SOLIDARNOSC entre en résistance la Poste clandestine de SOLIDARITÉ
Résumé du chapitre précédent où nous avons évoqué l'arrivée du BPC Mistral à Brest fin février pour partir ensuite en mission de formation des officiers élèves, nous avons dit que le BPC était composé de tronçons de coque fabriqués par le chantier naval polonais de Gdansk et nous avons parlé de la création du syndicat SOLIDARNOSC.
Nous allons parlé maintenant de philatélie résistante.
Pli de grève Occupation du Chantier de Gdenya MKS Nous demandons des syndicats libres |
Les militants du syndicat SOLIDARNOSC vont produire des vignettes ayant l'apparence de timbres Poste et les vendront souvent à l'étranger à l'occasion des meetings de soutien. Les fonds recueillis sont reversés au syndicat polonais ou servent à acheter fournitures, papier et moyens de reprographie qui seront acheminés clandestinement. La censure est mise en place et le courrier intérieur ou destiné à l'étranger est ouvert.
Sur les courriers non ouverts, un cachet NIE CENZUROWANO Non Censuré est apposé
parfois c'est le cachet WODNE OD CENZURY qui est apposé
un cachet circulaire est parfois apposé portant le numéro du bureau de censure ici le bureau 931
Cette vignette est un acte de résistance politique face à la mise en place de l'État de siège par Jaruzelski et à à l'internement des opposants et syndicalistes. C'est un outil de défense de la démocratie qui s'instaure.
Le comité de sauvetage national WRON prend le pouvoir et organise la répression suite à la reconnaissance de SOLIDARNOSC. Plus de dix mille militants sont internés notamment au camp de Bialoleka.
tract clandestin sur le camp de Bialoleka |
Les internés sont isolés, le courrier ne leur parvient pas, la censure devient de plus en plus oppressante. Les prisonniers mettent en place une Poste clandestine dans de nombreux centres d'internement.
Il fallait organiser la résistance, montrer que l'on ne se soumettait pas et continuer à diriger le syndicat depuis les camps. Des petits papiers sont écrits, jetés, donnés, transmis, portés de main en main en espérant qu'ils arriveront à bonne destination.
Les prisonniers avec les moyens du bord réalisent des timbres puis avec l'aide des postiers et d'une grande partie de la population "syndicale", les lettres vont sortir des camps.
Il faut échapper à la censure du camp, de la poste...
timbre à l'effigie du père Jerzy Popieluszko |
Tract imprimé "Nous servons le Père Popieluszko" |
Il existera ainsi une trentaine de postes clandestines, à Varsovie, à Gdansk, à Cracovie.
Il s'agit de produire, de copier qui ressemblent aux timbres officiels.
Les timbres portent un prix, ils sont dentelés (parfois les dents sont faites avec des trous d'épingles...) les tailles sont diverses, parfois le timbres est dans un bloc sans dentelure.
Des textes, des revendications sont repris sur le timbre.
timbre du cardinal Stefan Wyszynski longtemps réfugié à l'ambassade des États-Unis de Varsovie |
Les personnages de l'histoire, résistants notoires, mais aussi les figures politiques ou religieuses ayant résisté aux nazis ou au stalinisme sont représentées sur les vignettes.
L'usage du tampon, symbole de la bureaucratie et du pouvoir est utilisé tournant en dérision l'administration.
Des imprimeries clandestines s'organisent hors des camps utilisant les chutes des papiers d'imprimerie, des tracts...
Bien entendu ces timbres n'avaient pas usage officiel, créateurs, utilisateurs, porteurs auraient été très lourdement condamnés. Ils circulaient sous le manteau.
L'humour a toujours été présent dans la lutte témoin ce timbre évoquant la délégation SOLIDARNOSC
délégués de Solidarnosc au congrès national de l'Union du commerce |
ou celui ci évoquant les 5 années de lutte et de reconnaissance de Solidarnosc
J'ai 5 ans |
collection JMB
Sources documentaires :
La Poste Clandestine en Pologne
Philippe Artières Pawel Rodak
Syndicat Solidarnosc Gdansk
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