En 1883, l’armée française, dirigée par Gustave Borgnis-Desbordes s’était déjà emparée de Bamako, alors village fortifié de 600 habitants, située à 700 kilomètres au sud-ouest de Tombouctou sur le Niger. De plus, sur recommandation de Gallieni qui appelle « préparez-vous à votre grand voyage à Tombouctou », le lieutenant Caron, en 1887, puis le lieutenant Jayme, en 1889, avaient déjà remonté le Niger en direction de Tombouctou avec des canonnières.
Cela débouche sur les conquêtes de Ségou et du Macina le long du Niger, entre Bamako et Tombouctou. Le Soudan français est créé le 18 août 1890, avec un gouvernement militaire, dont le lieutenant-colonel Louis Archinard est le commandant supérieur. Par le décret du 27 août 1892, le Soudan français devient une colonie autonome avec Kayes comme capitale et Louis Archinard, premier gouverneur.
Le gouverneur français entreprend alors une progression dans le nord du Soudan français en particulier vers Tombouctou qui fait l’objet d’un mythe depuis des siècles, dans la poursuite du projet de conquête du colonel Faidherbe, principal artisan de la conquête du Soudan.
Le mythe de Tombouctou et la volonté de conquête
Tombouctou est depuis le Moyen-âge très présente dans les esprits européens autour de son rayonnement, et de sa richesse.
On considère effectivement qu’au faîte de sa grandeur, au siècle, la ville comptait 100 000 habitants. Cette ville était alors considéré comme un foyer de culture grâce à sa mosquée de Sankoré, qui faisait office d’université islamique durant l’Empire songhaï.
Ces caractéristiques faisaient alors de Tombouctou un pôle culturel, démographique et économique, par laquelle transitent de nombreux esclaves et surtout l’or du Mali.
Cette image perdure dans l’esprit des Européens, en raison des récits de voyage des lettrés musulmans médiévaux, tels qu’Ibn Battûta. Cependant, lorsque le voyageur français René Caillié arrive en avril 1828, il est assez déçu de trouver Tombouctou tombant en ruine, bien qu’il la qualifie de « la ville la plus belle qu’il [ait] vue en Afrique ».
Cependant, cette mise à jour de la situation de Tombouctou pour les Français a finalement peu d’incidence sur les représentations de la ville, et l’image de la prestigieuse ville riche en or persiste et encourage les militaires français à la conquérir à la fin du siècle. Ainsi, Gallieni la mentionne sous le titre de « célèbre cité africaine ».