14 août 2021

Transport auxiliaire Consul Horn Guerre 1914 Bordeaux capture

 Transport Auxiliaire Consul Horn



Le Consul-Horn est un cargo de 2.514 t. construit en 1901 par la Helsingørs Jernskibs og Maskinbyggeri A/S, d’Elseneur  (Danemark) pour le compte de la Dampfschiffs Rhederei Horn AG, de Lübeck (Allemagne). 

Il est capturé le 7 ou le 8 août 1914 par les autorités maritimes du port de Bordeaux, où ce navire se trouvait alors au mouillage , son équipage étant provisoirement incarcéré à la caserne de la rue de Belleville.



Administrativement considéré comme bâtiment armé en guerre du 12 mars 1915 au 23 février 1918 [Circulaire du 25 avril 1922 établissant la Liste des bâtiments et formations ayant acquis, du 3 août 1914 au 24 octobre 1919, le bénéfice du double en sus de la durée du service effectif (Loi du 16 avril 1920, art. 10, 12, 13.), §. A. Bâtiments de guerre et de commerce. : Bull. off. Marine 1922, n° 14, p. 720 et 735.].

 En convoi d’une trentaine de bateaux transporteurs protégés par des navires de guerre il effectue régulièrement le trajet entre Cardiff et Salonique, pour transporter du charbon gallois pour l’armée d’Orient, à Salonique. Il est à Bizerte quand survient l’armistice. 
En Décembre 1919, à la suite de modifications intervenues dans la composition de la flotte charbonnière de la Marine de l’État, il est donné en gérance par le Ministre de la Marine à la Compagnie des bateaux à vapeur du Nord, de Dunkerque.

Avec d' autres cargos de prise il est mis en vente par le Service de la solde et des prises, le 25 juillet 1921 à Toulon, selon la procédure d’adjudication sur soumissions cachetées (J.O. 2 sept. 1921, p. 10.203). 


Acquis par l’armement Pietro Pittaluga, de Gênes (Italie), et renommé Sampierdarena. Cédé en 1923 à la Reederei Kayser AG, de Hambourg (Allemagne), et renommé Heinz Kayser. Cédé en 1923 à la société d’armement Leonhardt & Blumberg, de Hambourg (Allemagne) et renommé Lotte Leonhardt. Cédé en 1924 à la Lubeck Linie, de Lübeck (Allemagne) et renommé Herrenwyken 1928.

Lors d’une tempête, il sombre au milieu de l’Atlantique, le 23 novembre 1928, par suite d’une voie d’eau, alors qu’il allait d’Härnösand (Suède) à New York avec un chargement de pâte à papier. 

sources


(Le Temps, n° 19.425, Samedi 12 septembre 1914, p. 1 ; 
La Croix, n° 9.667, Vendredi 18 septembre 1914, p. 6, en rubrique « Sur mer » – 
Liste des navires capturés ou retenus dans les ports français)

https://forum.pages14-18.com/viewtopic.php?t=47046

13 août 2021

BSAOM Champlain Iles Eparses TAAF Europa 26-4-2021

 BSAOM Champlain Europa 26-4-2021

Régiment des forces terrestres d'Outre-mer (FT OME) stationné à La Réunion, le 2e régiment de parachutistes d’infanterie de Marine (2e RPIMa) tient une posture d'alerte 7 jours sur 7 pour être en mesure d’intervenir en 24h dans la zone de responsabilité permanente (ZRP) des forces armées dans la zone sud de l’océan Indien (FAZSOI).

Le Mozambique, ancienne colonie portugaise située au sud-est du continent africain plongée dans une grave crise sécuritaire, fait partie des 14 pays de cette ZRP.Dimanche 28 mars 2021, compte tenu de l’évolution négative de la situation suite à la prise de la ville portuaire de Palma par des groupes armés djihadistes, le GTIA 2 (groupement tactique interarmes) armé par le 2e RPIMa a été placé en alerte 12h sur ordre de l’état-major interarmées des FAZSOI. En effet, cette ville est distante de quelques kilomètres d’un complexe industriel majeur regroupant de nombreux expatriés, notamment européens et français. Ce GTIA est composé d’un 1er échelon, susceptible d’être projeté par opération aéroportée (OAP) qui regroupe plus de 160 parachutistes issus de l’état-major, de la section commando d’appui à l’engagement (SCAE) avec le groupe de commandos parachutistes (GCP) et le groupe d’assaut par mer (GAM), de la 1ère compagnie de combat et d’une équipe armant la base opérationnelle avancée de projection (BOAP).



