Naufrage du sous-marin Phénix Cam Ranh
La liste des sous-mariniers péris en mer est longue, trop longue. J'évoque ce matin le souvenir de quelques sous-marins disparus dont le sous-marin Phénix
La mission du Phénix
PARiS 1' juin. C'est pour aller renforcer les forces navales françaises en Extrême-Orient, que le sous-marin Phénix quittait Toulon le 4 novembre dernier. Après des escales à Port-Saïd. Djibouti et Colombo, le Phénix arrivait à Saigon le 16 décembre 1938
C'est au cours d'exercices d'attaque en plongée Que le sous-marin « Phénix>> a disparu Une large nappe d'huile sur la mer indique seule le lieu probable du naufrage, où les fonds dépassent 100 mètres.
C'EST CETTE PROFONDEUR. QUI FAIT CRAINDRE QUE LE NAVIRE N'AIT ÉTÉ ÉCRASÉ PAR LA PRESSION, NE LAISSE AUCUN ESPOIR DE SAUVETAGE
La liste de l'équipage nous apprend que nos vaillantes populations maritimes de l'Ouest doivent, une fois de plus, payer un lourd tribut à la mer.
Selon les derniers renseignements obtenus, la catastrophe du Phénix s'est produite au large de la pointe de Cam-Ranh, à six milles de la côte. Les deux sous-marins Phénix et Espoir avaient quitté Saigon pour une croisière vers Hong-Kong et Manille. En cours de route, ils devaient effectuer des exercices avec d'autres navires de guerre. La plongée des deux sous-marins eut lieu vers 10 h. 30. Le Phénix ne remonta pas. Les recherches furent immédiatement entreprises sous la direction de l'amiral Decoux. Les navires de guerre et remorqueurs du port de Saigon furent immédiatement dépêchés sur les lieux et participèrent aux recherches, ainsi que les hydravions de la base de Cat-Lai.
L'émotion à Saigon
Saigon, 17 juin. La ville de Saison a appris ce matin seulement la catastrophe que l'amirauté n'a voulu rendre publique que lorsqu'elle estimait perdu tout espoir de retrouver le sous-marin et après avoir avisé les familles des victimes en France. La consternation est d'autant plus profonde que le Phénix venait de quitter le port deux jours avant l'accident pour participer à des exercices et que l'état-major et l'équipage du sous-marin comptaient de nombreux amis à Saison. Les drapeaux sont en berne sur tous les bâtiments de la marine.
Autour de cet emplacement plusieurs navires ne cessent de croiser. Il y a la deux croiseurs le La Motte-Picquet et le Primauguet, trois avisos, le Rigault de Genouilly, le Savorgnan de Brazza et la Marne deux navires hydrographiques le Laperouse et le hoquetant et enfin un remorqueur, le Valeureux. Mais la profondeur laquelle se trouve le sous-marin rend toute tentative de secours ou de renflouement impossible.
La tâche ardue de la commission d'enquête La commission d'enquête présidés par l'amiral commandant les forces navales françaises en Extrême-Orient n'a pas une tâche aisée. Elle sait seulement que le commandant Bouchacourt, se conformant aux usages maritimes, a fait connaitre que le Phénix allait plonger et réapparaître au bout de tant de minutes. C'est en plongeant que le Phénix est allé au fond. Plusieurs hypothèses sont présentes à l'esprit des enquêteurs la fermeture insuffisamment hermétique de la culasse d'un tube lance-torpilles et le Phénix en comptait onze aurait produit une voie d'eau ? Mais le compartimentage des sous-marins leur permet généralement de remédier à cette éventualité. Une avarie condamnant le sous-marin à l'immobilité ? Mais les commandes sont doubles et donnent généralement la faculté aux techniciens de revenir à la surface. Un haut fond, c'est-à-dire une aiguille de roche, a-t-elle perforé le sous-marin ? Mais dans cette baie on ne signale pas de récifs dangereux.
Les opérations de renflouement commencent le 22, lorsqu'on essaie à plusieurs reprises de passer une chaîne autour du bâtiment pour le remorquer à une profondeur à laquelle des scaphandriers peuvent agir. Le navire de sauvetage américain USS Pigeon de l'Asiatic Fleet arrive le mais la trop grande profondeur de l'épave – qui se situe désormais vers 95 mètres – empêche toute intervention. Le 5 juillet une cérémonie d'adieu et d'hommage aux victimes a lieu sur les lieux du naufrage.
Quant au Prométhée, c'est en cours d'essais qu'il sombra, à 8 milles du cap Lévi, au large de Cherbourg. Le navire était en surface. On venait d'appeler l'équipage à l'intérieur pour le repas du midi. Tout-à-coup, le commandant cria a Tout le monde en bas, fermez les panneaux!
