24 septembre 2019

CTM ROSNAY Rénovation 2018 - 2019 Indre

CTM ROSNAY Rénovation 2018 - 2019 Indre 

Rosnay. Le Centre de transmission de la Marine gère depuis quarante-six ans l’activité des sous-marins nucléaires d’attaque et lanceurs d’engins.




Les commandants successifs du Centre de transmission de la Marine (CTM) de Rosnay n’ont jamais été confrontés, heureusement, à un conflit nucléaire, mais tour à tour, ils ont dû envisager le pire. Des exercices liés à une hypothétique situation extrême les plongent dans le fameux bunker, enfoui au cœur du site, où quarante hommes pourraient survivre pendant dix jours en autonomie complète.




Le gros chantier 2018


Après avoir ouvert une énorme porte de quarante tonnes, le capitaine de frégate Jean-Philippe Anché parcourt un dédale de couloirs menant à des salles ultra-sécurisées, accessibles par des codes et des clés. Il passe devant les logements spartiates, les cuisines contenant mille rations de combat, les quatre groupes électrogènes qui garantissent l’énergie nécessaire aux transmissions et accède enfin au saint des saints. C’est là qu’un opérateur relaie les messages destinés aux dix sous-marins nucléaires d’attaque et lanceurs d’engins de la force océanique stratégique de la Marine nationale. Un rôle clé puisqu’il s’agit de la station principale des quatre centres de transmission du territoire. Ce contexte a des exigences. 
Les installations du CTM ont été rénovées au début des années 1980 et 2000 et un troisième chantier d’envergure est prévu durant les mois à venir. Cette opération de plusieurs millions d’euros reposera notamment sur la mise à niveau des installations techniques et entraînera quelques contraintes au niveau des émissions. Les perturbations, compensées par les autres centres, seront suivies d’essais afin de valider le matériel dans des configurations variées. Si le bunker reste pour les gens de l’extérieur un lieu nimbé de mystères, l’établissement brennou se singularise à l’air libre par ses treize pylônes disposés en étoile et qui soutiennent une antenne émettrice géante. Ce système de 2 km de diamètre est capable de relayer à tout moment l’ordre présidentiel de lancement des missiles nucléaires.


Surveillé jour et nuit par des fusiliers marins, le site a donc été conçu pour accomplir sa mission en toutes circonstances grâce à son abri protégé. « Le sas d’accès, aux portes blindées de plus d’un mètre d’épaisseur, est capable de résister au souffle d’une explosion nucléaire », précise le commandant du centre, avant d’ajouter que le sol de Brenne est un bon conducteur d’électricité. Il n’oublie pas aussi de souligner la présence active des 190 militaires et civils, qui contribuent, à des degrés divers, à l’accomplissement d’une mission liée à la grandeur de la France.

repères

L’aménagement du CTM débute en 1967. L’officier principal des équipages Raoul est le premier commandant du site.
> Le Centre entre en service le 1er juillet 1971 et commence ses émissions opérationnelles pour accompagner la première patrouille du premier sous- marin nucléaire français lanceur d’engins, « Le Redoutable », début 1972.
Le capitaine de frégate Jean-Philippe Anché devient 24e commandant du CTM, le 6 juillet 2017.
L’établissement est installé sur 550 ha de la commune de Rosnay. Il compte treize pylônes, dont le plus grand culmine à 357 m de hauteur. Il dépasse la tour Eiffel, c’est la plus haute structure de France.

Il possède 8,5 km de clôture périphérique, 23 km de routes et sept étangs
Le CTM emploie 190 personnes, dont 13 civils. La moitié de cet effectif est vouée à la protection, caractérisée par la présence de fusiliers marins et de 15 chiens.
Les autres personnels sont affectés à l’exploitation et au soutien.

Sources :


https://www.lanouvellerepublique.fr/indre/commune/rosnay/la-force-dissuasive-s-immerge-en-brenne


Quelques questions troublantes

Mme Sereine Mauborgne. 



