En 2025, la Marcophilie navale célèbre quarante années d’existence. Fondée à Bordeaux en 1985 par le Dr Jacques Mériaux, Monique Emzivat et Gérard Schmidt, l’association s’est donnée pour mission de préserver, étudier et faire découvrir la richesse de l’histoire postale maritime française et internationale.
Depuis sa création, elle rassemble passionnés, chercheurs, collectionneurs et amoureux du patrimoine naval, autour de thématiques telles que les marques postales maritimes, les cachets de bâtiments, l’histoire des lignes de navigation, ou encore la philatélie liée à la Marine nationale.
Au fil de quatre décennies, la Marcophilie navale est devenue une référence dans son domaine : publications, conférences, expositions, collaborations avec musées et institutions, animations lors d’événements philatéliques et maritimes… Autant d’actions qui ont contribué à faire vivre et rayonner un pan essentiel de notre mémoire maritime.
Ce 40ᵉ anniversaire est l’occasion de rendre hommage à ses fondateurs, à tous les bénévoles et membres qui ont porté l’association, et à l’esprit de passion et de transmission qui anime encore aujourd’hui la Marcophilie navale.
Assemblée générale du 23 novembre 1985.
143 membres présents ou représentés ont validé la première assemblée générale statutaire de l'association dont le rôle principal. Était l'élection des membres du Conseil d'administration. Ont été élus. Messieurs Berrué (Talence), Coulange (Versailles), Courcelle (Ruons), Crozon (Brest), Madame Emzivat (Toulon) Messieurs Lagarde (Eysines), Laudrin (Brest), Madec (Brest), Mériaux (Bordeaux), Schmidt (Toulon).
Carte du cuirassé Richelieu via Marseille Etranger sur une carte interzones 1942
Encore une carte interzones Pétain 80c qui ne paie pas de mine mais qui est fort interessante... car elle provient du cuirassé Richelieu à Dakar en 1942.
Essayons de retracer l'histoire des cartes interzones de 1942 et la correspondance du cuirassé Richelieu depuis Dakar via Marseille – Gare Étranger.
Petit rappel
Flamme Marseille Gare 18-IV-1942/ Sarcelles 23-4-42 Timbre Pétain 80c tampon triangulaire T Taxe à percevoir 50 centimes le tarif passe le 5 janvier 1942 de 80 centimes à 1,20 franc
Pendant la Seconde Guerre mondiale, les liaisons postales entre les territoires de l’Empire français, les forces navales stationnées outre-mer et la métropole sont sévèrement restreintes. À partir de 1940, seules des cartes interzones, formulaires très réglementés et soumis à la censure, permettent encore un échange minimal entre marins et familles.
Rôle et caractéristiques des cartes interzones
Les cartes interzones sont des documents postaux officiels, préimprimés et limités en espace d’écriture, destinés à maintenir un lien strictement contrôlé entre des zones séparées par la guerre.
Elles étaient soumises à la censure militaire et civile, limitées à un texte très court, réservées aux échanges entre territoires occupés, zones non occupées et colonies,
acheminées par des circuits très spécifiques et souvent lents.
Le cuirassé Richelieu et les contraintes postales à Dakar
Arrivé à Dakar en juin 1940, le cuirassé Richelieu se trouve isolé du reste de la Marine française et soumis aux directives du gouvernement de Vichy.
Les communications avec la France sont rares, strictement réglementées, dépendantes des lignes postales coloniales, systématiquement contrôlées.
Tout courrier destiné à la métropole passe obligatoirement par : Marseille – Gare Étranger, le grand centre de tri du courrier colonial, militaire et maritime.
Cachet “MARSEILLE – GARE ÉTRANGER” du 18-IV-1942
Au 18 avril 1942 le Richelieu est toujours immobilisé à Dakar et n’a pas encore rallié les Forces Navales Françaises Libres (ce qui n’aura lieu qu’en novembre de la même année).
Ce cachet indique le passage obligatoire dans le bureau de tri spécialisé dans le courrier colonial, les correspondances navales, les cartes interzones.
Taxe postale de 50 centimes
La carte est frappée d’une marque “T” (insuffisance d’affranchissement), d’un timbre-taxe de 50 centimes,
d’un timbre à date annulant le timbre taxe - Sarcelles - 23-4-1942.