Un second échelon est prévu en renfort afin de porter cet effectif à plus de 250 hommes après renforcement par 3 sections de la 3e compagnie. Le fret au départ de la Réunion est estimé entre 15 et 20 tonnes. Par ailleurs, le GTIA 2 est configuré pour intégrer une compagnie d’infanterie en renfort issue du Détachement de la Légion Etrangère (DLEM) de Mayotte en alerte à 48h, ou des unités de l’échelon national d’urgence (ENU). La base arrière du régiment, capable de poursuivre les missions permanentes (dont la protection des emprises et la présence sur les îles Éparses) et d'accueillir des renforts, est appuyée notamment par la 2e compagnie de réserve (La Bourbon).Cette mise en alerte a été ramenée à 24h la semaine suivante et l’évolution de la situation est attentivement suivie par l’EMIA FAZSOI. Photos © CC1 Jimmy / 2e RPIMa - Tous droits réservés






Des plis de l’escale à Glorieuses du BSAOM "Champlain" lors de sa tournée aux îles Eparses, sont arrivés oblitérés au 26/04. 

Lettre TAAF INFO

Humour dans le carré Donec : la hyène de la Gestap

Donec : la hyène de la Gestap


Bonjour la compagnie,

Comme j’étais las des héros, des compagnons de la Libération, des infirmières modèles et résistantes, je me suis dit que je pourrais jouer une musique un peu plus virile sur fond glauque.

J’ai donc trouvé une héroïne du mal, Violette MORRIS, devenue sous l’Occupation la « Hyène de la Gestap ». Le décor est planté, voyons ce personnage.


Il est haut en couleurs, de bonne naissance, fille du baron, militaire en retraite, Pierre Jacques MORRIS et de Betsy SAKAKINI riche héritière levantine. Elle nait à Paris en 1893. Sportive accomplie, elle a découvert dans son couvent de l’Assomption à Huy le charme des plaisirs saphiques auxquels elle restera fidèle toute sa vie. Courageuse et casse-cou, elle va se distinguer pendant la première guerre comme estafette motocycliste. En 1918 portant un uniforme masculin, elle décide de ne porter que des complets-vestons. Ayant reçu l’héritage conséquent de ses parents, elle se consacrera au sport, à tous les sports : Automobile, football, athlétisme, cyclisme, natation pugilat. Son slogan : « ce qu’un homme peut faire, Voilette peut le faire ! » Malheureusement son caractère, son attitude et son franc-parler indisposent les patrons de fédérations qui la laissent souvent sur le banc de touche, suspectant qu’elle soit un homme travesti. Pour cette raison elle ne participe pas aux jeux olympiques de 1928. Amie de Jean Marais, de Jean Cocteau et de Joséphine Baker, elle est la maîtresse de l’actrice Yvonne de Bray. Cocteau se servira de ce couple pour écrire la pièce : « les monstres sacrés ». Ses démêlés avec la justice, la police et différentes fédérations sportives étant innombrables, elle se lance dans la compétition automobile. En 1928 elle gagne le Bol d’Or sur B.N.C. marque de cyclecars célébrissime à l’époque.

En 1936 elle participe aux jeux olympiques de Berlin. Elle est alors approchée par l’Abwehr , une association de malfaiteurs pour laquelle elle se mit à espionner. En 1937 elle est arrêtée pour avoir, en état de légitime défense tué un légionnaire qui l’avait menacée. Elle est libérée dans la foulée.

Pendant la guerre, recruté par Helmut KNOCHEN, chef du renseignement SS à Paris, elle est chargée d’engager des espions et de contrer les membres anglais du S.O.E .. D’aucuns prétendent que rue des Saussaies elle se chargeait de l’interrogatoire des prisonnières, elle acquit ainsi sa réputation de « Hyène de la Gestap. ».


La Résistance décide alors d’en finir et lui tend une embuscade. Le 26 avril 1944 elle survient à fond les manettes au volant de sa traction 15 6 cylindres gonflée. Le groupe « Surcouf » ne lui laisse aucune chance. Elle est volatilisée. La 15 et ses occupants disparaissent sans laisser de trace.

Voila pour notre Hyène !


