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05 août 2022

Cherbourg Cité de la Mer Redoutable 2022 20 ans de la cité de la mer 1933 inauguration gare maritime Croiseur Lamotte Picquet

 Cherbourg Cité de la Mer Redoutable 2022 20 ans de la cité de la mer

Dès son inauguration en 1933, la presse du monde entier affuble l’édifice de tous les superlatifs. Conçue par l’architecte René Levavasseur, son style Art Déco si remarquable lui vaut même d’être saluée comme la plus belle gare maritime du monde !




En partie détruite par les Allemands en 1944, la gare est tout de même utilisée par les Alliés pour débarquer hommes et matériels, après la libération de la ville. Et puis la vie reprend ses droits: l'activité maritime renait, les venues successives du Queen Mary et du Queen Elizabeth ont très vite ravivé les grandes heures de l’épopée transatlantique avant de laisser la place, jusqu’à aujourd’hui encore, à d’autres escales plus modernes mais tout aussi prestigieuses.

Mais les rêves ne s’arrêtent encore pas là ! Classée monument historique en 1989, la Gare Maritime abrite aujourd’hui La Cité de la Mer
 
Petit flash-back dans les années 1980. 
La gare maritime, ses immenses halls, sa salle des bagages d’un autre temps, un ensemble Art-déco exceptionnel, sont menacés d’être rasés, purement et simplement. Dans le même temps, le Redoutable redoute son futur.


 Construit à l’arsenal de Cherbourg, le premier sous-marin nucléaire lanceur d’engins vit, lui aussi, dans l’angoisse de la casse.

L’idée d’associer les deux fleurit un beau matin. 
Le mariage de la carpe et du lapin,



Le 29 mars 1967, Le Général de Gaulle préside le lancement du 1er sous-marin nucléaire français, 

  • 14 000 000 heures de travail,
  • 6 000 plans de construction,
  • 7 000 tonnes d’acier,
  • 6 km de soudure de coque,
  • 24 tronçons d’un poids unitaire de 200 tonnes.










Cherbourg, 30 juillet . (De notre rédaction) 
La journée du dimanche 30 juillet 1933 a bien mérité de figurer, après tant d'autres journées fameuses de son histoire, dans les annales de la ville de Cherbourg et du département de la Manche tout entier. Suivant un mot heureux de M. le Sous-Secrétaire d'Etat Appell, ce fut en effet un jour faste que celui où M. Albert Lebrun. Président de la République, entouré de plusieurs ministres et de centaines de personnalité françaises et étrangères. vient inaugurer le nouveau port transatlantique, la gare maritime monumentale et continuer ainsi la tradition des grands chefs d'Etat qui le précédèrent.

Pendant que les clairons sonnent Aux Champs » et que le piquet d'honneur fourni par la Marine présente les armes, M. Lebrun descend de son wagon, précède de M. de Fouquieres, chet du protocole, entouré du vice-amiral Durand-Viel, remplaçant M. Georges Leygues, ministre de la Marine de Guerre, empêché. M Froc ministre de la Marine marchande; M. Pierre Appell, sous-secrétaire d'Etat aux Travaux publics et au Tourisme; de MM. Magre et le général Braconnier, chef de ses maisons civile et militaire...




Le 30 juillet, à l’occasion de l'inauguration de la gare maritime par le Président Lebrun, a lieu à Cherbourg une revue de la 2ème Escadre. 
(Croiseur Lamotte Piquet)
En raison du temps brumeux et de l'état de la mer, le Président de la République, à bord du contre-torpilleur Vauban, doit se contenter de passer devant les navires mouillés en grande rade.



La revue navale



Le discours du Président de la République est salué par de longs applaudissements,

Le cortège quitte la salle du banquet pour se rendre en mer et assister à la revue navale, à laquelle prennent part les unités suivantes :

Contre-torpilleur Vauban. battant pavillon du Président de la République ; croiseur Lamotte-Picquet ; la 6e division légère, avec les contre-torpilleur Bison, Maillé-Brezet ; la 4e division légère, avec les contre-torpilleurs Lion, Lynx, Léopard; la 1ere division de torpilleurs Adroit, Bourrasque, Orage ; la 4e escadrille de sous-marins Poncelet, Pascal, Poincaré, Achille et la 1ere escadrille de sous-marins Méduse. Diane, Antilope, Amazone, Danaé, Eurydice, l'Espoir, Surcouf.

Le soleil éclaire la scène impressionnante de la revue navale. Une forte brise soulève en rade une légère houle.

