AMIRAL MOUCHEZ et le passage de Vénus devant le soleil quelques souvenirs
Quelques cartes et plis évoquant l'amiral Mouchez envoyés lors de l'OP4 2024. Certaines cartes sont signées des descendants de l'amiral Mouchez et par Isabelle Autissier.
Barthélemy et Matthias Lambert, descendants de l'Amiral Mouchez, rendront hommage à l’expédition scientifique pionnière de 1874 en déposant une plaque commémorative sur l’île Saint-Paul.Isabelle Autissier, navigatrice, auteure et militante pour l'environnement, présidente du Conseil consultatif des TAAF. Elle donnera une conférence le 19 décembre à son retour au Kerveguen, intitulée "Entre aventure et préservation", suivie de la projection du film "Les îles Kerguelen – Aux confins du monde".
En 1874, plusieurs pays envoient des missions pour observer le passage de Vénus devant le Soleil et récolter ainsi de précieuses informations sur la distance Terre-Soleil. L’Académie des sciences envoie six missions, dont trois dans l’hémisphère Sud. Sous la conduite du capitaine de vaisseau Ernest Mouchez (no 3), une mission aux îles Saint-Paul et Amsterdam est menée du 23 septembre 1874 au 8 janvier 1875, mission à laquelle participe Charles Vélain (no 4).
Zone de mouillage St-Paul © JM Bergougniou |
Le transit de Vénus de 1874 est le premier transit de la planète du xixe siècle, huit ans avant le second en 1882. Comme les transits de 1761 et 1769 au siècle précédent, ces deux transits donnent lieu à de nombreuses observations autour du globe, afin de pouvoir mesurer précisément la valeur de l'unité astronomique, la distance entre la Terre et le Soleil. (Ch. Vélain)
la caldeira de St-Paul St-Paul © JM Bergougniou |
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Saint-Paul et Amsterdam, situées pour ainsi dire sous le même méridien (75 degrés longitude est), entre le 37e et le 38e parallèle sud, constituent un petit groupe d'îles très isolées, perdues au milieu de l'océan Indien, à plus de 5oo lieues de toute espèce de terre. Ce sont des terres hautes, absolument désertes et toujours embrumées, qui sont à peine distantes de 42 milles entre elles.
l'île St-Paul © JM Bergougniou Ce furent des pêcheurs, attirés par l'abondance extrême du poisson dans leurs parages, qui vinrent les visiter et s'y établir à différentes reprises. |
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l'île St-Paul © JM Bergougniou |
Prise de possession des îles Saint-Paul et Amsterdam, 1er et 3 juillet (extrait du journal du navire l'Olympe) : « Nous soussignés, Dupeyrat, capitaine au long cours, commandant l'Olympe, commissionné par l'arrêté du 8 juin de M. le gouverneur de l'île Bourbon afin de pavillon national, et les quelques soldats d'infanterie de marine qui composaient le poste d'occupation furent rapatriés
Entrée du cratère St-Paul © JM Bergougniou |
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Entrée du cratère caldeira St-Paul © JM Bergougniou |
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L'échancrure a 1500 mètres de large à sa partie supérieure; réduite au tiers seulement au niveau de la mer, elle est encore en partie fermée aux lames par deux jetées de galets qui, partant du pied de chacune des deux falaises, se dirigent vers l'intérieur du bassin en se rapprochant, au point de ne laisser libre qu'un chenal étroit et peu profond, large de 80 mètres, tout au plus, à la marée basse
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La mise à terre du matériel est délicate et le montage des appareil pénible. Pendant les six jours qui précédent la passage, il pleut sans arrêt...
Déjà les plus optimistes voient leurs derniers espoirs s’évanouir quand au matin du 9 décembre le ciel s'éclaircit; Durant la durée du passage, le solei reste visible. Les observations peuvent être faites dans de bonnes conditions.
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Fondé par la Convention en 1795, ce service est chargé de développer l'astronomie et ses applications à la navigation.
L'emplacement du campement et de l'observatoire St-Paul © DR |
St-Paul © DR |
Fin juillet 1874, la mission est prête et quitte Paris pour Saint-Denis de la Réunion où elle arrive le 30 août. Les hommes ainsi que le matériel sont embarqués alors sur la Dives, un aviso transport mixte de l'État commandé par le capitaine de corvette Duperre. Le 9 septembre, le navire quitte Saint-Denis pour Port-Louis à Maurice où Mouchez souhaite opérer le conditionnement de ses matériels en vue de leur débarquement à Saint-Paul.
