SS Lamoricière Aviso impétueuse naufrage
Le 6 janvier 1942 à 17 heures le paquebot " Lamoricière" de la "Compagnie Générale Transatlantique" quitte Alger pour Marseille. Le paquebot est commandé par Joseph Milliasseau et à son bord il y a 272 passagers et 120 hommes d'équipage. Les passagers sont des fonctionnaires et militaires affectés en Afrique du Nord, des résidents d'Algérie venus passer les vacances sur le continent et des enfants rentrant de colonie de vacances ou de séjours dans des familles d'accueil.
Le 7 janvier 1942 à 22h54, le paquebot capte un SOS du cargo "Jumiège" en perdition au large de Minorque. Le commandant Milliasseau décide de tenter de lui porter secours, mais le cargo demeure introuvable.
Près des iles Baléares, le paquebot fait alors face à une mer de force 9 avec des vagues de 7 mètres.
Le 8 janvier le "Lamoricière" à son tour subit de graves avaries, l'eau s'engouffre dans les soutes à charbon par les "portelones" déformées par les chocs des paquets de mer, provoquant une forte gite sur bâbord. A 17h10 le paquebot émet un signal de détresse.
Le "Lamoricière" avait été modifié pour passer d'une propulsion au fuel à une propulsion au charbon, le fuel étant réquisitionné par les troupes allemandes d'occupation. Cette modification du navire avait conduit à construire des "portelones", portes de chargement du charbon ouvertes dans la coque et présentant une étanchéité médiocre, et a pour conséquence de limiter la vitesse (vitesse max passe de 18 à 10 nœuds) et la puissance du bateau par l'utilisation du charbon qui en outre est de qualité médiocre.
Le 9 janvier, dans des vagues de 12 mètres et des vents de force 9, la gite bâbord du paquebot s'accentue, le charbon humide brûle mal et diminue encore la puissance du navire qui peine à faire face aux vagues déferlantes.
Les paquebots "Gouverneur Général de Gueydon" et " Gouverneur Général Chanzy" ainsi que l'aviso "l'Impétueuse", alertés par les messages de détresse émis par le paquebot "Lamoricière", ont rallié la zone et tentent de passer une remorque au navire en perdition. Mais toutes les tentatives de remorquage échouent.
A 16h l’aviso l’Impétueuse arrive sur les lieux et récupèrera une heure plus tard un radeau avec 15 passagers épuisés dont Maguy Dumont Courau qui, à son retour, publia le récit de ce drame. Parmi ces 15 rescapés figurait un enfant. Elle recueille sur l’Impétueuse ce bref témoignage : « Dans la cabine voisine, je vois le jeune homme blond de notre groupe. Il a 16 ans et faisait partie du groupe de l’œuvre Guynemer. Il est couché et n’a pas l’air très bien. «J’ai nagé tellement longtemps avant de rallier le radeau», explique-t-il. Tous ses camarades, ont péri sous ses yeux dans une embarcation brutalement renversée... ». Maguy Dumont Courau qui perdit son mari dans le naufrage décèdera à l’âge de 101 ans.
A 11 heures le 9 janvier l'ordre d'évacuation est donné. Les embarcations bâbord, les seules accessibles, sont mises à l'eau et des matelots courageux parviennent à sauver quelques vies, mais de nombreux passagers et membres d'équipages disparaissent dans une mer démontée.
Le 9 janvier 1942 vers 12h35 le paquebot coule à la latitude de 40°38N et la longitude de 04°38E près des côtes de Minorque.
La tragédie fait 299 victimes dont 80 membres d'équipage, y compris le commandant Milliasseau.
Les rescapés, sont recueillis par les 3 navires présents sur la zone de naufrage.
Catastrophes maritimes Le mardi, 6 janvier, le paquebot « Lamoricière » quittait Alger pour Marseille avec des passagers et une cargaison de fruits. La mer était houleuse, sans plus. Mais, dans la nuit de mercredi, le bateau en se portant au secours du cargo français « Jumièges » en détresse, fut pris dans une épouvantable tempête. Les rafales l'inclinaient dangereusement. La cargaison de fruits fut transportée de tribord à bâbord pour rétablir l'équilibre. Jeudi après midi l'eau commence à suinter à travers la coque. Les pompes entrent en action ; l'équipage et ies passagers font la chaîne et avec des sceaux travaillent à vider les cales. Le soir, une voie d'eau se déclare... Les machines sont inondées, la lumière s'éteint. Le « Lamoricière » lance le S.O.S. Le paquebot « Gouv. Général Gueydon » arrive, essaye de lui passer une haussière : en vain. Vendredi, à 11 h., un navire de guerre et le « général Ghanzy » arrivaient à leur tour. Le commandant du Lamoricière croit pouvoir faire évacuer femmes et enfants sur les trois bateaux sauveteurs. Pendant l'opération, la tempête redouble, le « Lamoricière » donne de la bande, il s'enfonce par l'arrière; à midi 40, il avait disparu. Ses passagers, son équipage étaient maintenant tous à la mer. Tragique spectacle. Des centaines d'êtres humains étaient le jouet des vagues hautes de 10 mètres. Ils disparaissaient, reparaissaient. Les trois bateaux sauveteurs ne pouvaient que croiser sur les lieux et laisser traîner en mer toutes leurs cordes et leurs filins dans l'espoir de voir les naufragés s'y accrocher. Leurs équipages travaillaient de toutes leurs forces au sauvetage : tel marin de l'Etat se fit descendre par une corde au ras des flots pour happer quelques survivants... Il y a bien des rescapés... mais il y a aussi hélas ! 290 disparus : parmi lesquels le commandant et le chef mécanicien, morts à leur poste. Du « Jumieges » au secours duquel le « Lamoricière » se portait, on n'a pas trouvé de traces. Il a été perdu corps et biens.
La Croix de la Lozère 18-01-1942
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