haute-Savoie). 


La France est fière de ses marins. Elle a le droit de l’être car tous ont accompli consciencieusement leur devoir, soit dans la période de préparation d’avant-guerre, soit au cours des hostilités. Ils l'accomplissent encore avec le même dévouement partout où l’Empire est menacé ou attaqué. Il faut donc que la Nation s’occupe comme elle le doit de tous ces vaillants qui l’ont bien servie, et qu’elle les entoure de sa sollicitude attentive du point de vue matériel comme du point de vue moral. Et les familles des marins doivent être comprises dans ce sentiment de reconnaissance nationale. 

D’où la création du Service des Œuvres de la Marine, qui fonctionne depuis peu de temps, mais a déjà atteint, sous l’énergique impulsion des chefs de notre armée de mer, un développement et une activité qui pourraient servir de modèles à d’autres groupements sociaux.

Les Œuvres de la Marine comprennent : 

1. — Un service central des Œuvres de la Marine (S. C. O. M.). Installé à Vichy, sous la direction générale d un amiral — actuellement l’amiral Gensoul, qui commandait l’escadre française à Mers-el-Kébir — cet organisme dirige tout l’ensemble de l’œuvre.

11. — Des services locaux des Œuvres de la Marine (S. L. O. M.). Ceux-ci sont installés dans les ports suivants : 1° En zone libre : Toulon, Marseille, Nice, Saint- Tropez, Sète, Port-Vendres, Bizerte, Bougie, Alger, Oran, Casablanca, Dakar. 



2° En zone occupée : Paris, Cherbourg, Brest, Lorient, Rochefort, Ruelle, Indret. Les diverses branches d’activité des Œuvres Sociales de la Marine s’appliquent aux catégories de personnel suivantes : L — Marins en cours de service. II. — Marins démobilisés ou libérés du service. III. — Marins prisonniers de guerre. IV. — Marins décédés, tués ou disparus. V. — Familles de marins. VI. — Coordination des œuvres privées. Assistance aux inscrits maritimes et à leurs familles. 

En fait, si l’association est privée, les cadres sont tous des officiers de la marine nationale et elle bénéficie du soutien actif du ministère de la Marine

Le Service des œuvres s’occupe, à l’origine, uniquement des personnels de la marine nationale, mais très rapidement il étend son champ d’action à tous les marins et leurs familles ; il organise notamment, avec le concours de l’ADSOM, des camps et des colonies de vacances pour les enfants des marins dont le SCOM assure le fonctionnement pour la première fois du 1er juillet au 30 septembre 1941

Le Yacht septembre 1941 n° 2959

Cols bleus 14-9-1945 n°

https://books.openedition.org/pur/123813?lang=fr


BO Marine marchande, 1941-1, Instructions sur les colonies de vacances, le 7 mars 1941.

17 octobre 2022

Tricentenaire de la Médecine navale Rochefort santé navale chirurgien 1722-2022

Tricentenaire de la Médecine navale un homme à Toufaire



L'hôpital de la Marine de Rochefort est postérieur de plus de cinquante à la création de l'école de Santé navale. On le doit à Pierre Toufaire.

l'hôpital maritime de Rochefort Photo JM Bergougniou
Pierre Toufaire travaille d'abord avec son père puis achève ses études à Paris.


l'hôpital maritime - l'aérium
Photo JM Bergougniou

Le 1er janvier 1774, il est nommé ingénieur des bâtiments civils de la Marine à Rochefort et est muté à la fonderie d'Indret où il est chargé de la construction des bâtiments destinés à abriter la fonderie de canons pour la marine. Il termine les travaux en 1778 et est nommé ingénieur en chef à Rochefort, ville où il accomplit une œuvre considérable, construisant en particulier les nouvelles casernes et le nouvel hôpital.