Naturellement j’aurais dû plutôt vous parler d’Alix MARRIER d’UNIENVILLE née à l’île Maurice en 1915 et décédée à Paris en 1998, résistante dès juillet 1940, agente du SOE, parachutée en France arrêté par la Gestapo, elle feint la folie, s’évade, retrouve Paris avec les Américains. D’une beauté sculpturale, elle devient une des premières hôtesses d’Air France et vole sur le mythique Super-Constellation. Elle écrit « en vol » témoignage d’une hôtesse de l’air, En 1950 elle est la première femme à recevoir le prix Albert Londres. Une autre destinée….

A bientôt pour de nouvelles aventures

Donec

L'anecdote du jour : Un jour Jean François Kahn demande bêtement au merveilleux Francis BLANCHE sa définition du rire, il lui répond : "Quand on me pose cette question, je n'y suis pour Bergson!"



12 août 2021

BSAOM Champlain Juan de Nova Iles Eparses TAAF 30-6-2021

BSAOM Champlain Juan de Nova Iles Eparses TAAF 30-6-2021


L’équipage A du Bâtiment de soutien et d’assistance outre-mer (BSAOM) "Champlain" est rentré le 15 juillet 2021 à Port des Galets à l’issue de sa mission de ravitaillement des îles Eparses. Déployé depuis juin, il est revenu à son port base après avoir réapprovisionné en vivres et en matériels les détachements du 2e RPIMa des îles d’Europa, de Juan de Nova et de la Légion étrangère  des Glorieuses. 

De nombreux faits ont marqué cette mission. Une patrouille menée conjointement avec un navire comorien a permis de renforcer l’interopérabilité entre les unités française et comorienne. À cette occasion, le "Champlain" a fourni du carburant ainsi que divers matériels au navire des garde-côtes comoriens. La mission s’est poursuivie par une patrouille vers la Réunion dans des conditions de mer difficiles et s’est achevée par une "journée des familles" à quai.

Les BSAOM sont adaptés à des missions de ravitaillement et de soutien grâce à leurs grandes capacités d’emport et grâce à leur plage arrière. Ils peuvent notamment recevoir six conteneurs Équivalent Vingt Pieds (EVP) et permettent de renforcer les actions de coopération de la Marine française avec ses partenaires dans la zone. (info Cols Bleus)















sources


Marcophilie Navale - Section TAAF et Polaire

INFORMATION n°21-2020/21 – début août

11 août 2021

Juan de Nova TAAF Iles Eparses BSAOM Champlain Patrouilleur Astrolabe 30 juin 2021

Juan de Nova TAAF Iles Eparses BSAOM Champlain Patrouilleur Astrolabe 

Le risque covid perturbe encore des programmations de missions, des plis expédiés à un bâtiment ont été transférés vers un autre, suite aux retards de la poste réunionnaise (bateau parti), ou annulation de rotation aux Eparses (problème sanitaire); cela pourrait se constater par la traçabilité de nos plis, sachant que les équipages sont consignés à bord lors des escales, les échanges de courriers restreints... ce qui "fait le piment" de nos collections!


La covid a encore perturbé des courriers: des plis expédiés pour la tournée aux Eparses de l'Astrolabe, retardés, sont arrivés après son départ; mais la vaguemestre, consciencieuse, a préparé les plis en y apposant différents tampons du P800, signés par le commandant; les timbres étant en rapport avec les Eparses, j'ai demandé que nos plis soient transférés au Malin, programmé pour une mission aux Eparses, mais en raison d'un closter, c'est le Champlain qui a assuré la rotation de juin aux Eparses. Et ainsi, les plis revenus comportent les tampons de l'Astrolabe et ceux du Champlain au verso avec son cachet service à la mer (cf Europa du 14-6, et la suite à venir)



Sources
René Pauliat Marcophilie navale section TAAF

10 août 2021

Le cuirassé Richelieu Brest lancement et marraine Janvier 1939 Claude Bélec

La marraine du cuirassé Richelieu était la grand-mère de Claude Bélec!


Le Matin


FINISTERE LA MARRAINE DU « RICHELIEU » A ETE DÉSIGNÉE PAR LE MINISTRE DE LA MARINE 

C'est une Brestoise, mère de dix enfant»

BREST, 10 janvier (de notre rédaction). Nous apprenions aujourd'hui au début de l'après-midi que M. Campinchi, ministre de la Marine, venait de désigner comme marraine du Richelieu, notre premier croiseur de ligne de 35.000 tonnes qui doit être lancé à Brest, le 17 janvier prochain, Mme Mons, mère de 10 enfants, demeurant cité Kérigonan, à Brest.

