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09 mars 2018

Ile Longue et SNLE Bretagne Enez Hir Finistère

Ile Longue et SNLE


Le kiosque Le Redoutable
photo JM Bergougniou
L’Ile Longue, l’Enez Hir des Bretons, ce petit bout de terre dans la rade de Brest, relié à la presqu’île de Rostellec par une chaussée de sable et de cailloux qui, il n’y a pas si longtemps encore - jusque dans les années cinquante - était submergée lors des grandes marées, a connu une histoire que nous pouvons qualifier d’exceptionnelle.


















Peuplée de petits agriculteurs et pêcheurs de sardines, l’Ile Longue fut aussi un centre important d’exploitation de carrières et ce depuis au moins le XVIIe siècle. Ces pavés, dits «Ile Longue», très renommés, «habillent» non seulement les rues et quais de Brest, Quimper, Landerneau mais aussi de La Rochelle, Rochefort, Bordeaux…




Coursives Le Redoutable photo JM Bergougniou
De part sa position, l’Ile Longue joue un rôle important dans la défense de la rade de Brest et ce, jusqu’au début du XXe siècle. La Toponymie fait état du vocable « Ar Vur » : le mur, ce qui explicite l’existence d’une probable fortification, mais il faut attendre le XVIIe siècle et Vauban, pour que l’on puisse véritablement parler de système de défense. Tout au long des siècles, les fortifications de l’Ile Longue évoluent en fonction des améliorations constantes des techniques d’armement et des vicissitudes de la politique internationale.





L’année 1929 voit l’installation d’un poste de réglages de torpilles détruit lors de la construction de la base des S.N.L.E et, la seconde guerre mondiale une mise en place d’une batterie allemande anti-aérienne.


Le Redoutable
photo JM Bergougniou

L’Ile Longue c’est aussi la présence d’un camp d’internement durant la première guerre mondiale. Quelques jours après la déclaration de guerre, le paquebot hollandais Nieuw Amsterdam en provenance des Etats-Unis d’Amérique vers les Pays Bas et soupçonné de contrebande au bénéfice des empires centraux, est arraisonné par un bâtiment français. A son bord, des passagers civils d’origine allemande, autrichienne, hongroise : des intellectuels, des membres de la bourgeoisie, des patriotes qui cherchent à regagner leurs pays respectifs. Ce paquebot arrive au port de Brest le 3 septembre 1914.



Après une occupation allemande durant la seconde guerre mondiale, l’Ile longue entre dans une période de tranquille sommeil… Jusqu’au 15 février 1965, où en rentrant d’une visite sur le site de l’École navale à Lanvéoc Poulmic, le général de Gaulle déclare : « La géographie a peut-être fait de Brest un haut lieu de notre destin ». Cette phrase qui pour des néophytes peut sembler anodine, scelle en fait l’avenir de l’Ile Longue.





ambiance nuit Le Redoutable
photo JM Bergougniou

Après la période douloureuse des expropriations, les travaux peuvent commencer. À l’époque, c’est le plus grand chantier d’Europe, une simple comparaison peut suffire à se représenter la dimension du chantier : les éléments métalliques utilisés représentent le poids de la Tour Eiffel ! Un seul impératif : tenir les délais Le premier comilo (commandant de l’Ile Longue), le capitaine de frégate Ladsous prend officiellement ses fonctions le 05 janvier 1970 et malgré la poursuite des travaux, la base opérationnelle de l’Ile Longue accueille son premier sous-marin le 25 septembre 1970 : Le Redoutable.




Hélice Le Redoutable photo JM Bergougniou

L’Ile Longue est, depuis 1970, c'est-à-dire depuis le début de leur existence, le port base des sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) français. C’est là qu’ils subissent, au retour de chaque patrouille, une indisponibilité pour entretien (IE) de quelques semaines. 




Vérin de barre de plongée Le Redoutable
photo JM Bergougniou

Mais la mission essentielle de l’Ile Longue est de fournir à chaque SNLE, lorsqu’il vient d’être construit à Cherbourg où lorsqu’il revient d’une période de grand carénage de deux ans, à Brest, ses seize missiles intercontinentaux pouvant emporter chacun six armes nucléaires. C’est donc à l’Ile Longue que sont réalisés les assemblages finaux des armes nucléaires et des fusées qui les transportent à plusieurs milliers de kilomètres de leur point de lancement. Depuis quarante ans la base a dû, tout en assurant le soutien des SNLE, s’adapter à la permanente évolution des sous-marins, des armes nucléaires et des missiles.



Arbre de transmission Le Redoutable
photo JM Bergougniou

Pour d’évidentes raisons de sécurité les armes nucléaires arrivent à l’Ile Longue en éléments séparés qui sont assemblés sur place par une équipe permanente d’ingénieurs et de techniciens de la direction des applications militaires de commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA/DAM). Les « têtes » ainsi achevées sont alors livrées à une équipe de DCNS, entreprise de droit privé, émanation de l’ex-direction des constructions navales, qui constitue les parties hautes des missiles, c'est-à-dire des assemblages pouvant contenir jusqu’à six têtes nucléaires.