Sur les 20 ou 35 hommes qui se trouvaient sur le pont, plusieurs descendirent aussitôt. D'autres se mirent en devoir de fermer les panneaux à coups de pied. Tous furent fermés, sauf un qui résista. A ce moment. il était déjà trop tard et l'arrière du tous-marin s'enfermait et le navire descendait sous l'eau par l'arrière, « en charrue », comme disent les marins.
Le lieutenant de vaisseau Couespel Dumesnil. l'enseigne de vaisseau Bienvenu, le premier-maître Prigent. le second-maître Gouasgouen, le quartier-maitre Carpentier et deux matelots, qui se trouvaient dans le panneau central furent projetés à la mer par le souffle que produisit l'eau envahissant le bâtiments. Ils purent être sauvés par des bateaux de pèche.
Malheureusement. 49 hommes, dont un certain nombre appartenant au personnel civil des chantiers privés. furent engloutis.
On espéra que des cloisons étanches intérieures avaient pu être fermées a temps pour permettre à quelques survivants d'attendre des secours. Mais le bâtiment reposait par 50 mètres de fond et. malgré la présence des remorqueurs de sauvetage Italiens Artiguo et Rostro, on dut bientôt abandonner tout.
Le Phénix en baie de Cam Ranh |
L'Ouest-Eclair s'incline devant la douleur des familles, dont le deuil est un deuil national, et leur adresse, seo condoléances émues.
Le communiqué officiel
Le ministère de la Marine a publié ce matin le communiqué officiel suivant
Les inquiétudes éprouvées au sujet du sous-marin Phénix étaient malheureusement justifiées. Le vice-amiral commandant en chef les forces navales en Extrême-Orient, qui est sur les lieux et dirige personnellement les recherches. a rendu compte télégraphiquement au Ministre de la Marine que le sous-marin Phénix devait être considéré comme perdu. Les recherches auxquelles participent tous les éléments maritimes et aériens dont disposent la Marine et l'Armée de l'Air en Indochine, se poursuivent néanmoins sans relâche.
Les inquiétudes éprouvées au sujet du sous-marin Phénix étaient malheureusement justifiées. Le vice-amiral commandant en chef les forces navales en Extrême-Orient, qui est sur les lieux et dirige personnellement les recherches. a rendu compte télégraphiquement au Ministre de la Marine que le sous-marin Phénix devait être considéré comme perdu. Les recherches auxquelles participent tous les éléments maritimes et aériens dont disposent la Marine et l'Armée de l'Air en Indochine, se poursuivent néanmoins sans relâche.
Le Vice-amiral commandant en chef les F. N. E. O. a nommé la Commission d'enquête réglementaire pour tâcher d'élucider les circonstances de cette catastrophe dont les causes demeurent, pour le moment, complètement inconnues.
Le 15 juin au matin, par très beau temps, la section de sous-marins "Phénix", Espoir se tenait au large de Cam-Ranh, pour effectuer une attaque d'exercice en plongée sur le croiseur « Lamotte-Picquet », bâtiment amiral des forces navales d'Extrême-Orient. Ces deux mêmes sous-marins avaient, la veille, et dans les mêmes parages, attaqué l'aviso « Savorgnan-de-Brazza dans d'excellentes conditions. D'après un premier renseignement fourni par le commandant en chef des forces navales d'Extrême-Orient, le c Phénix Il a disparu par fond supérieur ci 100 mètres. Une tache persistante de pétrole marque seule l'endroit de la disparition.
L'effectif réellement présent bord était de 71 officiers, officiers-mariniers, quartiers-maîtres et marins dont les familles ont déjà été prévenues individuellement par les soins de la Marine. D'autre part, de Saïgon, nous parviennent les renseignements complémentaires suivants sur cette pénible catastrophe
L'effectif réellement présent bord était de 71 officiers, officiers-mariniers, quartiers-maîtres et marins dont les familles ont déjà été prévenues individuellement par les soins de la Marine. D'autre part, de Saïgon, nous parviennent les renseignements complémentaires suivants sur cette pénible catastrophe
L'émotion à Saigon
Saigon, 17 juin. La ville de Saison a appris ce matin seulement la catastrophe que l'amirauté n'a voulu rendre publique que lorsqu'elle estimait perdu tout espoir de retrouver le sous-marin et après avoir avisé les familles des victimes en France. La consternation est d'autant plus profonde que le Phénix venait de quitter le port deux jours avant l'accident pour participer à des exercices et que l'état-major et l'équipage du sous-marin comptaient de nombreux amis à Saison. Les drapeaux sont en berne sur tous les bâtiments de la marine.
Les recherches furent vaines.
De nombreuses unités croisent sur les lieux de la catastrophe -
17 juin. Une tache d'huile à la surface de la mer, au large de la baie de Cam-Ranh, aura permis de retrouver l'emplacement où repose par plus de cent mètres de fond le sous-marin Phénix.
