03 avril 2019

Patrouilleur le Malin de la pêche clandestine à patrouilleur

Patrouilleur le Malin

Mis sur cale le 21 décembre 1994 à Olensvaag (Norvège), Le Malin a été mis à flot en janvier 1997, sous le nom de Caroline Glacial

Aujourd'hui patrouilleur d'Etat, ce bâtiment a pourtant commencé sa vie comme palangrier. Sa spécialité était la pêche à la légine, un poisson des grandes profondeurs dont la chair est très appréciée en Asie... et très chère. 

La légine est aussi un poisson protégé, et le Caroline Glacial travaillait en toute illégalité !










Il débute sa carrière de contrebandier en Antarctique, opérant sous des pavillons de complaisance (Panama, Honduras). Passant d'un armateur à l'autre, le navire est vendu en 2003 et 2004, et rebaptisé successivement America n°1 puis Apache.





Le Malin à Toulon photo JM Bergougniou 
Un jour de juin 2004, le patrouilleur austral Albatrosl'intercepte et l'arraisonne aux Kerguelen. Le brigand est contraint de rallier la Réunion. Il est saisi dès son arrivée à Port-des-Galets. L'Apache est en parfait état, récent, moderne et robuste. 










Lorsqu'il a été intercepté l'Apache, qui bat pavillon du Honduras,
se trouvait à 150 nautiques au nord-ouest de la zone économique exclusive des TAAF. Soupçonné d'infractions à la pêche dans les TAAF, il était pisté depuis le 17 juin. Il avait pris la fuite immédiatement après avoir repéré le patrouilleur. Il avait ensuite refusé d'obtempérer à toutes les injonctions de l'Albatros. Le patrouilleur a dû avoir recours aux tirs de semonces pour le faire stopper le navire. Une fois à bord de l'Apache, les marins de l'Albatros ont constaté que 60 tonnes de légine, vraisemblablement péchés illégalement, se trouvaient dans les chambres de froides du navire. La décision était alors pris de le dérouter vers La Réunion.


Les deux patrons du palangrier pirate capturé par le patrouilleur austral de la marine nationale Albatros, et ramené jeudi matin au Port, ont été laissé en liberté mais placés sous contrôle judiciaire. Leur procès devrait avoir lieu au mois d'août.
Certes, le capitaine hondurien Ricardo Debali et son capitaine de pêche espagnol Regueira San Pedro n'avaient pas été pris en flagrant délit de pêche illicite, certes leur palangrier n'avait pas fait d'entrée illégale caractérisée dans la ZEE (zone économique exclusive) de la France, certes l'arraisonnement de l'Apache c'était produit dans les eaux internationales… certes. 



Mais il y avait tellement d'éléments matériels contre les deux patrons des 40 marins.Hier soir, la vice-procureur Hélène Sigala a donc demandé au juge de la liberté et de la détention de placer les deux hommes sous contrôle judiciaire, après qu'ils ont été mis en examen pour pêche illicite dans les eaux territoriales françaises, en attendant leur comparution devant le tribunal. L'instruction ne sera sans doute pas aussi rapide que certains militaires le pensaient. Debali et San Pedro ne seront très probablement jugés qu'au mois d'août, et non dans dix jours comme on pouvait le penser avant-hier. Complexité du dossier oblige !Le conflit juridique qui s'annonce sera peut être aussi épique que la bataille navale qui a opposée le capitaine de frégate Pierre Talarmin, le bon, au capitaine Ricardo Debali, le méchant. 

Car la passe d'armes qui a duré dix jours a souvent été épique.[Après la force, la ruse]Dès le premier contact, le 17 juin, le commandant de l'Apache avait donné le ton. Alors qu'il était en pleine action de pêche, il s'était fait surprendre par l'Albatros venu l'identifier. Et là, plutôt que de se rendre, il avait décidé de prendre la fuite vers les eaux internationales, et plein gaz en dépit des conditions météo exécrables. "Nous avons tenté de le suivre, raconte le pacha de l'Albatros, mais il a viré de bord et mis le cap vers les Kerguelen, pour prendre les vagues de plus de dix mètres de face en son étrave. 



Nous avons voulu le suivre, mais comme nous étions plus lourd, le bâtiment faisait des bonds énormes. Sa manœuvre était très osée mais elle a portée ses fruits puisque nous avons préférer rompre la filature." Après être passé en force, même en y laissant des plumes puisque l'Apache va casser son réducteur dans la manœuvre, le capitaine Debali va faire dans la ruse quatre jours plus tard en s'identifiant lui-même en entrant volontairement dans la ZEE. Et refera dans la malice, lors de son arraisonnement et du tir de semonce, en actionnant sa balise de détresse.

A la détermination et à la rouerie, le capitaine de frégate Talarmin va opposer sa rigueur et sa persévérance. Des qualités qui vont lui permettre de récupérer, le 23 juin, deux palangres mouillées dans les eaux territoriales de la ZEE. Et cette trouvaille est de taille puisqu'elle peut confondre le capitaine de l'Apache et son capitaine de pêche. 


Les deux palangres son en effet marquées du nom d'América N° 1, nom du palangrier lorsqu'en juin 2003 il était devenu la propriété de la compagnie américaine Seaport qui le revendra en avril 2004 a la société panaméenne Staplefield Investments qui le baptise alors Apache.

Les constats dressés par le "groupe de visite" à bord, le travail de recherche de preuve des membres de l'identification criminelle, les investigations de la gendarmerie maritime et l'instruction du juge apporteront encore d'autres éléments capables de déjouer les trucages des inculpés de l'Apache. Quelles que soient ses peintures de guerre.

La marine nationale est intéressée pour intégrer le navire dans sa flotte.

D'août 2004 à novembre 2007, plusieurs procès au tribunal correctionnel de Saint-Denis de La Réunion, en cours d'Appel puis en cour de Cassation, concluent à la confiscation du navire au profit de l'Etat français. 

Le Malin au chantier Piriou à Concarneau
photo JM Bergougniou
En septembre 2004, l'Apache est rebaptisé Le Malin, du nom du contre-torpilleur (1931-1964) qui s'illustra au cours de la seconde guerre mondiale et en Indochine. Il est alors désigné Bâtiment de Soutien Auxiliaire (BSA).

Le Malin au chantier Piriou à Concarneau
photo JM Bergougniou
Après un séjour au bassin à l'île Maurice, où il est notamment repeint en blanc, il rejoint Toulon, le 13 mars 2006. On envisage alors, dans un premier temps, de le transformer en bâtiment de soutien de commandos, pour remplacer le BSNC Poseidon, mais cette idée est abandonnée à la fois pour des raisons techniques et par souci d'économie.


De décembre 2010 à août 2011, lors d'un arrêt technique au chantier Piriou de Concarneau, il est « durci » et transformé en patrouilleur militaire. 


Le Malin rejoint finalement le 25 octobre 2011, Port-des-Galets (île de La Réunion), son nouveau port base. Dans la zone sud de l'océan Indien, il reprend désormais les missions d'un patrouilleur de type P400, qu'il remplace.


Merci à A.S.

sources :

Marine Nationale 

http://www.ipreunion.com/actualites/reportage/2004/06/29/arraisonnement-d-un-bateau-pirate,l-apache-arrive-jeudi-a-la-reunion,1220.html


https://www.clicanoo.re/node/426180

https://www.temoignages.re/la-reunion/local-160/reconversion-de-l-apache,11909

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