11 juillet 2019

Humour dans le carré par Donec Salir 11 juillet 2019

Humour dans le carré par Donec : Salir 


Il y avait avant la guerre à l’angle de l’avenue Montaigne et de la rue du Boccador une officine tenue par un petit vieillard à barbiche qui souffrait d’une ouïe défaillante. Il s’était spécialisé dans la « fake news » avant l’heure et avait rencontré dans cette activité un réel succès. Il ne manquait pas d’émules qui perpétuèrent cette belle tradition. Rien ne les mettait plus en joie qu’une accusation bien délirante où l’intéressé était accusé d’avoir déserté, d’être au service de l’Allemagne ou d’avoir écrit des horreurs sur notre pavillon. Les preuves étaient en papier crépon mais on se les repassait sous le manteau avec gourmandise.



C’est ainsi que je découvre avec stupéfaction, il y a quelques jours que le Général de Gaulle, la statue du commandeur elle-même, lieutenant en 1916, était un couard. Il se serait rendu aux Allemands pendant la bataille de Verdun. Je tombai des nues.



Le Commandeur avait commencé son ascension dans les années vingt à l’ombre immense du Maréchal Pétain qui l’avait distingué entre tous. Il la poursuivit en 1940 en sautant dans l’avion du général Spears, se saisissant alors du « Glaive » tombé à terre. Pendant quatre ans il allait batailler ferme avec le monde entier pour imposer la France à toutes les tables de négociations possible et imaginables. La victoire acquise, en 1946, il parvint à gérer un pays au bord de la guerre civile entre ceux qui en tenaient pour « l’american way of life » et ceux pour lesquels seule comptait la bise qui soufflait de Sibérie. Jugeant alors que ses admirateurs manquaient d’enthousiasme, il partit pour une traversée du désert qui lui coûta beaucoup. Il s’en sortit dix ans plus tard avec l’aide de quelques généraux et colonels qui pensaient avoir trouvé en lui le parangon de l’Algérie française. Ayant pris la mesure du drame qui se jouait, le Général trancha dans le vif. Y avait-il un autre choix quand le monde entier, les Etats-Unis en tête nous tournaient le dos ? Après ces terribles abandons, le pays s’ouvrit vers l’avenir, celui de la « force de frappe » et du « Québec libre ».

Et voilà donc l’homme que l’on accusait de couardise au matin de sa vie. Naturellement en bon épigone de l’homme à barbiche les preuves consistent en « on m’a dit », bruit de coursives et médisances. L’attitude du Général est d’autant plus étonnante qu’en 1944 lors du défilé de la victoire, la fusillade qui éclate le laisse de marbre alors que tous vont chercher refuge sous les bancs du square. Lui reste impavide et debout…selon son habitude.

Nous allons conclure cette élucubration à laquelle nous n’accordons aucun crédit. Si dans « l’enfer de Verdun » le lieutenant de Gaulle avait voulu faire le matamore et mourir en héros, il nous aurait laissé nous dépatouiller avec le glaive qui serait resté à terre, les boutefeux communistes, les fous du FLN et les affres de la décolonisation.

Merci du cadeau et à la semaine prochaine.

Donec

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