13 juillet 2019

Marion Dufresne MayObs2 juillet 2019 Un volcan sous-marin au large de Mayotte

Marion Dufresne MayObs2 juillet 2019  Un volcan sous-marin au large de Mayotte

 Mayobs2 TàD La Poste 8-7-2019 code ROC 4571A 

Né à l'été ou à l'automne dernier, d'après les premières estimations, ce volcan sous-marin se situe à 50 kilomètres à l'Est des côtes mahoraises et à 3.500 mètres de profondeur, a expliqué la physicienne Nathalie Feuillet. D'un diamètre de 4 kilomètres, il culmine à 800 mètres. "On pense que le volcan a grandi depuis que l'essaim de séismes a débuté", selon la scientifique qui a participé à la première mission du CNRS.



Un mois après, une seconde campagne océanographique a révélé une coulée de lave au sud de l'édifice, d'une surface de 8 km2 et d'un volume de 0,2 km3 de magma, signe d'une éruption sous-marine. Le volcan "n'a pas grossi en taille mais a toujours une activité fluide à son sommet", précise Stephan Jorry, géologue de l'Ifremer. Selon lui, ces fluides n'atteignent pas la surface.

le volcan Dziani sur petite terre
photo JM Bergougniou

Depuis le 10 mai 2018, Mayotte a subi plus de 1.800 secousses de magnitude supérieure à 3,5 dont une trentaine de magnitude supérieure à 5. La fréquence des séismes "tend à freiner" depuis trois semaines, précise Stephan Jorry, même si des secousses de magnitude supérieure à 5 sont encore enregistrées. Cependant, il n'y a à ce jour pas de lien scientifiquement établi entre l'activité magmatique et l'essaim de séismes, a précisé le géologue, même si le gouvernement a jugé en mai que cette découverte permettait "de mieux comprendre les séismes sur l'île".


La vidange d'une ou plusieurs poches magmatiques vers le volcan a provoqué l'affaissement de l'île de 13 centimètres en moyenne ainsi que son déplacement vers l'Est par basculement, selon Nathalie Feuillet. Cet affaissement rapide inquiète le géographe mahorais Saïd Hachim. En effet, l'île s'affaisse normalement de 0,19 mm par an, "du fait de son poids", a expliqué le scientifique à l'AFP. Or, "130 mm par rapport aux 0,19 mm (...), c'est comme si en un an, l'île avait fait un bond dans le temps de 684 ans", a-t-il calculé, soulignant que des inondations d'habitations en bord de mer avaient eu lieu en mai dernier, lors de grandes marées.

Le Dziani Mayotte Petite-Terre
photo JM Bergougniou

Ce phénomène "géologique exceptionnel", selon le gouvernement, intéresse la communauté scientifique mondiale, d'autant que "les volcans sous-marins sont assez peu connus", dit Saïd Hachim. "C'est la première fois qu'on documente un volcan (sous-marin) avec des images du fond", se réjouit aussi Nathalie Feuillet. La mission en mer de mai dernier, mobilisant une vingtaine de scientifiques, a notamment permis de draguer le volcan et de ramener des échantillons de lave.
Le lac de cratère du Dziani sur Petite-Terre
photo JM Bergougniou

"On a découvert au large de l'île beaucoup de volcans", souligne Nathalie Feuillet. Mais seul le volcan sous-marin actif sera baptisé. La préfecture et le vice-rectorat ont lancé fin mai un concours auprès des écoles primaires et collèges de l'île pour "nommer cet édifice avant la fin de l'année scolaire".


Mont Choungui Mayotte
photo JM Bergougniou

Le Volcanisme à Mayotte

D’un point de vue géomorphologique, Mayotte est constituée de quatre massifs volcaniques qui ont permis au BRGM de retracer son histoire comme étant la suivante:

- Les massifs Mtsamboro à l’extrême Nord-Ouest et Bouéni au nord, au centre et au sud sont les témoins des deux importants volcans bouclier nés il y a environ 15Ma sur le plancher océanique et dont les basaltes fortement sous-saturés sont à l’origine de la formation d’une grande partie de Grande Terre entre 8 et 5 Ma. A partir de 5 Ma ces volcans commencent à se fissurer à leur périphérie, permettant à de longues coulées de laves fluides de s’épancher sur de grandes distances en empruntant les vallées creusées par l’érosion. Ces longues coulées, plus jeunes et donc moins altérées, forment actuellement des pointes se jetant dans la mer. Aux alentours de 3,3 Ma la composition des laves devient alcaline pour former des phonolites, plus visqueuses, qui empruntent les fissures du volcan pour atteindre la surface sous forme de dômes ou de neck dont le Mont Choungui et la pointe Saziley en sont des témoins.


