St-Servan - St-Malo école de Pilotage
bateaux - Le Chamois - Mutin - Ancre
CF G. D'Andigné et Paul Raux photo JM Bergougniou |
Une décision ministérielle du 23 mai 1862 de Monsieur CHASSELOUP-LAUBAT, alors Ministre de la Marine, ordonna de constituer, à bord de chaque bâtiment des trois stations navales, de véritables écoles de pilotage. Les premiers élèves ( une quinzaine ) furent recrutés en fin de 1862 et installés à terre, à HONFLEUR, dans une partie des locaux de l’ école d’ hydrographie, rue Haute.
C’ est l’ origine de l’ Ecole de Pilotage. La première tournée de pilotage fut effectuée à bord de l’ aviso « BISSON », commandé par le Capitaine de Vaisseau MOULAC, au printemps de 1863, entre DUNKERQUE et LORIENT, puis les élèves furent répartis sur les bâtiments des divisions du littoral Nord. Leur instruction y fut, parait-il, mal dirigée et mal contrôlée. Le Pilote-Major HEDOUIN, qui connut cette époque, prétendait que les élèves faisaient plus de fourbissage que de pilotage. En 1864, l’expérience fut poursuivie et elle aurait probablement échouée. Mais le Capitaine de Vaisseau MOULAC fut promu au grade de Contre-Amiral au cours de cette même année et nommé Directeur du Personnel. Il prépara un projet de décret qui prévoyait la création d’ une école de pilotage dans chacune des divisions navales du Nord et de l’ Ouest.
Malgré une opposition initiale de la commission chargée de l’ étude du projet, le Contre-Amiral MOULAC, soutenu par l’ Amiral JURIEN de la GRAVIERE, réussit à persuader les membres du conseil d’ amirauté de la nécessité de former des pilotes dans une école supérieure.
Un nouveau projet fut préparé par le Commandant CORNULIER-LUCINIERE, discuté et approuvé à la séance du 5 août 1864. Le décret ministériel, portant institution d’ école de pilotage et de pilotes brevetés ne fut cependant signé que le 14 juillet 1865. Une école de pilotage était créée dans chacune des divisions navales de la Manche et de l’ Océan Atlantique, sous le direction supérieure du Commandant de ces divisions.
L’organisation de l’ECOLE DU NORD fut activement poussée. Elle utilisa d’ abord les locaux de l’école d’hydrographie de HONFLEUR jusqu’en 1867, puis à cette date fut transférée à SAINT-SERVAN sur MER dans les locaux de la gendarmerie maritime, immeuble situé à proximité de l’ arsenal, dans l’ anse SOLIDOR.
En 1864, un bâtiment annexe « LA MUTINE », chaloupe canonnière gréée en trois mats goélette, fut affectée à l’ école pour assurer les croisières de pilotage. En 1865, LA MUTINE, dont la machine de dix chevaux ne pouvait la propulser qu’à une vitesse de trois nœuds fut remplacée par le « FAON, aviso de 2ème Classe mixte à hélice. Il reste affecté à l’ école jusqu’ en 1877, date à laquelle il fut remplacé par le « CROCODILE », puis par l’ « ELAN » en juillet 1878.
FUSION DES DEUX ECOLES En 1882, une quarantaine de pilotes avaient été formés par les deux écoles et on constata que les pilotes du Nord obtenaient facilement le brevet de pilote de l’Ouest. Le décret du 11 juillet 1882 porta création d’une école de pilotage unique sur proposition de l’ Amiral JAUREGUIBERRY alors ministre de la marine. La durée des cours était portée de trois à cinq ans.
L’ école de l’ Ouest fut supprimée. Les instructeurs et les élèves embarquèrent alors sur l’ « ELAN », qui resta affecté à l’Ecole de Pilotage de la Flotte jusqu’en 1906, date à laquelle il fut remplacé par le « CHAMOIS » aviso mixte à deux mats.