Gestion de la vapeur Le Redoutable
photo JM Bergougniou


Fée électricité Le Redoutable
photo JM Bergougniou

Les étages de propulsion des missiles sont fabriqués par le groupe EADS Astrium dans la région bordelaise puis transportés vers la pyrotechnie annexe de Guenvénez, à quelques kilomètres de l’Ile Longue où ils sont achevés : collage des protections thermiques, mise en place des vérins électriques d’orientation des tuyères, installation des boîtiers électroniques de pilotage et des dispositifs pyrotechniques de séparation d’étages.


Achevé, l’étage est placé sur un banc de contrôle simulant toutes les parties manquantes du missile. Lorsque les trois étages constitutifs du missile sont achevés, ils sont assemblés, à Guenvénez, pour constituer un « vecteur ». Le vecteur est alors acheminé par voie routière à l’Ile Longue. Aucune activité nucléaire n’a lieu sur le site de Guenvénez où travaillent environ 250 personnes de la société EADS Astrium.


vers le sas Le Redoutable photo JM Bergougniou



poste de manoeuvre Le Redoutable
photo JM Bergougniou

Une fois arrivé à l’Ile Longue le vecteur reçoit sa « partie haute », c'est-à-dire ses armes nucléaires et devient missile. Il est alors acheminé vers celle des deux cales sèches de l’Ile Longue où est échoué le sous-marin auquel il est destiné. Inversement, sitôt le missile est débarqué d’un sous-marin – les missiles sont examinés en atelier à intervalles réguliers pour des contrôles périodiques – sitôt la partie haute est séparée de la partie pyrotechnique.


C’est également à l’Ile Longue que chaque sous-marin subit, lorsqu’il rentre de patrouille, une période d’entretien d’une quarantaine de jours. Pour cela il est systématiquement échoué dans l’une des deux cales sèches. Tous les sept ans environ chaque SNLE subit un grand carénage qui dure deux ans : ses missiles et son combustible nucléaire sont déchargés à l’Ile Longue puis il est remorqué vers le bassin numéro huit de la base navale de Brest, spécialement équipé pour ces opérations. 



la table traçante Le Redoutable
photo JM Bergougniou

Au moment où cet article est publié le « Vigilant » se trouve justement dans cette phase de déchargement. Il partira début 2011 vers Brest où ses tubes lance-missiles seront modifiés pour pouvoir recevoir le missile M 51, d’un diamètre et d’une longueur supérieurs à ceux du M 45. Il reviendra à l’Ile Longue en 2012. Les opérations de maintenance sont menées sous la maîtrise d’ouvrage du service de soutien de la flotte et réalisées principalement par la société DCNS qui compte environ 650 personnes sur le site.



Toutes ces opérations doivent impérativement être menées dans les meilleures conditions de sécurité du travail, de sécurité nucléaire, de sécurité pyrotechnique, de protection de l’environnement et de protection du secret de la défense nationale. L’Ile Longue est donc un lieu où s’appliquent de multiples réglementations relatives à chacun des aspects de la sécurité cités précédemment. 

Périscope Le Redoutable photo JM Bergougniou

L’application de ces réglementations est contrôlée en permanence par la direction de la qualité et de la sûreté du commandant de la base (COMILO), par les inspecteurs de la marine et par des autorités de contrôle extérieures à la marine et parfois même au ministère de la défense. Pour assurer tous ces aspects de la sécurité, une bonne coordination des activités est primordiale. D’autant plus que les travaux exécutés sur le site peuvent avoir été contractualisés par cinq maîtrise d’ouvrage différentes. Cette coordination incombe également à COMILO, chef d’organisme d’accueil au sens du Code du travail. Il dispose pour cela d’un plateau technique de coordination armé par une quinzaine de personnes et dont l’ossature permanente est constituée par une équipe d’ingénieurs et techniciens de la société Assystem.




Ce plateau planifie les travaux avec plusieurs échéances temporelles : quinquennales, triennales et trimestrielles. D’autres cellules de coordination réalisent un travail similaires mais avec un maillage temporel beaucoup plus serré : la journée ou même l’heure. Enfin le poste de commandement de l’Ile Longue, véritable tour de contrôle de ce système complexe, suit l’activité en temps réel. C’est lui qui, finalement, autorise une opération sensible au sens de la sécurité, après avoir contrôlé que toutes les conditions initiales, notamment l’achèvement des autres opérations sensibles incompatibles avec celle qui doit débuter.


Coursive Le Redoutable photo JM Bergougniou


Il va de soi que, malgré l’ampleur des travaux d’adaptation des infrastructures de l’Ile Longue au nouveau missile M 51 et de rénovation des installations, les sous-marins, raison d’être de la base, bénéficient de l’absolue priorité. Toute planification découle de leur programme d’emploi. Au bilan toutes ces activités sont réalisées par les quelque 2 400 personnes, civiles ou militaires, fonctionnaires ou salariées d’une entreprise privée, qui franchissent quotidiennement l’unique entrée du site. Depuis maintenant quarante ans, c’est grâce à leur professionnalisme, à leur enthousiasme et à leur engagement que tout a été possible.




CV Bernard Jacquet, commandant la base opérationnelle de l’Ile Longue








sources :


Geneviève Emon Naudin

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