11 avril 2020

Jeanne d'Arc 1963 1964 Sainte Hélène 2 décembre 1963 Napoléon Longwood

Croiseur Jeanne d'Arc 1963 1964 Sainte-Hélène 


Bientôt le bicentenaire de la mort de Napoléon à Sainte-Hélène (5 mai 1821).


L'occasion d'évoquer le passage du croiseur Jeanne d'Arc le 2 décembre 1963 à Ste Hélène (Saint Helena).

La cérémonie au cimetière se déroule le 2 décembre date anniversaire de la victoire d'Austerlitz (2-12-1805).

Sainte-Hélène, en anglais : Saint Helena, est une île volcanique de 122 km2, située dans l'océan Atlantique sud, à 1 856 km à l'ouest des côtes de l'extrême-nord-ouest de la Namibie et à 3 286 km à l'est-sud-est de la ville brésilienne de Recife, et faisant partie de Sainte-Hélène, Ascension et Tristan da Cunha, territoire d'outre-mer du Royaume-Uni.
Saint-Nazaire : lancement du croiseur Jeanne d'Arc : [photographie de presse] / Agence Meurisse
Croiseur-école construit à Saint-Nazaire à partir du 31 août 1928, mis à flot le 14 février 1930, en service du 6 octobre 1931 au 16 juillet 1964. Homonyme du croiseur Jeanne-d'Arc (1899-1933)


Le propriétaire de ces archives est affecté sur le bord à compter du 30 août 1963



Départ sur rade 30 octobre 1963 pour un départ le 5 novembre 1963






La campagne passe par Dakar et Abidjan avant d'aborder Ste Hélène 
Sainte Hélène 



La Maison de Longwood, ses dépendances et ses jardins (dessinés par Napoléon en personne, replantés et entretenus comme tels depuis une trentaine d’années), à l’intérieur d’un mur d’enceinte, soit une superficie de 1 hectare.




Le domaine de la Tombe, lieu de l’inhumation de Napoléon de 1821 à 1840, au fond d’une vallée, pour une superficie de 14 hectares.





Le pavillon des Briars, premier lieu de l’exil hélénien de Napoléon (octobre-décembre 1815), soit la maison d’origine agrandie après le départ de l’empereur de pièces portant le nom d’ « appartements des trois amiraux anglais », puisque c’est ici que les commandants de la flottille de surveillance furent hébergés jusqu’en 1821, pour une superficie totale de 1 hectare.





La maison de Longwood et le domaine de la Tombe ont été achetés par la France en 1857. Le pavillon des Briars a été donné à la France par des descendants du propriétaire d’origine, le célèbre William Balcombe, en 1959.


Ste Hélène  2 décembre 1963 l'échelle de Jacob
699 marches - 280 mètres - 183 mètres de dénivelé pente à 45 degrés


Alors que la défaite de Waterloo signe la fin imminente des Cent-Jours, Napoléon se rend volontairement aux Anglais à qui échoit la responsabilité de choisir son lieu d’exil. Alors que l’Empereur déchu espère pouvoir se rendre aux Etats-Unis, la Grande-Bretagne est chargée de le tenir sous bonne garde avant que ne soit déterminé le lieu où il sera envoyé. Car les alliés et signataires du Traité de Paris (qui acte la première abdication de Bonaparte le 10 février 1763) sont unis dans leur intransigeance à envoyer Napoléon là où il sera dans l’incapacité totale et certaine de revenir en Europe pour semer – selon leur crainte – le désordre et le chaos. Parallèlement, les alliés que forment les souverains européens goûtent peu ce fervent soutien reçu par Napoléon durant cette dernière période mouvementée.



Le 15 juillet 1815 aux aurores, Napoléon embarque sur le Bellerophon battant pavillon anglais à destination de Plymouth au sud de l’Angleterre, port duquel il partira à bord du Northumberland le 7 août à destination de Sainte-Hélène

Au milieu de l'Atlantique sud, à plusieurs milliers de kilomètres du continent européen, l'île volcanique de Sainte-Hélène, avec ses plateaux abrupts et son climat contrasté, constitue un cadre de détention pénible. Napoléon Bonaparte y accoste en octobre 1815 ; le 10 décembre, il s'installe à Longwood dans une habitation sans confort. Les contacts avec l'extérieur sont limités, les courriers sont contrôlés et les activités physiques réduites à quelques promenades strictement encadrées.
Quelques proches l'accompagnent, pour la plupart des dignitaires militaires, mais les relations avec l'Empereur se tendent, et beaucoup finissent par rejoindre la France. Parmi les principaux témoignages, le Mémorial de Sainte-Hélène, publié par Emmanuel de Las Cases en 1823, atteste du petit moral de l'Empereur, lequel subit par ailleurs les vexations du gouverneur britannique Hudson Lowe. Napoléon se réfugie dans la lecture et travaille à ses Mémoires. Cependant, sa santé se dégrade, et des maux d'estomac affectent son humeur. Progressivement reclus, puis alité, il rédige son testament le 15 avril 1821, avant de sombrer dans l'agonie. Napoléon Bonaparte décède le 5 mai 1821 à l'âge de 51 ans.