Immédiatement, nous nous sommes rendus chez Mme Mons qui voulut bien nous recevoir. Au nom de L'Ouest-Eclair, nous lui avons annoncé la bonne nouvelle qu'elle ignorait encore et présenté nos félicitations.

"J'étais loin de penser à pareil honneur, nous a déclaré Mme Mons. On est bien venu il y a un mois nous demander des renseignements sur notre situation de famille. Une de mes filles pensait qu'il s'agissait de choisir la marraine du Richelieu, mais elle avait été désenchantée par la nouvelle erronée répandue à Noël par une partie de la presse et à laquelle l'Ouest.Eclair donnait du reste rapidement un démenti. » 

Son mari. M. Jean-François Mons travaille depuis près de 9 ans à l'arsenal en qualité de charpentier, aux Constructions navales. Il a été longtemps occupé sur le Richelieu, puis sur le Dunkerque et enfin, sur le Strasbourg.

Quant à Mme Mons, elle est la mère de 10 enfants, allant de l'ainée, 19 ans, au benjamin, 3 ans.

Cette famille très méritante habite au 3 étage du no 5, cité Kérigonan, un appartement de 5 pièces propre et bien ordonné.

Nous lui renouvelons toutes nos félicitations.
Parmi les noms soumis au choix du ministre figurent dans l'ordre ceux des quatre autres mères de famille nombreuse

Mme Le Goasduff, mère de neuf enfants Mme Hélou, mère de huit enfants, dont le nom avait été par erreur annoncé comme celui de la future marraine Mme Calvez, mère de onze enfants, et Mme Cuillandre, mère de neuf enfants.



Mis sur cale le 22 octobre 1935 à l'arsenal de Brest, au bassin du Salou, qui avait servi pour le Dunkerque, le Richelieu est mis à l'eau le 17 janvier 1939 et gagne son quai d'armement au bassin no 9 de Laninon. 

LA MISE A FLOT DU « RICHELIEU »

La date du 17 janvier aura été pour notre marine une date historique. Pour la première fois, en effet, en France, auront été dans une même journée successivement mis à l'eau un cuirassé de 35 000 tonnes et mis, quelques heures après, sur cale un second bâtiment, de type et de tonnage identiques.


Nino devant l'ogive d'un obus du Richelieu
photo JM Bergougniou



Pour célébrer cet événement, un train spécial avait amené à Brest, M. Campinchi, ministre de la Marine, la plupart des anciens titulaires de la rue Royale et un grand nombre de personnalités. Immédiatement, le cortège se rendait au bassin du Salou où, semblable à quelque monstre endormi sur les eaux, le Richelieu paraissait attendre. Après les discours et la cérémonie symbolique du ruban coupé, un puissant remorqueur faisait frémir pour la première fois, l'énorme masse avant de l'entraîner lentement hors de la forme. Opération à coup sûr moins spectaculaire que les lancements tels qu'ils étaient jadis effectués, mais qui n'en empoigna pas moins d'émotion les spectateurs.

tape de bouche du Richelieu Brest 
photo JM Bergougniou

Quelques heures après, la forme ayant été vidée, M. Campinchi descendait au fond de l'impressionnante cuve et soudait le premier rivet du Clemenceau.


Rappelons brièvement que ces deux navires, longs chacun de 242 mètres, larges de 33, calant 8m,l0, porteront en deux tourelles quadruples, huit canons de 380, ainsi que toute une importante secondaire. Avec le Jean-Bartqui sera mis à l'eau dans quelques mois et le Gascogne qui succédera à ce dernier, avec enfin les Dunkerque et Strasbourg déjà en service, ils constitueront la magnifique ossature en navires de ligne de la flotte française rénovée.





UNE GRANDE JOURNÉE POUR LA MARINE FRANÇAISE

à Brest la mise à l'eau du Richelieu notre premier cuirassé de 35.000 tonnes et pose le premier rivet du "Clemenceau"

Dans son discours, le ministre a retracé l'oeuvre héroïque du grand cardinal et du Tigre, qui furent l'un et l'autre des sauveurs de la Patrie



BREST, 17 janvier.

