ON N'A PU RELEVER LE SOUS-MARIN PLUVIÔSE

Une journée d'efforts inutiles Le ministre de la marine à Calais
Tous 1es efforts tentés. hier, pour relever le Pluviôse, tombeau de tant de braves gens. sont restés vains les vingt -sept hommes qui le montaient doivent être considérés comme perdus. On disait hier : "S'ils ont pu se réfugier derrière une cloison étanche, ce dont il faut douter, peut-être pourront-ils vivre encore trente-six heures»
2 heures 30 du matin


M. Chéron déclare que si la position du submersible est exactement repérée, on va pouvoir passer les chaînes pour le soulever.
Toute la nuit et toute la journée, c'est en vain que tout a été mis en oeuvre pour ramener le Pluviôse la surface. Voici les angoissantes péripéties de cette journée
On sait seulement que te submersible est coulé par vingt-deux mètres de fond et que le reflux ne l'a pas déplacé. Le ministre de la marine, arrivé à 1 h. 20 A Calais, s'est immédiatement fait conduire Il la gare maritime, où il a interrogé les officiers du torpilleurs, ainsi que MM. Dupendant, commandant du port; Epinay, ingénieur des ponts et chaussées; Salomon, commandant du Pas-de-Calais, sur la situation exacte du Pluviôse.
Séance tenante, l'amiral Boué de Lapeyrère décidait de se rendre sur les lieux du naufrage, et à 1 h. 45 le Champion appareillait ayant à bord, en plus du ministre, une vingtaine de personnes. Une drague, Les Riddons, se trouvait placée juste à l'endroit ou disparut le Pluviôse. En présence du ministre, il a été procédé au repèrement du Pluviôse. L'amiral Bellue dirigeait les opérations.
Trois scaphandriers sont descendus, mais ils n'ont rien rencontré. Le Pluviôse, emporté par le courant, avait été déplacé.
L'AMIRAL DE LAPEYRERE TELEGRAPHIE A M. BRIAND
4 heuresLe ministre de la marine télégraphie au président du conseil

