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11 août 2014

Marine nationale Montcalm Bizerte naval l'indépendance de la Tunisie 1956 Tunis Karouba

Montcalm, Bizerte et l'indépendance de la Tunisie

La guerre terminée, il faut mettre fin à la franchise postale accordée durant ce temps et remettre en vigueur les textes qui régissaient le courrier dans la marine avant 1939.

Ce ne fut pas facile : le régime d'occupation en Allemagne, la réimplantation dans certains territoires d'outre-mer, en Indochine où les opérations se prolongèrent conduisent à repousser les décisions et à prendre des mesures particulières. Des mesures spécifiques de Franchise Postale sont prises pour les marins et les blessés  durant leur temps de séjour dans les hôpitaux.

Le décret du 25 février 1946 fait le ménage des franchises au Maroc, en Chine, dans les confins algéro-marocains. Ces textes sont applicables à compter du 1er avril 1946.



Les marins en campagne continuent de bénéficier de la franchise pour les lettres de moins de 20 g y compris par voie aérienne, d'un tarif réduit pour les paquets-poste et de l'exemption du droit de commission pour les mandats ne dépassant pas 100 francs. 



L'acheminement du courrier de la Marine lors de l'accession de la Tunisie à l'indépendance posa de nombreux problèmes. 

Officiellement pays protégé par la France, la Tunisie était soumise depuis 1881 à une administration directe.
Mendès-France accorde à la Tunisie son autonomie le 31 juillet 1954, Edgar Faure négocie l'indépendance qui sera effective le 13 septembre 1955.


La France reconnait solennellement l'indépendance de la Tunisie le 20 mars 1956 mais conserve la base navale de Bizerte.


La Marine est établie à Tunis et Bizerte. 
L'envoi du courrier va poser des difficultés dues à l'environnement et à l'hostilité des populations. Il n'y a pas d'organisation cohérente de la poste navale. 
Trois établissements postaux fonctionnent au moment de l'accession à l'indépendance. 

une agence postale militaire de la marine (A.P.M.M.) à la base de Karouba sous le nom de Recette Postale supplémentaire de Karouba. elle est rattachée au bureau de poste tunisien de la Pêcherie.
  • deux bureaux navals pour la desserte postale de la Marine en Tunisie :
  • l'un à Tunis
  • l'autre à Bizerte sous forme de bureau à indicatif numérique dans la lignée des bureaux de la seconde guerre mondiale.
Ils dépendaient de la Poste navale de Paris et ce n'était que des réouvertures de bureaux.

Tunis Naval
TAD Poste Navale 29-5-1958   Cachet de service A.M.F. de Bizerte 
Ouvert le 17 avril 1956, il est installé dans un local de la Marine à Tunis (note du 14/04/1956). Il sert à la réception et expédition du courrier officiel de la marine à La Pêcherie, Karouba et Sidi Abdallah sous forme de dépêche en provenance du bureau central naval. Le contexte local ne pouvait pas permettre de confier le courrier à l'administration postale tunisienne. 


Pli officiel de la Marine nationale
Marine en Tunisie Port de Bizerte  
DCAN vers la rue Royale à Paris
ayant transité par le bureau de
Menzel Bourguiba (ex Ferryville) 8-3-1957

Il sert à la desserte des bâtiments en relâche à Bizerte et aux échanges de dépêches  avec les bureaux navals de métropole et d'A.F.N.


Une telle création se concevait difficilement dans un pays indépendant...

Un subterfuge fut trouvé. L'Union Postale Universelle  prévoit dans ses textes de desservir aux moyens de sacs clos, les bâtiments faisant escale en pays étranger. 


Le croiseur Montcalm se trouve en réserve à Tunis depuis août 1955. Il est décidé de réactiver fictivement l'agence postale et de la faire fonctionner comme si le bâtiment était en escale.

Il s'agissait d'une interprétation très large de l'article 83 de la convention de l'U.P.U.