Etrave du Phénix |
La tâche ardue de la commission d'enquête La commission d'enquête présidés par l'amiral commandant les forces navales françaises en Extrême-Orient n'a pas une tâche aisée. Elle sait seulement que le commandant Bouchacourt, se conformant aux usages maritimes, a fait connaitre que le Phénix allait plonger et réapparaître au bout de tant de minutes. C'est en plongeant que le Phénix est allé au fond. Plusieurs hypothèses sont présentes à l'esprit des enquêteurs la fermeture insuffisamment hermétique de la culasse d'un tube lance-torpilles et le Phénix en comptait onze aurait produit une voie d'eau ? Mais le compartimentage des sous-marins leur permet généralement de remédier à cette éventualité. Une avarie condamnant le sous-marin à l'immobilité ? Mais les commandes sont doubles et donnent généralement la faculté aux techniciens de revenir à la surface. Un haut fond, c'est-à-dire une aiguille de roche, a-t-elle perforé le sous-marin ? Mais dans cette baie on ne signale pas de récifs dangereux.
En tout cas, il semble bien que le sous-marin qui n'était construit que pour descendre à 100 mètres de profondeur. a eu à subir une pression de plus de 10 kilogrammes par centimètre carré et que l'eau a envahi aussitôt l'intérieur. abrégeant ainsi l'agonie de l'équipage.
USS PIGEON bâtiment de sauvetage de sous-marin |
Les précédentes catastrophes de la flotte sous-marine française Le* deuils les plus récents qui ont frappé la flotte sous-marine française sont la perte du Prométhée
L'Ondine périt de nuit, abordée au large de Vigo par un vapeur grec, dans des circonstances jamais parfaitement élucidées. La nuit était très claire et les feux de position du sous-marin. quoique au ras de l'eau, devaient être visibles. Il est probable qu'une erreur .de manoeuvre fut faite à bord du vapeur grec qui. d'ailleurs, ne rendit compte de son abordage qu'une huitaine de jours plus tard. 43 hommes périrent avec l'Ondine.
Quant au Prométhée, c'est en cours d'essais qu'il sombra, à 8 milles du cap Lévi, au large de Cherbourg. Le navire était en surface. On venait d'appeler l'équipage à l'intérieur pour le repas du midi. Tout-à-coup, le commandant cria a Tout le monde en bas, fermez les panneaux!
Sur les 20 ou 35 hommes qui se trouvaient sur le pont, plusieurs descendirent aussitôt. D'autres se mirent en devoir de fermer les panneaux à coups de pied. Tous furent fermés, sauf un qui résista. A ce moment. il était déjà trop tard et l'arrière du tous-marin s'enfermait et le navire descendait sous l'eau par l'arrière, « en charrue », comme disent les marins.
Le lieutenant de vaisseau Couespel Dumesnil. l'enseigne de vaisseau Bienvenu, le premier-maître Prigent. le second-maître Gouasgouen, le quartier-maitre Carpentier et deux matelots, qui se trouvaient dans le panneau central furent projetés à la mer par le souffle que produisit l'eau envahissant le bâtiments. Ils purent être sauvés par des bateaux de pèche.
Malheureusement. 49 hommes, dont un certain nombre appartenant au personnel civil des chantiers privés. furent engloutis.
On espéra que des cloisons étanches intérieures avaient pu être fermées a temps pour permettre à quelques survivants d'attendre des secours. Mais le bâtiment reposait par 50 mètres de fond et. malgré la présence des remorqueurs de sauvetage Italiens Artiguo et Rostro, on dut bientôt abandonner tout.
Finalement, M. Georges Leygues, qui était alors ministre de la Marine, renonça même à relever le sous-marin. C'est le septième sous-marin français dont on ait à enregistrer la perte en temps de paix depuis la création des submersibles
La première catastrophe fut celle du Farladet, à Bizerte, le 8 juillet 1905. Quatorze membres de l'équipage périrent. Trois purent se sauver.
Pu
is, à Bizerte encore, le 18 octobre 1906, le Lutin, enseveli avec seize hommes. A Calais, le 36 avril 1910, le Pluviôse, avec vingt-sept hommes.
is, à Bizerte encore, le 18 octobre 1906, le Lutin, enseveli avec seize hommes. A Calais, le 36 avril 1910, le Pluviôse, avec vingt-sept hommes.
Au Cap de la Hague près de Cherbourg, le 8 Juin 1912, le Vendémiaire, avec vingt-quatre hommes. Au large du cap Finistère, au Portugal, le 3 octobre 1928, l'Ondine avec quarante-trois hommes Enfin. au large de Cherbourg, le 7 juillet 1932, le Prométhée coulait avec soixante-trois hommes, sept autres ayant pu être sauvés.
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