Napoléon meurt le 5 mai 1821. Le lendemain, le gouverneur de l'île, sir Hudson Lowe, jusqu'alors en perpétuel conflit avec son ancien prisonnier, vient en personne s’assurer de sa mort et déclara alors à son entourage : « Hé bien, Messieurs, c'était le plus grand ennemi de l'Angleterre et le mien aussi ; mais je lui pardonne tout. À la mort d'un si grand homme, on ne doit éprouver qu'une profonde douleur et de profonds regrets. »



Conformément à ses dernières volontés dans le cas où son corps ne devait pas être ramené en Europe, Napoléon Ier fut inhumé le 9 mai près d'une source, dans la vallée du Géranium, dénommée depuis « vallée du Tombeau ». Le 27 mai, toute la colonie française quitte l'île. 


Dix-neuf ans après la mort de Napoléon, le roi Louis-Philippe put obtenir du Royaume-Uni la restitution des cendres de l'ex-empereur. L'exhumation du corps de Napoléon eut lieu le 15 octobre 1840, puis il fut rapatrié en France sur la frégate La Belle Poule jusqu'à Cherbourg, et inhumé aux Invalides à Paris.


Quelques proches l'accompagnent, pour la plupart des dignitaires militaires, mais les relations avec l'Empereur se tendent, et beaucoup finissent par rejoindre la France. Parmi les principaux témoignages, le Mémorial de Sainte-Hélène, publié par Emmanuel de Las Cases en 1823, atteste du petit moral de l'Empereur, lequel subit par ailleurs les vexations du gouverneur britannique Hudson Lowe. Napoléon se réfugie dans la lecture et travaille à ses Mémoires. Cependant, sa santé se dégrade, et des maux d'estomac affectent son humeur. Progressivement reclus, puis alité, il rédige son testament le 15 avril 1821, avant de sombrer dans l'agonie. Napoléon Bonaparte décède le 5 mai 1821 à l'âge de 51 ans.

"Je désire que mes cendres reposent sur les bords de la Seine, au milieu de ce Peuple français que j'ai tant aimé."

(2e paragraphe de l'art. 1er du testament de Napoléon, 15 avril 1821, à Longwood, île de Sainte-Hélène.)

et le commentaire de Guy Mikaïloff:
"Sainte Hélène, une escale mémorable .Pratiquement toutes les embarcations faisant les navettes de permissionnaires ont cassé du bois. Nous idem avec la vedette du Commandant.Un seul endroit pour accoster, pas plus 15 m devant un mur de pierre, avec la houle de fond et le ressac, on s'est tous fait avoir.
les charpentiers on eu du boulot.
mais toujours un bon souvenir..A plus
G.M."

sources  :

Dans un lot d'archives acheté à St Servan, j'ai trouvé ces documents de la campagne 1963-1964 dont un certain nombre de photos argentiques marquées au dos "test qualité". Je suppose que ces photos proviennent des photographes du bord et du labo.


https://blog.napoleon-cologne.fr/arrivee-de-napoleon-a-sainte-helene/




10 avril 2020

Cuirassé BOUVET Toulon 1er Juillet 1909 Menu Dardanelles 1915 mine coulé

Cuirassé BOUVET  de Toulon aux Dardanelles

En ces temps de confinement, beaucoup se mettent à la cuisine. 
J'ai trouvé ce menu du cuirassé Bouvet du 1er juillet 1909. Le 1er juillet cette année là était un jeudi. Le Bouvet finira tragiquement six ans plus tard, il coulera aux Dardanelles après avoir heurté une mine. Cette tragédie couta la vie 648 marins.

Le Bouvet faisait partie de l'escadre expédiée par la France dans la bataille des Dardanelles, sous le commandement de l'amiral Guépratte. 
Le 18 mars 1915, l'amiral britannique John de Robecklance une attaque conjuguée contre les bastions de Turquie défendant le détroit des Dardanelles et le Bouvet était un des quatre cuirassés français constituant la seconde ligne.


Les navires anglais, au centre du dispositif, cherchaient à localiser et détruire les batteries côtières turques. Ils étaient flanqués, à gauche, du Gaulois et du Charlemagne et, à droite, du Bouvet et du Suffren.



Le Bouvet reçut 8 impacts de l'artillerie turque qui ne lui causèrent que des dommages légers. Sa tourelle de 305 mm située à l'avant fut mise hors d'état de tirer après 6 coups, par suite de l'asphyxie de ses servants, conséquence de la mise hors service accidentelle de l'écouvillonnage pneumatique prévu pour chasser les gaz délétères dans le tube du canon après le tir. 




Lorsque l'amiral de Robeck donna l'ordre de la retraite, le Bouvet heurta, quelques instants plus tard, dans la baie d'Erin Keui, une mine qui était restée indécelée jusqu'alors. Il s'agissait probablement d'une mine mouillée dans la nuit du 7 au 8 mars par le torpilleur turc Nousret.

Imperial War museum

À 13 h 58, la mine toucha le cuirassé au centre à tribord, sous la ligne de flottaison au niveau de la tourelle de 274 mm. Une énorme explosion causa une profonde voie d'eau qui envahit une vaste zone des machines du navire. Le navire se coucha très rapidement, en particulier du fait d'une conception erronée du compartimentage de la coque, typique des cuirassés conçus en France à cette époque. 