Le 5 février 1722, ouvrait la première école de médecine navale au monde. Si les progrès de la médecine ont complètement changé les pratiques, les missions des chirurgiens navigants n’ont pratiquement pas bougé.


l'hôpital maritime de Rochefort
Photo JM Bergougniou

En février 1722, quatre élèves rentraient dans la toute première école de médecine navale de Rochefort (Charente-Maritime). Ils avaient 14 ans révolus, savaient lire et écrire, avaient des mains sans difformités, savaient raser et pratiquer la saignée. Le lieu a depuis formé 6.572 chirurgiens "navigans" jusqu’à sa fermeture en 1964 et le déménagement à Bordeaux du centre de formation des médecins de la navale. 

l'hôpital maritime de Rochefort Photo JM Bergougniou



M. PIÉTRI A ROCHEFORT ET A BORDEAUX

Le ministre de la Marine remettra aujourd'hui la croix de la Légion d'honneur à l'Ecole de santé navale ROCHEFORT, 9 mars. — Arrivé ce matin, à 7 heures, à Rochefort, par train spécial, M. François Piétri, ministre de la Marine, accompagné du contre-amiral Odendhal et de M. Tajasque, chefs de son cabinet, a été salué à sa descente du train par le vice-amiral Laurent, préfet maritime de Brest ; le capitaine de vaisseau Walser, commandant l'arrondissement maritime de Rochefort ; MM. Jammes, sous-préfet, et Pouzet, député.

Après avoir visité dans l'après-midi la fonderie nationale d'artillerie de Ruelle, M. Piétri est parti pour Bordeaux, où il est arrivé à 19 h. 50. Pendant son séjour il sera l'hôte du préfet, M. Bouffard ; on sait qu'il doit remettre demain la Légion d'honneur au drapeau de l'Ecole de santé navale. Soixante-dix marins venus de Lorient assisteront a la cérémonie.

L'Exelsior 10 mars 1935




l'hôpital maritime de Rochefort  la bibliothèque Photo JM Bergougniou
le musée de santé navale  Photo JM Bergougniou

Le musée de santé navale  Photo JM Bergougniou



des bocaux et des onguents - Photo JM Bergougniou
Les exigences à l’entrée de la navale ont évidemment beaucoup évolué en trois siècles avec notamment la date clé de 1743 où la chirurgie passe du domaine de la barberie (les navires avaient auparavant l’obligation d’embarquer un barbier qui servait aussi de soignant) à celui de la médecine. Créateur de l’école, Jean Cochon-Dupuy (1674-1757) puis son fils Gaspard (1710-1788) et enfin leur cousin Pierre Cochon-Duvivier (1731-1813) ont construit au cours du 18ème siècle un premier règlement encadrant la formation et l’obtention des diplômes et instauré un cursus s’appuyant sur la pratique qui préfigure les centres hospitalo-universitaires d’aujourd’hui. "


Le règlement de 1768 comportait dans ses neuf titres tout ce qui touche à la vie d’un établissement de formation : modalités de fonctionnement, locaux, attributions, devoirs, règles d’embarquement, uniformes", a rappelé Claude Rouquet (promotion Bordeaux 1965).


Table d'opération - Photo JM Bergougniou

Les chirurgiens de la navale voient évidemment leur rôle se magnifier lors des guerres. Les premiers chirurgiens formés ont ainsi été mis à rude épreuve lors de la guerre de succession d’Autriche (1740-1748), la guerre de sept ans (1756-1763) et enfin la guerre contre la Grande-Bretagne pour l’indépendance des Etats-Unis (1778-1783). 


Des ouvrages...- Photo JM Bergougniou

 Les conflits des 19ème et 20ème siècles ont permis d’encadrer définitivement la pratique du métier et le périmètre d’intervention et la légitimité du médecin à bord, dépendant de la direction du navire, mais autonome dans ses décisions. Les attributions englobent des domaines de santé publique comme la surveillance de la qualité de l’eau potable à bord, la chasse aux rats ou encore la traque des parasitoses au sein d’une population confinée. 


sources

https://www.sciencesetavenir.fr/archeo-paleo/patrimoine/il-y-a-300-ans-ouvrait-la-premiere-ecole-de-medecine-navale-au-monde-a-rochefort_164101

30 novembre 2021

Joséphine Baker Panthéon 2021 du music-hall au Panthéon

Joséphine Baker

Une étoile noire : Joséphine Baker.