M. Albert Lebrun reçu à bord du « Vauban » par le capitaine de frégate Shill et son état-major, monte sur la passerelle de commandement, ayant à ses côtés le contre-amiral, Le Bigot, MM. Frot, ministre de la Marine marchande ; Appel, sous-secrétaire d’Etat. 
La musique du « La Motte-Piquet, » joue la Marseillaise, les canons tirent les salves réglementaires. Tête nue, le Président de la République admire la belle tenue des marins et de leurs navires, dont les formes élégantes se découpent sur le bleu d’azur de l'Océan.

Sources

L'Express de l'Est 31 juillet 1933
L'Ouest-Eclair 31 juillet 1933
Mer et Marine



Merci au cercle philatélique et cartophile du Cotentin et à Etienne Devailly


29 mai 2022

New-York Statue Liberté Isère Flore 1886 Inauguration Transport Isère Croiseur Flore USA Etats Unis Bartholdi

 New-York Statue Liberté Isère Flore

 Pendant ce temps, le contre-amiral Lacombe, commandant de la Division navale de l'Atlantique Nord, qui a sa marque à bord du croiseur de 1er rang Flore, est en route pour New York venant de Fort-de-France de la Martinique, des Bermudes et de Newport (l'amiral ne dit pas quel Newport). Le 18 la Flore mouille à Gravesend auprès de l'Isère et de l'Omaha.

Croiseur Flore


Le lendemain, 19 juin, c'est le grand jour. Lespinasse de Saune se borne à écrire au Ministre : « Le vendredi 19 eut lieu cette grande manifestation au milieu d'un concours considérable et enthousiaste du peuple américain ». Dans son rapport, l'amiral Lacombe donne davantage de détails. Le 19, écrit-il, l'Isère, précédée par trois bâtiments de guerre américains dont un, le Despatch, arbore la marque du ministre de la Marine des Etats-Unis, arrivé la veille de Washington, et par la Flore, « et suivie d'une nombreuse flotte de bâtiments de toute espèce, chargés de passagers, est venue mouiller auprès de l'île de Bedloe sur laquelle doit être érigée la statue de la Liberté, pour y déposer son chargement. Pendant le trajet, les forts ont fait successivement des saluts de 21 coups de canon auxquels répondaient les bâtiments américains et qui ont été rendus par la Flore, qui a été mouillée (sic.) auprès de l'Isère ».


USS Despatch

Aussitôt après le mouillage, l'amiral se rend à bord du Despatch présenter ses devoirs au ministre de la Marine. Une brillante réception a lieu ensuite à l'hôtel de ville de New York. Le samedi 20 juin, la Flore quitte le « mouillage incommode » de Bedloe's Island pour celui de l'Hudson, parmi les bâtiments de la Marine des Etats-Unis. Le lundi 22, le déchargement de l'Isère commence. Il est mené à bien en trois jours après quoi l' Isère rejoint la Flore dans l'Hudson.

Pendant ce temps les fêtes continuent et, le 25, Lacombe adresse le télégramme suivant à son Ministre « Fêtes ont pris proportions non accoutumées et non attendues hier grand banquet Chambre de Commerce. Je dois remercier mardi autorités et comités. Voudrais recevoir avant dépêche ministre de la Marine ou ministre des Affaires étrangères envoi remerciements pour bon accueil ».

La réponse du ministre de la Marine arrive le 27 et Lacombe en donne connaissance au ministre de la Marine des Etats-Unis à Washington, au gouverneur de l'Etat de New York, au maire de la ville et au président de la Chambre de Commerce. « Demain, mardi, ajoute-t-il dans sa lettre du 29 juin, j'en donnerai en outre lecture pendant la réception qui aura lieu dans l'après-midi à bord de la Flore ».


Ce jour-là, en effet, Lacombe reçoit « les principales autorités municipales, les bureaux et officiers de la Chambre de Commerce, des comités de la Statue, des différents clubs, le commodore commandant l'arsenal et les états-majors des bâtiments de guerre américains, l'état-major général des troupes fédérales, des généraux et officiers de la milice (il s'agit certainement de la très orgueilleuse New York State National Guard dont la caserne se trouve toujours dans le quartier élégant des East Sixties) avec lesquels nous avons été en rapport, des notables de la ville, ainsi que de la colonie française. Le nombre des invités dépassait 300, il en est venu environ 180 qui ont pris place à un lunch assis préparé sur la dunette et sur le pont. La fête a été très réussie, très cordiale, grâce au concours de tout l'état-major de la Flore et l'Isère. Le maire s'était fait excuser au dernier moment ; il a été remplacé par le président du Conseil des Aldermen. M. le comte Sala, premier secrétaire de la légation de Washington, était venu pour représenter M. Roustan ».