Ces cuirassés furent qualifiés de « chavirables » par le grand ingénieur des constructions navales et du Génie maritime Émile Bertin qui dénonça cette erreur, mais qui ne fut pas écouté par le Conseil des travaux. L'eau pénétra rapidement dans les cheminées. En moins d'une minute seulement, le cuirassé coulait, emportant avec lui la plus grande partie de ses quelque 700 hommes d'équipage.  


Quelques-uns furent sauvés par une vedette du Prince George croisant à proximité immédiate. Le radio du bord, notamment, fut arraché inconscient à son poste et ne se réveilla qu'une fois repêché, ne gardant aucun souvenir des événements. Le personnel de la tourelle avant, qui était sorti pour échapper à l'asphyxie, put être entièrement sauvé. Les blessés furent ensuite soignés sur le navire hôpital français Canada.

Cathédrale St Tugdual de Tréguier  à droite la tragédie du Bouvet

Au total 75 hommes survécurent, dont 5 officiers. Avec les blessés morts à l'hôpital, cette tragédie coûta la vie à 648 marins, dont le capitaine Rageot de la Touche qui, sur la passerelle, aurait pu se sauver, mais qui choisit délibérément de se laisser couler avec son bâtiment, le capitaine de frégate commandant en second Jean Autric et le capitaine de frégate Eugène Cosmao Dumanoir, son adjoint chargé de la sécurité.  
La Presse 21 mars 1915 





C'est à nos cuirassés qu'est revenu !'honneur d'attaquer à courte portée les forts du défilé.
Ils l'ont fait avec une vigueur hautement appréciée par les marins anglais. Dans un compte rendu télégraphique, M. le contre-amiral Cuépratte signale que l'honneur du pavillon a été pleinement satisfait, bien que chèrement acheté par la perte du « Bouvet ». Le nombre actuellement connu des survivants de ce cuirassé est de 64.

Sur les autres navires de la division, le nombre des tués et blessés est très faible. Le Bouvet était commandé ipar le capitaine de Rageot de Latouche 



Mais revenons à notre menu...



Bouchée princesse
Si vous n'utilisez pas un reste de poulet cuit, faites cuire le blanc de poulet salé et poivré 20 min à la vapeur. Coupez-le en dés réguliers.
Dans le même temps, faites cuire les petits pois à l'eau bouillante salée. Comptez 15 min à partir de la reprise de l'ébullition.
Coupez le jambon en dés de la même taille que le poulet.
Egouttez avec soin les champignons et récupérez le jus.
Faites dissoudre la tablette de bouillon à l'eau chaude avec le jus des champignons, de façon à obtenir 40 cl de liquide. Puis laissez refroidir.
Préparez une béchamel. Faites fondre le beurre dans une casserole à fond épais. Versez-y la farine et laissez cuire 2 à 3 min, en remuant et sans faire roussir. Ajoutez le bouillon refroidi petit à petit, en fouettant. Laissez épaissir 10 min à feu doux. Salez, poivrez et assaisonnez de muscade râpée. Ajoutez la crème fraîche et mélangez.
Préchauffez le four sur th. 6 (180 °C).
Mettez-y les bouchées à chauffer pendant 10 min.
Entre-temps, mettez les dés de poulet et de jambon ainsi que les champignons et les petits pois à chauffer dans la sauce béchamel, pendant 5 min.
Sortez ensuite les bouchées du four et répartissez dedans la garniture.
Servez aussitôt, bien chaud.

Vert-Pré

D'autre part , ébouillanter dans l'eau salée, une égale quantité de cerfeuil, d'estragon, d'épinard et de ciboulette ; rafraichir, égoutter ces herbes, et les piler au mortier, avec une quantité relative de cornichons, de câpres, et de capucines, confit au vinaigre, mouiller légèrement avec un peu de sauce en pilant , passer le tout au tamis de métal, et réserver dans un bol.

Passer ensuite cette sauce au chinois fin, dans une casserole, la lier avec de la crème et beurre fin, ajouter la purée d'herbe et faire épaissir sans laisser bouillir sur un coin du fourneau, terminer la liaison avec des jaunes d'oeufs . Cette sauce doit être d'un vert tendre et de bons gouts .
Pommes duchesse


Epluchez, lavez et coupez en cubes les pommes de terre et faites-les cuire 35 à 40 minutes au cuit-vapeur.Passez-les au presse-purée dans un saladier.Incorporez le beurre, le sel et un peu de noix muscade. Mélangez le tout jusqu'à ce que tout le beurre soit parfaitement fondu.Ajoutez d’abord un œuf entier, mélangez. Incorporez le deuxième œuf entier, puis les deux jaunes.Verser cette purée dans une poche à douille (équipée d'une douille cannelée).Déposer des petits roses sur la plaque du four recouverte de papier sulfurisé.Enfournez à 200 °C pendant 25 à 30 minutes.
Asperges Mousseline
Ficelez-les en petits fagots et faites cuire 15 mn dans un grand volume d'eau bouillante salée.
Rafraîchissez-les sous un jet d'eau froide pour stopper la cuisson. Réservez.
Faites blanchir le zeste de l’orange dans une casserole d’eau bouillante pendant 3 mn, égouttez et réservez.
Préparez la mousseline à l'orange : mettez dans un bol le jaune de l’oeuf (conservez le blanc) et la moutarde. Mélangez.
Ajoutez l’huile en filet sans cesser de remuer pour faire une mayonnaise.
Une fois que la mayonnaise a pris, ajoutez 2 c. à soupe du jus de l’orange, les zestes blanchis.
Salez, poivrez, mélangez une dernière fois et réservez au frais.
Au moment de servir, montez le blanc d’œuf en neige ferme avec une pincée de sel.Incorporez-le délicatement à la mayonnaise.
Ajoutez le persil et la ciboulette lavés, séchés et ciselés et servez sans attendre avec les asperges