 Joséphine Baker n’entre pas en scène comme tout le monde. C’est dans les combles des « Folies-Bergère » qu’elle accède pour descendre dans une trappe mystérieuse. Une boule fleurie, pesant 1.000 kilos, suspendue à vingt mètres au-dessus de l’orchestre, descend lentement, vers les spectateurs. Ua boule s’ouvre et Joséphine Baker danse-son « charleston » effréné. Appolo-Journal 1927

Quelques instants avec Joséphine Baker

Je n'avais pas revu cette fantasque fille au corps brun depuis que La Revue Nègre nous l'avait révélée gambillant avec frénésie des danses rapides et enfiévrées qui sentaient le soleil, la guerre et l'amour.

Aujourd'hui elle est devant moi, nue dans une

tunique tramée de sinueux dessins, les cheveux collés au crâne, la bouche peinte, droite et sombre comme un cyprès.


Autour de nous, un bruit du diable règne dans le studio. Les phares électriques s'allument et s'éteignent comme pris de folie, les régisseurs courent de tous côtés, le metteur en scène s'enroue à force de crier et les figurants courbent l'échiné sous l'orage.

Nous sommes près des appareils, calmes comme eux au milieu de cette ardeur déchaînée...

Miss Baker laisse tomber sur moi son oeil semblable à un soleil noir, ses lèvres gonflées et écàrlates s'entr'ouvrent :

— « Une interview »... oh ! comme c'est... terrible !...

— « Mais non, mais non », chuchote auprès d'elle un jeune homme brun impeccablement vêtu — le mari de la vedette — qui porte des petites moustaches et ressemble à Adolphe Menjou. « Vous savez bien : Madame vous posera des questions, vous n'aurez qu'à répondre, c'est très facile... »


Joséphine Baker esquisse une grimace et sa bouche se tord drôlement. Facilement agitée, elle se balance sur un pied et saisit l'autre dans sa main fine.

— Miss Baker !... tonne une voix, please...

Ses longues paupières violettes se plissent et un rayon qui rit glisse de ses yeux à travers ses cils. Elle saute :

— Excuse... il faut travailler... tout à l'heure vous me verrez...

Et elle court s'engouffrer dans la foule de figurants qui s'écarte et se referme sur elle.

Je m'installe près de l'estrade où le metteur en scène domine la situation. Des faisceaux de lueurs se dirigent vers le décor qui représente l'intérieur d un cabaret. La foule s'amuse, les hommes lutinent les femmes qui poussent des cris aigus.


Coup de sifflet. Sur un balcon de bois peint qui traverse le décor, de fougueux musiciens entament un jazz folâtre. Partout, la lumière éclate et dans le fond, apparaît, les jarrets durs, les pieds frémissants, la danseuse noire qui fait courir tout Paris.

Son corps d'un dessin pur, ferme et nerveux est agité de trémoussements comiques.

Elle gonfle les joues, écarte les narines, roule les yeux, choque les genoux, tape des mains.

— « You... You... You... chante-t-elle d'une voix suraiguë.

Danse du ventre. Grand écart.

Dans le bain de lumière, ses cheveux, ses sourcils, ses prunelles, sa chair d'ambre étincellent...

Adolphe Menjou — pardon !... le mari de l'étoile," — admire les souples mouvements de bête sauvage de sa femme. II a l'air satisfait.

— « You... You... You...

lettre adressée à Joséphine Baker  des USA Los Angeles 30-11 1946
La folle .danseuse tourbillonne, se déchaîne, se multiplie. Elle est plus trépidante que le jazz.

