Passage maritime de Toulon à Alger 1839 Cerbere
La conquête de l'Algérie débute par le débarquement de l'armée d'Afrique à Sidi-Ferruch le 14 juin 1830 commandée par le général de Bourmont, et s'achève en partie lors de la reddition formelle de l'émir Abdelkader au duc d'Aumale, le 23 décembre 1847.
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Bulletin d'embarquement 24-8-1839 par le CERBERE |
Dès la prise d’Alger en 1830, les Français font main basse sur les terres arables. Durant la 1e décennie de la présence française en Algérie, cette mainmise s’opère de manière anarchique et dans un cadre limité, celui du Sahel d’Alger et de la plaine de la Mitidja. Des hommes d’affaires métropolitains, des fonctionnaires et des officiers font un trafic de terres abandonnées par les Arabes au moment de la conquête ou confisquées par la France. Parallèlement, le général Clauzel, commandant les troupes françaises en Algérie de 1835 à 1837, encourage une émigration d’ouvriers, venus de Paris mais aussi d’Allemagne, d’Espagne et d’Italie.
Entre 1830 et 1833 aucun service régulier n'était assuré de Marseille vers l'Algérie, seuls quelques armateurs et négociants effectuaient des voyages avec leurs navires à voiles vers cette nouvelle colonie, et les passagers devaient négocier avec eux le prix de la traversée.
-----Le port de TOULON, par contre, connait beaucoup d'animation.
-Dès les premières années de la conquête de l'Algérie, les "avisos" de l'État (bateaux à voile, à vapeur et roues à aube) effectuèrent de nombreux allers-retours au départ de TOULON, afin de transporter les militaires et leurs chargements.
-En 1832, la chambre de commerce demande au gouvernement de confier ces transports à l'armement commercial par contrat, c'était la première idée des services maritimes postaux modernes.
Le 11.8.1832 on annonce la mise en adjudication des services de bateaux à vapeur entre MARSEILLE et ALGER, BÔNE et ORAN, services à effectuer pour le compte du ministère de la guerre.
L'adjudication doit avoir lieu le 15.9.1832 mais la publication du cahier des charges soulève de la part du commerce de véhémentes réclamations et l'adjudication est ajournée.
-----Le gouvernement veut également créer des services ayant un objet exclusivement militaire et postal, et effectués par des navires de l'Etat. Pour bien marquer cette volonté, la tête de la ligne doit être TOULON et non MARSEILLE, les paquebots de l'Etat ne doivent transporter aucune marchandise du commerce,
mais encore aucun passager civil voyageant pour des motifs d'intérêts privés ne pouvait être admis à bord.
-Ce service entre TOULON et ALGER commence en mai 1833.
Il est effectué par des avisos à roues et à vapeur tel que le Nageur, le Souffleur, le Pélican, le Castor, le Sphinx et par deux plus petits vapeurs - le Rapide et le Ville du Havre.
La marine royale les utilisent hebdomadairement pour le transport des dépêches et des passagers de l'Etat.
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Le Nageur |
Le Nageur est mis sur cale à l'ancien arsenal le 31 août 1826. Son lancement qui a lieu 11 septembre 1827 s'effectue en présence de la dauphine de France, la duchesse d'Angoulême, fille du roi Louis XVI, ce qui démontre l'importance que les autorités accordent alors à la fabrication de ce petit navire. En 1829, ce dernier appareille pour la Méditerranée, mais s'y rend à la voile, et non en utilisant son système de propulsion à vapeur et ses deux roues, car les marins ne connaissent pas encore assez ce nouveau mode de propulsion pour être en totale confiance durant le voyage. Le 13 juin 1830, le bateau se rend en Algérie sous le commandement de l'amiral Duperré. Il fait alors partie de la flotte qui défend la plage de Sidi Ferruch et permet le débarquement des troupes françaises. Il reste ensuite en Méditerranée où il sert de paquebot-poste et effectue les liaisons France-Algérie. Il est désarmé en 1835 et rayé en 1838.
Les départs ont lieu tous les 8 jours, la durée de la traversée varie de 60 à 72 heures, les passagers de l'Etat, mal installés à bord, n'ont pas plus à se louer de la nouvelle organisation que le commerce de MARSEILLE, dont les correspondances acheminées via TOULON par malle poste subissaient des retards considérables ; les plaintes étaient unanimes tant à MARSEILLE qu'à ALGER.
La corvette à roues le Sphinx fut le premier navire à vapeur de la Marine Royale dont les machines fonctionnèrent avec régularité. Construit à Rochefort, le Sphinx fut gréé en trois-mâts goélette et ses machines actionnaient deux roues à aubes.
Il rallia en juin 1830 l'escadre de Duperré devant Alger et assura la liaison à maintes reprises entre l'armée navale stationnée sur les côtes barbaresques et Toulon. En 1832, le Sphinx se rendit à Alexandrie pour remorquer le Luxor transportant l'obélisque destiné à la place de la Concorde à Paris.
Ce n'est qu'en avril 1833 que le convoi put se mettre en route et après une escale à Toulon, il arriva à Cherbourg et en baie de Seine au mois d'août.
A la fin de 1835, le Sphinx, basé à Toulon, fut affecté au service des transports entre la France et l'Algérie jusqu'en juillet 1845. Il se brisa alors par une brume épaisse sur les récifs du cap Matifou à l'est de la baie d'Alger, quinze ans après la prise d'Alger dont il avait porté l'annonce en France.
-----De 1835 à 1839, la Cie BAZIN, pionnière des armements marseillais à vapeur, organise quelques voyages sur l'Algérie très réussis avec leurs vapeurs, le Pharamond et le Sully, puis le Tage.
-----Le 23 janvier 1835, une première satisfaction fut cependant accordée au public : il fut décidé que les vapeurs de l'Etat pourraient recevoir jusqu'à 8 passagers civils en 2è classe et 10 en 3è classe.
Ils n'étaient pas admis en 1è classe, celle-ci étant réservée aux officiers de l'armée et de la marine.
-----La 2è classe consistait en un dortoir où l'on payait 105 F pour le passage ; la 3ème classe, c'était le pont : elle coûtait 42 F et il enfut ainsi qu'en 1841
Sources
Les transports maritimes à Alger, en Algérie
PREMIÈRES LIAISONS MARITIMES AVEC L'ALGÉRIE - Roger Dormoy