09 avril 2020

Humour dans le carré par Donec 15 mai 1940 les spahis se distingue à la Horgne

Humour dans le carré par Donec
15 mai 1940 les spahis se distingue à la Horgne


Bonjour la compagnie,

Il va y avoir quatre-vingt ans notre pays recevait la plus diabolique correction qui se puisse imaginer. Et la faute à qui ? A ceux-là même qui commandaient en chef nos armées à leur conservatisme et à leur manque d’envergure. Pourtant dans cette France vieillie de 1939 qui n’a pas récupéré de la première guerre mondiale, des unités ont su combattre. Parmi elles, nos troupes coloniales : les spahis.

La Horgne est un village des Ardennes à une encablure de Sedan où le 15 mai 1940 nos coloniaux se distinguèrent, excusez du peu, en tenant tête à la force mécanique du général Gudérian.

Ce jour-là deux régiments nord-africains à cheval formant la 3ème brigade de Spahis reçoivent une mission dite de « sacrifice » : barrer le passage aux troupes blindées allemandes à la hauteur de ce village.




Pendant ce temps, la déroute des Français est patente, les observateurs ennemis signalent la fuite de nos colonnes vers l’ouest.

Le 15 mai au matin, à Singly, la 13ème compagnie de la 1er Panzer-division s’ébranle avec retard sur un axe, Bouvellemont, Balon, la Horgne. Elle arrive en vue de ce dernier village. En tête s’avance un véhicule semi-chenillé avec à son bord un groupe de combat. Il aborde avec prudence le village. Quelques coups de feux sont alors tirés. Les sapeurs quittent immédiatement le véhicule et s’avancent sur la route qui a des airs de chemin forestier. Ils découvrent devant eux un obstacle, au niveau du ruisseau à l’entrée du village. C’est un amoncellement de divers matériels agricoles et de grumes. Ils sont pris à partie par un fusil-mitrailleur qui leur interdit tout mouvement. Ils ne peuvent même pas riposter. Un camion Krupp-Protze tente de forcer le barrage, un obus l’immobilise. Le conducteur est tué.

La section du lieutenant Riss essaye de contourner l’obstacle mais dès qu’il n’est plus à couvert les tirs reprennent et il doit se replier. Le major Max Richter donne l’ordre à la 13ème compagnie de dégager la barricade mais un feu nourri de mitrailleuses auxquelles s’est ajouté un canon antichar dissimulé dans l’église les repousse. Richter se rend vite compte qu’il doit se faire appuyer par des armes lourdes. L’artillerie est mise en place. Les choses ne se font pas aisément car les Français poursuivent leurs tirs et les ajustent. Pourtant grâce à ces moyens la 13ème compagnie finit par faire irruption dans le village. Pour les officiers allemands les choses ne vont pas suffisamment vite à leur gré et ils décident de contourner les habitations.




A 14h30 un groupement d’artillerie allemande pilonne la Horgne mais la 3ème brigade de Spahis intensifie son tir. Malheureusement si les « boches » amènent toujours plus de matériels et d’hommes il n’en est pas de même pour les Français dont les forces et l’armement s’épuisent.

Pour mettre fin à la résistance des Nord-Africains les chars interviennent. L’attaque débute à 15h30. Si nous parvenons à immobiliser plusieurs blindés, nos troupes succombent sous le nombre. Notre ultime assaut est brisé. C’est la fin. Les Spahis se replient comme ils peuvent et sans aucun appui feu.

La résistance des français aurait dû permettre une contre-attaque de nos armées qui n’est jamais venue.

Néanmoins avant de poursuivre leur marche vers la victoire les Allemands rendent les honneurs militaires à nos troupes coloniales.

Mais la légende s’en mêle :

Les « fake news » dont la traduction française est « bobard » s’attachèrent à l’évènement pour annoncer que la brigade de spahis avait été tout simplement anéantie perdant autour de 700 hommes en une dizaine d’heures de combat. Pour faire bonne mesure on annonça la mort du même nombre de soldats allemands. Cette légende est devenue 80 ans après « Massacre inutile de 700 indigènes qui chargent à cheval des chars allemand le 15 mai 1940 à la Horgne ».

Comme quoi rien n’est nouveau sous le soleil.

Donec

Ecole d'Application des Enseignes de Vaisseau Campagne 1962 - 1963 Réponse à Edith Revue des Deux Mondes Jeanne d'Arc Victor Schoelcher

Ecole d'Application des Enseignes de Vaisseau Campagne 1962 - 1963

Vous êtes confinés? Donc vous avez le temps de lire. Je ne résiste pas à vous faire découvrir un texte paru dans la Revue des Deux Mondes. 
Il s'intitule Réponse à Edith. Il évoquera certainement plein de souvenirs.

Ca me rappelle un concours au sein du carré OMS, du souvenir le plus moche...