Le tarif de 50 c. correspond à la pénalité appliquée lorsque : l’affranchissement était irrecevable pour une carte interzones, ou que le formulaire utilisé ne respectait pas parfaitement les règles imposées.
L’affranchissement initial d’un timbre Pétain 80 c n’entrait pas dans les normes strictes des cartes interzones. D’où l’application automatique de la taxe à l’arrivée.
Expéditeur : un matelot armurier du Richelieu
La partie manuscrite qu'il faut déchiffrer pour la deuxième ligne :
« Matelot armurier / Marif. A.B.L. / Richelieu – par Marseille-Gare Étranger / France »
Ce type d’adressage est typique des forces navales stationnées hors de France : le marin mentionne son bâtiment, et la Poste redirige automatiquement via Marseille-Gare Étranger.
Parcours postal probable
Rédaction à bord du Richelieu et transmission via la Poste navale de Dakar
Censure locale (coloniale ou militaire)
Acheminement maritime ou aérien vers la métropole via le Maroc
Entrée en France → Marseille – Gare Étranger le 18 avril 1942 - passage de la ligne de démarcation vers Sarcelles - Application de la taxe de 50 c à Sarcelles - Distribution au destinataire en métropole
le texte
Bord le 12 avril 1942.
Chers parents, un petit mot pour vous donner de mes nouvelles qui sont toujours bonnes. Pour René Aubry, c'est lui même qui doit m’envoyer une feuillet pour que je puisse lui expédier du bord ou payer les cigarettes 35 francs les 25 paquets, Il y en a à volonté. Si il n'était pas possible d'en expédier, papa fumerait toutes la journée. J'ai envoyé 5 kilos de café chez Valen. Comme il m'avait donné 100 francs et que j'ai payé 130, il vous en enverra 1 kilog quand il l'aura comme ça on sera quitte. Dites-le lui. Je suis en train de faire un colis de savon, il partira dans le courant de la semaine. Je vous quitte en vous embrassant tous les deux.
Correspondance des armées Toulonartillerie de front de mer
« Partout où l’on se battra, il y aura des canonniers marins. Il y aura la Marine, devrais-je dire, car tous les corps de la marine militaire et marchande rivalisent de zèle pour vous fournir des cadres et des soldats.
Les cadres!
Ce sont des officiers de vaisseau (de l’active et de la réserve), des officiers des équipages, des officiers mécaniciens, des ingénieurs du génie maritime et de l’artillerie navale, des ingénieurs hydrographes, des commissaires, des professeurs d’hydrographie, des administrateurs, des capitaines et lieutenants au long cours et au cabotage; tous gens de cœur, et techniciens émérites. Des canonniers ! Ce sont des matelots ou d’anciens matelots, et c’est tout dire! Leur bravoure, leur tenue, l’amour de leur matériel sont légendaires dans les Armées; ils y sont l’exemple du soldat!
Général Buat
Le 5e arrondissement maritime dont le port chef-lieu est Toulon, préfecture maritime et place de guerre dont la défense est vitale pour la Marine :
« L’importance de Toulon, au point de vue maritime, résulte de son emploi :
comme base d’opérations navales,
comme abri pour escadres,
comme base de ravitaillement et centre de construction. »
Toulon doit à cette particularité d’être sous un commandement mixte. La place est en effet commandée par le vice-amiral préfet maritime, qui est à la fois préfet maritime, gouverneur et commandant d’armes.
Dans sa fonction de gouverneur, il est secondé par un général adjoint ayant la haute main sur la défense terrestre, les batteries de côte et les troupes de la Guerre affectées à la place et par un contre-amiral, commandant le front de mer, ayant autorité sur les défenses fixes (estacades, mines, éclairage, etc.) et les flottilles côtières.
Cet enchevêtrement de compétences est la conséquence du décret du 18 septembre 1904, modifié par le décret du 15 mars 1912.
Le front de mer de Toulon s’étend d’est en ouest entre le cap Nègre (4 km à l’est du Lavandou) et la sèche d’Alon (4 km à l’ouest de Bandol) .