Mont Choungui Mayotte
photo JM Bergougniou


- Entre 2,5 et 1,4 Ma, une distension N-S est à l’origine de l’amincissement et de la fissuration du plancher océanique. La remontée de magma associée à ce phénomène entraîne une baisse de sa pression interne et l’augmentation de son taux de fusion. Ce phénomène est à l’origine de la formation de l’importante masse de phonolites du massif M’Tsapere, au Nord-Est de Grande Terre.


Mont Choungui et la passe en S Mayotte
photo JM Bergougniou

- Le dernier massif, composé de la pointe Nord-Est de Grande Terre et de Petite Terre, date de moins d’un million d'année et est lié à la remontée d’un magma trachytique dans un contexte marin. A cet endroit, la rencontre de l’eau et du magma visqueux est à l’origine d’un volcanisme phréato-magmatique très explosif responsable du rejet de nombreux débris pyroclastiques et de la formation de cratères comme ceux que l’on retrouve proche de Kawéni, où, dans un passé plus récent le maar Dziani Dzaha. On peut également remarquer, dans une proportion plus modeste, un magmatisme de type strombolien ayant formé de petits cônes visibles proche de Mamoudzou ou formant « Le Rocher » de Dzaoudzi.


Moya le cratère  Mayotte photo JM Bergougniou
Petite-Terre Mayotte Dzaoudzi le rocher
photo JM Bergougniou
la Petite Terre est constituée,dans sa partie externe, de maars ou cratères effondrés. Ceux-ci ont engendré les paysages exceptionnels de Moya (cratères

effondrés et ouverts vers le large) ainsi que du Dzani Dzaha (cratère effondré non ouvert).

Ce site, d'une superficie totale d'environ 302 hectares, était auparavant classé comme réserve forestière sur près de 200 hectares gérée par la DAF (SEF). Malgré cela il était (et est encore) l'objet d'une appropriation foncière par la population (issue surtout des agglomérations de Labattoir et de Pamandzi), pour la pratique extensive de l'agriculture vivrière. La pression de l'agriculture (avec les feux) risquait, compte tenu de la démographie, des héritages successifs et de l'immigration clandestine (issue d'Anjouan), d'augmenter d'année en année. Ce site est à protéger pour sa biodiversité végétale encore grande dans certaines situations, ses paysages attrayants touristiquement (circuit GR) et ses 5 plages où viennent pondre les tortues marines.

Mayotte Les quatre frères ou Ilot Ziné
photo JM Bergougniou
Ces quatre blocs escarpés sont d'origine volcanique. Ils apparaissent séparés à marée haute, mais sont reliés à marée basse par un socle commun, entouré d'un petit platier corallien.


Les Ilots Choazil

Situés dans le Nord-Est de Mayotte, entre Chissioua Mtsamboro et, à environ 800 m le rivage de Mayotte (village de Mtsamboro), il s'agit de deux îlots, reliés à marée basse par une langue de sable blanc.
 
photo JM Bergougniou



Les Ilots Choazil photo JM Bergougniou

Le premier, Malandzamiayajou, s'étend sur environ 800 m de longueur pour 330 m de largeur et, le second, Malandzamiayatsini, sur environ 800 m de longueur dont une plage de près de 500 m sur sa côte Est, pour 150 m de largeur.

Les Ilots Choazil photo JM Bergougniou

Les Ilots Choazil photo JM Bergougniou

Les Ilots Choazil photo JM Bergougniou

Petite-Terre Le Rocher Mayotte  photo JM Bergougniou

Petite-Terre Mayotte le Dziani photo JM Bergougniou

Petite-Terre Mayotte le Dziani photo JM Bergougniou


Petite-Terre Mayotte le Dziani photo JM Bergougniou

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