Bien sur vous y retrouverez aussi une évocation de la campagne 1962 sur la Jeanne et le Victor



                                          


Réponse à Edith

Edith est un personnage désuet et charmant de la Marine. Petite pensionnaire futée qui a vu son amoureux  partir«à la mer», elle chante, à la fois narquoise et émue... Car Edith est l'héroïne d'une chanson de la « Baille », une chanson composée en 1900.

En ce temps, l'enseignement de Navale était donné à bord du prestigieux navire-école Borda, L'ex-Intrépide, qui reçut bientôt par antiphrase le surnom de « baille », — ce mot désignant, dans le langage maritime, un bateau mal tenu et déplaisant.










Lors des fêtes traditionnelles, se déroulaient là de joyeuses soirées appelées « beuglants », au cours desquelles des élèves donnaient libre cours à leurs talents de chansonniers ou de chanteurs. Ainsi furent lancés La Légende de la Baille, La Légende de la Ckaffuste, Le Testament de la Bouline ; ainsi fut créée par un certain Gabolde qui avait reçu le matin même une lettre de sa cousine — une cousine dont on imagine volontiers la guimpe, la guêpière et les jupons — cette Lettre d'Edith que tant de promotions, depuis une soixantaine d'années, ont fredonné avec un même entrain, et dont voici quelques couplets :


Flamme Martinique Ile aux Fleurs   27-11 -1962 
J'ai reçu la lettre, cousin, 
Celle où tu me dis ton chagrin 
D'être si loin de ta famille. 
Pour que tu sois plus patient, 
Je vais (écrire du couvent. Suis-je gentille ?

Car te voilà bien loin sur l'eau

Que le Borda doit être beau! 
Tudois grimper dans les cordages... 
Est-il bien haut, le cacatois ? 
J'y voudrais monter avec toi, Voir l'paysage.



Finis, finis les jolis mois
Où nous allions courir les bois,  

En y cueillant la pâquerette,
Et nous asseoir si près, si près. 

Que parfois, sans le faire exprès,
 J'étais coquette.
M'écriras-tu des bords lointains 
Où l'emmènera le Bougain 
Dans sa croisière triomphale,
llong journal de tes actions ? 
Et n'oublie pas ma collection 
De cartes postales.
Pleine de baisers frémissants
Et parfumée d'aveux troublants, 

Que ma douce lettre l'enchante. 
Ecris-moi, tu seras gentil. 
Surtout que ce soit, mon petit. 
Poste restante/






En 1962, de nouvelles Edith, et des Marie, et des Gisèle et des Agnès, ont franchi bien souvent, à Brest, à Lorient, à Toulon, à Cherbourg, le seuil de la Poste. C'est que, comme chaque année depuis tant d'années, le croiseur-école Jeanne-d'Arc était parti pour une croisière lointaine, accompagné cette fois d'un escorteur tout neuf, l'aviso Victor-Schoelcher. Cent douze jours de mer, quatre- vingt trois jours d'escales ! Longue attente pour les Edith. On entrait à pas furtifs, craignant de rencontrer devant le guichet des timbres Monsieur l'Abbé ou madame Dupont ; on tendait très vite sa carte d'identité à un employé goguenard qui faisait exprès, semblait-il, de feuilleter avec lenteur les paquets de courrier marqués E...



Parfois, et trop souvent, c'était :
— Rien pour vous, mademoiselle.
La Poste devenait, du coup, le lieu le plus hostile, le plus triste du monde. Mais dans l'été commençant, alors que, croisière ter- minée, les bateaux allaient revenir :
— Tenez, mademoiselle !
Et voici la lettre que reçut Edith, une lettre signée Jean-François, non pas un « midship » comme l'eût exigé la tradition, mais un simple matelot embarqué sur le Victor-Schoelcher :



Ma chère cousine,

Nous avons quitté Ajaccio : il est fini, le beau voyage. Pour nous qui comptions depuis sept mois, non plus par villes et par régions, mais par océans, par continents, la Méditerranée c'est déjà : « Bonjour la France !» Et je vois, comme si nous nous y trouvions ensemble, le canot blanc et bleu qui, retourné pendant l'hiver, m'a attendu. Je sens l'odeur sucrée destilleuls. J'entre dans ta maison... J'ouvrirai tout de suite mes valises. Arrachant les emballages papiers de soie de Djibouti, feuilles de journaux japonais, pagnes du Pacifique - je ferai pénétrer l'univers dans ta chambre.
En effet, les cadeaux que je te destine symbolisent, chacun, une escale.





Cette minuscule tortue de bronze qui aujourd'hui lève son nez entre deux de mes chemises,* je l'ai achetée à Bangkok, une nuit ; la vendeuse qui s'appelait très simplement Pithsnimashi- manon, était agenouillée devant sa fragile demeure hissée sur pilotis, et cent petites bougies jetaient autour d'elle leur vacillante lueur... Ces plumes d'oiseau de paradis, roses et dorées, qui tremblent et dansent au moindre souffle, je les ai obtenues d'un Papou, contre des cigarettes. C'était à Yule Island, face à la Nouvelle-Guinée.
TàD Croiseur Ecole Jeanne d'Arc  19-2- 1963 Entre Wallis et Futuna et Port-Vila 
La clique du bord jouait la Marseillaise, que des religieuses écoutaient avec des larmes : il y avait quinze ans, nous disaient* elles, qu'elles n'avaient pas entendu la Marseillaise ! Elles étaient là, parmi les pompons rouges, surveillant les Enfants de Marie vêtues de bleu ciel et aux oreilles distendues par de lourds anneaux de cuivre ; elles conversaient avec les Papous peints d'ocre et de vermillon et qui dansaient, tandis que des femmes aux seins nus faisaient cliqueter des colliers en dents de requins... Ce petit pot, qui vient de Singapour ? Il contient un baume miraculeux, n'en doute point, puisque le « démonstrateur », après s'en être enduit de l'index au coude, plongeait sa main dans l'eau bouillante puis se tailladait la peau, apparemment sans dommage.