Pour procéder à la double cérémonie de la mise à l'eau da premier cuirassé de 35.000 tonnes, le Richelieu et la mise sur cale du Clemenceau, M. Campinchi, ministre de la Marine, qui avait quitté Paris dans la soirée d'hier par train spécial, est arrivé ce matin à 8 h. 40 à Brest. La suite du ministre était nombreuse et imposante, car M. Campinchi avait convié tous les anciens ministres de la marine et les membres des commissions de la Marine du Sénat et de la Chambre à l'accompagner dans ce voyage. Il y avait la MM. François Piétri, Jean-Louis Dumesnil, Emile Borel, l'amiral Lacaze. Ch. Dumont, anciens ministres et aussi MM. Gratien Candace, vice-président de la Chambre des Députés Blancho, ancien sous-secrétaire d'Etat Farjon, sénateur Aubert, Renaitour, Béranger, députés, et les deux représentants de l'Académie Française en uniforme, le duc de la Force et le duc de Broglie le comte et ,1a comtesse de la Rochefoucauld M. Michel Clemenceau Aimes Jacquemaire et Young-Clémenceau, fils et filles de l'ancien président du Conseil MI. Pournin.


M. Campinchi était, d'ailleurs, entouré des vice-amiraux Violette, Durand-Vie!, de l'inspecteur général François, des constructions navales, et de nombreux officiers de marine. A la descente du train spécial, M. Campinchi est accueilli sur le quai de la gare par M. Angeli, préfet du Finistère, ayant à ses côtés M. Le Gorgeu, sénateur-maire de Brest le sous-préfet de Brest le préfet maritime et les parlementaires du département. Une compagnie du 29 régiment d'infanterie colonial rend les honneurs, tandis que sa musique joue Aux Champs et la Marseillaise.

Au bassin de Salou


M. Campinchi se rend directement au bassin de Salou.
Avant de prendre place dans la tribune officielle aux trois couleurs, dressée sur un des quais du bassin, juste en face du Richelieu, le ministre de la Marine passe en revue une compagnie des fusiliers marins musique en tête. Et tandis que 300 hommes des équipages de la Flotte montés sur le pont du Richelicu s'immobilisent dans un garde-à-vous irréprochable, deux marins hissent dans un silence impressionnant, sur la plage arrière, un drapeau tricolore.

Encore quelques accents de la Marseillaise et M. Campinchi remet la croix de la Légion d'honneur à un ingénieur principal du génie maritime et à l'un des ouvriers du chantier du nouveau Richelieu.

Puis il gagne la tribune officielle, où Il sera entouré du fils et des filles de Clemenceau, des anciens ministres de la Marine et des deux représentants de l'Académie Française.

Les discours commencent immédiatement.

C'est d'abord celui de Me Pournin, avocat à la Cour d'Appel de Paris, et président de la Société des Amis de Clemenceau. Rappelant que l'on doit cet après-midi mettre sur cale le Clemenceau, il rend hommage à celui qui fut un grand Français et qui eut toujours le culte de la justice et la passion de la patrie.


Après Me Pournin, c'est le duc de la Force, puis M. Campinchi, ministre de la -Marine, dont on lira en deuxième page, de larges extraits des discours. Celui du ministre sera fréquemment interrompu par des applaudissements. Un remorqueur vient se lier par des amarres au Richelieu.

Quand le ministre a fini de parler, il quitte la tribune officielle en compagnie de la marraine du navire, Mme Mons, mère de dix enfants et femme d'un ouvrier de l'arsenal qui a construit le Richelieu,. Mme Mons, à l'aide de ciseaux, coupe le ruban tricolore qui relie symboliquement le Richeltett au quai.

La musique alors joue la Marseillaise.
Mme Mons parle au micro

 

Le remorqueur entraine lentement la. masse grise du Richelieu, qui se dirige vers un des bassins de radoub de Laninon.

Tandis que sur le pont du Richelieu, la musique des fusiliers-marins continue à jouer des marches militaires, une compagnie de fusiliers défile devant la tribune officielle.
La grand-mère de Claude Bélec  coupe le ruban avec M le ministre de la Marine Campinchi
à gauche et le grand-père de Claude Bélec à droite 
les fants sont ses oncles et tantes et sa mère

La famille Mons devant le Richelieu collection Claude Bélec



L'état du temps n'a pas permis l'entrée du Richelieu au bassin neuf à Laninon comme il était prévu. Le nouveau bâtiment a été amarré à la place du porte-avion Béarn, à Laninon. Le mouvement s'effectuera aujourd'hui si le temps le permet.


