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13 septembre 2021

le naufrage du HILDA - la catastrophe de Saint-Malo 18-19 novembre 1905

le naufrage du HILDA - la catastrophe de Saint-Malo

Le poids des mots, le choc des photos  Novembre 1905, la tempête gronde sur les côtes de la Manche. Le "Hilda" dessert les ïles Anglo-Normandes et Saint-Malo au départ de Southampton. Ce qui est surprenant c'est la couverture photo de l'événement et les nombreuses cartes postales qui illustrent ce naufrage.




La catastrophe de Saint-Malo




L'émotion sur les côtes Le torpilleur Lancier sur le lieu du sinistre ce que raconte un des survivants - Les cadavres rejetés par la mer

Saint-Malo, 20 novembre.

Ce matin, quand le jour gris et pluvieux s'est levé sur la ville en deuil, tous les malouins qui pouvaient déposer de quelque loisir, se sont portés sur les remparts et sur le môle, comme s'ils pouvaient avoir espoir de voir quelque chose de l'affreux drame qui s'était déroulé dans la nuit de samedi dimanche à quelques kilomètres de la ville endormie.

Et tandis que les regards exploraient la mer, les commentaires d'aller leur train. D'après une version, le vapeur aurait été désemparé de son gouvernail, hypothèse bien invraisemblable, d'autant plus que les vapeurs anglais sont tous munis d'un gouvernail de rechange.

Une autre version dit que les capitaines anglais ont tellement confiance dans leur expérience et leur savoir faire, qu'ils ne se servent pas de la boussole, et qu'ils marchent d'après leur montre (?). C'est ainsi que le capitaine Gregory, qui avait fait plus de 3.000 fois la traversée de la Manche, avait tellement l'habitude des passes qu'il ne craignait pas d'entrer à St-Malo dans n'importe quel moment et par n'importe quel temps. C'cst ce qui fait que trompé par le brouillard, son bâtiment aurait été jeté sur les rochers des Portes, qui sont placés à droite en entrant à Saint Malo, et à gauche en sortant 

Cézembre à droite, la Pierre des portes à gauche, à gauche de la pierre, les Couillons de la porte

Cette passe n'a que 200 mètres de largeur. Le capitaine de l' Ada M. Howke, dit qu'en temps de pluie il a couvent observé un phénomène assez curieux La brume reflète l'éclairage des phares qui se trouvent pour ainsi dire, déplacés parfois à plus de 100 mètres. Est-ce un phénomène de ce genre qui a trompé le capitaine Gregory?

127 victimes

 Saint-Malo 20 novembre. 
Les familles des marchands d'oignons sont arrivées cette après-midi pour reconnaître leurs membres disparus. Leur douleur fait peine à voir. A Saint-Malo le nombre des morts portes à l'hôpital se monte à 5. Une salle a été aménagée spécialement pour les recevoir par le personnel de l'Hôtcl-Dieu. Nombre de journalistes de la presse anglaise et de la prcssc parisienne sont arrivés également. Parmi ires confrères so trouve un rédacteur du «Daily Mail » de Londres.

 Quant au nombre des victimes il est probable que nous les connaîtrons tous demain car le steamer Ella doit en apporter la liste officielle. Ce que l'on sait dès à présent c'est qu'il y avait à bord de l' "Hilda" 82 Français, 17 passagers anglais et 2 hommes et 2 femmes d'équipage, ce qui porterait d'après ces données le nombre des victimes à 127.

Parmi les victimes se trouvent. le colonel Fo1et, de Dinard, et sa femme; MGrindle, dont la femme et les cinq enfants habitent Saint-Enogat ;Mmc Butler, M. King, M. Sykes, Mme Kerby, veuve du général, qui habite Saint-Servan. On craint que leur fils ne soit également parmi les victimes.