« LE PILOTIN » fut remplacé en 1883 par un nouveau cotre : le « MUTIN » et, en 1884, un deuxième cotre identique, le « RAILLEUR » fut affecté à l’ Ecole. Ces deux cotres construits chez Augustin Normand, au Havre, devaient rester en service ( à l’école ), le premier jusqu’en 1925, le deuxième jusqu’ en 1927. ( On retrouve plus tard le Pilotin comme cotre garde-pêche à Douarnenez.) En 1890, l’ école à terre fut transférée au 2ème étage de l’ immeuble, construit 60 ans plus tôt pour être le magasin de la garniture de l’arsenal de saint Servan et qui abrita l’ école jusqu’en 1965. A la disparition, vers 1903, de la défense mobile qui utilisait le reste du bâtiment, l’ école de pilotage occupa le premier étage et le rez-de-chaussée. Plus tard, vers 1910, le grenier fut aménagé en salle d’étude et l’immeuble devint ainsi l’ ECOLE de PILOTAGE bien connu des Servannais aujourd’hui Malouins.
Le fonctionnement de l’ école fut interrompu en raison de la première guerre mondiale. de août 1914 à août 1919. A sa réouverture, l’ Ecole se vit réaffecter le « CHAMOIS » et ses deux cotres « MUTIN » et « RAILLEUR », plus un vieux torpilleur l’ « AUDACIEUX » remplacé en 1920 par l’ « ALERTE », navire plus rapide qui permettait de développer l’ enseignement de la navigation pratique plus loin de la côte avec atterrissages.
Cependant le « CHAMOIS » commençait à vieillir et nécessitait des réparations de plus en plus fréquentes. A la demande du Capitaine de Frégate DARLAN, alors commandant de l’ Ecole, il fut remplacé en 1924, par l’ aviso « ANCRE » navire plus rapide et tenant bien la mer.
La décision ministérielle du 15 novembre 1923 permettait d’ alléger sensiblement le programme de pilotage ( 521 alignements sur 2693 furent considérés comme « supplémentaires » ) et de réduire la durée des cours de 5 à 4 ans. Parallèlement, en 1927, on voyait apparaître les « livres de pilotage » imprimés, alors que jusqu’ à cette époque, les élèves rédigeaient eux-mêmes leurs carnets de pilotage.
La décision ministérielle du 15 novembre 1923 permettait d’ alléger sensiblement le programme de pilotage ( 521 alignements sur 2693 furent considérés comme « supplémentaires » ) et de réduire la durée des cours de 5 à 4 ans. Parallèlement, en 1927, on voyait apparaître les « livres de pilotage » imprimés, alors que jusqu’ à cette époque, les élèves rédigeaient eux-mêmes leurs carnets de pilotage.
En 1927, les deux cotres furent remplacés par un seul, plus important, le Dundee « MUTIN » construit aux Sables d’ Olonne. ( Le premier Mutin versé à l’ Ecole Navale, dès 1924 devait y être rebaptisé « Sylphe », le » Railleur « y fut versé à l’arrivée du nouveau cotre et conserva son nom).
L‘ « ANCRE », navire construit en 1917 / 1918 devait être remplacé en avril 1939, par l’ aviso-dragueur « CHAMOIS » qui ne devait naviguer que quelques mois pour l’ Ecole de Pilotage puisqu’ en raison de la deuxième guerre mondiale, le fonctionnement de l’ école fut à nouveau interrompu de septembre 1939 à avril 1946.
Au cours de la seconde guerre mondiale, le C.F. DYEVRE, commandant la Marine en Tunisie et ancien commandant de l’ école, proposait, à la fin d’ août 1940, que tous les anciens élèves de l’ école soient rassemblés à BIZERTE, pour les préparer à obtenir, dès que les circonstances le permettraient, leur brevet de pilote et de les utiliser, en attendant, comme chef de quart sur les bâtiments armés. Il obtint donc l’ autorisation du département au début de l’ année 1941. Les 29 élèves et 5 second-maîtres pilotes en stage furent rassemblés, en mars et avril 1941, et installés dans les locaux du Centre de sous-marins à BIZERTE.