Par Emmanuel.revah — Travail personnel

Les quatre centres de transmissions de la marine sont chargés de transmettre au quotidien tous les ordres et informations nécessaires à la conduite des missions des SNLE et SNA. Ces informations codées et transmises à sens unique proviennent du centre opérationnel des forces sous-marines installées à Brest et leur mission est donc cruciale. Dans l’Indre, le site de Rosnay s’étend sur plus de 500 hectares et constitue l’un des hauts lieux de la stratégie maritime française puisqu’il abrite depuis près de cinquante ans le plus important des CTM. Le choix à l’époque de ce site était lié à la faible densité de population alentours. Sur place, près de la moitié des 200 personnels œuvrent à sa protection du site, avec une compagnie de fusilliers marins et de gendarmerie maritime, et la sécurisation des communications électromagnétiques est tout aussi cruciale. Mais comme me l’a signalé mon collègue François Jolivet, député de l’Indre, certaines implantations à proximité du CTM peuvent être – sans tomber dans la paranoïa – considérées localement comme troublantes. Par exemple, une université chinoise est installée dans la base militaire jouxtant l’aéroport de Châteauroux où du fret sensible est opéré. Ils envisagent d’y établir une base d’entraînement pour les Jeux olympiques. Alors si on peut être confiant dans la qualité des élèves d’une université sportive, là on est certain qu’ils sont tous militaires. Autre exemple : des achats de terrains agricoles à proximité, voire en bordure du site. Quelle est la doctrine en matière de risques d’interception ? Existe-t-il un lien suffisamment fort entre les services de l’État dépendant de la préfecture et la défense ? Faut-il remettre des attachés de défense dans les départements sensibles ? M. Patrice Verchère. Amiral, vous nous avez dit que le premier sous-marin nucléaire d’attaque de nouvelle génération, le Suffren, serait opérationnel en 2020. Concernant ses capacités de projection, sa puissance de feu pouvez nous dire quelle est la différence entre ce sous-marin et les SNA de la classe Rubis ?





M. Claude de Ganay. 


Comment interprétez-vous le récent essai par la Chine du missile balistique intercontinental JL3 qui est amené à équiper les SNLE des sous-marins de type 096 encore en production, mais qui montre que Xi Jinping compte faire de son pays une puissance navale remarquable ? Quelles conséquences cela a-t-il pour notre flotte ? 
M. Thibault Bazin. Au niveau des forces sous-marines, y a-il une limite à l’utilisation des réservistes ? Mme Josy Poueyto. Comment pourrait-on vous aider à procéder aux recrutements nécessaires ? 


Amiral Bernard-Antoine Morio de l’Isle


Amiral Bernard-Antoine Morio de l’Isle. La marine et ses forces sous-marines sont confrontées au défi du recrutement. J’ai transformé mes sous-mariniers en recruteurs. Vous pouvez cependant m’aider en identifiant des établissements scolaires qui dispensent des formations Bac pro ou BTS dans les domaines des électriciens, des mécaniciens, des électrotechniciens. Le recrutement de proximité est particulièrement efficace. Une fois que les jeunes sous-mariniers sont recrutés, on ne les perd pas et ils quittent assez peu l’institution. Ils partent généralement après dix-sept ans de service, lorsque le secteur civil leur offre 2 à 3 000 euros de salaire en plus. Avec l’Éducation nationale, nous organisons des forums. C’est aussi une très bonne voie.



La réserve est essentielle pour les forces sous-marines. Aujourd’hui par exemple, les officiers de permanence au centre opérationnel des forces sous-marines qui suivent la conduite des opérations et qui se trouvent dans les souterrains de Brest, sont composés pour moitié de réservistes. Venons-en à la marine chinoise et aux essais du JL 3. Il faut bien mesurer que la dissuasion de la Chine est différente de la nôtre. Sa première composante est terrestre avec des missiles qu’ils ont installés dans des tunnels, creusés dans la montagne. Ce réseau dispose de centaines de sorties, sur des centaines de kilomètres. C’est aussi une façon de disparaître. Ces tunnels sont très camouflés et vous ne savez pas par quelle sortie apparaîtra la menace. Le Suffren aura une autonomie supérieure de 50 % par rapport à celle de nos SNA actuels. On passe de 45 à 70 jours. Et ce sont des bateaux que nous entretiendrons une seule fois par an. Pour les armes, c’est la même chose : nous en aurons 50 % de plus. On part de 14 armes sur les Rubis, et on arrive à 20 avec les Suffren. Nous aurons de nouvelles armes aussi avec la torpille F21, d’une portée très sensiblement accrue. Elle répond à la menace des sonars actuels des frégates. Nous aurons également le MdCN, qui permet la frappe dans la profondeur terrestre. Le Suffren, ce n’est pas du tout le même bateau. Il fait le double du tonnage d’un SNA actuel : on est passé de 2 500 à 5 500 tonnes. Nous aurons ainsi une plus grande autonomie, des armes nouvelles, une meilleure sûreté nucléaire et bien sûr une meilleure discrétion acoustique. S’agissant de présence étrangère à proximité des CTM, je n’ai pas beaucoup de leviers disponibles mais, comme vous, je constate une implantation de plus en plus forte autour de mes centres. Nous adaptons nos dispositifs à ces évolutions. En ce qui concerne le développement durable, les nouveaux sous-marins seront zéro rejet. On ne rejette déjà pas grand-chose aujourd’hui. 