 Le maire de Saint-Malo est venu, ce soir, exprimer à M. llamon, agent de la South. Western-Company, au nom de ses concitoyens, la part que la ville entière prend au deuil qui afflige tant de familles françaises et anglaises,

A la Compagnie South- Western


Nous nous rendons aux bureaux de la Compagnie rue Jacques-Cartier, puis sur les quais où nous trouvons M. Hamon, représentant de la Compagnie à Saint Malo. M. Hamon vient de recevoir une quantité de télégrammes émanant des familles inquiètes. Beaucoup arrivent de la Bretagne et de l'Angleterre. Une dépêche de Dinan notamment demande si un groupe de voyageurs composé de: MM. Ralph Kiny, Mansion House, Salisbury; Gaisfied, Dr Stanley et Miss Ingles sont parmi les survivants. Hélas malheureusement non. Tous les bâtiments de la Compagnie sont en berne. A neuf heures arrive le Laura D venu spécialement de Southampton avec les directeurs do la société du South Western. Des personnes en grand deuil se retrouvent sur les quais pleurant silencieusement. Le ciel semble être comme nous, dans le deuil et la tristesse, tellement il est sombre et brumeux,

Sur les lieux du sinistre


Le torpilleur de haute mer  Lancier , commandé par le lieutenant de vaisseau Devoir, se serait rendu sur les lieux  avec la second de l'"Ada", M. Barans, et tâcher d« ramener des cadavres et des épaves. Des ordres très sévères ont été donnés par les autorités maritimes afin de surveiller étroitement le rivage et d'empêcher les pilleurs d'épaves de dévaliser les morts, car presque toutes les victimes sont porteurs de sommes considérables: Le bruit court que quelques marchands d'oignons ont à eux seuls plus de 50.000 francs en or, produit de leur campagne en Angleterre. 50.000 francs, c'est beaucoup, mais il est certain qu'ils rapportaient des sommes importantes. Des remorqueurs sont allés hier avec la sous-préfet de Saint-Malo, M. Ottenheimer, M. l'administrateur de la marine da 1e cl. Potticr, le consul d'Angleterre, major Heuniker sur les lieux du sinistre.

 Le " Hilda" est coulé sur  La Pierre des Portes», un rocher en forme de triangle et se trouve placé comme sur un ber, il est ouvert en deux et on peut facilement pénétrer dans les chambres de l'avant à marée basse, D'api ùs l'enquête Lite par les autorités il a été reconnu que si le gardien du phare du Jardin n'a pas fait de signaux et n'a pas prévenu la terre c'est qu'il n'a rien soupçonné de la catastrophe. Le poste de Cézembre où il existe un téléphone n'a rien non plus signalé pour le même motif. Ce n'est que l' «Ada" qui allant à Southampton s'aperçut lc premier un malheur.

On critique beaucoup ce fait que le phare du la pierre du jardin ne soit pas encore doté d'une corne de brume comme le phare des Corbières près de Jersey. On s'étonne également que le phare du Jardin ne soit pas relié par le téléphone de Cézembre  avec la terre, Il serait cependant d'autant plus facile de l'installer que l'île est très voisine du phare. Enfin, c'est qui à cherche le moyen de prévenir de pareils malheurs.

Le récit d'un témoin

A l'hôpital


Saint Malo, 20 novembre. 
Nous sommes allés ce matin, à l'hôpital de Saint-Malo, avec plusieurs de nos confrères, venus tout exprès de Paris, interviewer les survivants de la catastrophe. Lorsque la soeur nous introduit dans la salle des malades, les malheureux sont réveillés, mais reposent encore. 

 Nous nous retirons dans une petite salle voisine pour leur permettre de s'habiller et bientôt les naufragés surviennent, avec de bonnes figures de bas Bretons. Nous nous inquiétons d'abord de leur santé. Ils ne sont pas, nous répondent-ils, encore revenus de leurs émotions mais cela va beaucoup mieux.

 Une religieuse leur apporte un bol de café bien chaud; on leur donna de nouveaux vêtements pour les empêcher d'avoir froid, et nous prouvons les interroger.


Tout d'abord, ils nous donnent leurs noms et qualités; ce sont: Tanguy Laot, 24 ans de Cléder (Finistère); Louis Roséc, de Plouzévédé 30 ans; Paul Marie Lepen, du Cléder; Olivicr Caroff, 22 ans, de Roscoff, Jean Louis Mouster, de la Feuillée (Finistère); tous les cinq employés au service de M. Louis Quilviger, marchand d'oignons, qui a péri dans tempête.
L'Anglais James Grustes, 48 ans, originaire du Dorsetshire, est marin chauffeur de l"Hilda.

Nous adressant plus particulièrement l'un des témoins de la catastrophe, voici le récit que nous avons recueilli de sa bouche:

«Nous étions partis de Southampton à 4 heures; déjà la mer était mauvaise. Vers le milieu de la traversée, un brouillard intense nous enveloppa complètement. L'on n'y voyait pas à quatre mètres devant soi et le second, M. Prorson, dut faire ralentir la marche du bâtiment. 