Coup de sifflet. C'est fini. Les lumières s'éteignent. Lés figurants se groupent par petits paquets autour dès tables jonchées de confettis

Miss Baker adresse une grimace à un vieux monsieur coiffé d'un chapeau de papier, puis l'air sage et, l'oeil doux, elle rejoint son mari qui l'attend devant une bouteille de champagne.


Carte postale de Buenos Aires signée Joséphine Baker 


Son sourire en éventail m'appelle? Je m'approche.

Elle s'assoit, les jambes écartées, les mains pendantes.

—- Elle s'est couchée à cinq heures ce matin, me dit son mari, et levée à neuf. Ce n'est pas tout à fait assez dormir.

— Vous devez être bien fatiguée, dis-je bêtement à la noire vedette.

Un rire enfantin, un roulement d'yeux :

— Moâ ?... jamais, jamais fatiguée, je dors bien...

Puis un grand soupir en remuant la tête comme un balancier :

— Oh !i l'interview !...


— Elle est née à St-Louis, coupe son mari qui tient sur ses genoux un chien minuscule, elle est venue à Paris avec La Revue Nègre...


v —— Vous aimez St-Louis ?

— No !... Il fait froid... J'aime Paris plus que l'Amérique...

— Elle vient d'acheter deux hôtels particuliers, continue son interprète et beaucoup, beaucoup de chiens...

Je regarde la minuscule bête qui tremble de tous ses membres :

— Vous en avez plusieurs comme celui-là ?

' Elle plante son doigt au bout de son petit nez aux narines expressives :

—. Est-ce que vous allez me demander quel jour, à quelle heure et à quelle « minioute » je suis née ?...

— Elle est adorable, minaude à côté de moi une imitation de Mae Murray.

Mais aimable soudain comme une mondaine qui offre le thé :

— Je tourne « le Sourine » des Tropiques. Très intéressant « for me ». Le cinéma est un vrai « enchanteress »...

— Vous avez l'intention de continuer à faire du cinéma ?

-— Oui, si j'ai du « souccess »... '

La vile flatterie chère à l'interviewer mé pousse.

Je voudrais tant m'attirer un de ces si jolis sourires

en éventail !

— Cela ne fait pas de douté*

Mais elle tape Sur ses genoux nus et ses sourcils brillants se joignent.

— Vous ne pouvez pas savoir plus que moâ !..,. Personne ne peut dire si j'aurai du « souccess »... J'aime le cinéma, voilà* Je voudrais beaucoup* beaucoup en faire...

— Vous allez au cinéma quelquefois ? ,

— Pas souvent ; je n'ai 'pas le temps. Mais je suis « very en-joyèd » quand j'y vais...

^^ Qu'est-ce que vous y aimez ?

Elle remue de nouveau la tête comme un balancier, les mains sur les cuisses ambrées :

—- Tout... tout... tout...

—- Jo, dit son mari, Madame veut dire : aimezvous Mary Pickford, Lil...

—' Je ne connais pas Mary Pickford ni les autres. Quand je vais au cinéma, je vois toujours de jolies « figoures », de biens jolies « figoures », ils me plaisent tous...

Grand geste circulaire et gonflement des joues.

— Miss Baker 1... Miss Baker !... appelle-t-on. Je me hasarde à dire :

 — Ah ! je vais encore vous voir danser !,..

— Oh ! ce ne doit pas être bien « enchanteress » pour vous !... puisque vous m'avez déjà vue !... c'est pareil... encore pareil...

Puis le sourire en éventail réapparaît, le regard devient caressant et tendre :

—■ Excuse... je ne peux répondre que oui ou non à une interview... c'est comme ça. Mais vous pouvez dire que j'aime la France, le music-hall, la danse, le cinéma, les chiens...

— Miss Baker !...

Une pirouette. Je ne vois plus que l'épaisse ténèbre des cheveux, les belles épaules, les longues jambes....

— « You... You... You... »

La voix suraiguë... L'éclatante lumière... ,Ja frénétique musique... ,

Et, après une cabriole déhanchée et diabolique, la plus extravagante des vedettes entraîne tous les figurants dans une tumultueuse farandole...