Il comprend les ouvrages des îles (Port-Cros et Porquerolles), de la rade d’Hyères (Brégançon, Mauvanne et Giens), de Carqueiranne, de Cépet, des Sablettes (presqu’île de Saint-Mandrier) et des passes (petite et grande rades de Toulon).
Toutes ces batteries appartiennent à la Guerre et sont d’une conception ancienne : les matériels et positions sont issus des travaux de la commission d’études pour la défense du littoral de 1888, révisés par la note ministérielle du 10 juillet 1905. Cette vétusté est illustrée par l’approvisionnement en poudres et munitions : à l’exception des ouvrages de la Croix des-Signaux et de Cépet, toutes les batteries sont approvisionnées en poudre noire…
Les défenses de Toulon sont établies en trois secteurs et un « noyau central ». Ce dernier regroupe l’arsenal et la ville, surplombée au nord par le Faron. Il correspond à une vision étendue de la ville telle qu’elle existe depuis les travaux de Vauban.
Les ouvrages du mont Faron lui appartiennent, formant une barrière géographique et militaire contre toute attaque de terre provenant du nord. Autour de ce noyau central se développent trois secteurs rayonnant depuis la rade. Le secteur 3, compris entre Bandol et le fond de la petite rade, regroupe notamment les ouvrages de la presqu’île de Saint-Mandrier, de Sicié, de Six-Fours et du Cerveau. Plus à l’ouest, le secteur 2 comprend le mont Caume et le Croupatier. Enfin, vaste secteur oriental, le 1re s’étend du Coudon au Cap-Nègre, embrassant la Colle Noire, Giens, la rade d’Hyères et les îles.
L’organisation défensive de la place de Toulon est classée en attaques provenant de la mer ou de la terre, les premières étant de quatre types :
Le bombardement de l’arsenal et des navires en rade pourrait être entrepris par des navires évoluant, tant à l’ouest, du côté de la Pointe Nègre, qu’au sud, vers Sicié ou Cépet, ou encore à l’est, vers la Colle Noire. Afin de s’en protéger, il est nécessaire de disposer d’ouvrages battant le large vers Sicié et Cépet, interdisant le mouillage tant au sud de la Colle Noire qu’à l’ouest de Six-Fours.
L’attaque directe de l’arsenal et des navires en rade par une flottille de torpilleurs et de destroyers. Contre cette menace, il faut disposer d’une artillerie secondaire à tir rapide défendant les passes, notamment à partir de la presqu’île de Cépet, laquelle commande aussi bien la Grande Rade que le sud du cap Cépet.
Le blocus de la place par une force navale supérieure stationnant en rade d’Hyères. Il est donc essentiel d’en interdire le mouillage par des batteries à grande puissance et maintenir libre l’accès à la rade de Toulon d’où pourront surgir les flottilles de torpilleurs et sous-marins tentant de harceler des bâtiments stationnant vers les îles.
Le débarquement aux ailes, c’est-à-dire la mise en œuvre d’une force expéditionnaire soit à l’est vers Bormes et Hyères, soit à l’ouest vers Bandol et Sicié.
Le risque majeur demeure une attaque combinant ces quatre types d’opérations pour investir la place et neutraliser les forces navales françaises. Tirant la leçon de l’attaque japonaise menée sur Port-Arthur avant la déclaration de guerre, l’état-major français estime que :
« Les défenses du port doivent, en conséquence se trouver à tout moment, en mesure de s’opposer à une pareille entreprise, sans qu’on ait à exécuter des travaux exigeant un temps que l’ennemi pourrait ne pas accorder. […] Contre une attaque par mer, qui se produirait immédiatement, la Place disposera :
des batteries de côtes ;
des éléments de la défense maritime comprenant :
la défense fixe (barrage des passes et torpilles) ;
la défense mobile (torpilleurs et sous-marins) ;
les moyens d’information (sémaphores, postes de reconnaissance de jour et de nuit – feux de reconnaissance – poste de surveillance avancée – postes d’entrée de rade – bâtiments d’arraisonnement affectés en permanence ou temporairement au service de la reconnaissance, postes de TSF).