Le Mutin - photo JM Bergougniou |
Le Mutin - photo JM Bergougniou |
L’ instruction commença le 1er mai 1941, sous la direction du Commandant DYEVRE. Un examen eut lieu en septembre, à l’ issue duquel les second-maîtres stagiaires furent reconnus admissibles au grade de Maître. Les élèves de 3ème année et 4ème année furent versés au service général pour être utilisés en tant que chef de quart. Les élèves de 1ère et 2ème année furent maintenus en instruction jusqu’ au 1er octobre 1942, date à laquelle intervint la dissolution du groupe qui s’intitulait « Groupe des élèves pilotes de Bizerte ».
Après la seconde guerre mondiale, peu après l’ armistice, la Marine obtenait l’ autorisation de réouvrir ses écoles de spécialités. La réouverture de l’ école de pilotage ne pouvait être envisagée, en raison de l’impossibilité de faire naviguer un bâtiment sur les côtes Nord et Ouest de la France. La réouverture officielle n’eut lieu que le 1er avril 1946.
Il fallait cependant trouver un bâtiment annexe. Le Département avait bien décidé d’ achever l’ aviso « BISSON », qui, mis sur cale à Lorient le 1er mars 1939, avait échappé à la destruction, mais il ne pouvait être achevé qu’ en 1947. C’est donc l’ aviso « COMMANDANT DELAGE » disponible à Toulon, qui fut affecté à l’école. Mais il fut immobilisé par une avarie fin août 1946, et la corvette « RENONCULE », commandée par le L.V. CORNEC fut mise à disposition de l’ école jusqu’ à fin octobre-début novembre, tandis que le « Commandant Delage » était affecté en Indochine.
Au début de 1947, la décision fut prise d’envoyer aussi le « BISSON » en Indochine, et l’ école se vit affecter un ex dragueur allemand M 40, le « M 275″ propulsé au charbon. Ce navire était constamment en avarie.
Il fut remplacé fin 1947 par un autre ex dragueur allemand de la classe M 35, ( propulsion au mazout ) le « M 252″ qui reprit le nom de « ANCRE ».
Malgré plusieurs fortes alarmes quant à sa survie en 1946, 1951 et 1956, l’ école de pilotage vécut encore 19 années. En 1953 cependant, la durée des cours fut ramenée de quatre à trois ans et pour alléger la charge des élèves, on vit apparaître les photocopies de cartes réduites et les plans de ports imprimés.
En août 1964 tombait la décision fatale : l’ Ecole n’ avait plus qu’un an à vivre et devait être définitivement fermée, le 1er août 1965, alors que la France s’était retirée du commandement de l’ OTAN, et qu’elle se tournait vers la Force de Dissuasion Nucléaire.
L'Ancre à quai à Saint-Malo |
Le « BISSON » étant lui aussi bien « fatigué », c’est le dragueur océanique « BERNEVAL » qui assura la dernière croisière de printemps et la dernière croisière d’ examen de printemps-été 1965. Les élèves en formation étaient en sursis. Ceux qui entraient en 3ème année terminèrent leur cycle normal; ceux qui commençaient leur 2ème année eurent un programme accéléré qui devaient les amener à passer le même examen que leurs ainés; quant à ceux qui étaient admis en 1ère année, leur formation fut réduite à une formation de chef de quart élaborée.
Ce qu’ils avaient pratiqué à l’ Ecole leur permettait quand même de bien connaître la côte et ses amers, et pour leur assurer la pratique du quart, le « BERNEVAL » ne prenait plus à l’ heure du déjeuner qu‘ un mouillage fictif, et pendant quelques heures, faisait du « bornage » hors du réseau de pilotage. Les Pilotes de la Flotte brevetés continuèrent à porter leurs insignes, jusqu’ à extinction bien qu’un décret de février 1967, créant la spécialité de « Chef de Quart », leur attribua aussi cette appellation, ( avec mention « pilote » ). Le dernier « Pilote de la Flotte » cessa son activité le 20 septembre 2000. Ainsi s’achevait, dans une certaine nostalgie, plus d’un siècle d’histoire de pilotage.
L’histoire n’était cependant pas terminée …
En 1976, une équipe d’anciens décidait de créer une amicale : » L’Amicale des Pilotes de la Flotte.
En 1976, une équipe d’anciens décidait de créer une amicale : » L’Amicale des Pilotes de la Flotte.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire