23 octobre 2025

Corvette L'ALCMENE Nouvelle Calédonie Jean Giraudoux Océan Pacifique Nouvelle Zélande Maoris

Corvette L'ALCMENE

Je termine le livre d'Anne Bolloré paru chez Locus Solus "En Mer de Chine", le récit d'un lointain ancêtre chirurgien de Marine.
Qui de nous connait la Corvette L’Alcmène ? Bien peu je pense, elle fut à l'origine de l'occupation de la Nouvelle-Calédonie par la France.

Qui est ALCMENE?

Il nous faut plonger dans  la mythologie grecque pour découvrir qu’Alcmène est une mortelle, fille d'Électryon et d'Eurydice, épouse d'Amphitryon et mère d'Iphiclès et d'Héraclès. 

La ravissante Alcmène, reine de Thèbes, épouse d'Amphitryon, est l'objet du désir de Jupiter qui souhaite engendrer Hercule en son sein. Jupiter aime en Alcmène l'amour humain que celle-ci porte à son époux et son infaillible fidélité le trouble. Avec Mercure il fomente une diversion pour tromper Alcmène en envoyant Amphitryon à la guerre et en prenant sa forme humaine, sachant qu'il s'agit du seul stratagème possible pour parvenir à ses fins. Mercure, incarné sous la forme de Sosie, annonce à la reine que son mari, reviendra secrètement le soir même du champ de bataille pour passer la nuit auprès d'elle. Alcmène le croit et l'attend dans la pénombre au balcon. Jupiter, sous la forme d'Amphitryon, passe une divine nuit avec Alcmène qui ne se doute de rien...

Des Frégates

Depuis Colbert, les navires de guerre portent souvent des noms issus de la mythologie. Si les vaisseaux reçoivent des noms guerriers comme Redoutable, Vengeur ou Foudroyant, les frégates, plus fines, rapides et élégantes, sont alors assimilées à des femmes et baptisées Hermione, Astrée, Flore, Néréide, Alcmène...



Deux frégates ont déjà porté le nom de la déesse Alcmène lorsque le ministre de la Marine décida la construction d'une corvette en 1829.Dessiné  par Leroux sur les plans de L'Héroïne, elle verra le jour à Saint-Servan.

Cette corvette était dite de classe Ariane, comme vingt autres bâtiments à peu près identiques, avec une carène doublée en cuivre pour éviter les dégâts causés par les tarets, son gréement étant celui d’un trois-mâts carré, son grand mât s'élève à 40 m.

Lancée en 1834, la corvette Alcmène a fière allure : 48 m de long, 11,20 m de large, jauge 525 tonneaux, forte de 32 canons. 


  • 3.8.1831 
  • Rebaptisé Alcmène

  • 12.11.1839
  • Navigue vers Montevideo depuis Brest

  • 9.1.1840
  • Du 9 au 12 janvier 1840 : escale à Rio .

  • 23.1.1840
  • Du 23 janvier au 23 février 1840 : escale à Montevideo .

  • 26.2.1840
  • Du 26 février au 24 mai 1840 : escale à Buenos-Aires .

  • 15.6.1840
  • Départ de Montevideo pour reprendre le blocus de Buenos Aires .

  • 23.11.1840
  • Du 23 novembre au 1er décembre 1840 : station à Montevideo .

  • 10.12.1840
  • Du 10 décembre 1840 au 19 mai 1841 : escale à Rio, puis retour à Montevideo pour refaire 4 mois de vivres.

  • 24.11.1841
  • Navigation de Rochefort
  • Navigation vers la Chine depuis Rochefort

  • 9.1.1843
  • Retour à Rochefort suite à la casse de la vergue principale dans un coup de vent.

  • 7.2.1843
  • Navigation vers Gorée, puis Rio depuis Rochefort

  • 11.4.1843
  • Navigation avec "Cléopâtre" depuis Rio de Janeiro

  • 11.5.1843
  • Du 11 au 13 mai 1843 : très mauvais temps au dépassement du banc des Aiguilles, la corvette se fatigue et fait de l'eau par les sabords et hublots.

  • 18.8.1843
  • Nouveau typhon devant Macao.

  • 4.10.1843
  • Escale à Cavite, Philippines pour remplacer 24 tôles de cuivre manquantes à tribord.

  • 4.4.1844
  • Départ pour la Chine du Nord.

  • 6.5.1844
  • Sortie de l'escale de Napa.

  • 25.10.1844
  • Typhon entre Macao et Manille, provoquant une voie d'eau devant.

  • 13.1.1845
  • Remplacement de 20 tôles de cuivre à Hong-Kong.

  • 15.7.1845
  • Nouvelle voie d'eau entre Manille et Macao.

  • 18.7.1845
  • Arrivé pour réparation à Macao

  • après le 19.7.1845
  • Délivre l'archevêque Lefebvre (évêque d'Isauropolis) prisonnier des indigènes.

  • 6.1.1846
  • Part pour la France depuis Macao

  • 21.1.1846
  • Escale pour la journée à Anjee, Java.

  • 8.3.1846
  • Du 8 au 16 mars 1846, escale au Cap.

  • 3.6.1851
Fait naufrage sur la côte de la Nouvelle-Zélande.

Vers le Pacifique





Partie de France à l'été 1848, la corvette séjourna d'abord à Tahiti et aux Marquises avant de rallier le "Caillou".
La mission officielle de la corvette Alcmène consiste à inspecter les missions catholiques françaises et les baleiniers nationaux. 
En réalité, des instructions secrètes prescrivent l'exploration approfondie de la Nouvelle-Calédonie pour en étudier les ressources ainsi que l'éventualité d'y construire un bagne. 



