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20 mars 2020

La grippe espagnole et la guerre de 14-18

La grippe espagnole et la guerre de 14-18 le Calédonien à Lorient

Coronavirus et confinement nous oblige à parler des pandémies et de la grippe espagnol sous le contrôle des services de santé et des TAAF. Pour ma part j'applique strictement les médications et le traitement hydroalcoolique ( en interne et provençal et anisé pour moi). Je vais donc vous parler de Lorient et du Calédonien vers 1918.




La pandémie grippale de 1918, dite « grippe espagnole », est une pandémie de grippe due à une souche (H1N1) particulièrement virulente et contagieuse de grippe qui s'est répandue de 1918 à 1919. Bien qu'étant d'abord apparue aux États-Unis puis en France, elle prit le nom de « grippe espagnole » car l'Espagne – non impliquée dans la Première Guerre mondiale – fut le seul pays à publier librement les informations relatives à cette épidémie.

Dans le même temps, les premiers cas sont signalés en Europe, le virus y est probablement apporté par le biais de renforts américains venus aider les armées alliées. Une semaine plus tard, début octobre 1918, c'est l'ensemble du territoire des États-Unis et de l'Amérique du Nord qui est atteint. Il aura suffi de 15 jours à ce virus pour être présent sur l'ensemble de ce continent Nord-Américain.

A Lorient




Le député Gustave de Kerguézec réclame des comptes au ministre de la Marine, Georges Leygues


Le parlementaire accuse en effet la Royale de ne pas avoir pris, à Lorient, les dispositions qui s’imposaient. 
Le commandement a en effet décidé de regrouper les victimes de la grippe sur le Calédonien, un navire présenté par Gustave de Kerguézec comme étant « un bateau mal tenu, malpropre, dont les moyens d’hygiène font complètement défaut ». 




Il est vrai que ce bâtiment n’est pas le plus moderne de la marine française d’alors : construit aux chantiers navals de Saint-Nazaire et lancé en 1884, le Calédonien est un trois-mâts de 4 300 tonneaux dont la coque en fer cale plus de 6 mètres de tirant d’eau. Conçu initialement pour un équipage de 380 personnes, il est transformé par la suite en navire-école puis en caserne flottante et, enfin, en hôpital pendant la Grande Guerre. Au regard de ce parcours peu glorieux, il ne paraît donc pas excessif de parler de véritable rebu de la flotte.

Quiconque a déjà visité les coursives d’un grand voilier sait d’ailleurs combien le choix de placer en ce navire des malades de la grippe contrevient aux règles d’hygiène. Humidité et promiscuité sont en effet au rendez-vous et invitent à nuancer, lorsque de tels bâtiments sont transformés en caserne, le rôle sanitaire de l’armée française de la Troisième République : ce qui est vrai pour les casernes qui essaiment en Bretagne à la suite de la réforme de 1873 ne l’est pas nécessairement pour la Royale. Au contraire, un tel environnement est assurément nocif du point de vue de la contagion et renvoie plus aux mesures de quarantaine prises face à des maladies comme la peste qu’à une prophylaxie moderne. Sur le plan symbolique, enfin, un tel choix est particulièrement violent : initialement, le Calédonien est un transport de troupes affecté au transport des bagnards vers la Nouvelle-Calédonie ce qui, implicitement, dit bien l’ostracisme dont font l’objet les malades…





A en croire Gustave de Kerguézec, les conséquences de l’incurie de la Marine sont très clairement mesurables : 

« le nombre d’hommes atteints était au début de cinq ou six par mois et a passé de cinq ou six par jour ». 
L’historien se doit toutefois d’être plus mesuré tant les modalités de la contagion sont complexes, rendant la traçabilité de l’épidémie impossible. 

C’est d’ailleurs ce que répond, en substance, le ministre de la Marine Georges Leygues en rappelant que l’épidémie « sévit dans les villages où il n’y a ni soldats ni marins », manière de disculper ses services. Mais ce Républicain modéré originaire du Lot-et-Garonne va plus loin en s’appuyant sur un rapport de l’Académie des sciences qui, le 5 août 1918, affirme que l’épidémie est « venue des empires centraux ». Ce faisant, le ministre désamorce la polémique – reproduisant le débat parlementaire, l’article de L’Union morbihannaise s’achève sur cette simple phrase : « l’incident est clos » – en déplaçant le sujet sur le terrain de l’Union sacrée contre l’Allemagne. Par la même occasion, il rappelle que le discours médical est aussi un front de la Grande Guerre.


C'est alors seulement que l'épidémie prend réellement une ampleur considérable. En effet, si elle était déjà présente dans l'ensemble de ces territoires, le nombre de contaminés n'était pas encore très élevé. Et c'est seulement après sa dissémination que le nombre de contaminés explose


Apparue pendant la Grande guerre, la grippe espagnole peut être considérée comme un épiphénomène de celle-ci. En effet, les importants brassages de populations, les conditions d’existence très difficiles au front et à l’arrière qui ont probablement fragilisé les organismes, la promiscuité forcée des soldats ont contribué au développement de l’épidémie.
En juillet 1918, un journaliste du Matin fait preuve de zèle patriotique dans son interprétation des faits :



En France, [l’épidémie] est bénigne : nos troupes en particulier y résistent merveilleusement. Mais de l’autre côté du front les Boches semblent très touchés par elle. Est-ce le symptôme précurseur de la lassitude, de la défaillance des organismes dont la résistance s’épuise ? Quoi qu’il en soit, la grippe sévit en Allemagne avec intensité.
Très vite, la soi-disante bénignité est sévérement démentie dans les faits. L’Académie de médecine diligente une commission de spécialistes afin d’enrayer les avancées fulgurantes de l’épidémie d'octobre à décembre 1918. Dans ce groupe de travail, on retrouve un épidémiologiste reconnu, le docteur Arnold Netter.





L’étiologie de la maladie reste très mystérieuse. Son point de départ est l’objet de controverses : tantôt la Chine, tantôt les Etats-Unis ou bien encore l’Europe. En revanche, une certitude se fait jour : les adultes jeunes dans la force de l’âge et en bonne santé sont les plus touchés. Cela peut s’expliquer dans un premier temps par le fait que la population active est plus exposée à une multiplicité des contacts, la contagiosité de ce virus étant particulièrement forte. Voici les observations que l’on relève dans un Bulletin de l’Académie nationale de médecine paru en octobre 1918 :

Le virus semble extrêmement contagieux, un contact passager avec un grippé suffit pour créer la maladie. Si l’on ajoute à cette notion de facilité extrême du contage celle de la briéveté de la période d’incubation qui peut ne durer que quelques heures, on s’explique la rapidité avec laquelle se fait la diffusion de la maladie. Cette diffusion est d’autant plus facile que les conditions de promiscuité sont plus grandes [....]. Dans l’épidémie actuelle on voit la grippe frapper brutalement presque en même temps la plupart des hommes d’un camp, d’un fort, d’un train sanitaire, etc..

Sources ;

Erwan LE GALL  

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