Il nous a proposé aussi des langues de vipères baignant dans de la bave de crapaud
(guérison instantanée des migraines) et des perles, oui des perles, souveraines contre les douleurs d'estomac. Il vendait également des montres : je m'en suis offerte une, dont le mouvement s'est pour jamais bloqué vingt-quatre heures plus tard... Aimeras-tu ce sari, qui a la couleur de tes yeux, gris avec des points d'or ? Je l'ai choisi à Aurangabad devant de bien étranges temples hindous... Je te donnerai encore une étoile de mer trouvée au pied d'un coco- tier sur le sable si doux de l'Ile-aux-Pins, dans le Pacifique. Et un plateau de bois qui, sans doute, t'apparaîtra banal, mais qui évoque pour moi Capetown et le merveilleux accueil de l'Afrique du Sud : 



je pense à ces longues files de voitures somptueuses ramenant le soir, à la coupée, des matelots dont certains avaient abandonné à d'éphémères amitiés le ruban ou même le pompon de leur bachi (de leur béret, si tu préfères.) Je pense à une blonde Sud- Africaine penchée à son balcon et qui, par le langage du geste et du sourire, désigna sur le trottoir une cabine de téléphone publique : ainsi convia-t-elle à dîner un de mes copains, lequel avait déjà trois rendez-vous pour la soirée... Moi, cousine, j'ai été presque sage, à Capetown comme à Bombay.



J'ai même résisté, à Perth, à la grâce d'une onduleuse Australienne de ton âge, avec qui, une nuit, j'ai été voir briller les petits yeux des kangourous. A propos, je te rapporte aussi un kangourou : une mascotte, un jouet qui remplacera l'ours en peluche de ton enfance. 

J'ai aimé acheter ces souvenirs. Il en fut de même pour tous • les matelots du Schoelcher, que j'ai vus tant de fois passer la coupée,
chargés comme des Père Noël ; à Singapour, on assurait que nos innombrables paquets avaient enfoncé la ligne de flottaison du navire!
 Et dans l'espace étroit qui sépare nos « banettes » — comprends : nos couchettes, c'était un spectacle singulier, crois-moi, que ces marins se drapant dans des kimonos brodés de flamboyants dragons, ou bien assemblant avec fébrilité les rails de trains électriques !



C'est que le « Souvenir » est une véritable institution à bord. Certains, même, ne posent pied sur terre que pour faire des achats. On commence, de tradition, par acheter les cartes postales, ces images dont tu fais collection. Puis on se met en quête de ce dont vous ont parlé les « Anciens » : masques nègres à Dakar ou à Pointe- Noire, rhum à la Réunion, haches primitives en Nouvelle-Guinée, services à thé à Singapour... Le plaisir — la règle élémentaire du jeu — c'est le marchandage. Il faut pouvoir dire, retour à bord, qu'on a acheté tel ou tel objet à un centième du prix proposé1 A Bombay, ce marchandage est particulièrement agréable. Enfoncé dans un fauteuil moelleux, le client de passage se voit offrir par le,vendeur cigare et coca-cola — gratuits — et marchandises diverses plus ou moins onéreuses :

TàD Croiseur Ecole Jeanne d'Arc  19-2- 1963 Entre Wallis et Futuna et Port-Vila 



— Veux-tu un beau stylo, pas cher ? —* Merci, non, je n'écris jamais.
— Une canne à pêche ?
— Je déteste la pêche à la ligne.

— Un appareil photographique ? — Ma mère m'a donné le sien. — Un bijou pour ta fiancée?


— Je n'ai pas de fiancée.
— Mais je peux te proposer aussi une fiancée...
Que tout ce que je te raconte là, Edith, ne te fasse pas imaginer

que les matelots de la « Royale » mènent constamment en croisière une vie de plaisirs faciles ! A la mer, c'est tout différent. Chacun a sa spé, sa spécialité. Moi, tu le sais, je suis détecteur. Je vis dans la pénombre. Penché sur mon radar (un petit écran qui ressemble à celui de la télévision de l'oncle Fernand) je regarde, je regarde très loin, je décèle, je devine presque, avec l'habitude, le bateau étranger, le sous-marin qui menace, l'avion qui s'apprête à piquer. Mon radar et moi, nous avons appris à nous connaître. On s'aime un peu maintenant. E t les jours d'exercice, notre C.O. — le Centre Opérations — devient passionnant. On est fiers, parce qu'on se rend compte de notre importance : le Commandant, les officiers, seconde après seconde, suivent avec nous l'opération et, grâce au radar, l'Amiral peut mieux choisir, décider, ordonner. Dans la vie quotidienne, le C.O., c'est un confessionnal. Durant de longues heures de quart, on s'abandonne aux confidences. Mais soudain un point apparaît sur le « scope ». 



