un p'tit tour en Spit
Bonjour la compagnie,
Vous connaissez tous le respect que j’éprouve à l’égard des Britanniques pour l’aide qu’ils ont apportée à la résistance armée en France pendant la guerre, sans parler du soutien dont bénéficia le général de Gaulle. La conception du matériel utilisé confinait parfois au génie pour preuve cette extraordinaire machine volante le « Seafire », version marine de l’inoubliable « Spitfire ».
Je vous livre donc un essai de cette merveille par le pilote d’essai Corky Meyer paru dans le « Fana de l’aviation » il y a quelques années.
« Il n’est pas discutable que le « Spitfire/Seafire » soit l’une des plus belles silhouettes de chasseur sorties d’une planche à dessin. Son aile elliptique et son long fuselage étaient très beaux à regarder et les qualités de vol étaient en rapport avec cette élégance. Mais ces avions avaient deux défauts pour exaspérer le pilote de chasse. A cause du long nez et de l’attitude très cabrée au sol, la visibilité vers l’avant était nulle ; l’étroitesse du fuselage arrangeait un peu les choses, mais le roulage en zigzag était une obligation.
L’aménagement de l’habitacle était un désastre ! Comme si les ingénieurs avaient tout disposé à tâtons, les yeux bandés ; contacts, instruments ou leviers importants n’étaient pas indiqués, trop petits et cachés ; tout ce qui était sans importance n’était pas indiqué, mais gros et toujours dans vos doigts.
Le pilote qui m’avait précédé avait annoncé que les freins avaient lâché à l’atterrissage. Le compresseur qui alimentait leur circuit pneumatique était tombé en panne. Peter Twiss me dit avec confiance que la bouteille avait été gonflée et que j’aurai assez d’air pour freiner jusqu’au décollage mais qu’au retour je risquais d’en manquer à l’atterrissage. Il ajouta que si je me posais « gentiment » et roulais dans l’herbe à côté de la piste, l’avion serait récupérable. Ainsi rassuré j’acceptais l’avion.
Les 1340 ch du « Merlin », beaucoup de surface alaire et un gouvernail puissant, finirent par me faire oublier les freins. Dès que je pus me mettre en ligne de vol et voir l’aérodrome, je fus enchanté par l’accélération de cet intercepteur léger. Le « Seafire » quitta le sol après avoir roulé 150 mètres face à un vent de 20 nœuds et commença à monter comme un « Zéro » japonais. Tous les défauts de l’avion s’étaient évanouis. Les décrochages étaient bons enfants avec peu d’inclinaison à la vitesse inouïe de 110 km/h. (le « Hellcat » décrochaient à 136 km/h). Les vrilles étaient celles d’un avion-école, avec sorties immédiates dès que les commandes étaient lâchées. Je n’eus même pas besoin de compensateurs (que je ne trouvais d’ailleurs pas). La stabilité sur les trois axes était assez faible pour ravir un pilote de chasse et suffisamment élevée pour permettre de lâcher les commandes en air turbulent. Un parfait compromis. La voltige était un délice. L’avion répondait à la pensée du pilote, apparemment sans effort.
Les qualités de vols (en vol normal) étaient si merveilleuses que, sachant que le moteur était alimenté en vol dos, je décidais quelques huit inversés. Ce n’était pas plus compliqué que de manger du gâteau, même pendu dans le harnais britannique compliqué mais confortable.
Je me surpris à rigoler comme un gamin.
Je ne pris jamais autant de plaisir à bord d’un avion de chasse et me sentais parfaitement à l’aise dans n’importe quelle position. Pas difficile de comprendre comment les pilotes formés à la va-comme-je-te-pousse et épuisés, réussirent à contenir avec autant de succès les hordes de Hitler pendant la Bataille d’Angleterre. Je comprenais enfin exactement ce que signifiaient les mots de Winston Churchill, honorant les pilotes héroïques de la RAF : « jamais dans l’histoire des conflits armés, tant de gens ont autant dû à si peu de gens ».
Hélas la jauge de l’unique et trop petit circuit de carburant de mon « Seafire » me rappela à mon atterrissage « gentil » et sans frein, à terminer sans cheval de bois. Atterrir fut à peu près aussi difficile que descendre un Martini. Aussi facile donc que ce qui avait si délicieusement précédé dans l’heure.
A la semaine prochaine
Donec
Hélas la jauge de l’unique et trop petit circuit de carburant de mon « Seafire » me rappela à mon atterrissage « gentil » et sans frein, à terminer sans cheval de bois. Atterrir fut à peu près aussi difficile que descendre un Martini. Aussi facile donc que ce qui avait si délicieusement précédé dans l’heure.
A la semaine prochaine
Donec
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