Un sous-marin ne rejette en mer que les denrées alimentaires non consommées. Tout le reste est compacté et conservé puis débarqué au retour à quai. En matière de défense antimissile, le travail le plus important porte actuellement sur les missiles à courte et moyenne portées dont les vitesses de pénétration sont bien moins élevées que celles des missiles intercontinentaux. Pour répondre à votre question sur les nouvelles menaces en matière de guerre des mines, l’important est de disposer du plus grand nombre d’informations nationales sur les objets de l’adversaire, afin de rester en mesure de les contrer. Nos services de renseignement s’y emploient. Le travail indispensable de vigilance sur la BITD relève du Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN), du CEA/DAM et de la DGA. Des rendez-vous périodiques permettent de vérifier par exemple que nous demeurons capables de refaire un réacteur avec des pièces françaises uniquement. C’est un souci permanent. L’activité d’une petite filiale peut en effet passer sous le radar. Il faut donc surveiller, contrôler et avoir le courage de ne pas céder certaines entreprises stratégiques à des sociétés étrangères. Concernant l’aménagement et les infrastructures, un quai Suffren a été aménagé et testé à Brest ; puis nous réceptionnerons un quai et un bassin à Toulon à la fin de cette année. Les forces sous-marines se sont préoccupées très tôt du domaine cyber. Pour l’instant, nous sommes donc en avance. Nous avons ainsi des protocoles avec chaque entreprise. Il existe des « bacs à sable », c’est-à-dire des environnements extérieurs au sous-marin où sont testés tous les équipements qu’un industriel souhaite importer sur nos bâtiments. Cela garantit que l’on n’introduise pas quelque chose de néfaste et il y a le même système dans toutes les entreprises qui produisent de l’informatique embarquable ou embarquée. Des inspections sont conduites dans ces dernières pour vérifier que les protocoles sont bien respectés. Ensuite, il faut garantir de pouvoir réinstaller tous les systèmes logiciels embarqués qui pourraient avoir été affectés par une attaque. Cela demande de l’entraînement et nous avons créé une école à cet effet. De plus, nous embarquons régulièrement des cyber professeurs qui viennent mettre en situation les équipages et vérifier qu’ils sont capables de relancer toutes leurs installations. Il faut toutefois être extrêmement humbles dans le domaine de la cyber.




Une question a été posée sur les risques liés aux filets dérivants : il est rare qu’ils s’accrochent sur un sousmarin, parce qu’il existe un pare-filin qui protège l’hélice. C’est un système qui coupe et dégage le filet dérivant. Normalement on ne doit donc pas en récupérer, mais si c’est le cas il faudrait refaire surface et découper le filet. Les SNA sont plus sensibles à ce risque parce qu’ils peuvent naviguer régulièrement près des côtes. Trois intervenants participent à la construction des simulateurs : l’industriel – qui a construit l’objet à simuler, si c’est un poste de pilotage ça peut être Safran –, les marins et la DGA. C’est un trinôme qui construit des simulateurs dits métiers, qu’ils soient monoposte ou destinés à une équipe. Il faut distinguer d’une part les simulateurs dédiés aux opérations, et d’autre part les simulateurs de la conduite de la propulsion. Nous lançons un ou plusieurs missiles à chaque fois qu’un SNLE a terminé une IPER, c’est-à-dire un grand carénage qui dure deux ans. Dans la mesure où ces tirs se déroulent bien, il n’est pas nécessaire de tirer beaucoup plus souvent. Le nombre de tirs devrait augmenter s’il y avait des échecs. Nous en sommes au neuvième tir à venir et nous n’avons eu qu’un seul échec. C’était lors du sixième tir en 2013. Nous faisons donc des essais environ tous les trois ans. Le lancement réel de missiles est donc peu fréquent, en revanche la simulation et l’entraînement aux procédures sont pour leur part très pratiqués. M. le président Jean-Jacques Bridey. Merci, amiral. Je pense que vous avez répondu très précisément à l’ensemble de nos questions. La séance est levée à onze heures cinquante.

Sources :

https://www.asafrance.fr/images/dossier_force-de-dissuasion-nucleaire_asaf_aout-2019_v2.pdf


http://www.opex360.com/2019/07/15/dissuasion-une-implantation-etrangere-de-plus-en-plus-forte-constatee-pres-des-centres-de-transmissions-de-la-marine/

https://www.francebleu.fr/infos/societe/ctm-de-rosnay-nous-sommes-prets-a-transmettre-l-ordre-de-feu-nucleaire-presidentiel-a-tout-moment-1547716248


http://www.assemblee-nationale.fr/15/cr-cdef/18-19/c1819040.asp



https://www.lanouvellerepublique.fr/indre/espionnage-chinois-dans-l-indre-des-inquiteudes-hors-proportions


https://www.asafrance.fr/item/les-chinois-s-interessent-a-la-dissuasion-nucleaire-francaise.html


Merci à Joël et la section IdF

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