Passerelle de C.O... Nouvel écho dans le 165 à 15 nautiques ! On nous répond d'en haut :
— C.O. de passerelle... Reçu... Veillez !
Ce C.O., dans une Marine qui exige de plus en plus de spécialistes, reste inconnu pour une grande partie de l'équipage : lieu tabou où se déroulent des rites mystérieux en l'honneur de la déesse Electronique ! Aussi, entre ces marins-frères embarqués pour la même aventure, les détecteurs apparaissent-ils parfois comme d'une race à part — enviée ou méprisée. Ils sont aussi ceux « qui travaillent assis » ; les autres, qui vont de la passerelle aux machines de la plage-avant à la plage-arrière, étant ceux qui « travaillent debout »...



Pour en finir avec ce Centre qui doit t'ennuyer, je te parlerai de notre passager clandestin, embarqué à la Réunion : un grillon 1 Dissimulé dans un indicateur-radar, il emplissait la passerelle de son chant cadencé. Nous faisions route vers l'Australie. Le bateau glissait sur l'eau phosphorescente avec un bruit de soie déchirée et, tout émus, nous écoutions religieusement cette musique de la Terre. Je pensais à toi, je me disais : « Aurai-je une lettre d'Edith à l'escale 

prochaine ? »

Tu ne peux savoir, en effet, ce que représente « La Lettre » pour 
un marin.

Dès que se dessine une côte, dès que se précise un port, on commence à s'inquiéter, à espérer. Et le vaguemestre, humble personnage à la mer, devient, dès l'arrivée à l'escale, un seigneur. Il est le premier descendu à terre avec sa sacoche, accompagné par les vceux de tous. Il revient avec un monceau d'enveloppes. Impatient, fébrile presque, on attend l'écriture préférée. Joie! la voici, ronde, un peu enfantine, avec les mots « Paris-Naval » soulignés trois fois. Edith ne m'a pas oubliée, Edith m'envie, Edith se morfond... Est-ce bien sûr ? C'est samedi. Je suis certain qu'elle se prépare, cheveux gonflés, jupe collante, à aller danser le madison avec Georges ou André...





L'aviso-escorteur Victor Schoelcher a été mis à flot le 11 octobre 1958 à l'arsenal de Lorient. Admis au service actif le 15 octobre 1962, il est affecté à l'Ecole d'application des enseignes de vaisseau, comme conserve de la Jeanne d'Arc pendant onze campagnes d'application, au cours desquelles il montrera le pavillon français dans toutes les parties du monde, et effectuera des escales dans plus de 70 villes aux noms prestigieux.

— Permissionnaires, à l'appel ! lance le haut-parleur.

Dans un mouvement d'humeur, je chiffonne ta lettre dans ma poche.

— Alors ? Tu viens, Jean-François ?

Ce sont les copains qui m'attendent pour la bordée et qui s'im- patientent. On se fait facilement des amis sur un aviso comme le Schoelcher où, quartiers-maîtres et matelots, nous sommes à peine cent cinquante garçons. Mais cette camaraderie de mer se forge surtout au cours des bordées. On est content, devant un paysage nouveau, de pouvoir parler. On évite de s'aventurer seul dans les ruelles insolites. O n aime savoir que, les soirs de « cuite », on aura près de soi des bras solides pour vous aider en cas de bagarre... Très vite des « groupes de sorties » se forment : deux, trois matelots. On est devenus copains parce qu'on lit lès mêmes livres ou, tout simplement, parce qu'on connaît bien le Pas-de-Calais où l'un de nous est né. Et on se sait copains pour un temps limité, car, la croisière finie, on ne se reverra sans doute plus. 

A Lorient, bientôt nous nous séparerons. Mes camarades porteront — fait d'exception — mes valises et brandiront dans les rues mes lances papoues. Nous ferons la tournée des bistrots en commençant prudemment par les plus éloignés de la gare. Nous boirons du vin rosé de Cabernet, de la bière, nous chanterons à tue-tête l'hymne de notre bateau : « Non, non, le Schoelcher n'est pas mort ! », nous cacherons notre émotion avec des mots grossiers, sinon des injures. Et quand le train s'en ira, les copains s'aligneront sur le quai des adieux, tout comme sur le pont quand retentit l'ordre : « Sur le bord ! » et qu'on salue « au sifflet » le Commandant.
Tu m'as demandé une fois si j'avais des camarades à bord de la Jeanne-cTArc. E h bien, non. Les équipages de la Jeanne et duSchoélcher ne se mêlent guère pour les sorties à terre. Chacun pré- fère rester « en famille » : c'est de tradition. E t notre attitude, bien souvent, étonne les étrangers... Pour l'aviso-escorteur, c'est un peu agaçant, avoue-le, de voir l'auguste Dame recevoir partout et toujours les honneurs ! A la Jeanne, réceptions et spectacles. A la Jeanne, la sympathie première de la foule sur le quai, à l'amar- rage. Jaloux, les matelots du Schoélcher ne manquent pas de qua- lifier le croiseur-école de « bateau-fayot », de « bateau-caserne », de « vieille baille » où la discipline rude va de pair avec l'inconfort.