C'est dans ce bassin de radoub qu'il doit être achevé. C'est là qu'il recevra les deux énormes tourelles quadruplement armées chacune de canons de 380 millimètres qui se profileront sur la plage avant les trois tourelles triples armées de canons de 152 millimètres




Mise à l’eau du cuirassé Richelieu

A BREST

le mardi 17 janvier 1939

DISCOURS

DE

M. LE DUC DE LA FORCE
DÉLÉGUÉ DE L’ACADÉMIE

 

Monsieur le Ministre,

En 1634, le Mercure françois félicitait le Roi d’avoir un ministre doué de « toutes les qualités requises au gouvernement de la mer » Ce ministre s’appelait Armand du Plessis, cardinal duc de Richelieu. Aujourd’hui ceux qui « gouvernent la mer » ont eu l’idée magnifique de décorer du nom de Richelieu le cuirassé splendide qui va flotter tout à l’heure. La gloire de l’avoir fait construire est la vôtre et celle de vos prédécesseurs, elle est la gloire de toute la France.


L’Académie française, Monsieur le Ministre, vous est reconnaissante de l’avoir invitée à cette fête, — qui n’est pas une fête académique. Ce n’est point, en effet, à son fondateur que l’Académie vient rendre hommage en ce port de Brest ; ce n’est point â l’écrivain vigoureux et subtil, plein d’imagination, de saveur et de verve, dont la vaste correspondance élève un monument admirable ; ce n’est point à l’auteur de si éloquents livres de théologie et de spiritualité, encore moins au protecteur de Corneille, au dramaturge oublié de Mirame. C’est le restaurateur génial de la marine française qui fixe aujourd’hui tous les regards. Voltaire a dit : « Le plus beau de ses ouvrages, c’est la digue de La Rochelle », — l’énorme digue, que, durant des heures, le cardinal regardait s’avancer pierre à pierre, la digue battue des flots et des vents, à laquelle le roi Louis XIII, « avec autant de gaieté que s’il se fût trouvé au plus beau lieu du monde », avec la précision d’un maçon véritable, mettait lui-même la main sous le ciel noir de décembre. Non, la plus belle œuvre de Richelieu, ce n’est pas seulement la digue, c’est la force navale et coloniale de la France tout entière.


Qu’on ne s’étonne pas de rencontrer chez le cardinal cet amour de la mer. Richelieu avait des marins dans son ascendance féminine. N’était-il pas l’arrière-petit-fils de ce Guyon Le Roy, seigneur de Chillon, qui avait fondé le port du Havre ? N’avait-il pas pour oncle maternel le commandeur de la Porte; dont la compétence maritime lui rendit d’un service, et son propre ère n’achetait-il pas des vaisseaux ? C’est au mois d’octobre 1626 que le cardinal fut créé grand maître, chef et surintendant général de la navigation et commerce de France. En 1625, il avait le Royaume sans flotte, obligé, pour vaincre les protestants rebelles, de recourir aux vaisseaux d’Angleterre et de Hollande. 


« Etre fort enterre, pensait-il, et faible en mer, c’était n’avoir qu’un bras et un pied ; et partant agir plus faiblement et plus imparfaitement. » Aussi, dès 1635, la flotte du Ponant comptait trente-cinq vaisseaux de ligne, douze navires de soutien, trois frégates et six brûlots. Les canons étaient au nombre de mille et les hommes d’équipage au nombre de cinq mille cinq cents. Cette flotte s’enorgueillit, en 1638, d’un vaisseau qui soulevait l’enthousiasme de tous les connaisseurs étrangers, la Couronne. La Couronne était longue de deux cent vingt pieds et large à proportion. Elle était armée de quatre-vingt-huit canons et son immense voilure lui donnait une agilité merveilleuse. Parmi les vaisseaux qui, auprès de ce chef-d’œuvre des chantiers de La Roche-Bernard, constituaient l’élite de la flotte du Ponant, il y en avait un que l’on avait baptisé le Richelieu.