La défense des ailes, particulièrement la rade d’Hyères et les îles, revêt un caractère très sensible. La crainte d’un débarquement dans cette zone, d’un investissement des îles ou encore de la constitution d’une base arrière en rade pour conduire un blocus, puis une attaque par terre et par mer de la place, amène l’état-major de Toulon (Marine et Guerre) à organiser très sérieusement la défense du secteur compris entre le cap Nègre et la presqu’île de Giens :
−Dès la « période de tension politique » la surveillance du littoral est exercée par des détachements de douaniers positionnés au cap Nègre, au Lavandou, aux Bormettes, aux salins d’Hyères et aux Pesquiers. Cette surveillance est complétée par un réseau de communication comprenant les sémaphores, les postes téléphoniques des douanes et ceux « des ouvrages et bureaux civils les plus voisins20 ». L’infanterie dispose à ce moment d’une compagnie au Lavandou, une aux Salins et une de renfort à la Londe. Cette surveillance est complétée par la « garde des points importants du littoral » par un groupe spécial de réservistes territoriaux :
le sémaphore du cap Sicié ;
le phare et le sémaphore du cap Bénat ;
le phare du Titan sur l’île du Levant ;
les guérites d’atterrissement de la plage de l’Avis (île du Levant), de la plage de l’Aiguade (Porquerolles), de la Tour Fondue (presqu’île de Giens) et de l’anse de la Tripe (cap Bénat) ;
le sémaphore, le phare et le poste de TSF de Porquerolles.
Service de renseignementS aux familles Annecy Menthon St-Bernard Guerre 1939-1945 Marine
Déjà en 1914 un bureau de renseignements des familles centralise les informations relatives aux blessés, aux disparus et aux soldats français prisonniers.
La correspondance entre la zone occupée et la zone non-occupée sont interdites depuis l'armistice du 22 juin 1940. Les autorités allemandes fixent la reprise de la correspondance interzones au 1er août 1940, mais les modalités de la correspondance familiale ne sont pas encore en place.
Les modalités de mise en place de la correspondance familiale interzones sont précisées dans la note E.P.1 du 23 septembre 1940
utilisation de formulaires spécifiques exclusivement imprimés et mis en vente par l'administration.
interdiction d'ajouter des timbres-poste. interdiction d'ajouter des mentions en dehors de espaces prévus.
A partir du 2 juin 1941, les cartes postales ordinaires de type entier postal sont autorisées pour la correspondance interzones.
En France les entiers suivants seront successivement utilisés :
Iris 80c - Pétain 80c - Pétain 80c avec griffe encadrée complément de taxe perçue (changement de tarif du 5 janvier 1942) - Pétain 1F20
En 1942 un service dépendant du ministère des colonies est mis en place.
Le 11 novembre, à 4 h du matin Pierre Laval, en visite à Munich, est informé de la décision de Hitler de l’occupation totale de la France. Pétain en est également informé par une lettre personnelle du Führer. À 5 h 25, Hitler ordonne à ses troupes de traverser la France pour occuper la côte de la Méditerranée et participer avec les Italiens à la « protection » de la Corse.
À 7 h, Radio Paris diffuse « un message du Führer au peuple français » :
« […] L’Armée allemande ne vient pas en ennemie du peuple français, ni en ennemie de ses soldats. Elle n’a qu’un but : repousser, avec ses alliés, toute tentative de débarquement anglo-américain. Avec l’Armée française, ils entreprendront la défense des frontières françaises contre les attaques ennemies. »
Le 11 novembre 1942, le contre-amiral Gabriel Auphan avait donné l'ordre aux deux amiraux de Toulon de :
s'opposer, sans effusion de sang, à l'entrée des troupes étrangères dans les établissements, bases aériennes, ouvrages de la marine ;
s'opposer de même à l'entrée des troupes étrangères à bord des bâtiments de la flotte ; par des négociations locales, s'efforcer d'arriver à un accord ;
en cas d'impossibilité, saborder les bâtiments.
C'est cette dernière solution qui sera appliquée, dans la nuit du 26 au 27 novembre 1942, les amiraux André Marquis et Jean de Laborde ayant appris que les Allemands étaient sur le point de tenter un coup de main sur la flotte.