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II estime -à juste titre- que ce port est mieux abrité que celui de Saint-Denis pour effectuer ces opérations. Quelques jours plus tard, la Dives appareille pour Saint-Paul malgré l'avis des autorités et des pêcheurs locaux qui conseillaient d'attendre encore un mois afin d'éviter la période de mauvais temps qui pourrait compromettre le débarquement à Saint-Paul. Mais Mouchez, qui a autorité sur la " Dives ", passe outre, ne voulant pas modifier le programme qu'il s'est fixé.
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Le 22 septembre, à l'approche de Saint-Paul, le navire essuie une première grosse dépression et doit mettre à la cape. En fin d'après-midi, le temps s'améliore et le navire peut venir au mouillage devant le cratère. Tous sont frappés par l'aspect très particulier de l'île et surtout par la masse imposante de l'épave de la frégate anglaise Megaera qui barre la passe. Ce transport de troupe s'échoua volontairement le 16 juin 1871 à la suite d'une importante voie d'eau.
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Après une nuit passée dans l'anxiété, car la Dives fatigue beaucoup sur son ancre, des hommes ainsi qu'un peu de matériel sont mis à terre. Mais le 24 vers 10 h 00, le mauvais temps se fait de nouveau sentir. La Dives tombe en travers, casse sa chaîne et part en dérive. Pendant trois jours consécutifs, ils vont subir une terrible dépression cyclonique ; " la plus forte tempête que j'ai jamais essuyée " dira plus tard Mouchez.
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La Dives, mauvais voilier, mais aussi mauvais vapeur, est incapable de remonter au vent dans cette mer démontée. La machine est trop faible pour étaler les coups de vent. Le navire perd une troisième ancre, mais réussit à prendre la cape dans une mer secouée par l'ouragan. Le commandant Duperre est inquiet pour l'état de son navire et de sa machine, mais doit obéir aux ordres de Mouchez, tout entier fixé sur sa mission et sa réussite. Le 28 le temps s'améliore, mais ne permet pas d'envisager un débarquement. Le 30, de nouveau la tempête se déchaîne :la drosse du gouvernail casse, et des lames envahissent le faux pont et les chambres, noyant les animaux prévus pour l'approvisionnement de la mission.
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Enfin, le 1er octobre 1874, une nette amélioration intervient après huit jours pratiquement ininterrompus de tempête. Le navire peut revenir au mouillage devant le cratère. L'épave de la Megaera a disparu, poussée dans le cratère. Le déchargement de la Dives commence aussitôt. Il va durer trois jours, car il y a deux cents caisses à mettre à terre. II est encore interrompu par un coup de vent qui oblige la Dives à dérader pendant plusieurs heures après avoir perdu sa dernière ancre.
Alors que la Dives aurait du rester au mouillage pendant la durée de la mission, Mouchez et Duperre s'accordèrent à penser que c'était trop risqué pour un navire dans un tel état. C'est ainsi que, dès le 5 octobre, Duperre fait route sur la Réunion pour réparer les avaries.
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La mission s'installe à terre dans des conditions météorologiques très difficiles. Les toitures des baraquements sont souvent emportées par le vent et la pluie quasi quotidienne compromet le succès de la mission. Cependant, le 9 décembre, après quelques minutes d'angoisse, une éclaircie se fait, fort opportunément, et le passage de la planète devant le disque solaire peut être observé dans de bonnes conditions.
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Le capitaine de vaisseau Mouchez prolonge le séjour de la mission d'un mois afin de déterminer la longitude exacte de l'observatoire nécessaire pour la publication des résultats de la mission. Le 4 janvier 1875, après avoir construit une pyramide commémorative et scellé une pierre gravée mentionnant le séjour de la mission, l'ensemble du personnel et du matériel est embarqué à bord de la Dives qui quitte Saint-Paul pour l'île Amsterdam où le navire fait escale du 5 au 7 janvier 1875 avant de regagner Saint-Denis de la Réunion.
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Sources
Observatoire de Paris
BnF Gallica
MISSION DE L'ILE SAINT-PAUL Recherches géologiques faites à Aden à la Réunion, aux îles Saint-Paul et Amsterdam, aux Seychelles par M. CH. VÉLAIN,
Vénus en vue
TAAF/IPEV
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