La flotte du Levant comptait vingt et une galères, montées par neuf mille sept cuit cinquante-cinq hommes, dont trois mille sept cent-trente-quatre combattants, navires rapides, qui se riaient des calmes plats et couraient sur la Méditerranée sous l’effort de leurs centaines de rameurs. Deux d’entre elles promenaient à travers les flots la gloire du grand maître de la navigation : l’une se nommait la Cardinale et l’autre la Richelieu. Le 10 septembre 1636, au combat de San-Remo, livré par M. de Sourdis, archevêque de Bordeaux, commandant l’armée navale, les voici qui se détachent des vaisseaux pour s’en aller vers les galères espagnoles, « qui n’y veulent point mordre et moins encore s’arrêter ». Et dans sa relation, M. de Sourdis les cite parmi les quatre galères qui ont le mieux « fait leur décharge ».


Nul doute que le cardinal n’ait été sensible à l’honneur qu’avaient acquis les deux galères qui portaient son nom. En une autre occasion où la Cardinale et la Richelieu, — cette fois au large de Gênes, — se distinguèrent de nouveau, il écrivit à son confident M. de Chavigny, secrétaire d’État : « Les victoires du Roi me ravissent... La galère du général a pris une galère et les deux miennes chacune une. »

La Cardinale n’avait que cent vingt tonnes. Que dirait le grand ministre, — « le plus grand serviteur, au dire de Louis XIII lui-même, que jamais la France ait eu », — s’il voyait s’élancer dans la mer un Richelieu de trente-cinq mille tonnes ! Il serait heureux de voir son nom porté par un tel vaisseau, lui qui donnait cet ordre le 28 novembre 1627 : « La devise pour les canons est Ratio ultima regum et, pour les armes, ce sont celles du Roi avec une ancre au-dessous, dans laquelle est écrit : Le Cardinal de Richelieu. » Il serait heureux de voir son vaisseau servir la France au côté du vaisseau de son neveu, ce Maillé Brézé qui fut lancé naguère et qui rappelle les victoires d’Armand de Maillé Brézé, duc de Fronsac, grand maître de la navigation après la mort de son oncle. II serait heureux de voir les vaisseaux de sa famille; — si l’on peut dire, — figurer parmi les unités d’une marine à laquelle chaque siècle qui passe laisse une gloire nouvelle pour adieu. Il serait heureux de voir que, tout en se conformant aux exigences du temps, la France continue d’accomplir les volontés qu’il a exprimées dans son Testament politique : « Si Votre Majesté, disait-il, a toujours dans ses  ports quarante vaisseaux bien outillés et bien équipés, elle en aura suffisamment pour se garantir de toute injure et se faire craindre dans toutes les mers... Avec trente galères, Votre Majesté ne balancera pas seulement la puissance d’Espagne, qui peut, par l’assistance de ses alliés, en mettre cinquante en corps ; mais elle les surmontera par la raison de l’union qui redouble la puissance des forces qu’elle joint. Vos galères seront toujours en état de s’opposer à la jonction de celles d’Espagne, — dont une partie venaient des ports italiens du Roi Catholique, — tellement séparées par la situation de ce Royaume, qu’elles ne peuvent s’assembler sans passer à la vue des ports de Provence  »

Au début de son ministère, le cardinal, mesurant les forces des rivaux de la France, disait au Roi : « Il est impossible que Sa Majesté se puisse mettre en cet état, principalement en peu de temps, sans miracle ou sans un notable effort qui requiert un soin continuel, une vigilance extraordinaire et autant d’argent qu’un tel dessein le requiert. »

Cet effort qui tient du miracle, la France le renouvelle aujourd’hui. A ceux qui en doutent, elle répond en montrant le Richelieu.


Sources
L'Ouest-Eclair 18 Janvier 1939

 Le Monde colonial illustré : revue mensuelle, commerciale, économique, financière et de défense des intérêts coloniaux janvier 1939

L'Auto - 18-01-1939

Le Matin 18-01-1939 par bélinogramme 

Critical

https://www.academie-francaise.fr/mise-leau-du-cuirasse-richelieu-brest

https://www.criticalpast.com/fr/video/65675068178_Richelieu-lanc%C3%A9_Cesar-Campinchi_marins-sur-le-pont_cuirass%C3%A9-laisse-dock

Passage de Toulon à Alger 1839 sur un navire de la Marine Royale Cerbere

 Passage maritime de Toulon à Alger 1839 Cerbere  La conquête de l'Algérie débute par le débarquement de l'armée d'Afrique à Sid...