Le paquebot aperçut le périscope à une vingtaine de mètres sur son avant et fit machine arrière, sans parvenir à éviter le choc, qui fut si violent qu'on doit supposer le sous-marin crevé.
Apres une nouvelle descente, les scaphandriers ont découvert le navire, qui reposait sur vingt-deux mètres à marée haute à dix-sept d marée basse, un scaphandrier a réussi et amarrer un filin destiné à soulever plus tard l'épave, mais le courant très fort à cet endroit du Pas-de-Calais, empêche de faire mieux et d'avantage. On ne peut travail!er qu'une heure et demie sur six, à cause des courants, ce qui rendra le renflouement extrêmement difficile et lent.
5 heures
A cinq heures un scaphandrier a fait une nouvelle plongée au fond. Quand il a I remonté, il a déclaré qu'il n'avait rien pu reconnaître par suite de la brume. Un deuxième se met d l'eau sans plus de succès.
Deux contre-torpilleurs, L'Escopette et la Durandal. plus un dock de Dunkerque, les torpilleurs Yatagan, Grenadier et Tourbillon. de Cherbourg, se trouvaient hier, comme par hasard dans les parages de la catastrophe, ainsi qu'une puissante drague, le Champion et le Calaisien, remorqueur de Calais. les appareils pour l'emploi éventuel de l'air comprimé ont été envoyés de Cherbourg à bord du Harpon 1 et du torpilleur 229 et sont arrivés. Deux docks à torpilleurs viennent d'arriver de Dunkerque. On attend de Cherbourg la gabarre Girafe, avec des appareils nécessaires au relevage, ainsi que le remorqueur Loiret
Le ministre remontant à bord. déclare ne conserve aucun espoir sur le sort de l'équipage. L'enquête à laquelle il s'est livré depuis son arrivée le confirme dans son opinion que le Pluviôse a été crevé par l'avant du Pas-de-Calais.
Le ministre et M. Chéron, suivis de l'amiral Bellue. de MM. Trépan, préfet du Pas-de-Calais ̃ Richemon, sous-préfet de Calais; Salembier, maire; Simonnet et Demajot, ingénieur en chef de Cherbourg se sont rendus à la station de sous-marins où se trouvait le Ventôse et les submersibles frères du Pluviôse. Le ministre est monté sur le Ventôse, il l'a exploré avec les mêmes scaphandriers qui avaient recherché ce matin l'emplacement du Pluviôse. Il leur a fait préciser les parties du navire qu'ils avaient cru découvrir et celles qu'ils devaient reconnaître dans leur descente prochaine.
Puis ils sont allés au bassin de radoub où le paquebot abordeur est entré aux fins de réparations.
Là le ministre a pu se rendre compte des avaries causées au paquebot et se faire une idée peu près exacte de celles produites au Pluviôse.
ce qui prouve, a conclu le ministre, que les sous-marins ne s'amusent pas d attaquer les paquebots, sans quoi les équipages connaîtraient les périscopes.
A neuf heures la situation est sans changement.
Les scaphandriers ont exécuté de nombreuses plongées, mais ils n'ont obtenu aucun résultat.
La drague Dunkerquoise est arrivée Dunkerque, amenant des scaphandriers, des câbles et du matériel, qui ont été immédiatement envoyés sur les lieux de la Catastrophe.
M. Chéron dans les familles des victimes
9 heures 30
M, Chéron, le préfet du Pas-de-Calais et le maire de Calais sont allés aussitôt exprimer les condoléances du gouvernement et de la municipalité aux familles des hommes de l'équipage qui habitent Calais. Ils ont consolé du mieux qu'ils ont pu les veuves et les orphelins, dont quelques-uns sont dans une situation voisine de la misère. La tâche était d'autant plus pénible que plusieurs s'étaient imaginés, sur la foi des fausses nouvelles, que tes malheureux marins vivaient encore et qu'on les entendait même.
Rapport de mer du Capitaine Salomon, commandant la malle Pas de Calais
Le jeudi 26 mai, appareillé de Calais à 1h36 avec 289 passagers, malle, 269 paniers postaux, bagages, messageries. Vent du NE force 5, mer houleuse.
A 1h 48, je vois en même temps que Simon Imbert, l'un des hommes de quart au bossoir, à environ 20 mètres devant l'étrave, un espar vertical s'élevant approximativement d'un mètre au-dessus de l'eau. Imbert me signale :"Un mât de bouée de filet droit devant !", cependant qu'ayant reconnu le périscope d'un sous-marin, je fais à droite toute, en arrière toute, environ 3 secondes avant qu'un choc se produise. Cette collision s'est produite après que nous ayions parcouru sur la direction du N 67 O vrai, du bout des jetées de Calais, une distance de deux milles, déduite du nombre de tours de machine.
Des débris de bois montent à la surface et me font d'abord supposer que j'avais abordé une épave. Etant stoppé, je fais examiner par le second mon gouvernail avant avarié et visiter les roues, lorsque quatre à cinq minutes après le choc, émerge à environ 500 mètres sur notre arrière, l'avant d'un submersible. Je fais arrière et m'en approche aussi vite que me le permet mon gouvernail avarié ; j'amène un canot au moment propice et manoeuvre pour rester à proximité dans l'espoir d'y frapper une aussière. Je fais hisser un signal d'appel des remorqueurs. Cependant, notre canot accoste le submersible ; il n'a pas le temps d'y amarrer son cablot, le submersible coule subitement. Tout juste notre maître d'équipage a-t-il pu frapper quelques coups d'appel restés sans réponse. L'avant du navire naufragé a émergé pendant 8 à 10 minutes.
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Je fais aussitôt prendre des relèvements pour déterminer le mieux possible la position de l'épave. Les remorqueurs demandés par signaux arrivent avec le canot dee sauvetage. Ma présence étant désormais inutile, je rentre à Calais où j'accoste à l'appontement n° 3 à 2h31.Transbordé malles et passagers sur le deuxième service. Entré en cale sèche le soir même et assèché le lendemain matin 27 mai à 8 heures. Nous constatons d'une façon sommaire alors les avaries suivantes : drosses cassées ; mèche du safran du gouvernail avant tordue ; brion cassé ; safran du gouvernail avant tordu ; tôle de bordé à bâbord déviée.