11 novembre 1942 : A la suite du débarquement anglo-américain en Afrique du Nord, invasion de la "zone non occupée" par les Allemands. Les Italiens occupent une grande partie du Sud-Est.
Les anciennes "zone occupée" et "zone non-occupée" porteront rapidement le nom de "Zone Nord" et de "Zone Sud".
Le courrier venant par l'étranger est censuré par les Allemands à Paris (censure "x"), à Lyon (censure "l") et à Bordeaux (censure "y").
1er janvier 1943 : L'Agence Économique des Colonies prend en charge le Service de Renseignements au Familles.
10 février 1943 : Accord des autorités allemandes pour la reprise du trafic de télégrammes familiaux entre les zones occupées et non-occupées d'une part et l'Indochine par voie radiophonique.
Carte Postale en FM - cachet sur 4 lignes Service des Renseignements aux familles Préfecture Maritime Flamme Toulon 8-V-1943
DÉBUT 1943 : L'envoi de télégrammes par la voie officielle est possible pour les civils par l'Agence Économique des Colonies, à raison d'un message trimestriel de sept mots et pour les militaires à raison d'un message mensuel par la Direction des Services Militaires à Chamalières.
Pli privé référence 169X destiné au sous-marin Protée ayant rallié la force X à Alexandrie
1er Juillet 1943 : La population civile d'indochine est autorisée à expédier un télégramme par mois et par famille.
PAR LE SERVICE (MILITAIRE) DE RENSEIGNEMENTS AUX FAMILLES SITUÉ A TOULON
Les familles peuvent répondre par le même canal à raison d'un message de 10 mots par mois.
Les premiers messages de 1941 sont envoyés sur carte postale Iris avec texte "au tampon". Puis ce sera des cartes pré-imprimées en franchise militaire.
Carte en FM Cachet Arrondissement maritime de Toulon Service des renseignements aux familles replié Hotel des Alpes Annecy (Haute-Savoie) Flamme CRAG 2 22-XII-1943
La Haute-Savoie se trouve d’abord en zone libre (jusqu’en novembre 1942), administrée par le régime de Vichy. Après le 11 novembre 1942, la région est occupée par l’Italie jusqu’en septembre 1943, puis par l’Allemagne.
Verso référence S.1427 de l'ingénieur mécanicien de 1ere classe à Unité Marine Saïgon daté de Annecy le 22-12-43
Hôtel des Alpes Annecy
message d'Emile Binois Ingénieur mécanicien à Saïgon Marine transmis par le service des renseignements aux familles replié à Menthon St-Bernard TàD 20-4-1944
Toulon rayé remplacé par Menthon message expédié le 5-4 référence S.376
Les messages télégraphiques et les messages radio
Toulon sur Mer 10-XII-1941
Outre les courriers échangés, les marins avaient la possibilité de communiquer avec leur famille par le biais de télégrammes et de messages radio.
Les télégrammes personnels étaient acheminés (au moins durant les débuts de l’internement) via la poste égyptienne d’Alexandrie.
Référence P113 Pégase à Saïgon
De plus la note parue dans l’Ouest-Eclair évoque la possibilité de profiter d’un télégramme groupé. Celui-ci était échangé entre le Service des Renseignement aux Familles de la préfecture maritime de Toulon et le poste radiotélégraphique du navire-amiral Duquesne.
Envoi de Toulon SRF Toulon Préfecture maritime 18-XI-1942
Le S.R.F de Toulon retransmettait aux familles les messages reçus d’Alexandrie via un modèle d’entier postal repiqué. Le S.R.F recevait les messages à transmettre au moyen de cartes interzones ou d’un courrier en franchise.
La fin du carénage du Pégase a lieu en , un mois après l'entrée en guerre des Japonais. Des négociations ont lieu pendant plusieurs mois pour permettre le retour du sous-marin en métropole, qui est finalement prévu le . Mais le débarquement allié en Afrique du Nord le pousse les Japonais à annuler puis à suspendre le départ
Ce mode de communication n’était pas spécifique aux messages échangés avec les marins internés à Alexandrie. En effet le S.R.F transmettait des messages avec les marins dispersés à travers le monde.