Lettre avec TAD hexagonal  Croiseur Montcalm
16-12-1958
Lettre en Franchise Militaire
TAD LA PÊCHERIE TUNISIE 27-9-1957
 Service de la solde

Tunis Naval
n'eut qu'un rôle postal limité à ses débuts à la réception et expédition de dépêches. Les opérations financières assurées par la poste tunisienne par le bureau de La Pêcherie sont supprimées par le service des PTT tunisien. Ces opérations sont reprises par le Montcalm…


Le bureau est ramené à La Pêcherie en février 1958 et il fallut munir le bureau de matériel postal le 1er avril 1958. L'établissement est rattaché à l'agence postale de la Seine!

Lettre recommandée Croiseur Moncalm


Flamme du bureau de MENZEL BOURGUIBA
16 X 1957 FERRYVILLE devient MENZEL BOURGUIBA
en 1956 qui signifie Maison de Bourguiba
Evidemment le gouvernement tunisien s'émeut de cette utilisation abusive des dispositions de l'UPU et proteste en janvier 1959 au sujet du fonctionnement d'un organisme postal sur son territoire. On décida de la dissolution de l'agence postale du croiseur Montcalm, c'est à dire de Tunis Naval.

Mais nouveau tour de passe-passe. 

"A partir du 16 mai courant, le bureau de "TUNIS-NAVAL" prendra l'appellation de "BIZERTE-NAVAL". 
Ce bureau continuera à  fonctionner à La PECHERIE… 

les dépêches pour le bureau de BIZERTE-NAVAL  continueront à être étiquetées "Croiseur MONTCALM/POSTE NAVALE LA PECHERIE"

Arsenal de FERRYVILLE  TAD FERRYVILLE  
7-10-1914 Génie Maritime

En clair TUNIS NAVAL continue de fonctionner à La Pêcheries sous le nom de BIZERTE-NAVAL, bureau non officiellement ouvert et dénommé pour les dépêches Poste navale La Pêcherie...

Secteur de défense Bizerte  TAD Poste Navale
23-12-1958

La fermeture officielle de TUNIS Naval n'eut lieu que le 30 juin 1959.

en janvier 1959 l'activité était 
au départ : 75 000 lettres ordinaires, 4 750 lettres officielles 2 611 recommandés, 2 100 colis, 4 500 journaux pour un poids de 4,24 tonnes
à l'arrivée : 55 000 lettres ordinaires, 6 000 lettres officielles, 2 375 recommandés, 3 100 colis, 1 200 journaux pour un poids de 5,35 tonnes


Rappel de l'histoire tunisienne

La France obtient la primauté de la ville lors du traité de Berlin en 1878. Les navires de la marine française entrent dans le vieux port de Bizerte durant la campagne de Tunisie en mai 1881 mais, le 18 mars 1884, ils le quittent suite à des pressions diplomatiques des Britanniques qui voient d'un mauvais œil la création d'une base militaire maritime à 250 milles de Malte.



La France entreprend très tôt, en 1886, la construction d'un grand port du fait du rôle stratégique de la ville sur le canal de Sicile avec le creusement du chenal qui n'est achevé qu'en 1892 ; ce canal est creusé pour relier la mer Méditerranée au lac de Bizerte où est aménagée une rade. 
L'aménagement du port s'accélère notamment sous l'impulsion du capitaine de vaisseau Ponty dans les années 1897-1898, avec la montée de la tension entre la France et le Royaume-Uni, notamment à l'occasion de la crise de Fachoda. 


De l'autre côté du lac est fondée la cité de Ferryville, appelée de nos jours Menzel Bourguiba. Sous le protectorat français, la ville croît rapidement : la municipalité de Bizerte est créée par le décret du 16 juillet 188414. En 1898, un pont transbordeur est édifié sur le canal pour joindre la ville à la rive sud du canal ; il reste en service jusqu'en 1909


 En 1942, le régime de Vichy livre Bourguiba à l’Italie, à la demande de Benito Mussolini, qui espère l’utiliser pour affaiblir la Résistance française en Afrique du Nord. Cependant Bourguiba ne désire pas cautionner les régimes fascistes et lance le 8 août 1942 un appel pour le soutien aux troupes alliées. 
Pendant ce temps, la Tunisie est le théâtre d’importantes opérations militaires connues sous le nom de campagne de Tunisie 
Après plusieurs mois de combats et une contre-offensive blindée allemande dans la région de Kasserine et Sidi Bouzid au début de l’année 1943, les troupes du Troisième Reich sont contraintes de capituler le 11 mai dans le cap Bon, quatre jours après l’arrivée des forces alliées à Tunis.

