27 juillet 2013

AGNES 200 navire expérimental DGA DCN A786 catamaran

 AGNES 200
Navire à effet de surface


L'AGNES 200 (AG symbolise un alliage aluminium-magnésium, NES = Navire à Effet de Surface, 200 = 200 tonnes) est un catamaran expérimental commandé par le ministère de la Défense le 18 février 1988, pour évaluer le concept d'emploi du navire à effet de surface. 

Ce fut en 1992 le plus gros navire à effet de surface à vocation militaire. Ce prototype, conçu par DCN, est développé et construit à Cherbourg avec la SNACH (Société Nouvelle des Ateliers et Chantiers du Havre) et les CMN (Constructions Mécaniques de Normandie). L'AGNES 200 a été lancé le 2 juillet 1990.



Il faut remonter à 1972 pour trouver trace en France des premiers travaux de recherche effectués pour aboutir à la construction d'un Navire à Effet de Surface (NES). Dix ans plus tard, la DCN lance et expérimente un premier modèle de 5 tonnes, baptisé Molènes. Et en 1984, les ministères de la Défense, de l'Industrie et de la Recherche lancent le projet NES 200. Le projet aura coûté 200 millions de francs.





L'AGNES 200 a été testé pendant 20 mois par la Marine jusqu'au 13 mars 1992. Il parcourt 4800 nautiques et dépasse à de nombreuses reprises les 40 nds dont un record à 44 nds - Lorient/Cherbourg en 8 heures- avant de revenir dans son chantier d'origine de Cherbourg.
En 1992 il participe au transport de passagers sur les lignes transmanche. Exploité par la Cie française Advanced Channel Express (ACE), il transporte, du 18 juillet au 20 septembre 1992, 15 000 passagers entre Fécamp-Dieppe (France) et Brighton (Grande-Bretagne), traversant la Manche en 2 heures en embarquant 193 passagers à plus de 30 nds.





Après plusieurs années passé sur ber en attente, l'AGNES 200 effectue en septembre 2005 un carénage au chantier des Constructions Mécaniques de Normandie à Cherbourg. Les CMN réfléchissent à plusieurs pistes pour sa réhabilitation, off shore, yacht, transport de passagers.

Le 24 mars 2006, l'AGNES 200 est chargé à Cherbourg sur le cargo Palmyra à destination d'Abou Dhabi. L'AGNES 200 a été vendu sur le marché des Emirats Arabes Unis.



Les coussins d'air sont des systèmes de sustentation d'engins tels que les aéroglisseurs. Associés à des propulseurs à jets d'eau (hydrojets), ils permettent aux navires dits à "effet de surface" (navires qui rasent la surface de l'eau) de se déplacer : il faut d'abord gonfler d'air les coussins à l'aide de puissants ventilateurs afin de maintenir le navire en suspension et ainsi réduire sa force de frottement, puis deux puissants jets d'eau placés à l'arrière propulsent le navire par réaction.
Deux gros ventilateurs envoient de l'air sous pression entre les coques latérales du navire et ses jupes avant et arrière. Un coussin d'air se forme, qui soulève 70% du bateau. Seules les coques plongent dans l'eau, ce qui réduit l'effet de freinage exercé par la mer. En ce qui concerne la propulsion proprement dite, cette dernière est assurée par des moteurs diesel classiques et des hydrojets pompant l'eau à l'avant de la jupe arrière pour la rejeter ensuite à l'arrière du bateau.




sources :

Le navire rapide, Agnes 200 cherche des débouchés civils
Les Echos n° 16084 du 25 fevrier 1992 • page 13 
Un prototype de navire rapide, Agnes 200, construit par les chantiers de Cherbourg, a été présenté hier à des armateurs par Jean-Yves Le Drian, secrétaire d'Etat à la Mer.

De notre envoyé spécial à Lorient
Après un an d'essais en mer, le démonstrateur Agnes 200 réalisé par les Constructions mécaniques de Normandie (CMN) pour le compte du ministère de la Défense se retrouve sans client. La marine nationale en effet, du fait des restrictions budgétaires, ne commandera pas un seul exemplaire de ce navire conçu initialement pour la lutte anti-sous-marine. L'ensemble de ce programme de recherche, lancé en 1984, aura tout de même coûté 200 millions de francs, pris en charge pour l'essentiel par le budget des armées.
Technologiquement, ce prototype semble s'être imposé et avoir donné toute satisfaction. Ce catamaran de 250 tonnes peut se déplacer sur coussin d'air et filer alors, grâce à ses « hydro-jets », à une vitesse de 40 neouds (70 km/h). Mais il lui reste à démontrer sa viabilité économique dans une version civile. C'est une des raisons pour lesquelles le ministre de la Mer a proposé à plusieurs armateurs (intéressés par des liaisons inter-îles ou continent-île) de tenter une exploitation commerciale du navire. Celui-ci, transformé en version transport de passagers (150 maximum), serait prêté pendant la saison estivale à la compagnie qui assumerait tout ou partie des frais d'exploitation.
Par ailleurs les retombées de cette expérience devraient bénéficier au programme Mentor sur les navires de transport océanique rapides lancé l'an dernier par le ministère de la Mer avec les Chantiers de l'Atlantique, la CGM et l'Ifremer. Un programme qui ambitionne de lancer sur les océans des grosses unités pouvant aller jusqu'à 150 km/h.André Ravier, nouveau patron des Chantiers de Cherbourg, ne désespère cependant pas de trouver dans les mois qui viennent des clients militaires pour une version plus grosse (Agnes 300) de ce prototype qui, pour la première fois dans l'histoire des marines, a réussi, à plus de 60 km/h, à faire apponter un hélicoptère. Cette version militaire pourrait être lancée avant la fin de l'année si le client -un Etat du Golfe- confirme son intérêt. Le contrat permettrait à CMN, qui sort d'une passe difficile, de garder une longueur d'avance sur ses principaux concurrents, en particulier nordiques.
Philippe Moreau

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