Et les matelots de la Jeanne de répliquer :
— Le Schoéecher? C'est une «péniche», un«mouille-cul»,un bateau qui « ne tient pas la mer ! »
Reconnaissons-le, pourtant , les midships (gentiment surnom- més mimis) entretiennent de bons rapports avec les équipages des deux navires. Les pauvres enseignes ! Il faut les plaindre, au fond. Obligés d'assister durant les escales à toutes les cérémonies officielles, ils considèrent souvent avec envie la joyeuse indépendance du matelot.


Notre dernière étape commune fut Ajaccio : le Schoélcher ralliant Brest, la Jeanne poursuivant quelques jours encore la découverte de la Méditerranée. A u moment de la séparation, le croirais-tu, la « péniche » que nous sommes avait oublié sa sourde rancœur contre la «vieille baille ». Il n'y avait plus que deux vieux copains qui, après sept mois de bourlinguage côte-à-côte, allaient se quit- ter. On était tous un peu tristes. La clique, à bord de la Jeanne, a joué «Cen'est qu'un au revoir... » Un clairon a sonné un garde-à- vous d'adieu. A u x drisses sont montés des pavillons multicolores

qui disaient au Schoélcher « Bon retour... Bon vent... Merci » tandis que nos appareils de « scott » répondaient par éclats brefs. E t déjà, c'était fini. Notre bateau faisait P.M.P. — route à vitesse maximum — vers les Côtes de Bretagne, vers toi, cousine.


TàD Poste navale 22-5-1963 Escale d'Ajaccio
Vers toi, mais aussi vers le quotidien. Comprends-moi... Nous avions pris l'habitude de vivre en communauté, entre hommes, et notre Pacha, notre Commandant (le « Vieux » comme il est d'usage entre nous, de le désigner) avait su se rendre populaire. C'étaient de petites conférences amicales concernant l'exercice en cours ou les paysages que nous allions découvrir ; une anecdote à propos d'un animal marin aperçu par le veilleur . Sachant qu'il était chas- seur d'images, nous ne manquions jamais de l'avertir qu'une belle pièce avait été pêchée à l'arrière, ou qu'un banc de marsouins folâtrait à tribord. On ne lui en voulait pas quand il lançait à l'ini- proviste dans les vagues la bouée symbolisant « U n homme à la mer » et qu'il fallait, en toute hâte, larguer les foscarts, mettre en marche la table traçante anti sous-marine. On recommençait avec bonne humeur jusqu'à dix fois cette manœuvre jusqu'à ce que celle- ci devînt réflexe, automatisme... 


En dehors du travail, nous connais- sions cette camaraderie dont je t'ai parlé. Bains de soleil sur la plage arrière — que nous appelions la «Palm-Beach »— On se rafraîchissait, sous les cieux chauds, avec l'eau giclante des pompes » à incendie. Orchestres improvisés, le soir. Jeux de cartes : 421, belote, manille... Nous avions pris l'habitude de fumer des cigares de nabab, d'écrire à l'aide de stylos de luxe, de nous raser avec des rasoirs d'Amérique : tout cela coûte si bon marché, dans les ports-francs ! E t puis, i l faut bien le dire, la mer possède des vertus anesthésiantes : plus de grandes tristesses, plus de grandes colères, plus de grands soucis...



Pour quelques-uns de mes camarades mariés, le retour marquera la fin d'une sérénité égoïste. Ils pensent déjà au caractère acariâtre de l'épouse, aux zéros en dictée des enfants, aux économies faites durant la croisière et qui se volatili- seront comme par enchantement dans l'achat d'une machine à laver.

Pour moi, bien sûr, c'est différent. Cependant, il te faudra être indulgente au cours de ma permission, Edith. J'ai perdu l'habitude de t'aider à disposer le couvert, d'aller chez l'épicier avec un sac à provisions pour te rapporter des boîtes de petits pois. E t les cloches de l'église qui tintent à chaque quart d'heure, derrière ta maison, me surprendront au début.

Le retour, il est tout proche. Imagine avec moi... Sa flamme de guerre de six mètres flottant bien haut, mon bateau se glisse parmi les autres navires, tandis que sur le quai de Brest, marins et familles regardent et attendent. Nous avons l'attitude détachée, légèrement supérieure, de garçons qui reviennent du bout du monde et qui ont vu tellement de choses !... Le dernier « traversier » est accroché. Le « dégagé » du poste de manœuvre retentit. La flamme de guerre retombe lentement. La coupée à peine mise en place, les amis s'élancent...

— Bonjour, ma cousine !

CHRISTINE GARNIER.



La France a vendu d'occasion à l'Uruguay l'aviso-escorteur Victor-Schoelcher, en service depuis 1962 dans la marine nationale. Le bâtiment, qui a notamment servi d'accompagnateur au porte-hélicoptères Jeanne-d'Arc et qui a secouru des réfugiés vietnamiens en mer de Chine ou ravitaillé les pêcheurs français, sera remis en état à l'arsenal de Lorient avant d'être livré, en janvier prochain, à la marine uruguayenne. Cette transaction est évaluée à 100 millions de francs. L'Uruguay envisage d'acheter deux autres avisos-escorteurs à la marine française. Le Monde 6 octobre 1988
Merci à Daniel Allançon, Claude Bélec, Patrick Le Pestipon

Sources :

https://www.revuedesdeuxmondes.fr/wp-content/uploads/2016/11/c0fc4f4da1610af36028e63c170e8477.pdf

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