Après la Seconde Guerre mondiale, les dirigeants nationalistes inscrivent la résistance armée dans la stratégie de libération nationale. Des pourparlers sont menés après la guerre avec le gouvernement français, si bien que Robert Schuman évoque en 1950 la possibilité de l’indépendance de la Tunisie en plusieurs étapes. Mais des troubles nationalistes en 1951 précipitent l’échec de ces pourparlers.
Avec l’arrivée du nouveau résident général, Jean de Hauteclocque, le13 janvier 1952, et l’arrestation, le 18 janvier, de 150 destouriens dont Bourguiba, débutent la révolte armée, la répression militaire française et un durcissement des positions de chaque camp. De plus, avec l’assassinat du syndicaliste Farhat Hached par l’organisation colonialiste extrémiste de la Main rouge, le 5 décembre, se déclenchent manifestations, émeutes, grèves, tentatives de sabotage et jets de bombes artisanales.


Le développement de la répression, accompagnée de l’apparition du contre-terrorisme, incite les nationalistes à prendre plus spécifiquement pour cibles les colons, les fermes, les entreprises françaises et les structures gouvernementales. C’est pourquoi les années 1953 et 1954 sont marquées par la multiplication des attaques contre le système colonial.
En réponse, près de 70 000 soldats français sont mobilisés pour arrêter les guérillas des groupes tunisiens dans les campagnes. Cette situation difficile est apaisée par la reconnaissance de l’autonomie interne de la Tunisie, concédée par Pierre Mendès France le 31 juillet 1954. C’est finalement le 3 juin 1955 que les conventions franco-tunisiennes sont signées entre le Premier ministre tunisien Tahar Ben Ammar et son homologue français Edgar Faure.
 En dépit de l’opposition de Salah Ben Youssef, qui sera exclu du parti, les conventions sont approuvées par le congrès du Néo-Destour tenu à Sfax le 15 novembre de la même année. Après de nouvelles négociations, la France finit par reconnaître « solennellement l’indépendance de la Tunisie » le 20 mars 1956, tout en conservant la base militaire de Bizerte.

Le 25 mars 1956, l’assemblée constituante est élue : le Néo-Destour en remporte tous les sièges et Bourguiba est porté à sa tête le 8 avril 45, de la même année. Le 11 avril 1956, il devient le Premier ministre de Lamine Bey. 
Le Code du statut personnel, à tendance progressiste, est proclamé le 13 août. Finalement, le 25 juillet 1957, la monarchie est abolie ; la Tunisie devient une république dont Bourguiba est élu président le 8 novembre 1959.


Le 8 février 1958, en pleine guerre d'Algérie, des avions de l’armée française franchissent la frontière algéro-tunisienne et bombardent le village tunisien de Sakiet Sidi Youssef. En 1961, dans un contexte d’achèvement prévisible de la guerre, la Tunisie revendique la rétrocession de la base de Bizerte.
La crise qui suit fait près d’un millier de morts, essentiellement tunisiens, et la France finit, le 15 octobre 1963, par rétrocéder la base à l’État tunisien. 
Avec l’assassinat de Salah Ben Youssef, principal opposant de Bourguiba depuis 1955125, à Francfort et l’interdiction du Parti communiste (PCT) le 8 janvier 1963, la République tunisienne devient un régime de parti unique dirigé par le Néo-Destour.




 En mars 1963, Ahmed Ben Salah entame une politique « socialiste » d’étatisation pratiquement totale de l’économie. Des émeutes contre la collectivisation des terres dans le Sahel tunisien le 26 janvier 1969 poussent au limogeage de Ben Salah le 8 septembre avec la fin de l’expérience socialiste. Avec une économie affaiblie par cet épisode et un panarabisme défendu par Mouammar Kadhafi, un projet politique qui unifierait la Tunisie et la République arabe libyenne sous le nom de République arabe islamique est lancé en 1974 mais échoue très rapidement en raison des tensions tant nationales qu’internationales.

Sources :

Histoire de la Poste navale  J. Mériaux 
Daniel Allançon
Wikipédia

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