A huit heures, la brise d'Est vint à souffler en tempête et la neige se mit à tomber en gros flocons si denses, qu'à l'arrivée, l'on ne vit plus les feux du littoral du cap Fréhel et du phare du Jardin. Quelques instants encore avant la catastrophe, nous avions aperçu des bateaux pécheurs de Cancale, qui ne tardèrent pas à disparaître à nos yeux, enveloppés du des tourbillons d'eau et de neige; ils fuyaient là  voiles serrées vers le large afin d'éviter les dangereux brisants L'"Hilda» crut qu'il serait possible de renter à Saint-Malo...



Dinan, 20 novembre. La nouvelle de la catastrophe de l' « Hilda », apportée ce matin par 1' « Ouest-Eclair a produit une émotion intense parmi nos concitoyens et la colonie anglaise, plusieurs résidents anglais de Dinard et Dinan devant rentrer par le vapeur naufragé.

A la nouvelle parvenue télégraphiquement cc matin que 35 cadavres, dont 23 hommes, 10 femmes et 2 enfants avaient été découverts sur la plage de Saint-Cast, MM. Vassal, sous-préfet, Bayoar, procureur de la République, et Richert, capitaine de gendarmerie, se sont aussitôt transportés sur les lieux. M. L'Hermitte, premier adjoint, en l'absence de M. Ross, maire, actuellement à Paris, pour la réunion du comité de la fédération républicaine  , a fait mettreen berne le drapeau de l'hôtel de ville 





Le naufrage a fait 125 morts dont 65 Johnnies de Roscoff.

Mais voici le récit le plus circonstancié des évènements, fait par Olivier CAROFF :
“Maintenant, j'ai repris toute ma connaissance. Je vis et suis heureux de vivre. Le souvenir de la terrible nuit est un cauchemar. Je m'étais endormi à l'avant. J'ai soudain été réveillé par le froid. Je me suis levé. Il faisait nuit noire, on ne voyait pas à quatre mètres. Je marchais sur le pont. J'aperçus le Capitaine qui, sur la passerelle, donnait des ordres, “Sale temps” me dit un matelot ; nous devons être près de St Malo mais on ne voit pas le phare. Peu après il me sembla percevoir une lueur. Le phare du Grand Jardin est vert, blanc, rouge. Puis tout disparut ; on rentra dans l'ombre. La sirène du bateau sifflait avec rage, la cloche d'alarme sonnait. J'allais retourner me coucher quand un choc formidable se produisit.qui me renversa. Je me relevais et m'élançais vers l'arrière. Je me heurtais au mât et courus vers le bordage. Le navire enfonçait. Je grimpais au mât par les échelles.”
“ J'aperçus alors des gens qui courraient,, affolés, près de moi des hommes grimpaient, Je me pressais pour arriver le plus haut possible. Un craquement terrible, un bruit sourd, le milieu du navire disparut : le mât avant craqua et tomba. J'entendis des cris déchirants.”
" Sur le mât nous étions une vingtaine. De temps en temps, l'un de nous tombait. Le froid me gagnait. Combien de temps ai-je passé ainsi ? je ne saurais le dire. Quand le jour vint, j'aperçus de la fumée, une masse noire, c'était l'ADA : la VIE! Le contremaître MOREL arriva avec des matelots 
une embarcation. Je ne me souviens plus que de mon réveil, l'hôpital, dans des draps chauds. Ce matin seulement, je me suis rendu compte que JE VIVAIS !




Au matin du 19 novembre, les sauveteurs vont retrouver 6 survivants, un membre d’équipage et 5 Johnnies sur les 70 embarqués. Des hommes qui, en s’accrochant à la mature, ont réussi à ne pas tomber dans la mer glacée. Car le bateau transportait une majorité de Roscovites et d’habitants des communes alentours partis vendre leurs oignons rosés en Angleterre. Ils rentraient au pays, leur mission accomplie.
Le lendemain, 69 corps dont celui du capitaine seront retrouvés sur la plage de Saint Cast. Pendant un mois, la mer ramènera corps et débris de bois sur toute la côte.





Sources 
Gallica BnF
L'ouest-Eclair 21 novembre 1905


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