Par ailleurs le S.C.O.M (Service Central des Œuvres de la Marine) transmettait par radio-alger ou radio-tunis une sélection des messages télégraphiés. Ces émissions pouvaient être captées par le poste radiotélégraphique du navire-amiral Duquesne.
Les émissions radio ont forcément été interrompues du fait du débarquement allié en Afrique Française du Nord. Les messages télégraphiques semblent eux avoir été échangés jusqu'à la fin de l'internement.
Référence : "Messages d'Indochine" par François Chauvin dans Timbres Magazine No 44, mars 2004.
Daniel de la Touche de La Ravardière part de Cancale accompagné de Jean Mocquet, botaniste »garde du cabinet et des singularités du cabinet du roi » charge de noter la richesse des cultures, de la végétation et de la faune.
Après des difficultés de navigation, ils arrivent le 8 avril 1604 en vue de la Rivière des Amazones, »à peu près d’un degré en deçà de la ligne ». C’est l’Équateur, la ligne équinoxiale. Ils sont accueillis par les indiens Caripous, Jean Mocquet note : »Ils sont hardis et belliqueux, courtois et libéraux, et ont la face fort gaie. Basanés comme les Toupinambous qui vivent au Maragnan, ils sont plus beaux, plus vifs, plus gais » mais ces indiens sont les ennemis mortels des Caraïbes. La Ravardière et Mocquet longent la côte jusqu’à la mi-août, découvrant les richesses de la nature et les coutumes des indiens. Jean Mocquet étudie la flore, découvre le »bois-brésil », le bois d’aloès, les cultures (maïs, patates, plantain, ananas, miel…), la diversité des animaux (perroquets, singes paresseux…).
Grace à Yapoco, fils d’un roi Caribou, La Ravardière et Jean Mocquet approfondissent leurs connaissances sur les coutumes des diverses tribus telles que les anthropophages, les sans terre. Ils explorèrent la rivière Cayenne, mais devant l’hostilité d’une partie de la population des Caraïbes, et les tensions entre les tribus, ce sera le retour à Cancale. A bord, La Ravardière emmenait deux jeunes indiens caraïbes, deux frères qui ne survécurent pas. Ils arrivèrent le 15 août 1604.
Henri IV, fort satisfait des découvertes faites par Jean Mocquet et La Ravardière, concéda a La Ravardière le titre de » Lieutenant général en la terre d’Amérique, depuis l’Amazone jusqu’à l’île de la Trinité ». Charles des Vaux, ami de La Ravardière, resté depuis 1604 au Maragnan, rentre en France où reçu par Henri IV, il vante les richesses du pays brésilien. Le Roi confie à La Ravardière une nouvelle mission pour explorer l’île de Maragnan et sa région de l’Equateur.
Partis de Cancale, le 10 juillet 1609, à bord de l’Esprit, accompagnés du Choisy (cent tonneaux et plusieurs dizaines de soldats), La Ravardière et des Vaux arrivent en vue de la côte vers la mi-septembre. Fait de dunes et de marécages, il est difficile d’aborder. Remontant vers le nord-ouest, c’est la découverte d’une large baie qui reçoit plusieurs fleuves. L’ile de Maragnan (40 kms de long sur 20 kms de large) est située dans cette vaste baie, encadrée par deux larges rivières, Anil et Abacanga. Le relief de l’île forme un abri naturel, avec un promontoire faisant forteresse. La Ravardière et Des Vaux reçoivent un bon accueil des indiens Tupinambas et de leur chef, Japy-Ouassou. Ils explorent les rivières et les fleuves, visitant les principaux villages, étudiant coutumes, habitats et cultures.
En six mois, ils rassemblent 12 000 personnes dans le Maragnan, pour fonder une future colonie. La Ravardière »souhaitait créer une cité nouvelle, une société réunissant les qualités des uns et des autres, bannissant leurs défauts. Il ne veut pas chasser les naturels, mais vivre avec eux. » Fin mars, mission terminée, Daniel de la Touche de La Ravardière et Charles des Vaux rentrent à Cancale, accompagnés de deux indiens qui apportaient l’hommage de leur chef à Henri IV. Ils ne survivront pas au voyage.
Fin mai, à leur arrivée, ce fut l’annonce de l’assassinat d’Henri IV, le 14 mai 1610.