En début de l'an 1851, l'Alcmène, sous les ordres de M. d'Harcourt, effectue des travaux hydrologiques près de Ballade, au nord de la Grande Terre. L'un des canots du bord est attaqué par de redoutables cannibales. Terrible bilan : douze des quinze marins sont tués et mangés. Seuls trois d'entre eux échappent au massacre. 



En allant de Tasmanie à Wangaroa, en Nouvelle  Zélande, où elle devait charger du bois de Kauri pour mâture, la corvette naufragea totalement entre Hokianga et Kaipara (en fait en baie de Baylys sur la grande île Nord des la Nouvelle Zélande), le 3 juin 1851 (pendant l'hiver austral).  
Le commandant, le Comte d'Harcourt, s'égara, et ne trouvant pas lui-même l'anse pour abriter son navire, ordonna de l'échouer sur une plage.

La mer démontée se brisait sur la côte, et l'échouement se termine en tragédie; douze marins de son équipage se noient et un bon nombre d'autres sont sérieusement blessés. Lorqu'ils furent sur la côte, des Français se savaient pas dans quelle direction aller et ils ignoraient dans combien de temps ils seraient recueillis; ils décidèrent aussitôt de construire quelques abris sommaires avec des madriers pris sur l'épave. Une bonne quantité d'approvisionnements fut aussi récupérée dans l'épave et les naufragés n'étaient pas en danger immédiat de famine. Lorsque le campement provisoire fut installé, un détachement eut l'ordre d'aller chercher de l'aide.


Cheminant le long de la côte, ce détachement arriva à la pointe Nord, et alors remontant le cours de la rivière et arriva en vue du village d'Okaro, qui était sur l'autre rive et abritait une centaine de Maoris. Le jour où les naufragés arrivèrent au village était un samedi et le lendemain étant le "Ra Tapu" ou "jour sacré", les Maoris ne désirèrent pas organiser immédiatement une expédition de sauvetage.

Ils proposèrent cependant d'envoyer une estafette à cheval qui les avisera par écrit du lieu du naufrage, et ce projet fut accepté. Tôt le lundi matin, une équipe de secours partit du village. Deux jours plus tard, les naufragés et leurs sauveteurs Maoris revinrent au village, les blessés et une femme étant transportés sur des brancards. Du village, les Français furent conduits à Auckland par bateaux et canoës et furent pris en charge par le gouvernement. Plus tard, les Maoris reçurent paiement et remerciements pour tout ce qu'ils avaient fait pour ces marins, de la part du gouvernement français.


Le capitaine de l'Alcmene affreta le navire américain "Alexander" pour rapatrier les rescapés à Tahiti puis pour la France. L'Alexander quitta Auckland le 1er août 1851 avec 192 survivants de la corvette (dont Pierre LE FRANC). L'Alcmene était un navire à trois mâts armé de 36 canons. Une grosse mer et de grandes marées sur les plages de la côte ouest de l'île du Nord, durant plusieurs jours, au début de 1934, mirent à jour les restes de l'épave de l'Alcmene à Baylys Bay, lieu de l'échouage.

Né à Trégunc en 1828, Yves Le Marrec, à peine âgé de 20 ans, sert dans la Marine. Son périple le conduit à bord du majestueux trois-mâts, L’Alcmène, pour une campagne en Nouvelle-Calédonie. En novembre 1850, l’expédition menée avec 248 hommes d’équipage longe les côtes nord, avant de débarquer le 1er décembre sur une plage reculée.

Ex-Voto de l'Alcmène © Ouest-France


Le destin du navire prend un tournant dramatique lorsque quinze membres de l’équipage du canot sont faits prisonniers par les Kanaks, peuple autochtone mélanésien. Yves Le Marrec se retrouve captif, confronté à une situation aussi effroyable que surréaliste : un repas cannibale. Dans un élan de courage et de détermination, il parvient miraculeusement à s’échapper, seul.


Trégunc - chapelle Saint-Philibert 


Naufrage de L’Alcmène

 Yves Le Marrec, rescapé de ce naufrage tragique, se sent profondément redevable. Reconnaissant d’avoir échappé à une mort certaine, il décide alors de faire une promesse à Saint-Philibert, le saint Patron de la chapelle : construire de ses propres mains une réplique de L’ Alcmène, en signe de gratitude et d’hommage.

Sources 

Cols bleus n°2655

 05 avril 2003

Ouest-France

- L’ALCMENE 

En mer de Chine de Anne Bolloré Locus Solus

L’ Exploration de la Nouvelle Camédonie  par georges KLING-(Société  Historique de la Nouvelle Calédonie 1989  N° 80.)

- La Nouvelle Calédonie-Un paradis dans la tourmente de Alban Bensa-découvertes Gallimard

- Les bâtiments de la flotte Française de 1700 à 2001 (Franck le Calvé et J.Michel Roche.

- Les voiliers du Nickel-voyages en Nouvelle Calédonie (Marc Métayer/Editions parcours et labeurs.2003)

- Musée de la Marine Paris

- Archives de la Marine Lorient

- Mairie de Trégunc-Service Etat civil

-Corvette page de garde-collection J.M.R

D'après les recherches documentaires et iconographiques de Jean-Michel Robert 2003/2011

https://4sardines.canalblog.com/archives/2011/10/05/22244468.html

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