. Marianne ALBY.  Cinéa 01-11-1927




Joséphine, « petite » caporal


Dès son retour de la zone des armées, Joséphine Baker a dû s'aliter par suite d'un refroidissement. Durant quelques jours, elle a effectué près du front une tournée en compagnie de Maurice Chevalier, tournée de music-hall qui a donné du bien-être et de la joie à quelques milliers de poilus.

Son succès fut immense, la célèbre artiste chantait inlassablement et distribuait des quantités de paquets de cigarettes aux soldats, spectateurs d'un jour ! Partout elle reçut des ovations et des insignes personnels. Mais ce qui lui donna le plus de plaisir ce fut sa promotion comme caporal dans un régiment d'artillerie en action sur le front.

Et malgré la fièvre, Joséphine Baker nous répétait en souriant: « Ah ! que je suis fière d'avoir une telle récompense... deux petits galons... »

Paris-Midi 15-11-1939

Joséphine n'est pas contente. Il parait qu'on la présente un peu partout comme appartenant à l'armée américaine. Or, Joséphine Baker est française et, depuis quatre ans, fait partie d'une formation féminine de l'armée française, comme d'ailleurs elle nous l'a confié dans une interview. Mais elle tient à ce qu'on le répète. Voilà qui est fait.   France-Soir 19-10-1944

Joséphine BAKER AUXILIAIRE DE L’ARMÉE DE L’AIR RACONTE SES "CAMPAGNES” 




JOSEPHINE BAKER a retrouvé un de ses amours, Paris. Paris auquel elle n’a cessé de penser depuis 1941 et au cours de toutes ses « campagnes » en Afrique du Nord. Car Joséphine Baker n’est pas revenue à Paris dans le somptueux, quoique léger costume qu’elle arborait aux Folies- Bergères, mais en uniforme réglementaire de lieutenante des Auxiliaires de l'Armée de l’Air française.



Alors, adieu chansons, danses et plumes d’autruche ? Eh oui ! Joséphine a bien fredonné quelques refrains en Afrique du Nord — et surtout le célèbre couplet de « Mon Bonheur » : « Une petite chaumière en France, c'est tout ce dont on a besoin » — mais elle a, avant tout, voulu servir militairement la France, sa patrie. En compagnie d’autres artistes françaises : Françoise Rosay, Germaine Sablon, Alice Delycia et de quelques dizaines de volontaires, elle a connu, à Oran, la stricte vie de caserne et les liaisons souvent dangereuses par route ou par air, dans un rayon de plusieurs centaines de kilomètres. Vie exaltante, bien faite pour plaire à la trépidante artiste ! Qui parlait de la nonchalance des créoles ? Joséphine Baker a fait mentir le dicton, elle qui se grise du parfum d'aventure et frémit d’aise à côtoyer le danger. Quand on a découvert le sens immense et magnifique du mot "servir", on ne s’habitue pas facilement du train- train quotidien. Joséphine, elle, est prise tout entière par sa Mission et oublie tout ce qui ne s’y rapporte pas. Ses habitudes parisiennes, sa villa, sa vie artistique ? Rien ne l’émeut, qui ne soit le sort de la France.

Aussi n’envisage-t-elle pas de rentrée artistique avant que le sol national en soit entièrement libéré. Paris, une seconde fois, la laissera partir vers son destin, avec ses trois fétiches : "Sac-à-puces", un petit chat recueilli dans une ruelle oranaise, « Mitraillette », un adorable chiot, et le fer de mulet que lui donna, à Casablanca, l’infirmière qui la soigna lors de la grave maladie qui faillit l'enlever à notre admiration...
Globe 05-11-1944

Roumanie mission Aigle SPID AP 642 étiquette Cincu Conflit Ukraine Russie OTAN

Roumanie mission Aigle SPID AP 642 étiquette CINCU Déclenchée en urgence en Roumanie en février 2022, la mission AIGLE n’a cessé d’évoluer e...