USS Omaha

L'amiral, avec beaucoup de doigté, évite la répétition des nombreux discours déjà entendus les jours précédents en portant un seul toast aux deux présidents des Républiques française et américaine, toast salué par une salve de 21 coups de canon. « Cependant, écrit-il, avant le départ, le capitaine de vaisseau Selfridge de l' Omaha a porté en très bons termes un toast à la Marine française en rappelant aux Américains présents qu'elle avait plus fait pour leur indépendance en combattant les flottes anglaises sur toutes les mers que le petit noyau de troupes de terre qui était venu combattre sur leur territoire.

« Les invités se sont retirés à 6 heures du soir en témoignant vivement leur satisfaction ».

Lacombe rend hommage aux deux personnes qui l'ont le mieux aidé : M. Bruwaert, le consul de Chicago remplaçant le consul général de, New York en congé, et M. de Bébian, agent général de la Compagnie Transatlantique. C'est grâce à eux qu'il a pu organiser en peu de temps cette « fête sans précédent dans le pays ». La liste des invitations surtout, observe-t-il, « était pleine d'écueils ». M. de Bébian, depuis longtemps sur place, « a été l'âme du Comité qui a recueilli les souscriptions pour le piédestal de la Statue », et c'est lui également qui a inspiré la succession des fêtes. Il mérite bien la Légion d'honneur, ajoute l'amiral, qui donne encore un détail. Les dépenses de la réception sont très exactement de 7510 francs 97 centimes, mais si la somme est si modique, dit-il, c'est encore grâce à M. de Bébian et à ses employés.


Cependant, la vie reprend son cours normal. L'Isère termine son embarquement de charbon le 2 juillet et appareille le 3 à destination de Brest où elle arrive le 21 juillet, la traversée n'étant marquée que par des exercices et des observations nautiques.

La Flore reste à New York pour la fête nationale du 4 juillet, qui s'est passée fort tranquillement, selon le rapport de l'amiral. « La Flore a pavoisé au lever du soleil en même temps que le Minnesota et, à midi, après que la frégate américaine avait terminé son propre salut, elle a tiré le salut fédéral qui est de 38 coups de canon (un par Etat). Ce salut n'est fait que ce jour-là. Notre acte de courtoisie a été très apprécié et j'en ai reçu des remerciements ».

Le 6 juillet la Flore quitte New York à son tour, pour Sydney (Nouvelle-Ecosse), et la suite normale de son affectation en Atlantique Nord.


La Marine française pouvait à juste titre être fière du rôle des siens dans cette affaire mémorable. Les deux principaux officiers, le contre-amiral Lacombe et le lieutenant de vaisseau de Lespinasse de Saune, étaient tous deux des officiers d'élite ; leurs dossiers personnels sont éloquents à cet égard. Mais il n'y a pas de lettre de félicitations ni d'autres marques
d'appréciation particulière pour leur mission « Statue de la Liberté ». Sans doute pour la Marine ils avaient tout simplement fait leur devoir, mais aujourd'hui, un siècle plus tard, le désir est grand de leur adresser le compliment suprême de l'U.S. Navy : « Well done ».


En conclusion, deux remarques s'imposent à propos de la Statue. Premièrement, la construction du piedestal prend du retard et « Miss Liberty » ne sera « inaugurée » (selon l'expression américaine) que le 28 octobre 1886, par le président des Etats-Unis Grover Cleveland. Deuxièmement, le poème d'Emma Lazarus, « Le nouveau colosse », qui cristallisera la symbolique de l'immigration et en réalisera la symbiose avec l'idéal de la liberté éclairant le monde, ne sera gravé sur le socle qu'en 1903. Quelques lignes de ce poème font partie de la mémoire collective des Américains :

« Keep, ancient lands, your storied pomp"...

Give me your tired, your poor...

Your huddled masses Yearning to breathe free... »

« Gardez, terres antiques, votre faste légendaire

Donnez-moi votre fatigue, votre pauvreté,

Vos masses entassées aspirent à respirer librement"


Et voilà le symbole de l'alliance franco-américaine, d'un siècle d'indépendance républicaine, et de la liberté éclairant le monde comme un phare devenu curieusement le symbole d'accueil de ceux venus en Amérique chercher une nouvelle chance dans la vie. En un mot, « Miss Liberty » symbolise l'espoir. Désormais la somme d'espérances humaines qu'elle représente prend le pas sur son côté intellectuel ou idéologique, et c'est ainsi que de franco-américaine la Grande Dame est devenue universelle.

Dessins André Hambourg

U.B.

Sources 

Cols bleus 11 Janvier 1986 n°1879

Public Library Buttolph Collection


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