B.R.E. Dupuy De Lome Equipage B 29 SEP. 2023
Pour vivre heureux vivons cachés telle pourrait être la devise du Dupuy de Lome. Un article de Var-Matin nous en révèle un peu plus sur ce bâtiment.
Le Dupuy-de-Lôme (indicatif visuel « A759 ») est un navire collecteur de renseignements de la Marine nationale française travaillant au profit de la direction du Renseignement militaire (DRM) et de la direction générale de la Sécurité extérieure (DGSE).
La première qualité pour un espion est à coup sûr la discrétion. Avec ses deux grands radomes sur son pont supérieur et sa longueur qui dépasse les 100 mètres, pas certain que le Dupuy-de-Lôme remplisse cette condition : "Il est connu de tous, c’est évident. Mais avec ce type de navire, il y a plus d’avantages que d’inconvénients" affirme Jérôme Poirot, nommé coordinateur national du renseignement à la Présidence de la République en 2009.
Actuellement quelque part en mer, le bateau, mis en service en 2006, a pour mission principale de collecter du renseignement au profit de la Direction du renseignement militaire (DRM) mais aussi de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE).
Pour cela, le Dupuy-de-Lôme est à la pointe avec ses antennes satellites : "Depuis la mer, elles interceptent des signaux électromagnétiques. Par exemple, ces données peuvent provenir de radars de surveillance aérienne ennemie. Si vous êtes dans une zone de conflit, la guerre électromagnétique vous permet d’avoir une meilleure connaissance du champ de bataille et des capacités de vos ennemis ", explique l’auteur du Renseignement français en 100 dates, aux éditions Perrin.
utre utilité du bateau immatriculé A759, sa capacité d’écoute "Il peut s’approcher de certaines zones tout en restant dans les eaux territoriales", confie Pierre Martinet, toulonnais et ancien agent de la DGSE. "Cela permet d’intercepter des communications radio. C’est un principe de base pour toute action militaire ou de service de renseignement. En effet, les opérations sont menées après avoir collecté des informations par des vecteurs électroniques ou humains", détaille l’ex-membre du service Action.
Il poursuit: "Le renseignement maritime occupe une place importante au sein de la DGSE". Mais alors, quelle est la plus-value de ce navire alors que la France dispose de six sous-marins nucléaires d’attaque (SNA) dotés eux aussi de capteurs performants et qui ont notamment joué un rôle important lors de l’intervention en Libye en 2011 ? "Les missions des SNA sont très variées, contrairement au Dupuy-de-Lôme dont la feuille de route est très claire. Dans ce cadre, il peut agir dans un temps long. Il a été très précieux durant la crise ukrainienne en 2014".
Dupuy-de-Lôme, un destin lié à Toulon
Si dans le monde du renseignement, Dupuy de Lôme rime avec bâtiment d’écoute et d’interception, à Toulon ce nom est également associé à une place située au Mourillon.
Stanislas-Charles-Henri-Laurent Dupuy de Lôme était ingénieur militaire. Sorti de Polytechnique dans le génie maritime, il commence sa carrière au port de Toulon.
Il est l'auteur de nombreuses inventions dans le domaine de la construction navale, on lui doit notamment :le premier navire de ligne à vapeur au monde, le Napoléon, lancé en 1850.
le développement du procédé de la cuirasse avec la Gloire, premier vaisseau cuirassé d'Occident (1852).
la conception, avec son ami Gustave Zédé, du premier sous-marin véritablement opérationnel, le Gymnote, lancé en 1888, soit trois ans après sa mort.
Concepteur extraordinaire, il meurt à Paris le 1er février 1885 et est inhumé à Toulon.
80 spécialistes du renseignement à son bord
Construit selon des normes civiles afin d’optimiser l’effectif de l’équipage, le bateau blanc avec ses systèmes d’interception, d’écoute et d’analyse des émissions radios et radars ne serait rien sans ses hommes. "Un effectif de quatre-vingts spécialistes du renseignement peut travailler à bord et y traiter les informations", explique l’ancien coordinateur du renseignement sous le mandat de Nicolas Sarkozy.
Permet-il d’embarquer des agents du renseignement afin de les projeter ? "Il fait 100 mètres de long, on peut trouver une couchette pour faciliter leur mise à l’eau. Ce n’est pas sa mission mais il peut être utilisé pour ça selon les opportunités", concède l’expert.
Pierre Martinet va plus loin: "Ce type de bateau peut aussi servir de soutien à certaines opérations des nageurs de combat".
Avec les SNA, des avions spécialisés et ce navire espion, très peu de pays dans le monde ont une gamme de renseignement comme celle-ci. "C’est lié aussi à la place que souhaite avoir la France sur la scène internationale", conclut Jérôme Poirot.
Construit selon des normes civiles afin d’optimiser l’effectif de l’équipage, le bateau blanc avec ses systèmes d’interception, d’écoute et d’analyse des émissions radios et radars ne serait rien sans ses hommes. "Un effectif de quatre-vingts spécialistes du renseignement peut travailler à bord et y traiter les informations", explique l’ancien coordinateur du renseignement sous le mandat de Nicolas Sarkozy.
Permet-il d’embarquer des agents du renseignement afin de les projeter ? "Il fait 100 mètres de long, on peut trouver une couchette pour faciliter leur mise à l’eau. Ce n’est pas sa mission mais il peut être utilisé pour ça selon les opportunités", concède l’expert.
Pierre Martinet va plus loin: "Ce type de bateau peut aussi servir de soutien à certaines opérations des nageurs de combat".
Avec les SNA, des avions spécialisés et ce navire espion, très peu de pays dans le monde ont une gamme de renseignement comme celle-ci. "C’est lié aussi à la place que souhaite avoir la France sur la scène internationale", conclut Jérôme Poirot.